Vivement l’automne !

Naaaan, je blague !

Heu, ou pas, en fait.

Ok, elle est belle, cette photo (et mon appli WordPress sur iPad refuse de la mettre en petit, j’en déduis donc qu’elle a une folle envie que vous en profitiez pleinement), je l’ai prise ce matin en descendant vers la mer (et non, je ne me la pète pas, je ne suis ni aux Seychelles, ni aux Baléares, juste à la côte belge un jour de grand beau temps), elle donne des envies de douceur (en plus, il ne faisait pas trop chaud, juste tout doux, tout bon), de rêverie, de sérénité et de paix.
C’est du moins ce que j’ai ressenti en la prenant.

Et c’est plutôt pas mal comme ambiance : paix et sérénité. Ça devrait me plaire, surtout pour l’instant.

Ben nan.

Non que j’aie des envies de fureur, d’orgies et d’excès (quoique…), mais la plage et moi, on n’a jamais été de grandes copines. Sur la plage, soit on bronze, soit on fait du sport, soit on lit. De ces trois occupations, une seule me plaît, et non, ce n’est pas « faire du sport ». Mais la lecture, c’est bien un temps. Après s’être tapé la totalité des « Piliers de la Terre » ( environ 1000 pages dans mon souvenir, souvenir qui date de 1990, vous m’excuserez donc s’il est imprécis), on se dit qu’on s’est tellement vautré sur une plage qu’on risque à l’avenir d’être systématiquement pris de tremblements convulsifs à la simple vue d’un innocent grain de sable. Rester sur une plage n’est donc plus une option envisageable (et lire un bouquin qui parle de cathédrales non plus, d’ailleurs, mais là, on s’éloigne du sujet).

Bref, la plage est à bannir.

Mais je l’aime bien, hein. En hiver, avec des bottes et une doudoune, je cours pour y aller. Chuis pas normale ? L’Homme est comme moi. Donc on est deux très anormaux profondément contents d’avoir trouvé leur alter ego passionné par les plages froides et désertiques. Ouf, sauvés.
Et on fait quoi en été ? On visite des villes. Des tonnes de villes. Le petit de l’Homme, à trois ans, avait déjà visité plus d’endroits que son instit, c’est vous dire.

Les villes sont splendides sous le soleil. Et la torpeur dans laquelle la chaleur les plonge, j’adore. Même l’odeur des villes me plaît, en été. Et en été, j’achète des magazines féminins (là, vraiment, je fais une razzia, en été, c’est permis, on n’est pas intello, en été, il fait beaucoup trop chaud pour réfléchir, en été) qui parlent des villes. L’été.

Donc voilà, elle est belle ma photo. J’ai même profité des chaises longues, si, si. Mais avec parcimonie et en me disant que, ouf, sous peu, je serai à Paris. Et qu’en automne, je serai à New York. Et là, d’un coup, je me dis… vivement l’automne !

Il est beau, votre papa…

S’il est des phrases qui marquent dans une vie, ce sont bien celles prononcées dans une morgue ou dans un funérarium. Elles se gravent dans la mémoire de manière indélébile, s’y enfoncent et font corps avec la chair même de votre cerveau.

Pour moi, ce fut la phrase prononcée par l’employée de la morgue qui, en refermant le frigo dans lequel était enfermé le corps de mon père, m’a dit « Il est beau, votre papa. Et vous lui ressemblez beaucoup. »

En une phrase, elle a dit plus que mon père en toute une vie. Elle a ressoudé des parties de moi qui s’étaient éparpillées en mille morceaux. Une inconnue, perdue dans une morgue au milieu du Bordelais profond, prononçait pile la phrase qu’il fallait…

La phrase qu’il fallait pour réconcilier une fille avec son père. Une fille qui, à ce moment-là, avait juste envie de hurler, de hurler contre ce père parti trop vite, parti trop tôt, parti trop mal.
Qui l’avait abandonnée pendant l’enfance et qui l’abandonnait encore, et de manière plus irrémédiable cette fois, aux marches de l’âge adulte. Injuste, injuste, injuste.

La vie est injuste. La mort l’est plus encore.

J’ai mis du temps pour comprendre que les papas ne choisissent pas franchement leur heure pour partir pour toujours. Personne ne choisit, en fait.

Que l’Homme l’apprenne à son tour me donne envie de pleurer.

Que le petit de l’Homme en fasse l’expérience un jour me mortifie.

Alors j’espère une chose, une seule petite chose (et je m’accroche à ma petite chose de toutes mes forces, là ), c’est qu’eux aussi, ils ont/auront une phrase gravée dans la tête, dans le coeur, dans les tripes, qui les soutiendra pour le reste du chemin à parcourir sans un père penché au-dessus de leur épaule. Pour les aider quand l’absence se fait un peu lourde.

« Il est beau, votre papa. Vous lui ressemblez beaucoup. »

J’ai ricané quand elle m’a dit cela, la dame. J’aurais dû lui sauter au cou et lui hurler merci.
Je le fais aujourd’hui : MERCI.

Vais-je aller voter ?

… est, je pense, la question qui m’obsède le plus depuis la chute de notre gouvernement (enfin, la dernière chute en date, quoi).

Je ne suis pas une activiste politique, ni engagée dans un parti quelconque. J’ai des amis qui le sont, je les admire car, perso, j’aurais bien du mal à adhérer à un parti et à composer avec les concessions d’usage qui découlent de cette implication (puisqu’aucun parti, jamais, ne correspond totalement à vos idées).

Eduquée en vraie démocrate (merci maman), j’ai toujours opté pour une démarche citoyenne : ai défendu l’obligation de vote, lu les programmes des partis, réfléchi à ce que je souhaitais, à ce qu’on me proposait et affirmé mon choix dans l’isoloir.

J’ai aussi été guidée par ma grand-mère. Cette dernière était fière de me raconter la toute première fois où elle avait pu voter. Fière de m’expliquer ce bonheur d’entrer dans l’isoloir. Cette joie qu’elle a ressentie au moment de déposer son vote, de s’exprimer pour la première fois sur l’avenir de son pays. C’était en 1948. Elle était née en 1911, faites le calcul, elle a donc pu voter pour la première dois à…

37 ANS.

Mon âge, pile mon âge aujourd’hui.

Je peux voter depuis mes 18 ans. Cela me semble complètement normal et banal. Mais, grâce à elle, j’ai toujours pris ce droit au sérieux. Si je n’ai jamais voté pour la même chose qu’elle (ben nan, c’est un peu le but de l’éducation : apprendre à ceux que vous élevez à penser par eux-même et à faire leurs propres choix), j’ai toujours eu à l’esprit cette conscience qu’elle m’a insufflée : « nous n’avons pas toujours eu le droit de vote, Marie ».

Oui, justement. Ce droit est sérieux. Justement…

Il y a quelques semaines, dans Le Soir, les personnes qui avaient exprimé l’idée de ne pas aller voter se faisaient traiter d’immatures. Certes, l’appel au boycott du scrutin de juin prochain (pour les Français égarés sur ce blog : la Belgique retourne aux urnes le 13 juin, c’est une belle date pour prouver au monde entier qu’on n’est pas superstitieux) était un appel viscéral, un cri de détresse, un aveu d’impuissance, un « merde » de ras-le-bol mais surtout, aussi, une vraie demande pour que les choses changent, que les voix soient entendues. Une vraie option à réfléchir pour certains.

Dont moi.

Et franchement, je ne rigole pas. Pour la première fois, je me suis franchement posé la question de savoir si j’allais aller voter. Torture. Et je ne me sens en rien immature, bordel.

Juste une adulte qui deale avec les soucis du quotidien. Qui, comme tout un chacun, se rend compte qu’il y a de nombreuses choses à améliorer dans le quotidien belge surréaliste. Qui enrage contre la sclérose de certaines administrations, de certaines lois… Et qui hallucine devant les propos inconsistants ou irresponsables des politiciens qui la dirigent (dont, au passage, ceux pour lesquels elle a voté, olé !). Et parfois, aussi, devant des propos clairement irrespectueux et racistes.

Et là, on me joue un scénario digne de la cours de récré du petit de l’Homme. Le sable et les pelles en moins.

Je me sens en droit de remettre certaines choses en question. Même mon droit -devoir- de vote.

Pour finir, ils en ont fait quoi de cette fierté que ma grand-mère éprouvait ? De cette voix qu’elle était heureuse de donner ? Quoi ?

Et pourtant, après mûre réflexion, je me suis dit que moi, je ne voulais pas fouler au pied cette fierté, cette chance. Donc j’irai voter.

Mais si un matin de 1948, ma grand-mère, 37 ans, se tenait dans la file d’un bureau de vote ucclois, heureuse, convocation à la main et bien décidée à exprimer son avis…

ce prochain matin de 2010, moi, 37 ans, je me tiendrai dans la même file d’un même bureau de vote ucclois, avec la même convocation à la main… et complètement désemparée et démotivée face au choix que je vais devoir exprimer. Et en me demandant ce que je lui dirais, moi, à ma petite-fille…

Triste constat.

Triste, triste, triste constat.

On est con quand on a 20 ans…

Oui, j’assume le côté « con » de mon titre aussi.

Hier, pour des raisons de recherche perso et parce que j’en ai relu des passages il y a peu pour vous écrire cet article, j’ai gentiment continué à relire le journal intime de mes 20-21 ans. Oui, j’ai des journaux intimes à tous les âges, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte… J’ai dû arrêter vers mes 27 ans…

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Toi, Flamand, moi, Wallonne ?

Hier après-midi, sur twitter, un politicien flamand, Monsieur Vincent Van Quickenborne a lancé cette superbe constatation:

Dankzij @le_bux @johannemontay heb ik in 100 tweets meer geleerd over Wallonie dan 10 jaar politiek. Faut le faire. Et vous wallons?

Pour nos amis qui ne parleraient pas flamand, je traduis : Grâce à @le_bux et @johannemontay, j’ai appris plus sur la Wallonie en 100 tweets qu’en 10 ans de politique. Faut le faire. Et vous wallons ? (en français dans le texte)

On passera sur le fait que le « et vous wallons ? » me fait un peu penser à « et vous, juifs ? » digne d’une réplique de la Liste de Schindler parce qu’on a collé des points Godwin pour moins que cela. On lui trouvera l’excuse que, en 140 caractères, il faut bien être synthétique. Néanmoins, le monsieur n’a quand même pas peur du stéréotype bien stéréotypant (ça existe des points pour ça ?). Y’a pas QUE des Flamands et des Wallons en Belgique. Cette dichotomie serait bien pratique mais elle n’est, hélas pour ce brave homme, pas une franche réalité belge.

Prenons moi, par exemple. Wé, au hasard. Complètement au hasard.

Le papa de ma maman vient de Namur, il est donc wallon. Il parlait français. Jusque là, simple.

La maman de ma maman venait de Namur aussi. Wallonie toujours. Français encore.

Ils se sont rencontrés et se sont mariés à Bruxelles. Qui, selon monsieur Vincent (et bon nombre de Flamands) n’est plus du tout, du tout la Wallonie. Et ils y ont procréé. Leurs enfants sont nés à Bruxelles, ont grandi à Bruxelles et ne connaissent de Namur que la Citadelle et que c’est pas mal comme ville pour y faire du shopping.

La maman de mon papa était bruxelloise. Elle parlait le Ucclois. Si, si. Un patois flamand. Mais elle a été à l’école en français. Parfaite bilingue, elle se définissait comme Bruxelloise, donc. Pure Bruxelloise. La Wallonie, elle y allait en vacances. C’était exotique.

Le papa de mon papa, lui, était flamand. De Flandre. Et il parlait flamand. Voici de quoi faire plaisir à monsieur Van Quickenborne, mon grand-père était un homme pas compliqué. Et la Wallonie, il y allait aussi en vacances, mais c’était quand même moins bien que l’Italie (il y avait pas mal d’Italiens aussi, certes, mais plus de soleil).

Sauf que… mon grand-père flamand, il a épousé une Bruxelloise. Et que, s’ils parlaient flamand tous les deux, ils ont décidé d’élever leurs enfants en français. Ca faisait plus « chic » (c’est pas moi qui le dit, c’est ma grand-mère qui me l’a répété toute sa vie). Enfants qui ont néanmoins appris à parler le flamand avec leurs cousins. Et qui, donc, étaient bilingues et… bruxellois ! Qui, en plus,  allaient en vacances en Flandre et en Wallonie. Des belgique-trotters.

Tout le monde me suit ? J’ai perdu personne en route ?

Ma maman, bruxelloise, a rencontré et épousé mon papa, bruxellois. Ils m’ont élevée en français (je vais devoir leur en vouloir toute ma vie, ils ont fait de moi une francophone, ils n’ont pas réfléchi aux terrifiantes implications que cela allait avoir sur ma vie à moi, parents indignes).

Et, là, monsieur Vincent Van Quickenborne me demande si j’ai appris quelque chose sur les Flamands grâce à Twitter, moi, la Wallonne-qui-parle-français.

Ben… Ecoutez…

J’veux pas être mauvaise, hein. Mais j’aimerais d’abord qu’on me donne l’exacte définition de « Wallon ». C’est un peu comme pour les Juifs, faut au moins deux ancêtres wallons dans la lignée ? (hop, un point Godwin, un !) Nan parce que si c’est ça, je coche, hein, fichez-moi une étoile, je rentre dans les critères (et un troisième point, youplààà !). Sauf que j’ai deux flamands aussi. Ca se corse. Et n’allez pas dire à mon grand-père qu’il n’était pas flamand, il aurait pas aimé. Ma grand-mère, elle, hurlait qu’elle ne l’était pas, flamande, mais bon, quand elle s’énervait, c’était quand même bien dans cette langue-là…

Et au final, si on relit bien toute l’histoire de ma famille, le fait que je parle français tient, en fait, un chouïa du hasard … La vie comme elle va, rien de plus, rien de moins.

Chuis un tutti-frutti.

Mais néanmoins, va falloir séparer les Flamands des Wallons, c’est vital pour que le pays survive me souffle-t-on…

Bien. Qui prend les seins ? Qui prend les jambes ?

Et faites gaffe, vous trompez pas, une fois le choix fait, on ne peut plus changer : le territoire, c’est le territoire !

PS: chuis par contre terriblement contente que M. Van Quickenborne apprenne des choses sur les francophones qu’il ne connaissait pas grâce à Twitter. Et on ira encore me dire que Twitter, ça sert pas, après ça !

J’aime comme il me regarde

J’aime comme il me regarde.

Quand il sourit, là, comme ça, des rides apparaissent. Elles partent du bord de ses yeux et courent vers ses tempes.

Elles n’étaient pas là, ces rides, il y a 18 ans.

18 ans. De hauts, de bas, de séparations, d’accrocs, d’aveux, de lui, de moi.

« Tu penses à quoi quand tu me regardes comme cela ? »

« Que tu es belle »

« Tu te fous de moi ! »

Il ferme les yeux, il est vexé, il me prive de son regard.

« Ok, boude pas, j’accepte le compliment »

Il sourit, les rides réapparaissent. J’ai envie de les caresser du doigt. De les suivre et de me perdre.

« Tu sais, tu deviens encore plus beau au fur et à mesure que tu vieillis… »

Il ricane. Il n’ose pas me dire que je me fous de lui.

Je ne me moque pas pourtant. Je pense ce que je dis, vraiment.

Ca change, un homme, en 18 ans…

« Tu me prends dans tes bras ? »

L’éclat de son regard, la longueur de ses cils… et ces rides qui donnent envie d’y accoler les lèvres.

Où serons-nous dans 15 jours, dans 15 ans ?

Ceci n’est pas une déclaration d’amour. C’est l’état des lieux d’un couple C à un moment M d’une vie V :

j’aime comme il me regarde…

Qui est Dieu ?

(avant de commencer cet article, je voudrais remercier l’Homme pour l’accompagnement sonore de sa playlist spotify, j’ai vraiment l’impression d’avoir 20 ans, là, justement, c’est de la madeleine en musique, ce son !)

Quand j’avais 20 ans, donc, oui, 20 ans, ma famille m’a envoyée dans un couvent. Z’avez bien lu, un couvent. Non, ceci n’est pas une fiction, vous lisez correctement, j’ai bien écrit couvent. Un vrai, avec des soeurs, des croix, des voiles et des prières. Un grand jardin, une énorme bibliothèque et, quand même, la télé aussi. Ouf, sauvée.

Je n’étais pas punie, le but n’était pas de provoquer chez moi une vocation quelconque mais bien… d’aller parfaire mon espagnol, vu que le couvent en question était à Madrid.

J’ai donc débarqué là-bas, un peu déboussolée, avec mon journal intime sous le bras (je sentais que j’allais en avoir besoin) et ai été accueillie par une bande de nonettes tout droit sorties d’un film de De Funès. Sauf qu’elles ne conduisaient pas une 2CV mais une Renault4, et qu’on n’était pas sur la Côte d’Azur mais à l’aéroport international de Madrid. Elles parlaient toutes en même temps, me donnaient du « preciosa » (qui est resté mon surnom tout le reste de mon séjour chez elles, « Marie », ça devait faire trop Sainte Vierge) et me demandaient 10.000 choses sans attendre mes réponses. J’avoue, je suis loin d’être une fille farouche (et je ne l’étais clairement pas à 20 ans non plus), mais là, l’arrivée m’a un peu effrayée.

Pourtant, au cours de mon séjour chez elles, j’ai pu découvrir une vie très loin de celle que je m’étais imaginée. Ca contrastait solidement avec ma vie d’étudiante et ses beuveries, certes, mais pour le reste, elles étaient d’une ouverture d’esprit et d’une fraîcheur qui faisait un bien fou, pas engoncées du tout. Bon, j’ai un peu fait la révolution par moments (en demandant si je pouvais aller acheter ma pilule à la pharmacie, par exemple, j’en avais plus; en mettant une robe toute fluide, moulante et courte qu’elles ont trouvée « très jolie, très féminine, mais un peu légère, non ? », de fait, elle était transparente; et autres petits détails du genre…) mais comme je l’ai maintes fois répété, je suis une fille gentille et sage à la base et mon séjour au couvent s’est déroulé impeccablement. En me rendant à ma mère (entière, là, y’avait pas de soucis, j’ai pas vu l’ombre d’un bout de moustache madrilène), elle n’ont pas tari d’éloges à mon égard. Et moi, au leur.

Car ce séjour m’a permis de poser toutes les questions que je n’aurais jamais espéré poser à une communauté religieuse. Elles avaient été briefées avant ma venue « Marie, quoique venant d’une famille catholique, n’est pas croyante ». Elles étaient donc au parfum concernant mon orientation philosophique. Et ne se leurraient pas sur le fait que, même si je débarquais parmi les voiles, je n’allais pas en faire ma tenue vestimentaire préférée. Par contre, elles avaient pris l’option « on répondra à toutes ses questions si elle en pose » (se disant peut-être que je n’allais rien demander, pas de bol, en plus d’être peu farouche, je suis curieuse). Et j’en ai usé et abusé. La sexualité, la famille, l’amour… Je ne leur ai épargné aucune des questions bateaux qu’on se dit qu’on va poser à une jeune soeur de même pas 30 ans en la regardant avec un air apitoyé (la pauvre, elle passe à côté de nuits de folie, d’un homme qui lui dit je t’aime, d’un enfant qui l’appelle maman,… d’un mec qui ronfle, d’un divorce qui dure 2 ans, d’un accouchement de 27 heures…).

Pourtant, la conversation la plus intéressante que j’ai eue avec l’une d’elles ne portait sur aucun de ces sujets.

Elle découlait de ma question (ok, bateau, plouf, mais ça me démangeait): « Qu’est-ce qui te prouve que Dieu existe ? »

Les femmes et les enfants d’abord, détachez les canots, on coule !

La nana (non, on dit « la soeur », d’abord, même si t’as qu’un frère) ne s’est pas démontée, elle a répondu quelque chose que j’ai trouvé déroutant, mais… poétique:

« Hé bien, pour moi, Dieu, tu le vois, tu le sens, surtout dans les moments les plus difficiles de ta vie. Tu sais, dans ces moments où tout va mal, où tu as l’impression d’être dans l’obscurité la plus totale, où tu touches le fond du gouffre,… Hé bien, as-tu remarqué qu’à ce moment-là, pile à ce moment-là, quelqu’un apparaît et te tend une main pour t’aider ? Une personne que tu connais ou, même, que tu ne connais pas. Qui, tout d’un coup, t’aide, te porte, te soutient. Et bien, pour moi, c’est la manifestation de Dieu. C’est Lui qui t’envoie la lumière qui va guider tes pas pour sortir de la nuit. Il est là, Il pense à toi, Il t’envoie de l’aide. Au moment-même où tu en as besoin… »

J’ai un peu laissé tomber le grignotage de mon biscuit pour réfléchir plus à mon aise. Vu que je n’avais jamais, de un, remarqué que quand on est dans la merde la plus totale, y’a toujours un beau brun pour venir vous aider et, de deux, encore moins imaginé que ledit beau brun était une manifestation de Dieu. Ca m’a laissée perplexe.

Et pourtant, depuis, je fais gaffe. A chaque fois que j’ai été dans une situation difficile (et y’en a eu, et y’en aura encore), sa théorie s’est vérifiée. Une main tendue, une épaule accueillante, un regard encourageant, des paroles qui rassurent… parfois même plus, beaucoup plus. Sur ce point-là, elle avait complètement raison.

Et cela se vérifie encore aujourd’hui. Enfin plutôt vendredi dernier, en fait. J’irai pas jusqu’à appeler la personne en question Dieu (faut pas pousser, restons modeste !), mais voilà, j’ai vu de la lumière, je suis entrée, ça a fait un bien fou… Du genre qui remet les pendules à l’heure. L’axe dans le bon sens. Les pieds sur terre. La tête à l’endroit. Ok, ok, j’arrête, revenez !

Une impression de bon sens, juste ça. Pourtant du bon sens, je n’en manque pas en temps normal, mais ces derniers temps, j’ai eu peur de plein de choses et j’ai voulu les fuir. Pas bon plan. On va plutôt affronter, là. Bonne idée. Avec dignité si possible, soyons fou.

Pour terminer cet article sur Dieu, un message spéciale dédicace, on m’a reproché que mon blog devenait trop guimauve et à l’eau de rose. Ai réfléchi sérieusement à la question. Et le compliment, je prends. Car oui, c’est un compliment. Les guimauves, on n’a encore trouvé rien de tel pour s’empiffrer en cas de coup de mou et se sentir mieux après. Et l’eau de rose, sérieux, les gars, sentez un jour la douceur de la peau d’une nana qui a mis de l’eau de rose… Vous m’en direz des nouvelles… si d’aventure vous avez encore envie de parler après ça…

(cet article est aussi dédié à une autre personne qui pour l’instant est dans le noir absolu et qui attend sa petite lumière… Juste pour lui dire que je suis sûre qu’elle arrive mais, bon, les lumières, ça se balade, contrairement aux idées reçues, c’est pas toujours méga rapide. Accroche-toi.)

Bad Romance – pacte de vie sexuelle

Dialogue :

– Punaise, tu peux pas couper cette chanson débile ?! Depuis quand tu écoutes Lady GaGa en boucle, toi ???

– Depuis que ça me fiche plus la pêche que Francis Cabrel. Et puis c’est marrant, je découvre qu’en fait, y’a des paroles dans les chansons de Lady GaGa et les paroles de « Bad Romance » me font rigoler.

– Ha. Ouais. Perso, si un jour je te dis que j’écoute Lady GaGa pour les paroles, n’hésite pas à m’achever.

– « I’m a free bitch, baby », c’est pourtant ce que pas mal de femmes pensent.

– C’est reparti pour un tour…

– Non, non, pas reparti pour un tour, je retire, c’est facile comme assertion, je m’en excuse. Mais bon, les trucs faciles, ça défoule. Et j’ai besoin de me défouler. D’où Lady GaGa à tue-tête.

– Mais je t’en prie, défoule-toi, j’ai rien contre, t’es même très marrante et très attirante quand tu te défoules.

– Attirante ? Ha, tu t’y mets aussi…

– Ben y’a pas de mal à dire à une femme qu’elle est attirante, si ? Ca veut pas dire que 10 minutes plus tard, on l’aura dans son lit. Enfin, j’espère. Car je peux dire à une nana qu’elle est attirante sans avoir envie de l’avoir dans mon lit. Juste pour le plaisir des yeux. Le plaisir du compliment aussi.

– Et tu dis quoi, à une nana que tu voudrais dans ton lit ?

– Heu… La même chose…

– HA !

– Te la joue pas offusquée, steplait. Il y a tout un contexte, tout un langage non-verbal, tout un échange différent autour de cette même phrase… Et la décision revient à la dame, au final.

– Mwé. Ai pas eu cette impression ces derniers temps, moi.

– Si. Tu avais le choix. Vraiment. 

– Et j’ai choisi de foncer la tête baissée, au mépris de ce que mon corps et mon coeur me disaient. De toutes les alertes ! D’ignorer les signaux, en toute conscience !

– En toute conscience, je n’en sais rien. Mais certes, ce n’était pas faute de ne pas avoir été mise en garde.

– C’est moche de se sentir sale. D’avoir envie de prendre 3 douches sur la journée et de toujours garder cette impression de saleté sur la peau. Je vais finir au couvent, moi ! Là !

– Toi, au couvent ? Allez Caliméro, tu tiendrais pas 2 minutes !

– Non, effectivement. Mais pas pour la raison à laquelle tu penses. Ce n’est pas une question de sexe. Le sexe, je peux m’en passer. Et très bien, même. Très, très, très bien. Pas une blague.

– Mais je sais, fillette ! Je le sais bien, va ! Je te connais. Non, tu ne tiendrais pas au couvent car tu as besoin de tendresse, de dialogue. Le couvent n’est pas toujours un lieu où ces deux qualités s’épanouissent. Et toi, tu en as un besoin vital. Dans le sexe, on retrouve souvent un ersatz de ces deux choses. On nage en pleine illusion. Enfin, pas tout le monde, mais toi, peut-être, du moins… D’où ton envie, quand tu sors de l’illusion, de faire comme Lady GaGa dans son clip: de foutre le feu au lit du mec à la fin, et avec le mec dedans de préférence ! Par frustration !

– Tu as vu le clip de Bad Romance ??!! Tu te fiches de moi, là ???!

– Ben j’ai la télé comme tout le monde. Pour savoir dire pourquoi on n’aime pas les choses, il faut les connaître. J’exècre Lady GaGa parce que je sais de quoi je parle.

– Et bien sache pour ta gouverne que je ne veux mettre le feu au lit de personne, et encore moins avec quelqu’un dedans. Tu as raison, si je dois m’en prendre à quelqu’un, c’est à moi. Je devrais m’immoler, tiens…

– Je vais te sortir une grande phrase très bateau mais, parfois, il est bon de se remettre des choses simplissimes en tête: « Tu es un cadeau et un cadeau, cela ne se brade pas, cela se mérite ». Ne te brade pas. On te veut ? Qu’on te mérite, bon sang !

– « Qu’on te mérite, bon sang ! ». Ha, ha, ha ! M’enfin, c’est quoi cette déclaration à la mord-moi-le-noeud ?!

– Une déclaration simple et vraie. Peut-être trop simple pour qu’elle t’évoque quelque chose, mais comme je te l’ai dit, les choses les plus simples et évidentes sont parfois les plus vraies. Donc non, tu ne t’immoleras pas. Et tu n’iras pas au couvent non plus. Mais tu vas mettre des limites, tes limites.

– Parfois je devrais plus écouter mon coeur que mon désir…

– Je trouve aussi… Tu sais quoi ? On va faire un pacte. Et ce pacte est que dans les mois, les années à venir, tu ne baises plus, mais que  tu fasses l’amour à la place.

– Va plus se passer grand’chose dans ma vie, alors. Enfin, dans ma vie sexuelle, s’entend.

– Tant mieux si c’est le prix à payer pour ne plus te sentir salie. Mais qu’il ne se passe plus rien, je t’avoue, je n’en serais pas aussi sûr que toi… Laisse une chance à la vie… Et puis, pitié, punaise, coupe cette putain de bordel de chanson de merde, elle me donne envie de gerber, j’en peux plus !!!!

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Ce texte, ainsi que d’autres, sera lu par ma petite personne au 

CAFE-POESIE « Amour et différence »

Ce Vendredi 7 mai, à la Maison des Jeunes LE PRISME à  Braine-L’Alleud (103, avenue Alphonse Allard, 1420 Braine-L’Alleud, Belgique), à 20h30.

P.A.F : 5 euros, membres : 3 euros.

Si vous voulez m’y rencontrer ainsi que de nombreux autres jeunes auteurs qui liront leurs textes ce soir-là, be welcome !

J’aime pas les boulets

Titre élégant s’il en est.

Mais c’est une vraie découverte grâce à mon grand âge.

Oui, chuis un peu gentille, comme fille, à la base. Enfin, je veux dire que j’ai un côté Saint-Bernard tendance poire parfois. Pas la Poire Williams qui se boit, nan, la poire version fille. Ca donne des trucs pas tristes des fois. Mais à la longue, ça saoule. Il en faut beaucoup pour atteindre ma limite, je tiens plutôt pas mal l’alcool mais une fois atteinte, la gueule de bois me vaccine solidement.

Cela m’est peu arrivé, notez. J’ai rarement viré quelqu’un de ma vie, coupé tous les ponts et ça me rassure car cela veut dire que mon goût de poire ne doit pas être trop prononcé encore. Mais quand je l’ai fait, c’était une question de survie, histoire de sortir de la quatrième dimension. Et ce fut salutaire.

Je trouvais que les femmes avaient le pompon pour me saouler. Mais je dois bien avouer que ces dernières années, ces derniers mois, je suis tombée sur quelques beaux spécimens masculins. Dans le genre « je clame haut et fort ce que les autres doivent faire mais cela ne s’applique pas à moi », dans le genre « j’ai autant d’empathie qu’un escargot en période de canicule », dans le genre « je réclame des trucs que je ne suis pas capable de donner moi-même », dans le genre « après moi, les mouches », y’a pléthore, vraiment.

Et non, ceci n’est pas un énième billet anti-mecs. Du tout. J’aime pas les stéréotypes, je me suis toujours battue contre cela, et je ne mets pas tous les hommes dans le même sac de tri sélectif. Je m’élève juste contre les cons.

Contre les boulets.

C’était un mot à la mode avec mes copines quand on était jeunes et insouciantes. Mais il reste merveilleusement d’actualité à l’approche de la quarantaine. Et, à mon avis, l’expérience aidant, ce sera encore le cas à l’approche des 80 ans. 

Dommage ? Même pas. C’est un trait profondément humain. Y’a rien de plus humain qu’un boulet, et ouais.

Mais voilà, j’ai envie de me balader librement. L’entrave me sied mal. J’ai pas fait des années et des années de danse pour marcher d’un pas lourd. 

Ceci dit, poire ou pas, je ne regrette absolument pas d’avoir essayé de comprendre et de m’être frottée à ces boulets-là. Ils m’ont appris la légèreté.

Et, ça, en fait, c’est ma plus grande qualité !!!