La guerre des sexes aura-t-elle lieu ?

Réaction face au billet que Cousin Baudouin a commis pour la Journée de la femme.

Une Journée de la Femme est-ce donc si utile ?

Ben voyons…

A l’heure où l’on vous sort des conseils pour bien faire l’amour à un homme (prenez-en de la graine, mesdames, z’êtes nulles au pieu, z’avez besoin de conseils !), où les réactions masculines face à cette journée ont été du « ha, c’est leur journée, elles vont nous foutre la paix ? » au « et la journée des hommes, c’est quand ? », où des femme meurent encore et toujours pour cause de violence conjugale, où le ELLE nous dit qu’on est toutes des mal-baisées, où le salaire brut des femmes est encore de 25% inférieur à celui des hommes,… Moi, je vous dis que le Mouvement Ni Putes ni Soumises a clairement de beaux jours devant lui !!!

Et, dans tout ça, je ne parle même pas des mariages forcés, de l’excision, du viol et autres « détails » qui se passent ici, quasi sous nos yeux, dans notre joli pays où pourtant nous sommes tous et toutes parfaitement égaux, hein !

Elle est belle, l’émancipation de la femme. Il est plutôt rude, le constat !

Bref, remontée contre ces hommes qui, décidément, ne comprennent rien à rien, n’ouvrent pas les yeux sur le monde qui les entoure (notez, ils ne sont pas les seuls: beaucoup de filles ne voient pas l’utilité d’une telle journée d’action, surtout les jeunes filles qui ne sont pas encore sur le marché du travail et qui n’ont pas encore pu constater que leur carrière/salaire/aspirations professionnelles n’allaient pas franchement suivre la même pente ascendante que leurs potes de fac, et ne me jetez pas la pierre, j’étais la première à n’en avoir rien à fiche à 20 ans !), toute prête à rentrer au Carmel que j’étais (c’est dire mon état de désespoir), je suis tombée nez-à-nez au détour d’un rayon de Filigranes avec le magazine Psychologies (on remarquera le haut niveau littéraire de ce billet, j’aurais pu vous citer des écrits philosophiques, des thèses d’université et tutti quanti, non, non, je vous parle du Psychologies ! C’est ça la vulgarisation, ça, madame !) qui titrait, en grand:

COMMENT AIMENT LES HOMMES

Ha.

Bonne question.

Ai ouvert le magazine. L’ai feuilleté. L’ai acheté dans la foulée, tiens.

Et j’ai tout lu.

Tout. La peur des hommes de mal faire. Leur peur de ne plus être à la hauteur. Le besoin des hommes d’absolu. Leur envie de faire/donner du plaisir (lisez pas le ELLE de mars, les gars, ça va vous faire mal, là !). Leur recherche de leur place dans cette nouvelle configuration de couple/famille. 

Les hommes déboussolés.

Les hommes qui se réinventent.

Les hommes qui cherchent.

Et ceux qui se perdent…

Ouchlàààà…

Un moment de vie m’est revenu en mémoire : j’étais en boîte, un soir, il  a deux-trois mois. Perchée à l’étage, je scrutais les gens en bas, dans la salle (jeu que je vous recommande, très instructif et extrêmement souvent hilarant)  quand mon regard est tombé sur une jeune femme, au milieu de la foule. Elle était seule (règle numéro un en boîte: ne pas y aller seule, dans la foule, on se sent plus seule encore !). Droite comme un i et agrippée à son sac (règle numéro deux: lâcher son sac en boîte, il n’a jamais sauvé personne du naufrage). Et tout en elle puait la solitude et la détresse. A vous en couper le souffle. J’ai arrêté de jouer. Strike, toutes les quilles se sont couchées. Mon copain Fred s’est approché et je lui ai montré la fille:

« T’as vu, là ? La fille, on dirait qu’elle va fondre en larmes à chaque respiration. »

Remontée que j’étais contre les hommes (et, je l’avoue, de retour d’un séminaire vachement bien ficelé qui m’avait exposé le nouveau féminisme – excellent-), j’ai explosé « Ben voilà, tu vois, la solitude, c’est encore pour les femmes !  »

C’est Brel qui chantait (dans « Orly »): « Elle vivra de projets, qui ne feront qu’attendre, là revoilà fragile, avant que d’être à vendre » 

A vendre, seule, cette nana était à vendre…

Et c’est à cet instant que, tout doucement, tendrement, Fred s’est penché vers moi et m’a calmement glissé à l’oreille « Regarde, là » en me montrant du doigt un homme à quelques pas derrière la fille, appuyé contre une table, le regard dans le vide.

Le même regard. Fait de détresse et de fragilité, un regard d’homme qui boit la tasse (on constatera, au passage que, comme un homme n’a pas de sac, il a besoin d’une table pour éviter de couler !).

Et cette solitude. Prégnante, puissante !

Une chose m’est apparue avec énormément de clarté: s’il est bien un domaine dans lequel hommes et femmes sont rigoureusement égaux, c’est la solitude. Face à elle, les distinctions de sexe ne tiennent pas la route une demi-seconde. Hommes et femmes ont besoin les uns des autres.

Certes les femmes ont une claire nécessité d’avancer sur le chemin de l’émancipation et du respect encore et encore, sans relâche. Mais, réfléchissons…

Tout homme est le fils d’une femme. Et si les mères (dont je suis) montraient le chemin à leurs fils ? Si elles faisaient d’eux des hommes qui se respectent, qui se trouvent, qui se réinventent ?

Pour finir…

Et si tout simplement l’émancipation de la femme passait par celle de l’homme ?

On a le changement de la face du monde au creux de nos ventres, les filles, il est là, le chemin de notre émancipation !

13 Commentaires

  • Oui, je me rends compte que cela peut être mal interprété.
    Non, l’émancipation de la femme n’est pas dans le fait de faire des gamins, mais dans le fait que ceux qu’elle choisit de faire, elle a des choses à leur transmettre et elle peut réfléchir à la manière de les leur transmettre 😉

  • Mouais, je ne suis pas 100% d’accord car dans cet article tu sous-entends (en tout cas c’est comme ça que je le comprends) que le poids de l’univers repose sur les épaules des femmes et que les hommes ne s’en rendent pas compte.

    Le rôle d’éducation d’un enfant n’est pas QUE le rôle de la mère, mais bien un processus qui se fait à deux (c’est une raison pour laquelle j’ai énormément de mal à accepter l’adoption chez les homosexuels car ça amène une disproportion au niveau de l’éducation de l’enfant).

    Indépendement de ça, la femme est déjà nettement plus respectée en Europe qu’ailleurs alors vous n’avez pas à vous plaindre. Il faut bien se dire que c’est aussi une question de culture. J’ai vécu dans des sociétés matriarcales et là-bas ils n’en vivent pas moins bien … ce sont les hommes qui tentent de s’affirmer. Je restent convaincu que l’homme et la femme ne doivent pas être égaux … car nous ne sommes intrinsèquement pas égaux …

    La femme porte l’enfant, l’homme ne peut pas
    L’homme a un corps plus fort que la femme (en moyenne)

    Tous des aspects physiques et matériels qui prouvent bien qu’on n’est pas égal. Et dès lors notre rôle dans la société en est altéré. Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dis non plus : je ne dis pas que le salaire d’une femme ne doit pas être égal à un homme … au contraire. Mais par contre je trouve que l’égalité n’a pas de sens à partir du moment où nous ne sommes pas égaux. Il faut être très prudent lorsqu’on revendique ce genre de choses et l’amalgame est rapide et malsain car il a tendance à fâcher.

    Enfin bon, c’était juste ma petite contribution à ton article 😉

  • Une bonne guerre, j’vous dis moi ma dame. Oui, c’est une bonne guerre qu’il faudrait madame. A chaque fois, les femmes en ressortent avec plus de droits…

  • Medzo

    Marie,

    J’aime beaucoup ton texte (et ta plume d’une manière générale d’ailleurs:-)

    J’adore le point sur la solitude, qui est égale entre tous.

    Mais que te dire? Que dire à une maman qui ne souhaite que le meilleur a son fils? En fait, je pense que malheureusement, si il est possible d’inculquer des valeurs à son fils et en effet l’orienter pour au moins qu’il ne viole pas, qu’il respecte sa femme etc. etc. j’ai peur (et en même temps je me réjouis) de m’imaginer que l’influence de la maman n’est pas tout. Que le but de l’homme (être humain) est de découvrir sa route par lui-même. d’apprendre aux parents d’autres facettes de ce monde…. Et donc malheureusement, si l’enfant doit connaître la solitude il la connaitra; ne serais-ce que par ses aspirations profondes de trouver une âme soeur totale et donc de rester dans un célibat en attendant si il le souhaite. Ou bien de récupérer de faits extérieurs qui l’aurons exténuer, ou bien ou bien…

    @mateusz Oui plus de droits…. mais tout ça date de 1970 au plus récent non?
    depuis, peu de changements il me semble à part le droit de travailler pour moins qu’un homme, d’élever son enfant une semaine sur deux si on est divorcé et d’avoir hérité d’une journée de la femme qui est tombée cette année un dimanche et donc je me demande combien d’entres nous ont reçu le p’tit dej. au lit 😉

  • La suite du chemin de l’émancipation de la femme passe aussi par le fait de donner plus de droits, et faire plus de place, aux hommes en tant que pères. Voyez ce qui se passe en Suède.

    Un homme doit lui aussi pouvoir choisir de travailler ou pas, comme les femmes l’ont (quand les moyens le permettent, évidemment).

    Les femmes doivent prendre conscience que l’égalité de salaires se réclame à leurs patrons, et pas aux politiques.

    Trop souvent encore, des mères divorcées tombent dans la pauvreté parce qu’elles avaient totalement arrêté de travailler pour s’occuper de leurs enfants.
    Je lance un appel à l’ONE: 2/3 des bébés n’ont pas de place en crèche, ne pouvons-nous vraiment rien faire?

  • @ Greg (alias the climber): je suis d’accord avec toi que le mot « égal » est certes mal choisi. Nous ne sommes effectivement pas égaux devant la nature, de par notre constitution, notre cerveau aussi (différent chez un homme et une femme)… Et d’ailleurs, élargissons la chose: aucun être humain n’est égal à un autre 😉 Mais est-ce une raison pour justifier une différence de traitement ? La maltraitance ? (les chiffres sont là, je ne les invente pas) Les injustices ? Non bien sûr. Donc pas égaux mais semblables. Et traiter son semblable avec respect s’impose.
    Tu as tout-à-fait raison quand tu dis qu’une femme n’est pas seule responsable de l’éducation et l’évolution d’un enfant. Bien évidemment, là, nous sommes 100% d’accord sur ce point ! Et chaque petit humain a son caractère, son existence et sa réflexion propre, bien sûr. Mais on peut faire remarquer quand même que les femmes ont un rôle dans le processus et il n’est pas négligeable. Et elles sont souvent les premières à se plaindre de la violence des hommes mais elle n’ont pas forcément réfléchi qu’elle avaient en partie engendré cette violence… Je ne dis pas qu’on pourra toutes empêcher que notre fils devienne un goujat (il est humain et tous les humains sont des goujats en puissance quand ils sont blessés !) mais nous pouvons avoir une réflexion à ce sujet, une approche différente de l’éducation de nos fils… En incluant le papa dans l’affaire, bien évidemment ! 😉
    @Olivier: chhhhhhhhht ! Pas cafter, toi ! 😉
    @Mat: ben t’as pas tout-à-fait tort, en fait. Les guerres ont solidement fait avancer la cause des femmes, c’est clair.
    Et quant au petit-dej au lit, c’est pas toi qui clame à tout vent que tu es d’une humeur de chien le matin et qu’il faut pas t’em… ? Ben donc, tu es juste tombé sur des copines qui t’ont écouté et qui ont respecté ton besoin de solitude le matin quand tu es dans le brouillard, elles sont très à l’écoute, tes copines, en fait 😉
    @gregone: je retiens le titre, merci !!!
    @Mélanie: ton texte rejoins ma réponse ci-dessus… Oui, souhaiter le meilleur… Mais oui, en sachant qu’on ne peut pas tout lui inculquer, qu’il a son chemin à suivre aussi… Le beau et rude rôle de mère 😉
    @Marina: dis, patron, à propos d’augmentation, mmmh ? MDR, je rigole, hein ! Mais c’était trop tentant 😉 Et tu sais déjà que je suis 100% avec toi, laisser leur place au père et laisser le choix à la mère de mener sa carrière à sa guise aussi ! Beaucoup trop sont encore « ligotées » par ce manque d’ouverture, de flexibilité dans notre société !!!

  • Je ne sais pas quoi dire de vraiment intelligent qui serait à la hauteur de la qualité de ton billet…
    Tes questions, tes pistes de réflexions sont vraiment intéressantes et poignantes. Je ne sais pas si l’avenir de la femme passe sans condition par celui de l’homme, mais nous ne pourront jamais évoluer l’un sans l’autre, sans nous donner la main. J’ai souvent l’impression que la lutte des femmes est une lutte pour prendre le pouvoir plutôt que pour trouver une forme d’équilibre. Le rapport de force n’apportera rien de positif, mais nous n’avons pas toujours conscience.

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