Oui, j’assume le côté « con » de mon titre aussi.
Hier, pour des raisons de recherche perso et parce que j’en ai relu des passages il y a peu pour vous écrire cet article, j’ai gentiment continué à relire le journal intime de mes 20-21 ans. Oui, j’ai des journaux intimes à tous les âges, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte… J’ai dû arrêter vers mes 27 ans…
Dans certains journaux, j’écris tous les jours, dans d’autres, quand cela me chante. A l’époque de mes 20 ans, cela me chantait souvent. On est bavard aussi, à 20 ans !
Je me suis toujours demandé à quoi ça servait, un journal intime. La réponse « à donner à ses enfants plus tard ! » est nulle et non-avenue, rien qu’imaginer le petit de l’Homme lire les états d’âme adolescents de sa pauvre mère me fait pleurer de rire. Mon dieu, la torture pour ce pauvre enfant !!! Notez, en y réfléchissant bien, je peux peut-être recycler mes vieux journaux intimes en punition ultime : « T’es pas content ? T’es pas obéissant ? Tu te révoltes ? Hop, lecture de 10 pages des états d’âme de ta mère à ton âge, ça va te calmer, ça, mon garçon ! »
Y’a pas de soucis, il va rentrer dans les rangs fissa. Il ne recommencera pas deux fois la même connerie. Et toutes les mères m’admireront.
Certes, c’est pas ça non plus… Alors à quoi ça peut servir, un journal intime ?
A 20 ans, j’avais la réponse : à saouler quelqu’un d’autre que mes potes. Le papier ne se plaint jamais, je pouvais y aller franco dans le calimérisme et ensuite partir faire la fête la tête tranquille, j’avais vidé mon sac…
Et il était parfois lourd, mon sac. De pensées, d’envolées lyriques, d’idéaux… Oui, on est con à 20 ans. On a des grands principes, des grandes idées, on croit tout savoir sur tout… Et on ne sait pas grand-chose, en fait… J’étais pareille. Pourtant, on me le répétait à l’envi : « Marie, c’est une fille très mûre pour son âge ! ». Oui, certes, je l’étais. Pour mon âge.
J’avais la théorie. Il me manquait la pratique.
Et la pratique, ça vous forge une personnalité, un cerveau, une pensée personnelle… Et ça vous apporte beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup d’humilité…
Mais parfois, on oublie la théorie. On la perd solidement de vue, tellement occupé qu’on est à survivre dans la pratique.
Et, là, à 37 ans, on se rend compte de l’utilité que peut avoir un journal intime.
Il vous rappelle que vous avez été légère, naïve et idéaliste, et il vous fait sourire par bien des points.
Mais il vous rappelle aussi que ces idéaux, ces valeurs que vous prôniez à 20 ans sont le fondement même de votre personnalité, votre colonne vertébrale. Et que, 20 ans ou pas, ils vous font tenir droit, tenir debout.
Il vous rappelle qu’à 20 ans, justement, le regard franc et vrai, pas corrompu, pas abîmé encore par les épreuves de la vie, vous voyiez juste en vous, vous saviez ce qui vous convenait et… ce qui ne vous convenait pas (et entre autre que vous saviez que vous vouliez provoquer l’amour et non le désir, comme Pamina l’explique merveilleusement bien ici).
Il vous rappelle que ce qui vous convenait à 20 ans, ce qui vous faisait tenir droit, est encore tout-à-fait d’actualité à 37.
Même si, depuis, vous avez appris à être humble, nuancé et nettement moins naïf.
Il ne tient plus qu’à vous de réconcilier les deux. La théorie ET la pratique. De tirer tout l’avantage de vos 37 ans et de ne pas oublier l’avantage de vos 20.
Cela s’appelle l’expérience… Et elle ne s’arrête jamais. Et on rêve d’avoir cette expérience à 20 ans, on se rêve plus fort, moins bête, moins couillon quand on sera plus vieux…
Alors, rien que pour cela, cela fait du bien de relire ses journaux intimes de 20 ans. Pour se rappeler l’essentiel. Pour ne pas oublier qui on est. Pour se souvenir qu’on se voulait plus vieux, avec de l’expérience mais néanmoins intègre.
Désolée, Marie de 20 ans, heureusement que tu es là, car on est con parfois aussi, à 37 ans…
Quel beau texte! Oui se relire, -même jeune et con-, quand on a su rester soi-même, ça aide je crois à l’être un peu moins.
Malheur à ceux et celles pourtant qui n’ont plus d’indulgence pour ce qu’ils ont été: c’est qu’ils ont tout renié, à commencer par le rêve qu’ils ont échoué à réaliser. ça fait presque pitié…
Je suis bien d’accord 😉
Et je n’ai jamais renié quoique ce soit, perdu de vue un instant, certes, mais renié, jamais.
Et d’ailleurs si j’avais renié mes aspirations, ce blog n’existerait pas 😉
Je pense que la Marie de 20 ans serait fière de la femme qu’elle est devenue sur pas mal de points.
Mais il y en a d’autres qui la feraient rire jaune. Et ça, c’est bien de s’en rappeler et… de corriger le tir 😉
Bonjour Marie,
Bien juste ce que tu écris sur ton journal intime.
Sur l’humilité que donne l’expérience de la vie mais, sur les potentialités qui se développent chez chacun de nous en quête de son être.
De notre société de besoins fabriqués, « de cet air de robot content, de cette course avec le temps » … nous pouvons nous désapprivoiser, comme le dit P Perret puis l’a fait son ami Jacques Brel. Bon, d’accord faut aller dans les îles, mais pas spécialement car le journal intime est un voyage à la rencontre de nous-même étonnant !
Il est comme une « nouvelle adresse » hors des contingences de la réalité et de sa fureur.
Un recoin de paradis, peut-être pas tout à fait perdu mais, que certains s’evertuent et aiment à nous faire croire.
L’écriture est simultanément refuge et miroir, elle nous apaise et nous fait voir en nous…c’est parfois éclairant, souvent authentique.
Là- dessus, je vais relire et rafraîchir un petit extrait de mes grifouillages de ma cinquentaine !
T’envoie plein de bisous.
Maman chérie, je te rappelle que c’est toi qui m’a offert ce premier journal intime 😉
Et d’ailleurs tous les suivants aussi… 😉
Merci !