Je vérifie si je n’ai rien oublié dans la chambre. Ca fait 4 fois que je passe tout en revue pour être sûre que j’ai tout pris.
La chambre est vide.
Enfin, vide… Il me reste ce bébé, dans son maxi cosy, sur le lit.
L’Homme est descendu charger la voiture et il m’a promis de remonter très vite. Je ne réalise pas complètement. Je vais rentrer chez moi (youpie !), avec un enfant, mon enfant (ha, merde).
« Ganaëlle est là, Marie ! Je viens de croiser C. (l’homme de Ganaëlle) dans le couloir, ça y est, elle est rentrée, elle va accoucher ! »
Je suis restée bouche-bée.
On savait, mon amie Gana et moi, que nous allions accoucher le même mois, à quelques jours d’intervalle, mais de l’idée à la réalité, il y avait un pas. Et on y était. J’avais mon bébé, elle allait avoir le sien. Je quittais la maternité (où elle était venue me rendre visite trois jours plus tôt, enceinte jusqu’aux pieds… Si, si, j’insiste, aux pieds), elle y rentrait.
Je me souviens de ce moment. Je me souviens de mon retour à la maison (et de ce fichu b… de m… de maxi cosy pour lequel il fallait un diplôme d’ingénieur en aéronautique histoire d’arriver à l’attacher dans la voiture). Je me souviens de mon coup de mou (j’ai un bébé ???!!! Mais comment je vais faire, moi ?!). Et je me souviens que pendant tout ce temps, je me disais que ma copine accouchait.
Et le sms tant attendu est arrivé. Thémis était née.
La première sortie du petit de l’Homme de la maison a donc été… pour retourner à la maternité ! Joli, non ?
Mais là, il y allait en visiteur (bon, ok, un peu jeune comme visiteur, j’admets), pour rendre visite à celle qu’il appelle aujourd’hui « ma plus vieille amie de toute ma vie » (Wé. Je sais. C’est moyennement classe et sexy comme appellation. Mais rappel : le petit de l’Homme a 10 ans et certains détails tel que le glamour lui échappent encore).
Ganaëlle et moi avons mis nos bébés côte à côte sur le lit. Nos bébés… NOS-BE-BES… Nés à 6 jours d’intervalle. Même année, même maternité. Je crois qu’on n’en revenait pas nous même…
Alors on a tout vécu. Les nuits sans sommeil, l’allaitement, les questionnements interminables, les premiers pas, les premiers mots, les premiers écrits, les premiers chagrins d’amour (oui !), les premiers… (En fait cette liste n’est pas finie, elle risque même de devenir très longue). En même temps. Ensemble.
Également blonds, avec les mêmes yeux bleus rieurs ouverts sur la vie et le monde, Thémis et le petit de l’Homme évoluent sans se poser de question. Ils sont amis, c’est un fait acquis. Une certitude. Un peu comme « la Terre est ronde », « le jour succède à la nuit », « la pluie, ça mouille ». Une sorte de base stable sur laquelle ils construisent tous les châteaux qu’ils veulent.
Depuis ce moment où ils se sont découverts sur un lit de maternité à aujourd’hui, 10 ans se sont écoulés.
Alors, pour fêter cela, pour faire le parallèle avec cette photo d’eux deux à l’époque, on a refait une séance (nettement plus élaborée, ce coup-ci) photo.
Gana et l’Homme ont empoignés leurs appareils (ben ouais, moi, mon job, c’est pas la photo, hein ! Je fais ça, en gros, presque aussi bien qu’un gratin aux courgettes, ça vous situe mon talent dans le domaine) et capturé nos bébés sur pellicule, 10 ans après.
Nos bébés…
Mais justement, ils sont où, nos bébés ?
Dans cette demoiselle mutine qui pouffe en poussant son copain « allez, bouuuge ! » et ce grand gêné dans lequel on devine un romantique en devenir ?
Ils sont où ?
Dans ces regards clairs et ces phrases lancées qui laissent deviner les ado qu’ils seront tout bientôt ?
Ils sont où ?
Dans cette complicité construite en 10 ans, parfois par petites touches pudiques, parfois par franches discussions et rigolades ?
Ils sont où ?
Dis-moi, Gana, ils sont où, nos bébés ?
…
En rentrant à la maison, le petit de l’Homme m’a demandé : « Dis, m’man, c’était chouette, ces photos, on s’est bien marrés mais pourquoi tu voulais qu’on fasse ça ? »
« Parce que ça fait 10 ans que vous vous connaissez, Thémis et toi, mon chéri, 10 ans que vous êtes nés, 10 ans que vous êtes amis… »
« Ben c’est chouette mais tu t’es trompée, hein. Ca fait pas 10 ans. Thémis et moi, on se connaissait déjà dans le ventre de nos mamans. On était déjà un peu ensemble. Alors tu comptes mal… Ca fait plus que 10 ans… »
A Thémis.
Au petit de l’Homme.
Et à Ganaëlle…
Bruxelles, décembre 2013.
Pour découvrir l’histoire racontée du point de vue de Gana ainsi que les photos du fameux shooting « 10 ans après », cliquez ici !
Jolis récits de vie ! Les deux textes m’ont beaucoup touchée, et la séance photo est une idée magnifique. J’espère qu’ils accepteront d’en refaire une dans 10 ans, ce serait sympa. Je profite de l’occasion pour te souhaiter un doux Noël, à toi et à ton petit monde 😉