47 ans, résistance et confinement

« Moi, si j’avais vécu pendant la guerre, j’aurais été résistant, clairement »

Cette phrase, j’ai dû l’entendre au bas mot 25.000 fois en 47 ans d’existence.
Surtout ado.
Période où un paquet de personnes autour de moi pensaient mordicus qu’elles auraient été un grandiose mélange de de Gaulle et de Jean Moulin en 42. En mieux.

Et ça me faisait ricaner à l’époque.
Ca me fait toujours autant ricaner aujourd’hui, notez.

En rhéto (classe de terminale pour les potes français égarés par ici), j’ai été choisie, comme plusieurs autres élèves de mon école, pour participer à une émission TV qui célébrait les 50 ans de la résistance.
Nous avions passé une sélection, dû montrer notre connaissance et notre intérêt du sujet et, ensuite, proposer la question que nous voulions poser aux résistant(e)s qui allaient être sur le plateau. Je ne me souviens plus du tout de la question que j’avais soumise, mais j’ai été choisie. Et je me suis donc retrouvée sur un plateau TV, en gros, à poser ma question à des personnes qui avaient fait montre d’un courage et d’une abnégation dont je me savais totalement et absolument incapable. Et plus j’écoutais leurs témoignages, plus ma conviction se renforçait. Lire la suite

16 ans, tu me scotches

« P’paaaaa, m’maaaaaan, vous relisez mon CV ? »

Oui, ça y est. On en est là. A relire ton CV.
L’Homme et moi sommes un peu assommés par l’idée.
Notre bébé tout-rose-qui-n’aime-pas-les-siestes rédige son CV.

On va t’avouer, on a eu besoin d’un verre de vin. Lire la suite

Nous sommes les suivants sur la liste

C’est la réflexion qui m’est venue à l’esprit en apprenant la mort de Jean-Pierre Marielle, il y a quelques jours.
Non que j’étais une grande fan (j’ai grandi sans télé, je n’ai vu que très peu de ses films), mais il faisait partie de cette génération « adulte », ceux qui servaient de repères quand j’étais enfant et ado. Et cela le rendait, à l’instar de bien d’autres décédés ces dernières années également, immortel.

Et en fait, ni lui, ni les autres ne l’étaient, immortels.

Je suis très bien placée pour savoir que tout peut s’arrêter demain (vivre vieux et en bonne santé n’est pas toujours une activité populaire dans ma famille) et que nous ne sommes en rien immortels (quel que soit notre âge d’ailleurs), voir la génération au dessus de la mienne partir petit à petit a quelque chose de différent. Pas d’accident tragique, pas de sale surprise, mais une longue marche vers une fin inéluctable. Lire la suite

Tes 15 ans à l’aube d’un monde nouveau

« Dis, on a causé politique avec des copains à l’école, je peux te poser 2-3 questions ? »

C’est marrant, quand tu es né, j’ai flippé (ma race, hein, pour être franche) en me demandant comment j’allais affronter ton adolescence. J’avais déjà du mal à gérer tes premières semaines et je me disais que ce n’était qu’une petite mise en bouche : ça allait être clairement l’enfer quand tu aurais 15 ans.
Et j’avais une vision de l’enfer bien précise : me retrouver face à une sorte d’être humain complètement révolté, ingérable, hors limite et sous hormones. Un truc cool, quoi. Je pense que j’étais d’ailleurs intimement persuadée que JK Rowling, quand elle a écrit Harry Potter, avait un ado de 15 piges en tête en inventant Voldemort. Idem pour Saroumane dans le Seigneur des Anneaux, le gars, je suis encore certaine aujourd’hui qu’il est un ado qui n’a pas vieilli. OB-LI-GE.

Bref, je m’étais préparée à tout. A tout, sauf à toi. Lire la suite

45 ans, des mots et des sensations

Bon, installez-vous bien.
Prenez un verre de vin (quelle que soit l’heure, si, si, j’insiste).

Celles et ceux qui connaissent les livres « Le sel de la vie » et « Au gré des jours » de Françoise Héritier, vous allez vite comprendre le format de ce texte-bilan de cette année.
Pour ceux qui ne connaissent pas, vous avez raté quelque chose. Foncez les acheter (mais après avoir lu ce texte, évidemment !), vous ne le regretterez pas.

45 ans…
Et juste cette dernière année…

S’étirer dans des draps blancs immaculés qui sentent bon, savoir qu’on ne doit pas les quitter et s’y enfoncer au plus profond avec des frissons de joie. Regarder les bourgeons de l’arbre d’en face éclore en se réchauffant les mains à sa tasse de café. Allumer la radio et se mettre à danser, nue, dans la salle de bain. Prendre une gorgée de vin rouge et sentir sa bouche s’emplir d’odeurs et goûts. Ouvrir les volets et voir au loin la mer qui scintille et l’eau bleue de la piscine à ses pieds. Se coller à son amie qui dit « Viens, on prend un selfie ». Lire la suite

Lettre à mon fils de 14 ans

Mon amour, mon Lou,

Oui, ce coup-ci, c’est bien à toi que j’écris. Cela me fait d’ailleurs vraiment bizarre car, quand j’ai ouvert ce blog il y a pile 10 ans (oui, happy birthday le blog, aussi !), le jour de tes 4 ans, je n’imaginais pas un seul instant que tu pourrais venir lire ici un jour. J’avais déjà du mal à t’imaginer rentrer à l’école primaire, alors tu penses, que tu sois assez grand pour lire et, même, soyons fous, lire mes bafouilles (si tu ne connais pas ce mot, Google est ton pote, hein), tu imagines bien que cela tenait de la science-fiction pure et dure.

Mais voilà, on y est.

Tu m’excuseras de te refaire le coup du « oh mais purée, x ans, j’en reviens pas, tu as x ans » (changer le « x » selon l’année voulue), je crois que tout être humain devenant parent a besoin (oui, besoin) de se répéter cette phrase chaque année un paquet de fois avant de bien, bien intégrer la nouvelle donnée. Ma mère, ta grand-mère, me fait encore le coup à chacun de mes anniversaires, tu vois, t’es pas rendu… c’est à vie !
Qui plus est, si toi, tu as 14 ans de vie, cela veut aussi dire que, moi, j’ai 14 ans de maternité. Seconde info à avaler. Ca fait beaucoup pour une seule femme, j’te jure. Lire la suite

44 ans moins un jour

Yep, de retour.

Mais pas pour longtemps.

Je voulais tout d’abord m’excuser de ne pas avoir été jusqu’au bout de mon défi fin décembre. Plusieurs choses m’en ont empêchée, que je ne ai pas vraiment envie de détailler ici, mais qui étaient assez importantes pour que je perde toute envie d’écrire encore un mot sur ce blog.
Ecrire est un exercice compliqué (surtout écrire en public, je ne parle pas d’écrire juste pour soi, ça, c’est un autre problème) qui demande pas mal d’énergie, de temps et de travail. Ca demande aussi un peu de souffrance, parfois. J’accepte complètement cette règle du jeu, mais si le niveau de souffrance devient bien plus élevé que le plaisir ou les bienfaits que vous pouvez retirer d’une écriture publique, je pense que le jeu n’en vaut plus la chandelle, ni l’énergie. Il y a clairement une certaine forme de masochisme à l’écriture (du moins, pour moi, n’hésitez pas à me donner votre avis sur le sujet…), mais si cela devient une souffrance intenable, là, c’est clairement maladif et il faut se poser des questions.
Donc, j’ai arrêté. Mon masochisme a des limites et ça, c’est une bonne nouvelle ! Lire la suite

Et vous, que feriez-vous s’il y avait la guerre ? (Joyeux Noël)

Wé, j’avais envie de vous mettre dans l’ambiance, là.
En même temps, ça fait 2 jours que je ne sais pas quoi vous écrire tellement tout ce que je vois défiler sous mes yeux est d’un négatif affolant.
Visiblement, la trêve de Noël, ça ne marche pas pour la bêtise.

Entre la course à l’armement nucléaire lancée par D. Trump, les images de civils évacués d’une Alep dévastée et les images, qui en rappellent tellement d’autres, du marché de Noël sinistré à Berlin, j’ai un peu de mal à me mettre dans l’ambiance de Noël. Lire la suite

Le jour où je me suis (re)mariée à Las Vegas

Il y a peu, je vous parlais de réaliser ses rêves, un à la fois.

Et aujourd’hui, on est en plein dedans.
Aujourd’hui, ça fait 14 ans que j’ai épousé l’Homme.
Oui, ça commence à chiffrer.
D’autant plus si on compte aussi les années AVANT mariage. Là, on atteint le quart de siècle et ça commence un peu à ficher le vertige.

L’Homme et moi, nous nous sommes rencontrés « sur les bancs du lycée ».
Fichue expression, d’ailleurs.
Vu qu’on n’a jamais partagé le même banc puisqu’on n’a jamais été dans la même classe.
Mais bon, j’imagine que c’est plus romantique que « ils se sont rencontrés dans les couloirs ».
Ce qui, dans notre cas, serait quand même nettement plus vrai.
Soit.
Lire la suite