L’effet « années 80 » sur les trentenaires (bon, ok, les trentenaires approchant dangereusement de la quarantaine surtout, voire même ceux qui y sont de plein pied, dans les 40 piges) ne cesse de m’épater.
L’explication de cette attraction fatale pour une musique décidément d’un goût très sûr coule forcément de source : faites un rapide calcul, tous ces braves gens (moi y compris) étaient ado pendant les 80’s. Donc se déhancher sur du Madonna, draguer sur du Duran-Duran, emballer sur du Depeche Mode et conclure sur la musique de Top Gun (Berlin, « Take my breath away », pour ceux qu’Alzheimer guetterait déjà) fait partie de leur histoire la plus intime. D’un moment clé de leur vie, s’il en est : celui où l’on se construit, où l’on se forge une identité, où l’on choisit un chemin de vie (qu’on ne suivra pas forcément, voire pas du tout d’ailleurs) et où l’on découvre le sexe, aussi, accessoirement (mais là, je dévie du sujet). Cela suffit certainement à justifier toutes les nostalgies larmoyantes, hystériques ou bêtifiantes dont sont capables les gens de ma génération, enfin, je suppose…
Quoique.
Parfois, je me dis quand même qu’on dépasse les limites. Et allègrement, en plus.
Comme je l’ai dit précédemment, ces derniers mois, j’ai agi en digne représentante de ma génération X. J’ai enchaîné les concerts-madeleine. En remplaçant le thé par des bières (on vend rarement du thé dans les salles de concert). Retrouvant, si pas mes 14 ans (faut pas déconner, non plus), au moins des souvenirs assez agréables dans l’ensemble.
Jugez du peu : Madonna, Depeche Mode, Mylène Farmer, Indochine (j‘en parle ici, d’ailleurs, de tout cela). Que du bon, des concerts de qualité griffés 80. Avec, à chaque fois, une salle en délire, pleine à craquer, un public chaud, chaud, chaud, qui avait prévu le concert 10 mois à l’avance (c’est cool, ça permet de prévoir la babysitter bien à l’aise pour les gamins).
Restait plus qu’un concert à voir : A-Ha.
C’était évidemment le concert à ne pas rater, cette tournée étant le Farewell Tour, ce qui veut donc dire, si vous vous souvenez de vos cours d’anglais de troisième, qu’il ne vont logiquement plus jamais revenir. (Logiquement)
Donc, en bande de jeunes trentenaires (jeunes, j’ai dit), nous nous sommes enfoncés dans la salle… heu, pour le coup, pas des masses bondée. Tant mieux, ça fait de l’air et puis, les autres, ils ne savent pas ce qu’ils ratent (ou pas).
« Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! »
Je sursaute.
« Ca va, chuis pas rouillée ! »
Ma copine a l’air content, là.
« Hein ?! »
« Ben oui, tente un hurlement, pour voir ? Moi, ça faisait un bail, quoi ! »
Chhhhhhhht, dis pas à tout le monde que la dernière fois qu’on a hurlé hystériquement dans une salle de concert, c’était il y a 20 ans, hé… On va se faire repérer !
Se faire repérer ? Ha ha, la bonne blague ! Je regarde autour de moi, y’a QUE des vieux.
« T’as vu, y’a que des vieux, dans la salle, dingue, non ?! »
« Marie, c’est pas des vieux, ils ont notre âge ! »
« Ha wé, vrai. » Mes yeux ont beaux chercher un ado heureux d’être là (ou même un normal, quoi, un qui râle, avec des boutons, pas heureux du tout), y’en a pas l’ombre d’un. Ca fait peur.
Le groupe monte sur scène. Ok, là, je veux bien gueuler hystériquement (sous le regard un peu interloqué de l’Homme), il est encore très bien conservé pour son âge, le Morten. Même extrêmement bien !
« Purée, mon amour, si tu pouvais être comme lui à son âge, ça serait cool, non ? » (Marie ou comment ruiner une bonne soirée en une phrase, leçon 5.973)
Par contre, il chante moyennement bien. Et les trois ne chantent carrément pas ensembles. Si, moi, ça me gâche mon plaisir (on est esthète ou on ne l’est pas, même avec A-Ha), les 5000 autres personnes autour de moi ne s’en rendent visiblement pas compte. Ca hurle, chante, renifle, y’en a même deux qui s’embrassent goulûment non loin de nous (bon, moi, c’est râpé, rapport à ma leçon 5.973, je peux me brosser pour le baiser enflammé), on replonge dignement dans l’ambiance « boum » de l’époque.
« Tiens, t’as vu, il n’a pas d’alliance, Morten ! »
Je me sens un peu honteuse d’avoir remarqué ce détail, là.
« Non, mais les deux autres, si !!! » me répondent les copines en coeur.
J’me sens moins seule, d’un coup.
« Moi, il me dit oui, j’dis pas non »
« Oui, mais toi, t’es mariée, ma chérie »
Et là, une vérité m’éclate au visage, crue, violente, horrible : si, à 15 ans, tout est à faire, à 40, c’est déjà nettement moins le cas. Et que donc à partir d’un certain âge, il est de bon ton d’apprécier les chanteurs pour leur musique. Ca change la perspective des choses. Qu’est-ce que je fiche là, moi ???!
Le concert se termine. Mais l’effet madeleine est là et bien là. Et j’ai du mal à rester digne (allez, j’peux crier un peu, dis ? Juste un tout, tout p’tit peu ! Non ?). A-Ha ne peut se retenir de nous dire adieu 50 fois et d’insister sur le fait que ces 25 ANNEES de carrière en NOTRE compagnie ont été fabuleuses. Ouais, n’exagérez pas trop, ça fait pas 25 ans, faut pas pousser bobonne… Et là, ils envoient une vidéo récapitulative de leur carrière, photos et dates à l’appui. C’est moche, c’est très moche de piéger comme ça 5000 personnes, les gars. Ok, oui, on s’incline, on est vieux. Et 1985, c’était il y a 25 ans. La vache.
Le concert se termine sur « Take on me », et tout le monde se rend compte que son voisin connaît encore les paroles par coeur. Ou alors, y’a des tricheurs qui ont révisé pour l’occasion. C’est pas possible que 5000 personnes s’en souviennent aussi bien que ça… Si ?
Les lumières se rallument…
On se dirige vers la sortie, on commente le concert avec un trémolo dans la voix, on soupire en se disant que c’est fini, on ne les reverra plus (alors qu’en fait, 4 heures plus tôt, on s’en fichait encore royalement), que ça fait bizarre, qu’on aime bien telle ou telle chanson…
On se sépare en se disant qu’il faut se grouiller, que la babysitter attend, qu’il ne faut pas trop traîner, qu’on a une grosse journée demain…
« Alors, c’était bien ? »
Ma babysitter a 19 ans.
« Le chanteur chantait faux, ils ne chantaient pas ensembles, la salle n’était pas bondée, il n’y avait que des gens de notre âge mais c’était GENIAL »
Elle a l’air un peu interloqué…
Je soupire en la regardant :
« Nan, mais, là,…
TU PEUX PAS COMPRENDRE »
Hoooooo comme je te comprends! Moi pour plaire à Carl, bien j’ai été voir Johnny!
Et les gens qui pleuraient en s’embrassant sur certaines chansons (presque envie de dire parodie tant Johnny est une véritable parodie de lui-mm!) et d’autres qui mettaient le feu au bon moment! Mais pas bcp de jeunes non plus!
Tu te souviens de mon billet? http://monbopetitmonde.canalblog.com/archives/2009/10/02/15287746.html
Alors moi je dis que tsé quoi….t’as bien fait de crier!
Dis, Morten, il essaye encore de passer de l’autre côté du miroir? Parce que là, je pleure! ^_^
Je peux pas croire que tu parles du concert du Zénith !
Morten chantait faux ? Tu déconnes ? Tu te souviens pas du tryptique acoustique fabuleux : cryin’ in the rain – Butterfly Butterfly – seemmingly non stop july ? Ou de sa voix sur Stay on these roads, entre autres ?
Par ailleurs la salle était pleine quand ils sont arrivés !
Je te concède deux choses :
il n’y avait que des « vieux » comme nous (73 aussi, hé ! );
Ils ne semblaient pas hyper proches…
Au fait pour info, ils sortiront le DVD de leur dernier concert d’Oslo du 4 décembre dernier.
Salut!
Non, je parlais du concert à Forest National, à Bruxelles !
Et il perdait son oreillette tout le temps, il n’avait pas de retour (d’où le fait que ça ne soit pas toujours juste, à mon avis).
Ceci dit, oui, j’étais bien bluffée par Stay On These Roads, ça, c’est vrai !
Merci mille fois pour l’info sur le DVD du concert, ça pourrait faire un chouette souvenir de cette dernière tournée, oui !