Avis de bonheur (c’est aussi dangereux qu’une tempête)

WARNING – PAS OP – ATTENTION

Ce billet dégouline tellement de bonheur, de joie, d’amour et de félicité (mot spéciale dédicace Caro) que c’en est carrément dégoûtant. Il est à déconseiller à toute personne voulant absolument voir tout en noir, pleurer en en se lamentant et hurler que la vie est moche, cela pourrait en effet causer des dommages irrémédiables à sa mauvaise humeur. Je m’excuse d’avance pour la bonne humeur dont je fais preuve, je vous jure, je me donne pourtant énormément de mal pour avoir l’oeil morne, le coeur vide et la bouche boudeuse. Je regarde les infos tous les soirs pour bien me saper le moral, je discute agressions politiques, catastrophe économique, trains coincés, canicule, inondations, amours en déroute dès que je peux mais je vous avoue que, malgré ce traitement de choc, pour l’instant, j’arrive pas à trouver la vie horrible à vivre.

Je sais, je dois être malade. Je vous le concède, ça doit même être grave. Je pense consulter dans les semaines à suivre si les symptômes persistent.

Mais bon, voilà, y’a des moments comme ça dans la vie, faut pas lutter, tout vous tombe dessus et le bonheur aussi. La vache.

Et puis faut avouer quand même que ces derniers jours, les gens se donnent du mal pour que mon moral trouve des petites pousses de joie. Même les infos s’y mettent : on a libéré Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière. Je sais, c’est con, je les connaissais pas ces gars (vous non plus logiquement, à moins de bosser à France3) mais l’annonce de leur libération m’a mis des étoiles dans les yeux. Pourtant, oui, y’a encore un paquet d’autres otages dans le monde, y’a des morts partout en Afghanistan, toussa. Mais voilà, y’en a déjà deux (et leurs accompagnateurs aussi) qui sont libérés. Deux pour qui, chaque soir, la phrase « nous ne les oublions pas » revenait en fin de journal télé de manière lancinante (avouez que, comme sapage de moral de manière insidieuse, on a rarement vu mieux). Donc, là, rien qu’à l’idée de ne plus entendre cette phrase en fin de JT, je saute déjà dans tous les sens. Et ensuite, à l’idée que ces gars vont pouvoir serrer leurs proches dans leurs bras, reprendre une vie normale (enfin la plus normale possible, quoi… Et puis c’est quoi, en fait, une vie normale ?), respirer librement, ne plus avoir peur de demain, je suis extatique.

Donc voilà, les infos s’y mettent.

Et puis le ciné s’y met aussi.

Pour avoir été invitée par Cinévox à la clôture de la Quinzaine des réalisateurs au cinéma Arenberg hier, j’ai pu admirer un Bouli Lanners (fidelcastro-isé, ça lui va pas mal) très en forme et son film « Les Géants » plus en forme que lui encore. Si le film n’est pas très positif à la base (pour les personnages et ce qu’ils vivent, on reste dans le thème « la Wallonie, le nord de la France, cette terre de désespoir »), la manière dont il est filmé, dont les personnages sont traités, les dialogues, tout est extrêmement vivifiant. C’est drôle, touchant, perturbant et, pourtant, personne n’en fait des tonnes. On ressort de là avec l’impression d’avoir vu un film qui parle certes de personnes abîmées par la vie (rappel : elle est moche, la vie), du passage de l’adolescence à l’âge adulte, des dégâts du désamour (ou du manque d’amour) mais en même temps, y’a pas cette impression de désespoir infini, de vie fichue, de noir absolu. Au contraire, le rire de ces ado, l’amour qu’ils ont dans le regard donne une pêche et un espoir à soulever des terrils entiers ! Sans compter les images de nature et la musique du film… qui vous embarquent dans une autre dimension. J’ai aimé, vraiment. Merci Bouli, t’es du bonheur en barre.

Et puis la météo s’y met itou.

Ok, la canicule, personne n’adore. Encore moins coincé dans un train ou dans un tram bondé en plein soleil et sans aucune climatisation (les deux options sont combinables). Les tempêtes et les inondations personne n’aime non plus (et c’est un euphémisme, il n’y a pas pire que de tout perdre dans une inondation…). Et pourtant, là, juste là, ce soleil aveuglant d’énergie, l’herbe fraîche sous nos pieds (ouais, z’avez qu’à enlever vos chaussures, voilà), la pluie qui calme tout cela après et sous laquelle on court en hurlant de rire, ça aussi, ça peut être le bonheur…

Les copines s’y mettent également.

Nos réunions « girls only » qui culminent en délires, devant des milliers de trucs à manger (oui mais certaines se donnent du mal pour nous faire manger sain quand même, hé !), des choses à boire étonnantes (« mais tu avais arrêté l’alcool, toi, non ? » « Heu, j’avais arrêté l’alcool ? Ha oui. Ha ben, je recommence, alors ! ») et des rires. Et la bonne nouvelle : c’est qu’on continue cet été ! Le bonheur, pourquoi arrêter ?

Et enfin, le petit de l’Homme s’y met à fond.

Réussite éclatante à l’école, une instit aux anges, un petit bonhomme qui a vraiment bien évolué pendant l’année (c’était pas gagné au début, le petit de l’Homme n’étant pas très… heu… scolaire) et une petite phrase lancée comme un feu d’artifice : « voilà, tu passes sans problème en troisième (en CE2 pour mes amis français) et mon petit doigt me dit que ta troisième, ça roulera tout seul ! ». Le petit, le rouge aux joues, les yeux brillants, qui se tortille sur sa chaise de bonheur. Ben ouais encore et toujours le bonheur. Merde, il est partout.

L’été finalement… L’été simplement… L’été tout court…

Je vous l’avais dit, le bonheur, ça dégouline, ça englue, ça anesthésie, c’est effarant.

Faudrait faire quelque chose. Une « alerte au bonheur », un truc comme ça.

Pour finir, on fait bien des alertes de tempête, non ? Et, je vous jure, le bonheur, c’est encore plus traître !!!

(PS : question subsidiaire : combien de fois le mot « bonheur » apparait-il dans ce billet ? Allez, relisez-le et comptez !)

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