C’est la réflexion qui m’est venue à l’esprit en apprenant la mort de Jean-Pierre Marielle, il y a quelques jours.
Non que j’étais une grande fan (j’ai grandi sans télé, je n’ai vu que très peu de ses films), mais il faisait partie de cette génération « adulte », ceux qui servaient de repères quand j’étais enfant et ado. Et cela le rendait, à l’instar de bien d’autres décédés ces dernières années également, immortel.
Et en fait, ni lui, ni les autres ne l’étaient, immortels.
Je suis très bien placée pour savoir que tout peut s’arrêter demain (vivre vieux et en bonne santé n’est pas toujours une activité populaire dans ma famille) et que nous ne sommes en rien immortels (quel que soit notre âge d’ailleurs), voir la génération au dessus de la mienne partir petit à petit a quelque chose de différent. Pas d’accident tragique, pas de sale surprise, mais une longue marche vers une fin inéluctable.
Chacune de leur disparition nous rappelle que nous aussi, nous nous approchons de la mort.
J’ai 46 ans aujourd’hui.
Ce n’est pas vieux, me direz-vous. Enfin, me direz-vous si vous-même avez environ cet âge ou êtes plus vieux.
C’est forcément vieux si vous êtes plus jeune.
Et dans ma tête aussi, c’est vieux.
Dans mon corps, également.
Sur ma peau, itou.
Et sur les photos de moi, inévitablement.
Pour preuve ? La photo qui illustre cet article. Prise dans le cadre de mon boulot, au lendemain d’une (très) courte nuit. Impossible de cacher. mon manque de sommeil, toutes mes rides et poches ne montrent que cela.
C’est à ça que je vois que je vieillis.
A ça et à la manière dont moi et mes contemporains commençons à gérer notre vie.
Cela fait déjà quelques années que le mouvement est enclenché : petit à petit, tout le monde s’est mis au sport, du fitness au running (oui, running, course à pieds, ça fait truc de vieux, on veut bien être vieux, mais on ne veut pas le dire), tout le monde s’est mis à manger sain, du bio au véganisme (ou, végétalien, ça fait pas moderne non plus), tout le monde s’est mis à surveiller sa consommation d’alcool (et là, il n’y a pas de mot spécial pour en parler car cela ne se dit pas, c’est pas une question de modernité, c’est carrément un vrai deuil).
Bref, la quarantenaires et les cinquantenaires ont bien compris qu’ils étaient comme Jean-Pierre Marielle : loin d’être immortels. Et ils flippent.
Alors, ils agissent pour reculer l’échéance. Pour avoir un semblant de contrôle.
Pour tenir encore la route dans ce monde qui porte la jeunesse au pinacle pour éviter de s’avouer que tout le monde est mortel.
Je fais pareil, tout pareil.
Quelle que soit la manière dont est considéré mon âge, vieux ou pas, il y a urgence de vivre.
Avec ou sans sport.
Avec ou sans alcool.
Avec ou sans poches sous les yeux.
Vivre.
Car je ne peux plus nier une évidence : nous sommes les suivants sur la liste.
Marie, le 29 avril 2019