Oui, on tue des enfants un jour de fête

Comment lui parler ?
Que lui dire cette fois ?
A chaque résurgence de la violence, face à chaque nouvelle image atroce, je tiens bon.
Depuis sa naissance, son père et moi voulons en faire un enfant ouvert, aux autres, au monde, à l’amour.
Chacun de nos actes, chacun de nos choix vont dans ce sens.
Alors, à chaque fois, je le rassure.
Et j’apprends de lui, de son énergie, de son envie d’aller de l’avant, de son regard franc sur le monde.
Il m’embarque du côté de la vie, de l’amour (de la Force, diraient certains adeptes).
Et je lui apprends à utiliser son cerveau et non sa peur.

Prendre de la hauteur, mettre en perspective, agir dans le positif.
Le mot ‘amour’ n’est pas qu’un mot, ce sont des actes aussi.
Mais à la longue, ce désir, cette énergie sont rudement mis à l’épreuve.
Ne pas laisser la peur s’insinuer, ne pas laisser la lassitude s’installer, ne pas laisser le dégoût l’emporter…

Et pour cela, il va falloir trouver les mots.
De nouveaux mots.
Pour lui expliquer la tragédie dans un endroit qu’il connaît, où il a lui-même fait la fête en famille.
Une Promenade où il a déambulé, comme ces familles fauchées ce 14 juillet.
Pour lui dire qu’au nom de ces familles-là, de ces enfants-là, il doit et va continuer à célébrer la joie, l’amour et la beauté.
Même si cela semble absurde.

Que, oui, on tue des enfants, ici, là-bas et plus loin aussi.
Que, oui, on tue des enfants un jour de fête…
… à Bagdad, quand ils font les courses avec leurs parents.
… à Nice, quand ils reviennent d’un feu d’artifice.

Qu’au nom des enfants de Bagdad et de Nice, il doit continuer à vivre. Pleinement.
Et à rire à la gueule de la haine.

Car cela peut prendre le temps, des siècles, du sang et des larmes…
Mais ce n’est JAMAIS la haine et la peur qui gagnent à la fin.

Voilà ce que je vais lui dire cette fois.
Encore une fois.

Le courage, ce n’est pas de tenir bon un petit peu.
C’est de tenir bon toujours, en tous temps.

Et ça, il le sait déjà.

(Photo : le petit de l’Homme face à la Promenade des Anglais, Nice, France)

Message au gouvernement, aux spécialistes-en-terrorisme et aux média

Cher toi, (oui, je te tutoie d’emblée, on est entre nous, hein)

Je prends ma plume aujourd’hui pour t’exposer un truc qui me chiffonne.

Depuis que je suis née, le 29 avril 1973 pour ceux qui l’ignoraient encore (note-le, t’auras plus d’excuse pour ne pas me le souhaiter sur Facebook l’année prochaine), il y a eu quelques attentats meurtriers de par le monde. Un petit comptage plus loin (merci Wikipédia) et je peux même te donner un chiffre : 802. Oui, 802, et encore, je dois certainement en avoir oublié quelques-uns, mes yeux s’étant un peu brouillés en comptant.

Dans ces 802 attentats, une quarantaine (40 à la louche, presque un par an en moyenne depuis ma naissance) ont eu lieu en France, dont une grosse majorité à Paris, où vivait mon père.

Dans ces 802 attentats, une dizaine (8 à la louche) ont eu lieu en Belgique, où vivait ma mère. Lire la suite

Mort d’un grand-père

« Ta grand-mère a marché avec nous, elle est merveilleuse, tu sais ! »

L’homme qui prononce cette phrase est le grand-père de l’Homme.
Nous sommes dans son salon, à regarder les photos de leurs dernières vacances à son épouse et lui. Il nous raconte leur balade dans les montagnes.

Il a près des 80 ans, mais il ne les fait pas. Son regard clair, sa voix posée, sa haute stature, son élégance discrète le rendent intemporel.
Lui et son épouse sont mariés depuis presque 50 ans et, d’ailleurs, on va fêter cet anniversaire sous peu en famille.
Moi, du haut de mes vingt et quelques années, je le regarde, éberluée.

« Elle est merveilleuse, tu sais ! » Lire la suite

41 is the new 18

(Traduction pour les allergiques à la langue de Shakespeare : « 41 est le nouveau 18 », je suis certaine que cela vous paraît d’un coup plus lumineux!)

29 avril 1991, je fête mes 18 ans.
(Bon, je ne vous dirai pas où, ni comment, il est des choses honteuses qu’on préfère ne pas rendre publiques)
(Et que les personnes qui savent ou, pire, qui étaient là ce jour-là, aient la bonté d’âme de garder l’info pour elles, hein ! Ou je vous dénonce aussi !)
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Rien n’est jamais acquis…

Vous vous êtes battu comme un lion. Pendant des années. Vous avez, à votre immense fierté, réussi à gagner une des grandes batailles de votre existence. Bataille que vous ne pensiez pas forcément remporter un jour, tellement vous croyiez manquer de courage, manquer de volonté, manquer de foi, manquer d’amour.

Mais pourtant. Vous y êtes arrivé. Sans même d’ailleurs remarquer l’ardeur et l’énergie mises en place pour conquérir, pas à pas, pierre par pierre, le terrain ou vous alliez bâtir, voire rebâtir, votre bonheur. La fatigue ne s’est pas spécialement faite sentir. La rage au ventre, la rage au cœur aussi, tout cela conjugué vous poussait à atteindre votre but. Et vous n’étiez d’ailleurs pas seul sur ce chemin, et cela contribuait à vous donner espoir, porté également par la foi et l’amour d’autrui.

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5 secondes avant le crash

Ils sont là, heureux, sur la photo de son profil Facebook.

La vie normale, bête et heureuse.Insouciante.
Les photos succèdent aux photos, les mêmes sourires, les mêmes rires, le même bonheur.

Et puis paf.
La chute.
La seconde d’après.
Le moment d’après.
La respiration d’après.
La photo d’après.

Vous y avez déjà pensé, vous, à cette minute, à cette seconde où toute votre vie bascule ?
Ce moment extraordinairement court où on vous annonce l’irrémédiable, la perte, le deuil, la douleur.
A ce moment où tout d’un coup, on se demande comment on faisait 5 secondes avant, qui on était 5 secondes avant, où on était 5 secondes avant.

CE MOMENT OU ON VOUDRAIT ETRE 5 SECONDES AVANT.

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Dis 2013, tu peux arrêter d’être toute pourrie ?

Alors, en fait, je devrais être en train de vous faire un article de rentrée tout beau, tout bleu, tout lumineux. Qui vous parle de l’été magnifique que j’ai passé, entourée d’amis, d’amour, de rires, de grains de sable, d’eau fraîche et de verres de vin. Un truc magique qui fasse un peu rêver, qui vous fasse vous dire que, oui, la mocheté de ce monde, c’est possible de la tenir à distance. De la virer même presque de sa vie à force d’étoiles, de délires et de rencontres.

Ouais.
Je pourrais.
Parce qu’en plus, j’y crois dur comme fer et que ça s’est exactement passé comme ça.
La vie puissance 1000, qui vous laisse un goût de bonheur en bouche bien après que les événements se soient passés.

Oui.
Mais justement, la vie puissance 1000, elle laisse pas QUE des traces de bonheur, la vache.
Ben évidemment, sinon ça serait pas « puissance 1000 », chuis con.
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Et la gagnante est… ?

Nous sommes tous rassemblés autour d’elle, nous attendons son feedback sur nos prestations théâtrales. Souvent le « retour » comme on l’appelle (c’est à dire ce que le metteur en scène vous dit après que vous avez joué) est l’occasion de parler aussi de notre futur métier de comédien. L’occasion d’exposer nos questionnements, nos doutes, nos coups de gueule… Nous nous posons tellement de questions sur ce métier, simples étudiants en art dramatique que nous sommes…

« Il y a un truc que je me demande… Tu nous dis qu’on doit jouer avec toute notre énergie, tout donner sur scène, que si on ne fait pas cela, c’est inutile de monter sur des planches… mais… comment fait-on pour pouvoir continuer à tout donner soir après soir, heure après heure, minute après minute sans s’épuiser, se vider, se tuer, même ? »

La prof nous regarde. Intensément. On voit qu’elle se dit qu’on n’a rien compris mais qu’elle va essayer de nous expliquer quand même. Elle sourit… Lire la suite

New York, Paris, Rotterdam, Bruxelles… et un rêve d’adolescente.

S’il est bien une chose dont je rêvais enfant, c’était de ne pas mener une vie qui ne me ferait voyager que de mon lieu d’habitation à mon lieu de travail et retour.
Je ne voulais pas être enfermée dans un bureau 8 heures par jour, à ne voir qu’un bout du ciel à travers la fenêtre.
Je ne voulais pas suivre les mêmes horaires que tout le monde, les mêmes trajets que tout le monde, les mêmes habitudes que tout le monde.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je me suis battue pour y arriver.

Donc voilà, à l’heure des bilans, la veille d’une quarantaine qui sonne comme un glas à mes oreilles, je me retrouve à faire, en 15 jours, New York-Paris (deux fois)-Rotterdam(deux fois) et, forcément, Bruxelles (interlude publicitaire : je remercie le Thalys d’être toujours super à l’heure ces derniers temps, c’est un vrai plaisir !). Pour le plaisir dans certains cas, et pour le boulot dans d’autres. Lire la suite