On va les laisser crever ?

« Aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim, ni d’avoir froid ! Dépassé, le chacun pour soi, quand je pense à toi, je pense à moi ! »

Mon frère a émergé comme une bombe de la salle de bain, trempé, enroulé dans sa serviette de bain, petit bouchon de 9 ans, chantant à tue-tête un truc que je ne connais pas, il s’est planté en plein milieu du hall.

« Et, tu reviens ici, toi ! »

Ma mère l’a suivi et ramené vers la chaleur de la salle de bain, elle lui lave les oreilles et lui intime l’ordre de se sécher et d’enfiler son pyjama.

Je me suis postée en embuscade derrière la porte de la salle de bain et m’enquiers « C’est quoi, la chanson que tu chantes ? »

« Un truc que j’ai appris en classes vertes ! »

J’enrage, il connaît une chanson que je ne connais pas, qui a l’air chouette en plus, il me faut les infos.

Je le poursuis jusque dans sa chambre : « Mais elle s’appelle comment cette chanson ? »

« Heu, ‘La chanson des restos’, je crois… »

« Mais c’est de qui ? »

« Ben, heu… ‘des restos’ ? »

Je n’aurai pas plus d’info venant de lui, à part un refrain chanté en boucle (il chante bien et juste mais visiblement il n’a rien retenu du reste de la chanson). J’apprendrai plus tard, dans la cour de l’école, qui sont les Restos du Coeur, cette nouvelle action lancée par Coluche. Je verrai l’action grandir, devenir institution, fêter ses 20 ans, et j’entendrai, jusqu’à plus soif, cette fameuse chanson reprise chaque année par pléthore d’artistes.

Jusqu’à en oublier le contenu des paroles, leur signification première.

Et il aura fallu un « événement » pour que je l’entende enfin d’une autre oreille.

Cet événement, ce sont les Roms arrivés ces derniers temps chez nous. Qui, pour des raisons découlant d’une situation absurde, dorment aujourd’hui, hommes, femmes, enfants, bébés, soit dans un bouge infâme, soit sur les trottoirs. Et les autorités qui devraient prendre des mesures continuent à se renvoyer la balle, à défaut de les renvoyer, eux (ils aimeraient bien, mais y peuvent pas, ce sont des citoyens européens, pas d’bol, hein ?).

En attendant, là, il pleut et il commence à faire froid (oui, mâme Michu, on a eu de la chance avec le temps, mais c’est la Belgique, voyez-vous, ça peut pas durer…). Depuis que les Roms sont arrivés sur le territoire, citoyens et associations se sont mobilisés pour, au moins, ne pas les laisser mourir de faim. A défaut de pouvoir leur assurer un endroit décent pour loger (chose qui est nettement plus compliquée à faire et pour laquelle il faudrait l’intervention d’autorités qui en ont les compétences).

On en est là. Face à des gens qui crèvent littéralement (j’ai beau parcourir le dico, j’ai pas trouvé de mot plus adapté à la situation) et à un immobilisme politique aussi épatant qu’effarant. Et à des remarques venant des uns et des autres qui me font souvent froid dans le dos (et cela n’a rien à voir avec la météo belge).

Et d’ailleurs, en voici quelques unes, qui, je trouve, n’ont pas lieu d’être si on y réfléchit deux secondes trois centièmes :

C’est pas nos pauvres !

Bon, il est où mon pauvre à moi ? Hein ? QUI a piqué mon pauvre ??? Celui sur lequel il est écrit mon nom, celui que je dois empêcher de mourir de faim ? Non, c’est pas celui-là, ni celle-là, ni même ce bébé-là, c’est pas les miens, qu’ils crèvent, je veux MON pauvre !
Hé, soyons sérieux là, les gars, un pauvre n’appartient à personne, la misère n’a pas de nationalité, surtout quand des vies humaines sont en danger. C’est clairement le cas ici. Si vous voulez avoir quelque chose qui vous appartient, allez vous acheter un sac, des chaussures, une nouvelle bagnole, mais ne dites pas que les gens sont à vous ou pas. Ne décidez pas de qui peut vivre ou pas. Un être humain n’est pas un objet, et votre nationalité et votre confort ne vous confèrent EN RIEN le droit de vie ou de mort sur ce dernier. Quand il y a danger de mort, on ne réfléchit pas qui est de où ou à qui, on agit. Et il y a danger de mort.
(et en plus, on arrête de parler de NOS pauvres dont tout le monde se fiche, en fait, même, et surtout, ceux qui les brandissent comme excuse)

Si on les aide, ça va faire un ‘appel d’air’ !

Là, c’est moi qui vais manquer d’air.
Prenons une vie banale, avec une maison, une famille, des amis, des compétences, des projets. Ajoutons à cette vie banale des insultes, de la violence, de la destruction et, même, la mort. Secouons le tout et voyons ce que ça donne : des gens qui FUIENT.
Alors vous êtes gentils les gars, mais arrêtez de penser que la Belgique, c’est teeeeeeellement sympa comme pays que tout le monde veut venir y habiter. Que franchement, pour les Roms, venir vivre en Belgique, c’est carrément un projet de vie. Qu’un matin, des centaines de gens se sont réveillés en se disant « Oooooh, ce serait trop d’la balle si on laissait tout tomber ici, notre maison, nos amis, nos familles, en un mot notre vie et si on se lançait SANS RIEN, avec bébé et les enfants qui marchent pas encore très bien sur les routes d’Europe pour aller en Belgique ! C’est chouette, on va faire ça ! »

Vous regardez trop Pekin Express.

Les Roms qui débarquent ici, débarquent suite à une longue errance, ils ne sont pas partis en se disant qu’ils allaient aller quelque part de précis, ils sont partis en fuyant la destruction et la mort.
Alors qu’on les aide ici OU PAS, ils arriveront quand même encore sur nos trottoirs. Ne pas les aider n’arrêtera pas l’hémorragie. Ils se fichent de ça, ils essayent juste d’échapper aux violences dont ils sont l’objet. Point.
On peut clairement les remballer au pays voisin et ainsi de suite, mais ça ne changera pas la donne : il y en aura encore et toujours sur nos trottoirs.
Donc votre argument est nul et non avenu, si vous pensez que les laisser devenir des cadavres dans nos rues va les dissuader, vous vous trompez lourdement, ils sont déjà au-delà de cela…

Mais ça crée de l’insécurité dans nos rues ! 

Là, par contre, chuis complètement d’accord avec vous !
Des gens qui n’ont rien à bouffer, qui dorment à même le sol, ça essaye de survivre !
Si on me persécutait, me jetait sur les routes avec mon gamin, ne me laissait entrer nulle part, si on me laissait mourir de faim, ben y’a pas photo, je volerais ! Si pas pour moi, au moins pour ne pas voir mon môme crever sous mes yeux !
C’est pas « manquer de moralité », c’est « avoir l’instinct de survie ».

Mais justement, si on me donnait à manger et si on me permettait de dormir quelque part, juste ça, ben j’aurais plus besoin de voler. Vous comprenez le raisonnement ?

Assurer une vie « décente » à ces gens, c’est s’assurer une vie décente aussi. C’est d’une logique implacable.
(et le premier ou la première qui me sort le gros délire du « oui mais ce sont des voleurs, c’est vrai, ils sont comme ça », je lui rétorque que certains déclarent que tous les francophones sont des gros paresseux, des profiteurs et des moins pensants. Quoi, c’est pas vrai ? Vous n’êtes pas d’accord ? Faut pas mettre tous les francophones dans le même sac ? Ok, alors arrêtez de faire pareil avec les autres, merci.)

C’est à l’Europe de s’en occuper !

« Salut l’Europe ! Tu vas bien, l’Europe ? Une tasse de thé l’Europe ? T’as vu la météo, pffff un truc délirant, hein, on ne sait plus comment s’habiller ! Tu t’habilles comment, toi, l’Europe ? »

Question con : c’est QUI, l’Europe ?
Réponse con : L’Europe, c’est NOUS.

Youhou.

Oui je sais, on s’en sent très déconnectés (même les Bruxellois qui, pourtant, vivent avec ça sous le nez 24h/24) et d’ailleurs je mets au défi quiconque ici de me dire QUAND ont eu lieu les dernières élections européennes et QUI a été élu (et, question subsidiaire : pour QUI avez-vous voté ?). Oui, je sais, chuis vache. On serait plus de 90% à être recalés si c’était une question d’examen. Ce serait pas beau à voir. Beuh.

Et pourtant, si, si, on a élu des gens. Si, si, ils siègent à « l’Europe ». On les paye même avec nos impôts. Et ils ont même établi et donné un budget pour favoriser l’insertion des Roms dans leur lieu de vie. Bonne idée, TRES bonne idée. Car, comme dit plus haut, aucun être humain ne désire laisser tout ce qu’il aime et possède pour se lancer sur les routes sans rien en poche (à part ceux qui participent à Pekin Express, oui, je sais). Rester chez soi, y vivre calmement est, en général, le but de tout un chacun. Surtout de pas mal de Roms car, contrairement à ce qu’on pense souvent, tous ne SONT PAS des gens du voyage. Ils sont sédentaires, ont une vie, une maison, des attaches.

Mais voilà, à quoi ils servent ces budgets ? Notre argent ? Pour que ces gens, terrorisés, débarquent quand même sur nos trottoirs ?
Donc oui, c’est à l’Europe de s’occuper de cela ! A NOS élus, qui doivent NOUS rendre des comptes ! Car c’est NOTRE argent !

Et donc, c’est à NOUS de les interpeller ! Car, à la base, l’Europe, c’est nous !
Alors, hop, on se renseigne, on voit qui y est, et on leur demande !
Et aux prochaines élections européennes, on vote en conséquence. Si ceux qui étaient à « l’Europe » cette fois-ci ne nous ont pas donné d’explication convenable et ont mal géré le truc, on vote pour d’autres. Fini de donner des chèques en blanc. Non mais ho.

Je paye déjà assez, je ne veux pas payer leur bouffe en plus !

J’ai une mauvaise nouvelle : quoiqu’il arrive, vous allez casquer.
Ben oui.
Prenons un exemple de la vie courante : qu’est-ce qui, sur votre budget familial, coûte plus cher : une semaine à l’hosto ou une semaine normale, chez vous ?
Perso, c’est tout vu, je préfère payer la semaine chez moi, hein. Même quand il fait froid et que je fiche le chauffage à fond et que je prends des douches de deux heures. Ca me coûte nettement moins cher que la semaine à l’hosto.

Les Roms sont là avec des enfants, des bébés. Ils sont dans un état déplorable. Manque d’hygiène, lieu de vie insalubre, mal nourris. Sur les adultes, ça fait déjà des dégâts hallucinants. Mais alors imaginez sur les enfants et les bébés…
Certains ont déjà été hospitalisés. D’autres vont suivre. Ils n’ont pas d’argent, ils seront donc à la charge de la collectivité. Et la collectivité, c’est vous, moi, nous.
Alors que si on les mettait dans un lieu salubre, chaud et qu’on assurait, au moins, qu’ils mangent convenablement, ben on éviterait bien des déboires… Ca préserverait leur santé (ce qui, moi, me semble le plus important) et ça préserverait le budget de tout le monde (ça peut, aussi, en convaincre certains).

J’ajoute que certains enfants sont scolarisés depuis lundi. Que s’ils veulent pouvoir continuer à aller à l’école (ce dont tout enfant rêve, en fait, l’école, c’est être « comme tout le monde »), il faut qu’ils soient en bonne santé. C’est impératif.
Vous préservez le budget santé du pays et permettez à des enfants de voir la vie en un peu moins noir. Faudrait être couillon pour oser dire qu’on est contre.

……

J’ai réécouté la chanson des Enfoirés.

« Si nous pensons à vous, c’est en fait égoïste, demain nos noms, peut-être, grossiront la liste »

Personne n’est à l’abri de rien. Jamais. Et surtout pas de l’extrémisme, des idées de haine, de violence. Même pas nous.
Ne l’oublions pas.

J’ai pas de solution pour te changer la vie
Mais si je peux t’aider quelques heures, allons-y
Y a bien d’autres misères, trop pour un inventaire
Mais ça se passe ici, ici et aujourd’hui

Et pour ceux qui sont allergiques à Goldman, je terminerai par une phrase à moi :

Quand nous permettons qu’un autre être humain perde sa dignité, c’est la nôtre, de dignité, qui disparaît.

Alors, on va les laisser crever ?

 

– si vous avez pensé à eux pendant vos courses et que vous voulez leur apporter de la bouffe, des langes, toussa, un seul numéro : Bilal : 0476/850 593. Il est bénévole, il travaille par ailleurs, mais s’il ne répond pas tout de suite, laissez un message, il vous recontactera. (testé et approuvé par moi-même !)

– si vous voulez qu’un logement décent soit trouvé pour ces gens (regardez dehors, il pleut, là), si vous voulez lancer un appel à nos dirigeants pour qu’ils arrêtent de palabrer et AGISSENT, n’hésitez pas à signer la pétition : Roms, stop à l’incurie

Et aux prochaines élections européennes, on va franchement réfléchir pour qui voter…

20 Commentaires

  • Mathieu

    Pour ce qui est des fonds européens, le CIRÉ (http://www.cire.be/) vient de rentrer un projet en collaboration avec une série de CPAS bruxellois pour obtenir des subsides sur cette ligne budgétaire. L’idée est de mener des actions permettant aux populations concernées d’obtenir logement et emploi ou, à défaut, formation. C’est une petite initiative, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières 🙂 Et cela montre que certaines autorités se bougent, même si leur marge d’action est minime…

  • keysersoese

    Combien en accueillez-vous chez vous, Marie ? combien de Roms dans votre salon à regarder la télé sur votre super téléviseur 3D ? Combien à lorgner votre Iphone et tous vos gadgets ? combien de vos bouteilles de vin pour les désaltérez ? combien dans votre salle de bain pour se décrasser ? combien d’enfants dans le lit de vctre fils pour qu’il apprenne concrètement la solidarité ?
    Aucun ?
    Ah, la charité c’est pour les autres. Vous, vous êtes une conscience.., c’est vrai.

  • Je n’en accueille pas chez moi, ce n’est pas ce que je prêche.
    Par contre, je peux vous fournir les souches de mes achats Colruyt pour eux, et là, vous allez manquer d’air, effectivement.
    Et quant à mon fils, il les a rencontrés, oui, et ce soir, il leur apporte des jouets avec lesquels il ne joue plus…

    Merci de me parler de charité.
    Merci de sous-entendre que ces gens sont tous des voleurs et que c’est pour cette raison qu’on ne peut les accueillir chez soi.
    Merci de bien vouloir rester devant votre tv, justement, avec vos gadgets, et vos certitudes.
    Merci de venir faire la morale à quelqu’un qui a agi plus que vous, déjà, c’est énorme de suffisance 😀

  • Yaz

    Non mais je rêve, madame IPhone 4S qui ose faire la morale parce qu’elle a acheté 3 saucisses à un mec qu’elle a croisé dans la rue le tout en se faisant passé pour Mère Thérésa !!!!

    Et la semaine prochaine tu nous apprends que en fait t’as couché avec Coluche et que ça fait de toi une sainte ?

    Retourne dans ton petit confort parler de choses que tu ne connais pas et ne connaîtras jamais avec ta cuillère en or dans ton cul.
    Tu veux faire quelque chose ?
    Arrête d’écrire et agis vraiment, loin de ton loft au chauffage fond de balle que tu sais payer.

  • Marrant comme les courageux se réveillent !

    Je vous laisse donc agir !

    Bien !

    Je le sens, on va aller loin, les gars, la générosité est en marche ! 😀

    (ce qui est bien c’est que ce blog ne perdra pas de lecteurs, les derniers qui laissent des messages ne le lisent pas habituellement 🙂 Bienvenue, faites comme chez vous, insultez-moi, je ne vous retournerai pas le compliment, car en plus de payer des saucisses, j’ai pour principe de ne pas insulter les gens gratuitement, même quand je me sens agressée ou que j’ai peur de l’inconnu :D)

  • keysersoese

    Il ne faut pas vous sentir agressée, Marie. Vous êtes seulement traitéee comme le sont tous les jours des millions de Belges à qui on serine – à qui vous serinez- qu’ils sont responsables de toute la misère du monde : du réchauffement climatique à la famine en Somalie en passant par le tsunami et la peste bubonique. Simplement parce que ils travaillent, payent des impôts et n’ont pas le réflexe de tendre la main et de se plaindre à la moindre contrariété.
    Je ne vous insulte pas, je vous demande seulement de vous appliquer à vous-même ces beaux principes que vous aimez tant. Et si vous n’en avez pas le courage…abstenez-vous de critiquer les autres.

  • Caroline

    Toujours plus facile de ne rien faire du tout. Au moins on ne se trompe pas.
    Moi aussi je les ai rencontrés, j’ai vu les bébés, les enfants. Si on en est à chercher les responsables pour savoir qui doit (peut!) aider, ne peut-on pas au moins se dire que eux méritent notre attention, méritent un accueil digne.
    Mais bon, dans notre pays, un bourgmestre a même du faire évacuer une prison pour insalubrité, c’est vrai, que peut-on attendre? Que peut-on faire? Rien. Même à nos prisonniers, on leur impose un traitement dégradant. Alors des Roms…

  • @Keyersoese

    Merci de revenir expliquer plus avant votre point de vue (oui, vraiment merci) car, là, je peux m’expliquer aussi…

    Loin de moi l’idée de faire la morale en fait (oui, ok, ça peut être pris comme ça, mais c’est pas ça, je me pose plus de questions et je demande plus d’explications qu’autre chose), si c’est pris comme cela, je m’en excuse, réellement.
    Mais j’ai juste (comme beaucoup) été sur place pour me rendre compte (non, pas pour du « tourisme » morbide mais pour ouvrir les yeux sur la réalité) et, là, je vous avoue qu’après toutes les excuses que j’ai pu entendre ces derniers jours (et que je me donne parfois aussi) m’ont paru sordides et non valables.

    J’aurais dû vous écrire ça, peut-être, au lieu de cet article. Mon ressenti, mon choc devant ces gens. Mais j’ai pas pu. Alors j’ai balancé ceci. Coup de poing, coup de gueule, je me fiche d’être « légitime » ou pas, j’ai vu et je ne peux pas rester indifférente.

    J’aide, à une petite mesure comparé à certains qui aident sans compter, c’est vrai.
    Mais je me dis que si tout le monde aidait « à petite mesure », ça changerait beaucoup (comme le dit Mathieu plus haut, « les petits ruisseaux… »).
    J’ai aidé d’autres gens, participé à d’autres actions, à d’autres moments de ma vie, je n’en ai pas fait la pub (et je n’ai pas à me justifier 😉 ) donc ici, je me permets d’en parler, car, justement, vous le dites, j’écris (et c’est un peu mon seul moyen d’action à part aller sur place aider physiquement et matériellement) et, donc, de cette manière j’aide un peu aussi (en faisant connaître le problème, en relayant la pétition aussi).

    Mais je n’attaque personne, juste les politiques (voui quand même) car je me demande où ça en est.

    Mais il y a des gens sur place, exténués, que j’admire, énormément. Et qui, eux, se font copieusement agresser parfois… (ça, par contre, je ne comprends pas !)

    Donc je le répète, mon but n’est pas de faire la morale, mon but est de poser des questions et de faire comprendre aussi aux gens qu’en fait on se pose tous les mêmes questions : ces gens débarquent en masse sur nos trottoirs, que va-t-on en faire ? Quid des programmes pour leur intégration dans leur pays d’origine ? Je le dis et le redis, ils sont mieux chez eux que sur nos trottoirs… Mais là, ils sont chez nous…

    Je pense en même temps, j’avance aussi dans ma réflexion, j’engage le débat (comme d’autres bien avant moi) car on ne peut plus rester dans cette situation…

    Et plus loin, même, je me demande ce qu’on est en train de devenir, quand je vois les flambées nationalistes et racistes qui poussent partout. Ces dernières ont jeté les Roms sur les routes, mais chez nous, entre nos communautés, c’est pas brillant non plus…

  • airdefilm

    On revient à la question philosophique fondamentale : si je dénonce les situations injustes, je me dois de m’imposer un niveau de vertu incompatible avec l’utilisation d’un iPhone. Par contre, si je dénonce ceux qui dénoncent, confortablement assis devant leur TV l’iPhone à la main, je serai ce que je suis, [choix multiple], tant que les autres ne seront pas des saints.

  • airdefilm

    Marie, je me rends compte à la lecture des commentaires que tu ne t’appliques pas les principes que tu défends et que tu te permets de critiquer les autres. Je me suis trompée sur ton compte. Je suis anéantie.

  • Oui, je critique… allègrement 😉

    « si je dénonce les situations injustes, je me dois de m’imposer un niveau de vertu incompatible avec l’utilisation d’un iPhone »

    Effectivement. Et cela m’a toujours interpellé que, une fois que les gens soient à bout d’argument, ils vous attaquent sur des choses personnelles, et même parfois sur ce qu’ils fantasment être « toi ». Car évidemment ici, on m’attribue des choses que je n’ai pas, je n’habite pas un loft (j’adorerais, j’en rêve ;-)), ma télé 3D a été gagnée (ça a assez fait le tour de Twitter pour que plus personne n’ignore la chose), mon iPhone est un outil de travail (et mon seul signe extérieur de « richesse »), je ne prends pas des douches de deux heures (z’avez vu le prix de l’eau ??? o_O) et je choisis les pièces que je chauffe ou pas car sinon j’ai une facture de gaz-électricité impayable… Bref, pas plus ni moins que les autres, quoi…

    Mais bon, vaut mieux qu’on vous envie qu’on vous plaigne, donc c’est pas mal qu’on fantasme sur ce que je suis censée avoir 😀

  • J’engage évidemment tout le monde à aller lire l’article qu’Anne a posté ci-dessus car, là, c’est une réponse assez claire aux commentaires ici.

    Mais je me permets d’en reprendre un bout pour ceux qui seraient trop fatigués pour cliquer :

    « Pourquoi, à chaque fois que quelqu’un s’indigne et (ré)agit, des gens s’empressent-ils de lui dire « Et vous, vous en accueillez chez vous? » « C’est facile, depuis votre divan, d’aller donner 3 saucisses »…

    Pourquoi doit-on presque systématiquement essuyer des insultes du genre « Judéo-chrétien », « petit bourgeois », « bobo » « gauchiste » « bien-pensant »… pourquoi sont-ce des insultes?

    Pourquoi cette agressivité envers des gens qui font ce qu’ils peuvent avec leurs moyens ou plus que leurs moyens, ou moins que leurs moyens, pourquoi en vouloir à des gens de demander que l’Etat fasse son devoir? Pourquoi se moquer de cette militance à la plume, de ces publications sur FB? Pourquoi insulter celui qui, oui, ne fait souvent que donner ce dont il n’a pas besoin?

    Pourquoi reprocher à des gens de réagir, d’agir, un peu ou beaucoup, à leur mesure ou à leur démesure, sans que ça ne porte préjudice à personne sauf à eux-mêmes éventuellement?

    Pourquoi ne faites-vous pas quelque chose vous aussi, pour voir? Pourquoi préférez-vous haïr ceux qui (ré)agissent en plus de ceux pour qui ils le font? Qu’est-ce que ça vous apporte?

    Pourquoi n’allez-vous pas donner 3 saucisses à un pauvre? Pour voir si vous ne vous sentez pas mieux qu’en vous gaussant de ceux qui le font alors que oui, c’est si facile?

    Ou alors ne faites rien. C’est aussi votre droit le plus strict. Mais taisez-vous. »
    (Anne Löwenthal)

    Sur ce, je vous quitte, je vais aller racheter des saucisses, hein…

  • Alain

    Pas facile de prendre du recul mais je vais essayer.
    A court terme, il y a un groupe de gens en pleine ville souffre de faim et des choses les plus élémentaires. Y a pas photo, il faut leur venir en aide et les sortir de là de suite. C’est de l’assistance à personne en danger, point.
    A long terme, hélas, on peut se disputer et discuter à l’infini, la bonne solution n’existe pas. On peut voguer entre deux extrêmes :
    1) On remballe ces gens d’où ils viennent ? Autant les fusiller sur place, on économisera du carburant.
    2) Les loger, les nourrir, leur donner un emploi ? J’ai été, un temps, chômeur. Si j’avais vu quelqu’un qui débarque recevoir un emploi-cadeau là où je ramais, j’aurais fait une drôle de bouille… Pas la solution idéale non plus, on va léser d’autres personnes.
    Alors quoi ? Personnellement, je ne vois pas trop. Ou alors une sorte de prise en charge temporaire, le temps qu’ils soient capables seuls d’assumer à la fois leur bien-être, leur rôle et leurs obligations dans notre société… Facile à dire, j’avoue.

  • nichka

    Tu réveilles en moi cette envie de vomir que j’ai eu tout à l’heure en partant de mon travail … J’ai du expliquer à un homme ( roumain) que ce soir il dormirait dehors …. avec ses 6 enfants. Que désolé Monsieur votre situation ne vous permet pas d’obtenir une aide financière et que non je ne vous trouverai jamais une place dans un centre d’acceuil d’urgence parce que justement vous avez 6 enfants et que surtout vous n’avez pas d’argent. Ce soir je ne sais pas où ils dormiront, je pense surtout à ces enfants dont 2 bébés, la tristesse de cet homme qui croyait bien faire en faisant venir sa famille.

  • Michael

    C’est une autre chanson qui m’est venue à l’esprit en lisant certains commentaires:

    « Tu dis que c’est pas mon rôle de parler de tout ça,
    Qu’avant de prendre la parole il faut aller là-bas.
    Tu dis que c’est trop facile, tu dis que ça sert à rien,
    Mais c’est encore plus facile de ne parler de rien. »

    Et pourtant…

    « Alors regarde, regarde un peu…
    Je vais pas me taire parce que t’as mal aux yeux.
    Alors regarde, regarde un peu…
    Tu verras tout ce qu’on peut faire si on est deux. »

    Loin de moi l’intention de faire la leçon. Après tout, personne n’est obligé de donner, a fortiori quand on a déjà du mal à finir le mois. Et j’avoue franchement et honteusement que je ne donne pas souvent, ou uniquement en hiver.

    Mais tous, nous sommes obligés d’agir, qui en leur achetant trois saucisses, qui en consacrant un peu de temps à la « soupe populaire », qui en interpellant les politiques, qui en secouant les esprits par le biais de textes forts, etc. Parce qu’effectivement, en agissant pour préserver la dignité de ceux qui n’ont plus rien – et qui ne l’ont pas choisi -, c’est un peu de notre dignité que nous sauvegardons.

  • Alex

    Oui, on pourrait aider ces Roms… Ceux qui sont en Belgique et ceux qui sont ailleurs.
    On pourrait tous les aider si on acceptait de revoir notre style de vie à la baisse.
    Le salaire moyen est de 1500 euros dans ce pays. Si on l’abaissait à 1000 euros, on pourrait aider tout le monde. Alors, qui est d’accord pour prendre une telle mesure ? Marie, serais-tu prête à réduire ton salaire de 33% ? Bye bye l’iPhone mais c’est pour une bonne cause.

    Et surtout, ne venez pas me dire qu’il suffit de prendre l’argent où il est… Chez les riches, les banquiers, les patrons… C’est de la démagogie de bas étage. Non, non… A l’échelle du monde, les riches, c’est vous et moi !

    Alors, quoi, on ne fait rien ? Si… Je propose qu’on ouvre des centres d’aide pour les Roms.
    Ces centres offriraient logement, nourriture et surtout formation ou scolarité. Le but, c’est de réinsérer ces gens dans la société en leur offrant un avenir. Bien sûr, ils vont devoir se sédentariser et se plier à des règles. Mais bon, c’est mieux que de dormir dans la rue, non ? Ces centres fonctionneraient en étroite collaboration avec les industries qui manquent de main d’oeuvre. C’est un win-win qui profiterait à tout le monde, je crois.

  • @Alex
    je vais me justifier une fois encore mais comme tout le monde focalise sur cette histoire d’iPhone (visiblement THE signe extérieur de richesse), je précise :
    je n’ai PAS de voiture.
    Non. J’ai pas l’argent pour et je peux m’en passer.
    Par contre, j’ai un iPhone, oui. Car c’est mon outil de travail.
    Il faut peut-être arrêter de coller des étiquettes sur les gens en fonction de ce qu’ils possèdent, 😉

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