(On ne déroge pas à la règle, la playlist qui accompagne ce texte se retrouve ici : Numbers
Vu le titre de la chanson, c’est un choix extrêmement logique, on en conviendra.)
Il y a un an, à l’heure où je poste ce texte, j’allais me retrouver, en compagnie de l’Homme et d’un ami, face à la mort.
De la neige, un tête-à-queue, un ravin, des vitres qui explosent et un miracle se sont enchaînés à une vitesse hallucinante.
Hébétés mais vivants, l’ami et moi avons pu nous extirper de la voiture. L’Homme, lui, y est resté coincé et a été remonté par les pompiers après que ces derniers aient sécurisés notre véhicule en plein milieu de la pente.
J’ai un souvenir de ces événements assez surréaliste, cette impression que ce n’était pas à moi que cela arrivait.
J’ai le souvenir du froid, de la neige qui n’arrêtait pas de tomber, du réconfort des bras de mon amie, de la chaleur de la veste d’un ami, du goût de la tasse de café qu’il m’a tendue… Car oui, fort heureusement, nos amis nous suivaient de loin et sont arrivés sur les lieux de l’accident sans problème et c’est de leur présence réconfortante dont je me souviens en premier lieu.
Il me reste néanmoins UN souvenir extrêmement précis : moi, réalisant que, si la vie pouvait s’arrêter un 6 janvier au détour d’une route de montagne, après une semaine chaleureuse entre amis, il devenait URGENT de la vivre pleinement.
Vous allez me dire que réaliser cela à 50 ans (oui, mon âge à ce moment), c’était un peu tard, jeune fille.
Je vous répondrai que, ben, hein, mieux vaut tard que jamais.
Je me suis également jurée à ce même moment que je n’oublierai dorénavant plus jamais de dire aux gens que j’aime que je les aime.
Et, de ce jour, je me suis employée à le faire.
Je pensais sincèrement que le pire de 2024 était passé, condensé en cette journée.
C’était évidemment totalement faux.
Six mois plus tard quasi jour pour jour, ma vie, mon couple, volaient en éclat.
Avec tout autant, si pas plus, de violence que dans ce ravin.
Mais de toute évidence, sans me tuer non plus. En me traumatisant, certes (de façon répétée, d’ailleurs, pourquoi faire simple quand on peut vraiment tout, tout détruire ?), mais en me laissant avec mes 2 bras et mes 2 jambes. Groggy debout.
Et un long chemin de destruction, de douleur, de découvertes glauques devant moi.
J’ai réalisé à ce moment-là que la mort dans le ravin aurait été plus douce. Du moins, elle m’aurait laissé mes illusions de bonheur.
Car tant que vous ne savez pas que ce sont des illusions, ces dernières ont quand même sacrément le goût du vrai bonheur.
Mais bon, non, il a fallu faire avec la crue vérité, et s’y adapter.
Dans les premiers temps, j’ai eu tout faux. Quand vous êtes dans une situation de survie, vous faites comme vous pouvez, avec ce qui vous tombe sous la main. Comme quand vous devez remonter d’un ravin, sous la neige, à mains nues.
Et puis, petit à petit, malgré la douleur parfois difficilement supportable, j’ai réappris à respirer un peu.
Depuis, chaque jour, je respire un peu plus, un peu mieux.
Je l’avoue, l’aide respiratoire est venue énormément des gens qui m’aiment (et j’en profite pour leur faire un câlin si elles/ils passent par ici), elles/ils m’ont permis de ne pas mourir écrasée, étouffée, piétinée.
J’en ai toujours été convaincue, je le suis encore plus aujourd’hui s’il le fallait : on ne peut survivre sans amour.
Mais un amour vrai.
Pas un amour qui se voudrait attachement, dépendance, immaturité.
Cet amour qui fait de vous un être à part, un être entier, en d’autres mots : qui fait de vous TOUT SAUF UN NUMÉRO.
Cet amour qui vous reconnaît votre valeur, votre dignité, votre humanité. Et qui s’attache au mot respect.
Ce n’est pas un sentiment sans heurts, sans opposition, sans battements de coeur, sans prises de tête, ce n’est pas quelque chose de linéaire et de parfait, c’est encore moins quelque chose de monotone, mais pas forcément non plus des montagnes russes à longueur de temps… C’est compliqué à vivre, cela donne un vrai sentiment de vulnérabilité et aucune certitude…
Mais ça le vaut.
Alors, en ce 6 janvier 2025, je vais réitérer mes voeux de 2024, car ils sont les seuls vraiment valables par les temps qui courent :
VIVEZ PLEINEMENT, AIMEZ VRAIMENT
ET DITES A CEUX/CELLES QUE VOUS AIMEZ QUE VOUS LES AIMEZ
Je vous souhaite du fond du coeur une magnifique année 2025 !
« We’re much more than just numbers
Who knows how this will be ending?
We could be ascending, turned into our own »
Marie
Le 6 janvier 2025