RESET (52)

(On continue cette belle tradition de la bande son adaptée -ou pas- au texte, je vous conseille donc d’envisager de rebondir, rebondir, rebondir avec Trampoline de Shaed, c’est assez dans le mood de ce texte)

52.
Oui, j’ai 52 ans.

A cet âge, ma mère était grand-mère et avait refait sa vie depuis quelques années déjà.
Moi, au dit âge, je contemple, tel le lion, Waterloo en morne plaine (pour ceux que je sens perdus, c’est par ici : moment culture 1 et moment culture 2). Et comme le dit si bien Napoléon sous la plume de Victor Hugo « mais purééééée, qu’est-ce que j’ai fait pour voir tout s’effondrer sous mon nez ? »
(ok, ok, je paraphrase un peu, Hugo, lui, a écrit :
« Mes soldats morts,
Moi vaincu ! Mon empire est brisé comme verre.
Est-ce le châtiment cette fois, Dieu sévère ? »
Bref, c’est kif-kif, quoi !)

Voilà, il y a un an, j’étais loin de me douter que ma vie telle que je la connaissais allait disparaître en même pas 12 mois.
Je soupçonne que ce genre de chose est rarement prévu au planning des êtres humains (sauf dans celui des tueurs en série).

Alors voilà :
Pour celles et ceux qui ont fait comme Katy Perry (mais en plus long, quand même), je fais un rapide rappel : mon couple a explosé en vol il y a quelques mois.
Et la nouveauté, qui concerne tout le monde ce coup-ci : mon boulot aussi !
Ajoutons, deux, trois autres « broutilles », que je vous épargne, ça fait une table rase assez jolie.

Bon, comme dirait une copine « allez, vois le positif : tu as un toit sur la tête et à manger »
(alors, oui, elle a raison pour l’instant, mais faudrait pas trop tarder pour retrouver un boulot, quand même, n’empêche)
Elle a oublié d’ajouter « et il te reste du Champagne au frigo »
(et ça, c’est important ! Même les tables rases, ça se célèbre !)

J’avoue néanmoins que je suis encore sous le choc. Et ma doc m’a sorti « c’est normal, vous avez encaissé pas mal, prenez votre temps. »
Du coup, je me balade la tête dans la brume, que je m’invente en nuages (c’est plus joli, tous les Belges vous le diront) et je m’exerce à repérer les éclaircies (je m’améliore de semaine en semaine, si, si). Y’a encore des moments plus nuageux que d’autres, mais franchement, j’avance.

En balade récemment avec une amie, sous les cerisiers du Japon en fleurs, l’idée du titre de ce texte m’est apparue comme une évidence : « Reset ».
Dix minutes plus tard, l’amie en question me disait doucement « en fait, ce que la vie te fait, là, c’est un grand reset. Voilà, prends-le comme ça, comme un reset. » Un tel alignement d’idées ne pouvait pas mieux tomber.
Car c’est ça, c’est exactement ça.

RESET
UN GRAND RESET

Certes, suite à cette découverte, je ne vous dirai pas que les nuages se sont barrés d’un coup en courant et que la peur de l’avenir s’est faite la malle à l’anglaise, mais j’avoue que la perspective de repartir sur des bases saines m’a quand même rassurée, soulagée, apaisée.
Pour finir, oui, tout est une question de point de vue. Changer l’angle de sa pensée de quelques degrés, histoire de faire le point sur sa vie avec une meilleure optique, pourquoi pas ?
Pour finir, dans la mienne de vie, il y avait des milliards de trucs qui n’allaient pas. Mais je me disais qu’à 50 ans, c’était trop tard, on ne change pas…
La vie a décidé que cela n’allait pas être le cas, la marrante (oui, elle s’éclate, on est d’accord).
Et comme je n’osais pas, moi, changer tout ça, un tsunami s’est dit que c’était le bon moment de le faire pour moi…
CHANGEMENT DE FOCUS.

Ce week-end, je suis allée voir un spectacle avec l’étudiant (qui accompagnait sa mère avec des pieds un peu plombés), il s’agissait du « Seul en scène » de Stephan Eicher, je vous spoile le sentiment général à l’issue de la représentation : c’était une PURE merveille.
Ce n’était pas un concert, c’était un spectacle, un vrai spectacle, qui racontait la vie de Stephan Eicher via ses compositions et ses chansons, drôle (très !) et touchant (hyper !) à la fois.
De la magie en barre.
Même l’étudiant a trouvé cela absolument ma-gni-fi-que (c’est son mot, j’invente rien).
Et justement, mon étudiant avant le début du spectacle m’avait dit que certaines personnes, en passant sur ce blog, se disaient qu’on y lisait toute ma vie. Et que cela les étonnait, visiblement.
(Je rassure ici tout lecteur un peu effrayé : on est (très, hyper) loin d’y lire toute ma vie. On y lit ce que JE dis de ma vie.)
Pourtant, c’est ce que Stephan Eicher a fait ce soir-là.
Il a livré sa vie. Ce qu’IL voulait nous dire de sa vie.
Et nous avons trouvé cela merveilleux, magique, magnifique.
L’humanité des uns permet aussi, souvent, à l’humanité des autres de se reconnaître, de se comprendre, de se rassurer, de se réconforter…
En sortant, j’ai dit à l’étudiant « je vais faire comme Eicher, je vais continuer à raconter ma vie car ça parle aussi aux autres… », mon étudiant a souri.
(bon, j’en sens paniquer, quand je dis que je vais faire comme lui, j’ai pas dit que j’allais me mettre à chanter, hein ! Reprenez votre souffle !)

Voilà, le reset 52, c’est tout recommencer à zéro.
Sauf ce blog.

Alors si vous passez par ici et que vous vous posez un quadrilliard de questions sur votre vie, n’attendez peut-être pas qu’elle se charge elle-même de vous faire un reset intégral.
Croyez-moi, c’est plus facile à faire quand on le décide soi-même.
Foncez.
On va tous y arriver.

Happy (reset) 52 to me.
Marie, le 29 avril 2025