Ne pas vivre sa vie comme un numéro

(On ne déroge pas à la règle, la playlist qui accompagne ce texte se retrouve ici : Numbers
Vu le titre de la chanson, c’est un choix extrêmement logique, on en conviendra.)

Il y a un an, à l’heure où je poste ce texte, j’allais me retrouver, en compagnie de l’Homme et d’un ami, face à la mort.
De la neige, un tête-à-queue, un ravin, des vitres qui explosent et un miracle se sont enchaînés à une vitesse hallucinante.
Hébétés mais vivants, l’ami et moi avons pu nous extirper de la voiture. L’Homme, lui, y est resté coincé et a été remonté par les pompiers après que ces derniers aient sécurisés notre véhicule en plein milieu de la pente.
J’ai un souvenir de ces événements assez surréaliste, cette impression que ce n’était pas à moi que cela arrivait.
J’ai le souvenir du froid, de la neige qui n’arrêtait pas de tomber, du réconfort des bras de mon amie, de la chaleur de la veste d’un ami, du goût de la tasse de café qu’il m’a tendue… Car oui, fort heureusement, nos amis nous suivaient de loin et sont arrivés sur les lieux de l’accident sans problème et c’est de leur présence réconfortante dont je me souviens en premier lieu.
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21 ans, le changement

(Comme de coutume, je commence cet article en recommandant la bande-son. Et en y mettant un petit contexte.
Nous sommes au centre de l’été, de cet été qui restera certainement dans les annales comme l’un des pires de ma vie. L’étudiant est au volant. Je ne sais plus où on va… comme d’ailleurs tout ce qui se passera durant ces mois d’été, la destination se fond dans un brouillard irréel. Je ne sais plus non plus pourquoi on y va. Mais je sais que c’est lui qui conduit. Et en accord avec cette vieille habitude de « qui conduit choisit », il a mis sa playlist. Et avec un geste très simple, tout doux, il monte un peu le son et me dit « Celle-là, c’est pour toi, maman, tu vas aimer. » Et le son emplit l’habitacle de la voiture, et avec lui la lumière, la joie, la jeunesse et l’été. J’ai 20 ans, tout est possible à nouveau, je souris. Oui, mon trésor, tu as raison, celle-là, elle est pour moi. Et le soleil, la légèreté, la danse, le rire, la sensualité, tout reviendra. Je vais m’accrocher.
Ce son est donc à écouter ici : https://youtu.be/4d_vkvE3Iys?si=Bie6EiN0vYg8sxO-)

CA Y EST, TU PEUX ENTRER DANS LES BARS AUX USA ET AU JAPON !

Désolée, cela m’a échappé.
Mais à l’âge où ma mère devenait mère, où une partie de ma génération devenait majeure (oui, oui, la majorité à 18 ans ne date que de 1990 en Belgique, ce qui a effaré ma mère car j’en avais 17 à l’époque, et, entendant la nouvelle à la radio, elle n’a pu s’empêcher de s’écrier en me regardant « mais tu es bien trop jeune pour devenir majeure ! ». Voilà, je gagnais 3 ans de rab de majorité, je me sentais d’un coup hyyyyyper grande et ma mère balisait) et où certains votaient donc pour la première fois (note, maintenant, en Belgique, on peut voter à 18 ans, mais ne pas avoir de gouvernement avant ses 21 ans, hein, ça change pas des masses quand on y réfléchit…), toi, la seule chose qui va changer dans ta vie, c’est que tu vas pouvoir boire une bière tranquilou au pays de Trump.
On a les évolutions qu’on peut. Lire la suite

Toutes les femmes de ma vie

(Comme nous avons repris cette belle habitude de choisir une bande son pour accompagner mes articles, je vous propose immédiatement de cliquer ici : TOUTES LES FEMMES DE TA VIE pour l’écouter.
Oui, la version de Julien Doré, oui. Parce que cet article est une déclaration d’amour aux femmes de la mienne, de vie. Et que ce soit illustré par la distorsion de cette chanson par J. Doré m’amuse beaucoup. Et puis, parce que la version originale est nettement moins sexe. Ça aussi, ça compte.
Ceci dit, un autre chanson chantée par une femme sera mise en exergue : vous la retrouverez à la fin de cet article, en plus de tout mon amour.)

Ce n’est un secret pour personne, j’ai de nombreux amis.
(et si c’était un secret pour vous, ben voilà, ça l’est plus, paf)
Une personne bien intentionnée s’est un jour demandé si j’en avais plus que de petites culottes.

J’ai pas compté.
Je veux dire, j’ai pas compté mes culottes.
Mais je n’ai pas compté mes amis non plus.
Donc personne n’en saura rien. Et c’est une bonne chose.
Par contre ce que je peux vous assurer, c’est que dans ces nombreux amis, il est une catégorie des plus importantes : mes amiEs. Lire la suite

30 ans de mort, et de vie

(Pour reprendre une vieille habitude, je vais vous coller le bourdon avec la bande son de cet article. Un morceau que j’écoutais en boucle, de manière complètement obsessionnelle même, il y a 30 ans, après la mort de mon père. Zou, cliquez ici : WINTER et maintenant, continuez à lire)

J’ai parlé plusieurs fois de mon père sur ce blog.
Si vous n’êtes pas un(e) lecteur/rice avide et assidû(e) (je ne vous en veux pas, la vie est courte et la planète, vaste) ou si vous n’avez pas l’honneur de faire partie de mes « amis » Facebook ou Instagram (où j’ai eu l’idée fabuleuse de faire une petite rétrospective de certains textes sur ce dernier), vous pouvez vous mettre à jour ici, ici et ici.

Bref, j’ai parlé plusieurs fois de mon père en ces lieux.
Pourtant, des adultes qui m’ont entourée et aidée à grandir, c’est certainement l’un de ceux (si pas celui) qui m’a le moins accompagnée dans la vie.
Osons même avouer qu’il ne m’a en aucun cas vu grandir (même si je fais à tout casser 1m60 les bras levés, j’ai été plus petite, si, si), trop occupé qu’il était avec sa propre vie, ses propres problèmes, et sa passion.

Il a été mon père peu de temps. Par père, j’entends un être humain qui se lève la nuit quand vous faites des cauchemars, qui s’inquiète de votre santé, qui connait le nom de vos amis et vos points à l’école, qui se réjouit de vos succès, s’énerve de vos excès, parcourt la moitié de la ville pour venir vous chercher la nuit, vous offre des cadeaux à Noël et à votre anniversaire ou, au moins, se souvient de la date (oui, mon père est parvenu à totalement oublier ma date de naissance, idem pour celle de mon frère), en gros qui fait mille et une petites choses au quotidien qui disent chacune séparément et toutes ensemble « oui, je suis là, je suis ton père ».
Si je compte bien, il l’a été à temps plein pendant 5 ans, puis de manière de plus en plus sporadique pendant encore 7 ans, puis plus du tout par la suite à quelques moments exceptionnels près.
Pour s’effondrer sans vie, un 23 septembre 1994, quelque part dans le Bordelais.

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Un an post 50

(La photo qui illustre cet article a été prise PILE au moment où je réalisais que, non, la vie n’est pas finie après 50 ans.
Merci d’ailleurs à la personne qui a pris ce cliché sur le vif et à toutes les personnes qui ont contribué à cette prise de conscience, de loin ou de très près. Et, surtout, à toutes les personnes autour de moi à ce moment-là qui ont été pour une très grosse part dans cet événement vital)

A quel moment de ma vie ai-je cessé d’utiliser un gant de toilette dans ma douche ?
(Oui, le jour de mes 51 ans, j’ai le droit de me poser des questions existentielles fondamentales)
Ou plus précisément : à quel moment ai-je décidé de ne plus suivre un des actes élémentaires dans ma vie enseignés par ma mère ?

J’ai beau chercher, je ne m’en souviens plus.
Quoi qu’il en soit, un jour j’ai décidé que, d’un point de vue hygiène, il m’allait mieux de ne plus utiliser de gant de toilette sous ma douche.
C’était anodin comme geste, mais je réalise aujourd’hui – alors que ma maman hier soir, invitée à passer la nuit chez moi (la veille de mon annif, si, si), m’a demandé serviette et gant de toilette – que ça fait un très long bail que ce bout de tissu n’est plus utilisé sous mon toit.
(Heureusement, j’en ai encore dans mes armoires, une réminiscence de mon enfance et adolescence, et j’ai pu lui en filer un (propre, siiii).)

A quel moment exactement nous séparons-nous des habitudes et règles apprises dans l’enfance ? Des atavismes, des peurs, des angoisses, même ?
J’imagine que cela dépend d’un être humain à l’autre, d’une habitude à l’autre, d’une règle à l’autre. Il est peut-être plus facile de se débarrasser d’un gant de toilette sous sa douche que d’une peur inoculée et profondément ancrée, que de gestes de pure survie, que d’une certitude de ne jamais arriver à atteindre ce que l’on attend de vous… Lire la suite

Heureux 20 ans, mon bolide

(Hier encore, j’organisais l’anniversaire des 20 ans de l’Homme.
Aujourd’hui, nous fêtons ceux de notre fils.
Comment cela se fait-il ?
Comment la vie peut-elle filer à ce point ?)

Louni,

Je pense ne pas me tromper en disant que cette année t’aura vraiment vu quitter l’enfance. Non pas rentrer de plein pied dans l’âge adulte (là, il s’agit d’encore autre chose), mais quitter cette innocence et cette sécurité dans laquelle tout enfant devrait évoluer.
Cette année, j’ai compris que je ne pourrais te protéger de tout.
Ni des déceptions,
ni des angoisses,
ni des crises,
ni de l’échec,
ni des erreurs que nous faisons d’ailleurs chacun(e) tout au long de notre vie.

Et encore moins des disputes !

J’ai eu (et j’ai encore, hein) un mal fou à l’admettre, mais tes 20 ans sonnent un peu la fin de notre toute puissance, à ton père et à moi.
Cette certitude que nous avions d’être les garants absolus de ton bonheur et les guides infaillibles de ta route.
Et certes, nous sommes et restons tes plus fidèles piliers, mais ces mêmes piliers vont clairement devoir composer avec tes choix, tes envies, ta vision de la vie.
Et on est d’accord que des piliers, ce n’est pas toujours très flexible, ni très mobile.
Du coup, quand tu changes de direction, quand tu prends un virage serré, ben, on met un peu de temps pour s’adapter. Pour te suivre. Pour devenir les piliers de ta nouvelle vie, de tes nouveaux choix.
Faut comprendre : c’est pas évident, hein, pour des piliers, les changements !
Mais si tu es sorti de l’enfance, tu n’as pas tout laissé derrière toi et certainement pas ton côté fonceur, ton enthousiasme, ta curiosité, ton humour, ton opiniâtreté, ton audace et ta sensibilité.
Et bien plus qu’un plan de vie bien défini (mais qui en a un, hein ? Qui ? Et encore plus à 20 ans ?), ce sont ces qualités qui te guident et qui t’ouvrent la route.
Et de cela, sache-le, nous en sommes très fiers.
Tant que, plus que toute autre chose, ces qualités te servent de guide, tu es dans le bon.

Certes, cela va encore demander de l’adaptation de la part de tes piliers, cela générera encore et toujours des discussions (oui, des piliers, ça parle, bam !), cela demandera du lâcher-prise (pour tout le monde, ce coup-ci), mais ça ira. J’en suis sûre.

Je me disais qu’à tes 20 ans, mon rôle tirerait à sa fin, que je n’aurais plus une grande utilité.
Je comprends aujourd’hui qu’être parent, c’est le rôle d’une vie.
Et que ce rôle ne fait qu’évoluer.
Infiniment.

Alors, vivement toutes les années à venir, mon Lou.
Je suis curieuse de voir quelle(s) route(s) tu vas prendre.
Et suivre ces routes avec toi.

En attendant, je vais m’entraîner au lâcher-prise et, aussi, à savoir prendre des virages serrés.

D’ici-là, heureux 20 ans, mon bolide.

Ton pilier,
Maman

Le 11 décembre 2023

 

 

 

 

50 ans, un bilan

(C’est la première fois que j’écris un texte un peu avant la nuit veille de mon anniversaire, mais je n’ai pas le choix, l’Homme m’ayant dit « prends une brosse à dent, on part », j’ai dû prendre les devants et ça fait bizarre.)
(Bon, ok, il n’a pas vraiment dit « prends une brosse à dent » mais plutôt « prépare ta valise pour vendredi soir et samedi, on part ».)
(Du coup, je pense que je vais aussi prendre un dentifrice, on ne sait jamais.)

Voilà, on y est, la limite fatidique des 50 piges est arrivée.
J’ai longtemps hésité sur le titre de ce texte, et vous trouverez peut-être que le titre élu est un peu trop sobre pour un tel événement.
Laissez-moi alors vous donner quelques exemples auxquels vous avez échappés : « 50 ans, la vie devant » (devant quoi ? On sait pas, mais ça rime), « 50 ans, dans les dents » (no comment), « 50 ans, et maintenant ? » (mon côté optimiste), « 50 ans, et pan ! » (ça rime toujours, nan ?).
J’ai finalement opté pour la sobriété rimée, et on remarquera, au passage, que, même si je travaille dans la com, j’ai bien fait de ne pas travailler dans la pub, les médias ou la communication politique, je connais mes limites. Lire la suite

19 ans, cordon coupé

(Cet article fait partie d’une liste d’articles écrits pour l’anniversaire du petit de l’Homme dont le premier article sur lequel s’ouvre ce blog pour ses 4 ans, ainsi que la suite pour ses 5 ans, 6 ans, 7 ans, 8 ans, 9 ans, 10 ans, 11 ans, 12 ans, 13 ans, 14 ans, 15 ans, 16 ans, 17 ans et 18 ans.
Oui, ça commence à faire beaucoup. Et entre temps, le petit de l’Homme n’est plus vraiment petit. Il est même devenu franchement grand, dépassant sa mère d’environ 30 cm. Ce qui est la hauteur de la règle graduée, en Belgique appelée aussi « latte », que nous avions toutes et tous à l’école. Qui ne rentrait dans aucun cartable, ou alors très mal et en diagonale. Bref, voilà, le petit de l’Homme, devenu l’Etudiant, me dépasse d’une règle mal ajustée aux cartables et à la vie scolaire. Tirez-en les conclusions que vous voulez.)

« Non, je n’irai pas en vacances avec vous. Je préfère encore partir avec mes copains en Ardenne plutôt que n’importe où de délirant dans le monde avec vous. »
Comme dirait la meilleure amie de l’oncle de l’étudiant : « Ha oui, quand même ! Ca, c’est du coupage de cordon de compèt ! »

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Avoir 50 moins un an, résistance et réalisme (et photo putaclick)

(Ce texte est écrit devant un reportage sur la propagande en Russie, autant vous dire qu’il ne va pas transpirer l’hilarité)
(Mais en même temps, avons-nous vraiment envie d’hilarité ?)

Ceux qui me connaissent savent que plus jeune (adolescente et jeune adulte), je faisais une réelle fixation : tout savoir, tout connaître sur la seconde guerre mondiale.
On va l’avouer, c’est assez commun, voir banal, comme intérêt.
Mais dans mon cas, ça virait quand même légèrement à l’obsession.
Et je ne sais pas trop d’où cette idée me venait. De mon roman scout préféré de l’époque ? D’un récit raconté par mon grand oncle, qui s’était retrouvé bombardé sur la route de l’exil ? Du journal d’Anne Franck, que j’avais lu deux fois à 11 ans (j’étais responsable de la bibliothèque de la classe, j’avais donc un accès sans limite aux livres que je voulais lire et relire) ?
Un peu tout cela à la fois, j’imagine.
J’ai donc grandi avec l’histoire de cette période dans la tête.
Un brin nostalgique quand j’étais ado (oui, d’une époque que je n’ai pas connue, c’est plutôt con et naïf, mais cette période et la petite histoire me semblait romantiques et héroïques à souhait), puis de plus en plus interpellée par la grande histoire et par la complexité cachée derrière une très apparente simplicité qu’on s’ingéniait à nous faire étudier dans tous les cours d’histoire, quitte à nous faire tous croire qu’on aurait été, dans un bel ensemble, de vrais résistants de la première heure.
Et je pense que bon nombre de gens de ma génération étaient et sont toujours persuadés qu’à la place de leurs grands-parents, ils auraient été résistants.
(et pour preuve, certains, ces derniers temps, ont été jusqu’à se prendre pour tels, d’ailleurs) Lire la suite