Entendu il y a peu dans la bouche du monstre, furieux contre son père…
« Attention, hein, si tu dis pas oui, je t’invite pas à mon anniversaire de 5 ans !!!!!! »
Entendu il y a peu dans la bouche du monstre, furieux contre son père…
« Attention, hein, si tu dis pas oui, je t’invite pas à mon anniversaire de 5 ans !!!!!! »
Bon, j’ai déjà parlé de l’ami du petit de l’Homme dans un billet précédent (voir manuel de survie en milieu hostile ), certains s’en souviennent peut-être…
L’ami en question est le fils d’une de mes amies.
J’ai d’autres amies qui, elles aussi, ont des enfants (c’est somme toute assez banal à la trentaine, âge auquel tout le monde pond des mômes, hein). Mais les autres amies de ma bande de folles ont des filles. Cette amie-ci est la seule à avoir un garçon de l’âge du petit de l’Homme. Et les deux monstres s’entendent pas mal…
Donc nous voilà, le petit de l’Homme et moi, invités à l’anniversaire de la fille d’une de mes amies. Je récapitule: la maman de la petite fille en question est une amie et la petite fille est aussi une copine du petit de l’Homme. Les autres invitées sont mes copines à moi avec leurs filles (dont certaines sont des amies du petit de l’Homme) ou leur fils (qui est l’ami du petit de l’Homme)… Je vois à votre air que j’en ai semés au passage. Non, je ne réexplique pas tout, respirez un grand coup et relisez le paragraphe depuis le début en prenant des notes. Ca aide.
Bref, le petit de l’Homme était super content d’être invité à l’anniversaire de sa copine. Dois-je vous rappeler qu’être invité à un anniversaire équivaut, pour lui, à être invité à une soirée de Chippendales-mâtinés-de-XIII-de France pour nous ? Pour vous dire le niveau d’excitation de la bête…
Sauf qu’il avait une exigence: « Je n’y vais que si mon ami y va, hein ! Il vient, hein ? T’es sûre, hein ? Parce que sinon, y’aura que des fiiiiiiiiiilles (à dire avec un petit nez retroussé de dégoût à peine dissimulé) ». Dire que dans 10 ans, il fantasmera sur le fait de participer à un annif dont les invitées sont exclusivement féminines… C’est mal fichu, la vie…
Donc nous voici à l’annif. Tout se passe à merveille. Pour preuve, je n’ai pas aperçu le petit de l’Homme plus de 10 minutes sur l’après-midi. Trop occupé. De fait, nous, les adultes avons pu discuter à loisir (il est évident que nous avons parlé de formation du nouveau gouvernement, de commerce mondial, du cours du dollars, de la crise des subprimes,… Arf. Ok, ok, aussi un peu des hommes, ces grands enfants, des autres filles, ces ennemies héréditaires, et des fringues, ces choses qu’on n’a jamais en trop…).
A un moment, l’hôtesse-maman-organisatrice de l’anniversaire annonce aux monstres réunis que les cloches sont passées dans le jardin (période de Pâques oblige, les cloches font des heures sup), que tout le monde peut prendre un petit sachet et aller chercher les oeufs dehors. Les enfants s’élancent, fouillent, fouinent, retournent, courent, comparent…
Le petit de l’Homme étant un mec pas stressé du tout, il fait la conversation à tout le monde au lieu de chercher des oeufs. Les autres lui répondent par onomatopées et empochent le chocolat.
Résultat, à l’heure des comparaisons plus sérieuses, il s’avère que la récolte du petit de l’Homme est tout sauf fructueuse… Il prend un air dépité. Je me sens obligée de lui dire quelque chose pour le consoler (alors qu’intérieurement, je saute de joie, faut avouer que moins il a pris de chocolat, moins ses parents seront tentés d’en manger… Chuis pas mauvaise, chuis réaliste…): « t’inquiète, mon chéri, les cloches passeront aussi à la maison, elles t’apporteront d’autres oeufs ».
Et, là, je vois le petit de l’Homme se précipiter sur son ami (dont la récolte est énooooooorme, intérieurement je plains sa mère de tout mon coeur… Nan, chuis pas mauvaise, je répète, chuis réaliste…) A ce stade-ci de l’histoire, je me dois de vous donner une information capitale: l’ami du petit de l’Homme vit entouré de femmes chez lui, puisque, outre sa mère, il a aussi deux soeurs. Une petite et une grande.
Donc, je vois le monstre se précipiter sur son copain et lui sortir, vantard: « J’ai pas beaucoup d’oeufs, mais c’est pas grave, hein, les cloches, elles vont passer à ma maison ! ».
Le copain, pas démonté pour un sous, lui répond du tac-au-tac: « M’en fiche, des cloches, y’en a plein chez moi… »
…
Bon, la prochaine fois, on se fait une sortie chippendales ?
Joyeuse cloches à toutes !!!!
Bon, soyons francs, le petit de l’Homme, même s’il s’est mis à parler tard (il ne voulait pas piper un mot avant de rentrer à l’école, càd ses 2 ans et 8 mois), est plutôt en avance côté langage. Il s’exprime bien, avec du vocabulaire précis et a bon escient. Et en plus, ne parle pas trop. Un vrai mec, quoi (houuuuuuuu, le stéréotype tout pourri !!! Ben oui mais bon, des mecs bavards, j’en ai jamais rencontré des masses donc je déduis des trucs par rapport à mon vécu, voilà !).
Bref, le petit de l’Homme parle bien.
Néanmoins, il a, comme tout monstre de 4 ans qui se respecte, encore des petits problèmes avec certains mots. Qu’à cela ne tienne, il invente les siens. Et ça donne des trucs assez fun. Ce qui, à la linguiste de formation que je suis, donne des envies de dépouillement et des idées de création d’un lexique pour cette nouvelle langue.
Extraits, donc, du lexique « petitdel’hommien-français »:
– « Aujourd’hui, c’était carnaval à l’école et moi, je me déguise en pirate des CARARIBLES ! Ca fait peur, hein ? »: de fait, ce mot exprime tout le côté terrible et horrible de la chose. Ou comment montrer que les pirates, c’était pas des tendres.
– « Ouais, papa, il a plein de nids-dateurs »: alors, explication de la chose, ce sont ces trucs sur lesquels il y a des petites touches avec des lettres et un écran plus ou moins grand. Pourquoi nid ? Ha ben, là, je suis toujours en pleine recherche d’une explication plausible, hein… (et après, je m’arracherai les cheveux pour comprendre le pourquoi du « dateur »)
– « Moi, mercredi, je vais à un ami-niversaire (cf billet précédent) »: ce néologisme est d’une précision implacable. C’est un fait avéré, on se pointe rarement à l’annif de son pire ennemi, hein…
– « ma voiture préférée, c’est la MIMI ! »: comprendre la Mini-Cooper. Contraction de mignonne et mini. On remarquera au passage le réel esprit de synthèse de cet enfant.
– « ton métier à toi, c’est de faire des pestacles, non ? »: certes, je peste beaucoup. Et souvent. Va falloir que je me surveille… Notez, lui aussi, il en fait des pestacles. Plein.
Voilà 5 petits exemples mais je continue à traquer les autres…
Ceci dit, ma mère me rappelle souvent les néologismes de mon frère et de moi:
– « ooooh, maman, je titule ! »: j’avais 3 ans et je voulais dire « titube ». Ma mère cherche toujours 31 ans après où j’ai bien pu apprendre le mot « tituber » à 3 ans (mais c’est marrant qu’elle ne se pose pas la question de savoir pourquoi je « titulais » à cet âge)…
– « moi, je dors avec mon nid-dredon »: ça, c’est de mon frangin. Au même âge. J’en déduis donc que les nids-quelque chose ont la cote auprès des gamins de 3-4 ans, toute génération confondue. C’est peut-être une piste pour le nid-dateur…
Et, pour ceux et celles qui ont des gamins, quels sont les néologismes des vôtres ? (vous l’aurez compris, c’est une vraie question scientifique, hein !!!)
Tenez-vous, ça va être rude.
Pour le milieu hostile, vous prenez 10 gamin/es de 4 ans (enfin, non, vous en enlevez un et vous le remplacez par une petite terreur bien décidée de 20 mois). Un salon avec des fauteuils en cuir et de beaux meubles. Une salle à manger avec des meubles déco. Et un joli parquet nickel.
Pour la leçon de survie, vous prenez 3 nanas d’une petite trentaine. Qui sont habituées à survivre chez H&M un premier jour de soldes (autre milieu hostile urbain) et, même, à y survivre très bien. Ca vous montre leur niveau d’entraînement quand même. C’est pas rien.
Ok, là, le décor est planté.
L’action commence à 14h30 pile. Les parents amènent un à un leurs enfants. Deux des amies sont déjà sur place, la troisième est en route (Beersel, c’est pas une île déserte perdue au milieu de nulle part mais l’accès n’en est pas plus facile pour autant). Elles sont gonflées à bloc.
Ca commence en douceur. Les monstres sont encore assez calmes. L’une des amies s’en étonne « tiens, on n’en a pas encore retrouvé un jouant à Spiderman sur le dossier du divan ! ». Ouais, te réjouis pas trop vite, ma vieille.
L’amie qui reçoit a prévu des jeux pour occuper les enfants (au final, cette épreuve de survie, je ne l’ai pas encore mentionné, s’appelle officiellement « anniversaire des 4 ans d’un des meilleurs copains du petit de l’Homme », ça fait plus smart que « charge mortelle de buffles sur jolie maison beerseloise »), elle commence donc en force et annonce aux monstres assemblés: « on va faire des maaaaaaasques! ». Et apporte outre des masques à décorer, une énorme caisse remplie de plumes, colles, papier crépon, boules de couleur, serpentins… Que du joli !
« Allez-y, les enfants, asseyez-vous en rond et chacun prend un masque ». Là, une gamine sort tout de go: « beurk, je veux pas faire de masque, moi » et se casse. Les deux amies se regardent et leur regard exprime un grand « faites-que-les-autres-aient-une-folle-envie-d’en-faire-eux-car-sinon-on-n’est-pas-dans-la-merde ». Les autres monstres ne réagissent pas. Ils veulent bien faire un masque, eux. Ouf.
On commence donc par demander à l’assemblée ce qu’ils veulent faire de leur masque. Silence peu coopératif. On réitère la question. Un des monstres masculins s’exclame: « moi, je veux faire un indien ! ». Les autres monstres (masculins s’entend) enchaînent tous: « moi aussi, moi aussi, un indien ! ». L’indépendance d’esprit n’est pas un vain mot chez les garçons de 4 ans. Mais ne leur jetons pas la pierre, toutes les gamines ont sur-le-champ décidé qu’elles allaient faire une princesse avec une couronne de fleurs. Toutes. On peut donc en déduire que l’individualisation vient APRES 4 ans. Dont acte.
Les deux amies se mettent à essayer d’aider qui, un indien, qui, une princesse fleurie, qui, un indien-mieux-que-celui-du-voisin (par contre, l’esprit de compétition, à 4 ans, on est en plein dedans, hein !), qui, une-princesse-avec-des-plus-jolies-fleurs-que-la-voisine. Tout en endiguant la colle qui coule gentiment sur le parquet, les ciseaux qui s’approchent dangereusement des doigts, les plumes qui s’éparpillent un peu loin et les serpentins qui seront, très bientôt, plus marrants à dérouler dans toute la maison que faire des masques. Et, là, la monstre qui ne voulait pas faire de masque change brutalement d’avis (le premier qui en déduit un truc sur la versatilité féminine va se prendre mon genou là où ça fait mal, vous êtes prévenus), elle veut en faire un. Maintenant.
La maîtresse de maison déclare que les masques, c’est fini. Qu’on va manger les gâteaux. De fait, ce n’est pas tant une décision qu’une constatation des faits vu que les deux seules qui bricolaient, au final, c’étaient les adultes.
La troisième copine arrive enfin (bon, à sa décharge aussi, sa fille avait danse juste avant). Avec une très jolie princesse. Ha oui, car, pour reconnaître la tribu des monstres, il leur avait été intimé l’ordre de se déguiser. Ils sont donc tous arrivés déguisés en… princesses pour les filles et chevaliers pour les garçons. Ca dégouline de rose et d’épées. Sauf une gamine qui, allez comprendre pourquoi, est déguisée en danseuse de flamenco. Là, on ne peut s’empêcher de se demander comment sa mère a réussi à la convaincre que princesse, c’est complètement has-been et que le flamenco, c’est le déguisement du futur. Je suis sûre qu’il y a des tonnes de mamans de petites filles qui aimeraient vraiment connaître son truc. Sérieux. Cette mère va faire des envieuses.
La troisième copine, à la vue de la troupe de monstres, déclare d’ailleurs tout de go: « ben, y doit pas faire bon de se déguiser en coccinelle de nos jours, hein ! »
« Non, ma chérie, la coccinelle, c’était NOTRE époque »
Silence douloureux.
Mais pas le temps de s’apitoyer sur leur grand âge, l’épreuve suivante commence déjà: le gâteau. Ou comment caser 10 gamins autour d’une table qui ne comporte pas 10 chaises.
Première solution proposée par la maîtresse de maison: « hé bien, les amis, on va manger sans chaise ! Voilà ! »
Là, une gamine (la même que pour le masque ?) déclare « noooooooooon, moi, je VEUX PAS manger debouuuuuuut ! »
Faut trouver autre chose. Vite.
La troisième copine a une idée de génie: « ok, les gars, on va faire un pique-nique ! Vous savez ce que c’est, un pique-nique ? Oui ? Allez, zou, tout le monde assis par terre ! »
L’idée remporte tous les suffrages.
Et ça commence bien. Avec une parfaite coordination (dûe à l’entraînement des soldes, c’est certain), les trois copines distribuent gâteau au chocolat, gâteau aux pommes, gâteau « sans rien », jus de pomme, jus d’orange et Champomy à l’assemblée assise en rond par terre. Ca roule. Les monstres mangent. Et quand ils mangent, ils font moins de bruit. Ce qui n’est pas négligeable du tout.
Mais un fois les gâteaux engloutis, le naturel revient au galop. Au triple galop même. Et les restes de gâteau et de Champomy ne résistent pas à la charge. Les assiettes ont beau être retirées au plus vite, les verres sauvés à une vitesse grand V, il y a des miettes partout et du jus s’est répandu sur le parquet. La petite princesse de la troisième copine se met à frotter par terre, avec un air très sérieux, ce qui tranche un peu avec son déguisement de la Belle dans « La Belle et la Bête ». On vogue plutôt en plein « Cendrillon ». Et les chevaliers restent dignes, pas un ne bouge. Comme quoi, Disney, à l’épreuve du quotidien, ça tient pas la route, hein… même chez les mômes de 4 ans.
La maîtresse de maison décide de passer à l’épreuve suivante (pardon: au jeu suivant). Les deux autres copines décident d’une pause. Et filent se boire du Champomy à la cuisine.
C’est là que le magasin Louis Vuitton choisit d’appeler la troisième copine. Qui manque de s’étrangler avec les bulles du Champomy.
« Bonjour, Madame G ? Ici le magasin Louis Vuitton de Bruxelles ! »
« Heuuu, oui, oui, bonjour… »
« Dites, voilà, nous appelons nos bonnes clientes (la copine ouvre la bouche mais aucun son n’en sort) pour les prévenir que Louis Vuitton va mettre en vente des sacs exclusifs, qui viennent du défilé et qui ne seront commercialisés dans aucune boutique. Ce serait pour savoir si vous êtes libres aux dates de la vente privée ? »
« Heu, attendez, vous pouvez préciser ? Ces sacs sont-ils soldés ou bien juste exclusifs ? »
« Juste exclusifs, madame. Vous ne les trouverez nulle part d’autre ! Peut-on vous ajouter à la liste des invités ? »
« Ben, heu, oui, oui… C’est cela, à bientôt »
Nouvelle rasade de Champomy.
« T’as vu, hein, chuis dans le fichier des bonnes clientes chez Vuitton, maintenant ! Hop, ça y est, je suis invitée à aller acheter un sac à 3000 euros ! » Elle pouffe.
L’autre copine regarde le décor de fin du monde qui règne autour d’elle… Le chocolat partout, le parquet qui, malgré les efforts de la petite princesse, ne veut plus briller et colle quand on marche, la nappe de la table dont la couleur est devenue méconnaissable et les monstres, revenus d’une pêche aux canards organisée par la maîtresse de maison, en train de siffler dans des trucs-qui-font-un-bruit-d’enfer-en-se-déroulant et jouant à la bataille de chevaliers en hurlant.
« Heu, c’est quand, dis, ta vente chez Vuitton ? »
3000 euros, pour finir, c’est pas si cher payé pour se retrouver dans un endroit propre, civilisé, silencieux et glamour, hein… Là, tout de suite, la deuxième copine serait même capable de mettre 6 mois de salaire pour avoir 3 secondes de silence… Juste 3 petites secondes…
Mais la première partie de ce Koh-Lanta-à-Beersel touche à sa fin. La sonnette retentit. La maîtresse de maison hurle presque: « les premiers parents !!!!!! ». Cri quasi-primal de la trentenaire qui veut retourner à la vie normale.
La troisième copine s’enquiert: « Dis, ils peuvent peut-être repartir avec deux, nan ? »
La deuxième copine: « ben oui, dis-leur qu’on leur fait même un prix s’ils en prennent 3 !!! »
Mais les parents n’en prendront qu’un. Faut pas rêver. Ils n’ont pas relevé de défi débile, eux.
Ceci dit, les autres parents arrivent aussi. Rapidement, les monstres s’en vont. Tous.
Murmure… « Ca y est, ils sont tous partis… »
…
« Oooooooooh, il fait tout caaaaaaalme »
Mais là, la deuxième partie commence. Parce que, dans les anniversaires de gamins de 4 ans, y’a un deuxième effet kiss cool. Une after. L’effet de l’acool en moins.
Je ne sais pas si vous savez mais Beersel, c’est en endroit assez mal placé, question ouragan.
Et quand ils frappent, ils frappent. Vraiment.
Et là, l’ouragan, il s’était déchaîné. A côté, « Terre, champ de bataille », ça fait rangé. Pour vous dire.
Les deux copines ont sorti à la maîtresse de maison « bon, on va pas partir comme ça, hein, on va t’aider ». L’entraide féminine, ce n’est pas un vain mot.
Moins d’une heure après, la maison avait repris allure humaine. La troisième copine achevait de passer l’aspirateur (« elle passe quand, ta femme de ménage ? » « mardi prochain » « ok, il est où, ton aspi ? »), la deuxième copine traquait les derniers emballages de papier-cadeau et la maîtresse de maison achevait de remplir son 118.000ème sac poubelle.
Les enfants qui restaient (ceux des copines, au nombre de 5 pour elles trois) essayaient bien de ressemer le chaos. Mais, hé, ça va, hein, on en a maté 10, c’est pas 5 qui vont résister.
Enfin, la maison rangée, les choses vérifiées, les enfants ramenés dans le droit chemin, la maîtresse de maison déclare:
« Merci les filles, merci. Bon, heu, pour l’année prochaine, que diriez-vous de faire un annif groupé (le petit de l’Homme, la princesse et le meilleur ami étant nés à 15 jours de différences les uns des autres), dans une salle, avec une activité toute prévue ??? »
Moi, chuis partante, hein. Parce que, quand on y pense, ça fait 5 ans qu’on trime dur à la même date, là. Ben oui parce que c’est un truc qu’on oublie trop souvent de dire aux jeunes mères quand elles accouchent: « Madame, ne vous plaignez pas trop… Le plus dur est à venir, chaque année pile à cette date-ci » (notez, à mon avis, c’est plus sain de ne pas leur dire, ça aurait été moi, j’aurais arrêté d’accoucher illico).
Ou alors il faudrait dûment s’enquérir de l’aptitude desdites jeunes mères à survivre dans des endroits extrêmes du globe (stage en Alaska, training de survie dans la forêt amazonienne, traversée du désert de Gobi, soldes aux Galeries Lafayettes dès le premier jour,…). C’est primordial.
Mais bon, le mot de la fin revient quand même au petit de l’Homme, hein. Qui m’a déclaré une fois à la maison:
« C’est chouette, les annifs, faudrait qu’on fasse ça tous les mercredis !!!! »
Courage, à 18 ans, cet enfant ne me demandera plus d’organiser une pêche aux canards, de se déguiser en chevalier et de faire un pique-nique par terre dans le salon…
Spéciale dédicace à Ganaëlle et Sandrina, mes complices de camp de survie 😉
Et il a sa manière bien à lui de le faire savoir.
Soir du réveillon de Noël. Heure du champagne. Comme il y a du monde dans le salon, je squatte l’un des deux petits tabourets qui servent d’habitude au petit de l’homme (4 ans depuis peu). Ce dernier a un réel et agaçant côté mono-maniaque et, malgré le fait qu’il y ait deux tabourets, sa préférence va complètement à celui sur lequel je suis assise.
Et il me le fait savoir: « Je VEUX m’asseoir sur ce tabouret-là ! Boooooouge ! »
Je m’offusque, le remets à sa place et, en bonne pédagogue, lui édicte la marche à suivre pour demander la chose poliment: « Non, je ne bougerai pas tant que tu ne m’auras pas demandé cela poliment et avec le mot ‘pourrais’ »
Le petit de l’homme reste interdit un instant. On le sent réfléchir à la manière de faire une phrase correcte en respectant mes injonctions sémantiques.
Un éclair de fierté passe dans ses yeux, ça y est, il a trouvé et il me sort d’un seul trait, avec un sourire angélique:
« Pourrais-tu mettre ton pet sur l’autre tabouret, s’il te plaît ? »
Bon, là, soyons francs, le petit de l’homme n’est pas un très grand amateur d’art. Il est quand même la seule personne que je connaisse qui se soit profondément endormi devant le « Guernica » de Picasso au Musée Reina Sofia de Madrid et qui ait fait une sieste marathon dans le Metropolitan Museum à New York. Bref, tout ça pour dire que l’art et lui, ça marche moyen.
Malheureusement, il a des parents têtus.
Parents qui ont décidé d’aller visiter les musées du Vatican à Rome.
Et surtout de l’emmener voir la Chapelle Sixtine.
Arrivé dans la Chapelle, le petit de l’homme commence déjà à saturer (sont grands, les musées du Vatican, hein). Son père, malgré tout, se penche pour lui expliquer l’endroit extraordinaire où il se trouve, qui l’a dessiné, conçu, etc.
Moi-même, j’essaye d’attirer son attention sur certains points. Sur les superbes rideaux peints en trompe-l’oeil, par exemple.
« Regarde, chéri, regarde les rideaux peints sur les murs !!!! » je m’extasie.
Pour le petit de l’homme, trop, c’est trop et la réplique est cinglante, excédée et sans appel :
« Oui, bon, moi aussi, je sais dessiner des rideaux, hein ! »
Y’a pas à dire, j’aime la façon avec laquelle cet enfant recadre les choses.
Et pour les cours d’art. je pense qu’on va faire une pause…
Le petit de l’homme, 3 ans, se balade dans la Cathédrale Notre-Dame de Reims. Il y entend de l’orgue et demande à son père d’où vient la musique. Je me mets en tête de chercher avec lui.
Nous ratissons donc toute la cathédrale, de long en large et en travers.
Pas l’ombre d’un orgue.
Nous fouillons les moindres recoins.
Non, vraiment, il n’y a pas d’orgue du tout.
En relevant la tête, j’aperçois des baffles et je conclus, contente de mon explication : « Ha ben écoute, on a bien vu qu’il n’y avait pas d’orgue, à mon avis, c’est un CD qui passe »
Mais le petit de l’homme n’est pas du même avis :
« Ou alors, c’est le petit Jésus qui chante.»
Je crois que je vais encore attendre un peu avant de lui expliquer qu’il y a des gens qui se tapent sur la gueule au nom de la religion, non ?
Le petit de l’homme, 2 ans tout rond, refuse obstinément de parler. La pédiatre propose de le stimuler un peu. Donc, on le stimule. Mais je vous avoue que j’ai l’impression qu’il se paye parfois un peu notre tête.
Pour preuve, cette conversation…
Je change le petit de l’homme et je m’aperçois que son body est sale. Je le lui dis et tout en le lui enlevant pour en mettre un propre, je m’évertue à lui faire dire « sale » (c’est à sa portée, hein).
Donc, là , je lui répète et rerépète: « Oooooh, il est SALE, le body, hein, mon chéri, saaaaaleeeee. Hein ! Tu dis le mot ? Comme moi ! Saaaaaleeeeee ! Saaaaaaleeeeee ! » (purée, maintenant, en l’écrivant, je me rends compte combien je devais avoir l’air bien débile…)
Le petit de l’homme reste incroyablement muet mais on voit dans ses yeux qu’il se marre bien.
Malgré cela, j’en rajoute une couche: « Saaaaaleeee, comme moi ! Vas-y, dis saaaaleeeee ».
Silence.
Je remets ça. « Saaaaaleeeee, saaaaaaleeeee »
Regard agacé.
« Allez, mon loup, saaaaaale, saaaale »
Et là , victoire, il ouvre la bouche et prononce… d’un air incroyablement dégoûté et sans appel:
« Beurk »
Le petit de l’homme, 2 ans et 10 mois, est en grande discussion avec son parrain sur un bateau dans la baie de New York. Le parrain a décidé de s’intéresser de près aux affaires de coeur de son filleul.
Il récapitule: « Alors, si j’ai bien compris, c’est ton amoureuse, Alice ? »
Le petit de l’homme lève les yeux aux ciel et répond d’un air franchement agacé: « Mais noooooooon, Alice, c’est ma topine ! C’est Thémis, mon namoureuse ! » Il soupire profondément.
Le parrain, vexé, s’avance vers moi et me grogne: « J’adore me faire prendre pour un con par un gamin de même pas trois ans… »
Si tu veux mon avis, c’est que le début, hein…