La femme de ma vie

(Bon, c’est clair que poster ce genre de titre-déclaration alors que l’homophobie est en augmentation chez nos voisins français, c’est pas l’idée du siècle… Mais que voulez-vous, on ne choisit pas qui on aime, ni quand on le lui déclare !)

On sous-estime beaucoup le rôle des transports en commun dans la naissance d’une amitié importante. Et pourtant… Perso, je devrais remercier bus et métro de m’avoir, si pas toujours transportée dans les meilleures conditions, au moins de m’avoir permis de mieux connaître et de cheminer aux côtés de celle qui est vite devenue et restée ma meilleure amie.

Mais pourquoi elle ?

J’ai de très nombreux copains-copines. J’ai aussi plusieurs amis/amies que je considère comme importants/fondamentaux/vitaux (aucune mention n’est à biffer). Pour moi, l’amitié est importante (je pardonne d’ailleurs beaucoup en amitié et souvent… Enfin, tant que la bonne volonté et l’amour sont réciproques, du moins) et chaque vrai ami a la valeur d’une pierre précieuse. Mais il est une amie-diamant qui a traversé les âges (ben oui, genre la dizaine, la vingtaine, la trentaine… Ca fait plusieurs âges, non ?) et, elle, c’est la femme de ma vie.
Je vous en ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog, l’air de rien. On la retrouve joliment ici, ou encore là. Pour ne citer que ces deux articles. Lire la suite

Toi aussi, écris un « blog de fiiiiiiiiiiille »

Marre.

Tiens, au point de n’avoir rien envie d’écrire.

Basta. Démerdez-vous. Restez avec vos clichés. Vos à-priori. Vos stéréotypes.

Pour finir, il est pas écrit « Don Quichotte », là.

Et puis, l’humour, le vrai, aidant, je me suis dit que j’allais tenter une ultime fois de dire et de prouver que les femmes sur la toile ne sont pas ce que les médias en véhiculent comme image unique et condescendante.

Mais c’est la der des der, hein !

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S’aimer soi avant toute chose

Ce mercredi a eu lieu un shooting pour le magazine GAEL. Le but était de faire un reportage sur 6 blogueuses belges, 6 portraits, 6 blogs dans des catégories différentes.

Je me suis donc retrouvée avec Amélie, MademoiselleleK, Fanfan, Pamina et Boucles d’or dans un studio photo en plein centre de Bruxelles. 6 filles, 6 personnalités, 6 caractères bien trempés, 6 boules de condensé d’énergie, 6 trajectoires de vie différentes. Nous ne nous connaissions pas pour la plupart (si ce n’est certaines à travers leurs blogs, justement) et le courant est vraiment tout de suite passé. Du bonheur en barre et une tonne de gros délires.

Et des délires, il en fallait pour passer l’épreuve du shooting. Aucune de nous n’est aguerrie à l’exercice. Et il a fallu tout le professionnalisme et la patience de la maquilleuse et de la photographe pour nous tirer un portrait de groupe convenable. Entre fou-rire, sourires crispés et mains qui ne savent pas où se mettre pour paraître naturelles, la séance fut sportive (encore un grand bravo à Pamina qui parvient quand même à se casser la figure alors qu’elle, elle est déjà à terre, si c’est pas de l’art, ça, madame !). Mais, au final, un vrai moment de plaisir.

Le soucis est venu après. Alors que nous étions sur le départ, interview de chacune faite, photo individuelle qui illustrera chaque intervention aussi, une remarque a fusé: « de toute façon, vous allez voir, sur la photo de groupe, vous serez toutes canons et moi, je serai la seule moche ». « Ha non, ce sera pas toi, ce sera moi. Vous 5, vous serez réussies et moi, la seule ratée » « Mais naaaaan, paniquez pas, la seule ratée, ce sera moi, avec mon bol… ! »… Bref, chacune de nous était persuadée que les 5 autres allaient être des copies parfaites de Linda Evangelista et qu’elle-même allait plutôt évoquer Mimie Mathy. Ce qui, question taille et glamour, on en conviendra est un vrai, grand moment de solitude…

Les femmes et leur image… Les femmes et leur confiance en elle… Les femmes et leur amour d’elle-même…

Pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi est-ce si rare de trouver une femme qui soit totalement heureuse de son apparence, d’elle-même ? Notez, j’en connais, hein. Mais elles ne sont pas légion, y’a même pas de quoi composer une équipe de mini-foot pour vous dire (ceci dit, ça tombe bien, j’aime pas le foot, ouf). A tout casser, se faire un double au tennis, et encore…

Cette question, cela fait longtemps que je me la pose. Et il y a peu est tombée une action pour le boulot (ha ben oui, j’en ai eu marre de me balader dans le froid, iPhone à la main, pour trouver la permanence chômage, là) qui a fait écho à cette interrogation. Action lancée par OralB (voui, voui, le dentifrice, les brosses à dent, toussa) visant à booster la confiance en soi et, plus spécialement, la confiance en soi chez les femmes.

Bon, comme me le disait Pamina sur le shooting de Gaël : « tu peux m’expliquer le lien entre un dentifrice et la confiance en soi au féminin ? »

Bon, ok, j’avoue, au premier abord, ça paraît lointain. Ben en fait, pas tant que ça. Ils ont réfléchi chez OralB (si, si !), ils se sont dit que la confiance en soi découlait aussi d’une apparence agréable. Pas que. Mais aussi. Et que la nana qui a un sourire dont elle n’est pas fière n’aura pas une superbe image d’elle-même et verra d’office sa confiance en elle écornée.

Et sur ce point, chuis quand même un peu d’accord. Le sourire pas terrible, c’est du vécu. J’ai fait partie de ces adolescentes dont le sourire à longtemps été agrémenté de petites plaquettes et de fils argentés en tous genres. Total glamour. Une horreur sans nom face aux mecs. Pour vous dire, l’Homme, cet être délicieux, et ses potes (ces êtres nettement moins délicieux, eux) m’avaient amoureusement surnommée « Jaws, les dents de la mer » au lycée. Petit surnom que j’ai quand même ressorti à l’être admirable qui m’a choisie comme femme de sa vie le jour de notre mariage « alors, ça fait quoi d’épouser Jaws ??? ». Il avait entre-temps oublié que les requins ont la dent dure…

Bref, cet appareil de malheur m’a solidement pourri mon adolescence (même si, néanmoins, tout le monde en conviendra, ça va, j’ai survécu et les garçons que j’ai pu embrasser à l’époque aussi, merci pour eux). Et si j’ai maudit ma mère comme j’ai rarement pu la maudire à l’époque, aujourd’hui, j’embrasse ses deux pieds avec emphase. Car mon sourire est nickel. Mes dents aussi. Et ça, quand on est comédienne, ça n’a pas de prix. Merci maman.

Alors voilà, quand OralB m’a demandé si je voulais être la community manager francophone pour leur action, ainsi que la rédactrice (francophone idem, cela va de soi) pour relater ladite action, j’ai dit oui sans hésiter.

Donc deux mots sur l’action en question car ça peut en intéresser certaines d’entre vous: elle s’appelle « Il y a plus en vous ». Les femmes (via le magazine Flair et via la plateforme mise en place par OralB) sont appelées à soumettre un projet, un rêve qui leur tient à coeur. La deadline est la mi-avril.

Ensuite, 3 projets seront retenus, 3 rêves, 3 femmes.

Et pendant 12 semaines, ces femmes seront coachées (par Inge Rock, une coach flamande bourrée d’énergie et incroyable ! Rien qu’à elle toute seule, elle vaut le détour, tiens !), suivie par les community managers (moi et la community manager néérlandophone) qui animeront les comptes Twitter de l’action et la page fan sur Facebook et qui relateront les aventures des gagnantes sur le blog. On pourra donc suivre pas à pas la réalisation de trois rêves, trois désirs, trois chemins. Ces mêmes femmes seront aussi suivies dans le magazine Flair. Pas moyen de les rater, donc !

Si vraiment l’initiative vous intéresse, je ne peux que vous pousser à tenter votre chance en inscrivant votre projet, là: Il y a plus en vous – participer

En commençant cette aventure, je me suis demandée quel projet j’aurais pu soumettre, quel rêve j’aurais pu réaliser. Et je me suis rendue compte que je l’avais déjà réalisé. Mon rêve était d’écrire ma pièce, de la jouer, de la voir produite et de la voir plaire. Buts atteints. Et je me rends compte que moi aussi, j’ai eu mes coachs. L’Homme et Fred, mon metteur en scène, m’ont boostée, portée, cajolée, secouée, soutenue, encouragée tout le long du processus de la création de cette pièce. Je raille souvent les hommes mais, en fait, un des rêves de ma vie n’aurait jamais pu voir le jour sans eux ! Sans leur regard, leur énergie, leur amour !!!

Je sais ce que ça fait de donner vie à un projet. Je sais ce que ça fait de gagner en confiance en soi au fur et à mesure du processus, de s’affirmer, d’oser, de se découvrir des compétences que l’on ignorait jusqu’alors. Et mon boulot va me permettre de voir d’autres femmes suivre le même chemin, la même transformation, d’être le témoin de la réalisation de leur rêve. Punaise, y’a pire comme boulot, nan ?

Et mercredi, au milieu des 6 blogueuses qui avaient été choisies par le magazine Gaël pour illustrer l’article sur le blogging au féminin qui sortira dans le magazine fin mai, au milieu des rires, des pétillements de voix, des moues à se tordre de rire, je me suis rendue compte que nous allions être toutes des bombes. Parce que, comme femmes, on s’assume, s’affirme et, quelques soient nos défauts,… on a compris qu’il faut s’aimer soi avant toute chose !

Sept petits mots et des femmes à aimer

Ayé, j’ai été taguée ! Nan, j’aime pas ça, je le dis, le redis, le re-redis mais… je vais faire une 367.294ème exception.

Parce que, forcément, cette exception en vaut vraiment la peine.

D’abord pour pouvoir vous parler des deux femmes qui m’ont taguées, de leurs doux petits surnoms Annejo et SeeMee. Et deux blogs à lire, à découvrir, chacun dans leur style.

Annejo et son énergie, ses hommes, sa recherche de boulot. J’ai accroché au blog et puis… à son auteure, à sa vision de la vie, sa vision de l’amour. Quelqu’un que j’ai envie de découvrir plus avant, avec gourmandise, vraiment ! D’ailleurs, je lui dois une loooooongue réponse par mail (mais quand j’aurai fini ce billet, promis, promis, promis !).

SeeMee (nan, c’est pas son vrai prénom… hein que c’est pas son vrai prénom, hein ?!) qui s’est attelée à une tâche titanesque: la BlogExperience. Elle relate et fait découvrir d’autres blogueurs. Mais elle blogue aussi, ce qui lui donne une vraie consistance, une vraie présence. Qui d’autre que quelqu’un qui met les mains dans le cambouis peut comprendre ses contemporains qui le font aussi ? De plus, je la rencontre vendredi prochain lors d’une  soirée entre blogueurs à Paris. Et j’ai vraiment hâte (bon, note to self: ne pas se jeter sur elle en lui hurlant « salut SeeMee ! », ça va peut-être pas le faire…)

Ha oui, oui, rappel utile: l’Homme bosse toujours dans la ville lumière, et le petit de l’Homme et moi allons donc pour une enième fois le rejoindre et vivre notre petite vie de parisiens puisque ce sont les vacances pour le monstre… Et comme « rester enfermée dans un appartement à Paris » n’est pas vraiment la conception que j’ai de vacances réussies, on va enchaîner les activités sur place. Rencontrer des blogueurs en est une, visiter pour la 400.000ème fois la Cité des Enfants en est une autre. Haut les coeurs !

Bref, revenons-en à mes deux blogueuses et leur tag (le même, de tag).

Ensuite donc, pour vous vous donner la liste des petits mots auxquels je dois réagir. Ils sont au nombre de 7, lançons-nous !

  • Signe particulier

J’en ai un. Un vrai. Physique. Mais les gens qui l’ont vu sont assez rares sur la planète (enfin, y sont pas 10.000, quoi, donc sur plus de 6 milliards, ça fait rare !). Et donc on va garder ce côté rare, yep ! Ces messieurs s’en voudraient que je les rende d’un coup moins rares… Hé, hé.

  • Trait de caractère

Pffiouuuu, sont nombreux. Et variés et divers !

Mais je vais reprendre un mot qui est revenu beaucoup (mais alors, beaucoup, hein) dans la bouche des gens qui me connaissent, dans celle de ceux qui me rencontrent, celle de ceux qui me décrivent… et ce mot c’est… pétillant.

J’avoue, j’en suis parfois assez étonnée. Ok, j’ai un côté léger et déconneur, j’admets et assume la chose sans problème. Mais pétillant, c’est bien plus que cela. Ca donne un côté aérien et festif. Et c’est très flatteur.

(mais au fait, oui, festif, ok, j’admets aussi… ahum…)

  • Mauvais souvenir

Beuuuuuh, qu’il est moche ce point ! Allez, cassons l’ambiance, des mauvais souvenirs, j’en ai des tonnes et le pire de tous, c’est l’annonce de la mort de mon père . Je vous en rajoute une couche ou tout le monde a compris qu’on va passer au point suivant ??!!

  • Souvenir d’enfance

Comme tout le monde, idem, j’en ai des tonnes. Car en plus, j’ai une excellente mémoire. Un peu trop excellente, parfois. Mon plus vieux souvenir remonte à l’année de mes deux ans. N’en profitez pas pour me susurrer suavement que oui, oui, vraiment, ça date, merci.

Puisqu’on est dans le thème « Paris », je vais relater l’un de mes premiers souvenirs de cette ville. J’avais 5 ans, ma mère et moi avions rejoint mon père qui vivait et travaillait à Paris (oui, je passe ma vie à rejoindre les hommes de ma vie qui se cassent à Paris: une malédiction, ça s’appelle). Nous avions été au restaurant à trois et nous rentrions à l’appartement de mon père. Mes parents marchaient derrière moi en papotant, je gambadais en prenant pas mal d’avance. Jusqu’à tomber en arrêt, pile, interdite, devant un homme étendu de tout son long sur le trottoir. Il avait un pull de marin et son visage était couvert par du carton. Une vision surréaliste pour une petite fille qui n’avait jamais vu de SDF (Bruxelles était une ville où l’on n’en voyait pas à l’époque). Je me souviens de chaque détail, de ce pull, du carton partout. Et de ma totale incompréhension de ce monde dans lequel je vivais. Des millions de questions qui se sont enchaînées dans ma tête. J’ai traversé la rue, continué à marcher sur le trottoir d’en face et retraversé la rue un peu plus loin. Pour attendre calmement mes parents qui, eux, avaient continué sur le même trottoir, en toute logique.

J’ai dû assommer mes parents de questions par la suite. Ils y ont certainement répondu le mieux possible. Mais de tout cela, je ne me souviens pas. Je ne me souviens que du pull marin et du carton. Et de ma première rencontre avec la précarité.

  • Un défaut

Ha, ha, ha ! Dans le genre « je vais aller piocher dans une liste longue comme un jour sans pain », on se pose, là ! 

Ceci dit, oui, des défauts, j’en ai. Mais j’ai clairement au moins autant de qualités. Donc je dois avoir une longue liste de qualités aussi, si on y pense !

Bon, on va quand même piocher un défaut : la procrastination

Je passe ma vie à remettre au lendemain tout ce que je dois faire. Il me faut des engueulades, des coups, des menaces pour que je m’y mette (j’exagère à peine, sincèrement). Je prends alors une tête de martyr, j’ai mal au ventre, envie de m’enfuir et je pleure toutes les larmes de mon corps. Et puis je m’y mets.

C’est sympa comme programme, hein ! Dire qu’il y a des gens qui évitent le stress. Moi, je me le crée. Ca m’occupe.

  • Un film « bonne mine »

Alors, là… !

Aucun. J’ai des bouquins « bonne mine » et « madeleine de Proust » mais pas de film. J’avais pas la télé quand j’étais petite.

Ceci dit, il y a une réplique, une seule, dans le cinéma français qui me fait pleurer de rire à chaque fois. C’est limite pathologique et ça m’inquiète presque. Mais c’est plus fort que moi, je me marre chaque fois que je vois ladite scène. Et en plus, grâce à Hélène (si elle passe ici, elle se reconnaîtra), j’ai découvert que la scène en question est sur dailymotion. Je ne résiste donc pas à vous la mettre. Et je ne la regarderai pas, j’ai pas envie que le petit de l’Homme se demande pourquoi sa mère se bidonne avec un air de vache sous ecstasy.

Le Corniaud

(Trop tard, j’ai regardé… Y’a pas la suite mais je l’ai en tête « Qu’est-ce que je vais devenir, moi, maintenant ? » « Un piéton ». Haaaaa, j’vais pas m’en remettre !!!)

  • Ma meilleure amie

Purée, j’arrête pas d’en parler, de mes amies, sur ce blog. Et que des meilleures, hein. Mais bon, la « plus meilleure », elle s’appelle Laurence (j’en parle ici), je la connais depuis des décennies. On faisait faire l’amour à Ken et Barbie ensemble.

Petites, on s’est jurées qu’on serait chacune témoin au mariage de l’autre et marraine du premier enfant de l’autre. On a tenu parole 15 ans après. Elle était ma témoin. Et elle est la marraine du petit de l’Homme. Et sa dernière phrase en date est: « ok, tu as des merdes, mais on va les prendre une à une et on va les retourner pour en voir le positif. Allez, on commence ! »

Alors, elle est-y pas géniale, ma copine ?

Enfin, ce tag me permet de vous faire découvrir d’autres femmes en dehors des deux qui m’ont taguées, de femmes aux univers, aux styles si différents.

A tout seigneur, tout honneur, je tague Ganaëlle (passque c’est mon amie, pour ses délires, sa joie de vie, son enthousiasme mais aussi son sérieux, son opiniâtreté et sa fragilité) et Mélissa (pour sa finesse, sa sensibilité, son écoute et sa clairvoyance et… en souvenir de notre excellent voyage à Tallinn !!!).

Je tague aussi Madame Kevin pour son blog et ses réflexions qui font tellement écho aux miennes et Pause Chocolat pour sa manière de décrire les choses du quotidien en provoquant de solides fou-rire. 

Je tague enfin des blogueuses à découvrir ou re-découvrir car il y a de très chouettes nanas derrière: VanessaInWonderland, Laura qui fait du bruit et Melody-on-the-cake !

Des femmes à lire, à relire et… à aimer !

Des filles et des toilettes…

« Bon, écoute, j’ai des tas de trucs à te raconter, et j’aimerais bien que tu me fasses un p’tit topo de ta vie ces dernières semaines… donc, samedi, quand on sera au resto, ben on se donne rendez-vous aux toilettes pour en parler, ok ? »

Vendu !

Voilà la phrase que ma copine S. (la blonde dans le métro dont je parle ici) m’a sorti cette semaine alors qu’on se briefait toutes les deux à propos de nos vies un peu mouvementées sur le chat de Facebook.

Rendez-vous aux toilettes. Ben oui. Moi, ça m’a pas paru étrange du tout. Même plutôt complètement normal et banal. Une idée logique, quoi !

Et pourtant. Racontez cette anecdote à un mec et, soit il soupire longuement, soit il vous rit au nez. Ca lui viendrait pas à l’idée une seule seconde de donner rendez-vous à son meilleur pote aux chiottes pour lui raconter les derniers événements de sa vie (certains diront d’ailleurs que c’est raconter les derniers événements de sa vie ne qui ne lui viendrait pas à l’idée du tout… De fait, on est d’accord, mais ça, c’est un autre débat). Non. Que fait un homme aux toilettes ? Il pisse. Ou il défèque (c’est joli comme mot, à répéter 50 fois sans se tromper). Ou il fait les deux. Mais quoiqu’il en soit, il le fait de manière rapide, nette et sans ambages. Et il discute pas le bout de gras ce faisant.

Une fille, ça discute.

On remarque ça très vite, d’ailleurs. Déjà toutes petites, les filles vont en bande à la toilette. A deux minimum. « Pour se tenir la porte » (hé ouais, dans les toilettes des filles, les portes ferment mal, très mal, c’est une véritable malédiction qui ne s’abat que sur les chiottes de notre côté).
Adolescentes, c’est pareil.
D’ailleurs un jour au lycée alors que ma meilleur amie de l’époque me demandait « je vais à la toilette, tu viens ?  » et que je répondais l’habituel « oui, oui, j’arrive ! », deux copains ont surenchéri:

« J’vais pisser, tu viens me la tenir ? »

« Oui, t’inquiètes, je viens ! »

Je compris que notre attitude n’était pas vue comme quelque chose de normal par nos potes.
De fait, aux pissotières, il n’y a pas de porte à tenir, on peut donc en déduire que
1) ils parlaient pas de la porte
2) ils se foutaient de notre tête (constatation qui découle du point 1).

Et j’ai tout d’un coup découvert que hommes et femmes, on fonctionnait pas pareil aux toilettes. Illumination.
Et pour vous dire combien c’est profondément vrai, l’écrivain d’anticipation qu’est Isaac Asimov (‘scusez du peu) en parle dans un de ses bouquins (Les Cavernes d’acier). Là dedans, c’est une véritable institution, les femmes vont aux toilettes pour causer, les hommes y vont dans un profond silence. Alors si même lui le dit !

Autre exemple: une boîte de nuit connue à Bruxelles, le Mirano pour ne pas la citer, a depuis longtemps un vrai petit boudoir du côté des toilettes des filles. Des chaises, des miroirs, une salle où on cause, quoi ! Officiellement, c’est pour pouvoir se remaquiller. Officieusement, c’est pour pouvoir y débriefer la soirée en cours avec les copines (« m’enfin, tu vas quand même pas me dire que truc-muche sort avec machin-brol, c’est diiiiingue, ça ! »). Et c’est pas une question d’âge. C’est un endroit où toutes le filles/femmes se retrouvent. Qu’elles aient 16 ou 50 piges, qu’elles se maquillent ou pas, le combat est le même ! Et, même si je ne me suis jamais aventurée du côté des toilettes mecs de cette boîte, mes nombreux espions m’ont rapporté que non, il n’y avait pas d’endroit pour s’asseoir du côté des mecs (« Mais de quoi tu causes, Marie ? De chaises ? Mais non, y’a pas de chaises aux chiottes chez nous ! Pourquoi tu demandes ça ? Tu sais que t’es hallucinante parfois, avec tes questions ? M’enfin, pourquoi des chaises ? On y va pour pisser, pas pour taper la carte ! »)

Mais la question, intéressante, profonde, interpellante, qui se pose est et reste: mais POURQUOI cause-t-on chez les filles ?

Bonne question.
Tentons une ébauche de réponse.
Déjà, pour aller aux toilettes des filles, il faut faire la queue pendant 4 heures au moins. C’est long. Vachement long. Donc, autant occuper ce temps utilement soit en faisant une petite mise au point à propos de tous les mecs présents dans la salle: les potables, les pas-potables, les canons, les à-éviter-à-tout-prix, les méga bombes à bouffer du regard (parce que plus, c’est pas humain), etc. Soit en commentant ce qu’on a sous les yeux, c’est-à-dire en faisant des remarques sur ses congénères: « purée, y’en a qui sont pas faites pour les jupes, hein », « elle s’est fait refaire les seins, tu crois ? Nan, c’est pas naturel, ça, sérieux ! » ou encore « effectivement, le noir, ça amincit, mais ça fait pas des miracles non plus », etc. Bref, qu’importe ce qu’on dit, du moment qu’on s’occupe…
Et puis, comme on est parties dans nos discussions, ben, on est tentées de les continuer une fois dans les toilettes. Ce qui donne souvent:

Toilette 1: « Et tu penses rentrer avec lui ce soir ou pas ? »
Toilette 2: « Dis, je crois que j’aurais jamais dû mettre cette mini-jupe en taille 34, elle est trop grande ! »
Toilette 3: « Ben écoute, j’en sais rien, en général, je couche pas le premier soir »
Toilette 4: « Quelqu’un a du papier ???? J’en ai plus !!!!!’
Toilette 5: « Oui, ok, mais elle va hyper bien avec tes Louboutin, cette jupe ! »

Si vous avez plus ou moins suivi la discussion ci-avant, vous pouvez tenter de suivre une vraie discussion dans des toilettes pour femmes. Mais je ne vous garantis pas la réussite de la chose. Cela ne s’acquiert en général qu’après de nombreuses années de pratique. Et si vous êtes un homme, vous en manquez assurément.

Vous remarquerez aussi que les toilettes sont un endroit-clé pour recueillir des infos en tous genres. Par exemple, dans la discussion ci-dessus, vous apprenez que en général la fille de la toilette 3 ne couche pas le premier soir. Et vous allez gentiment la dévisager quand elle sort. Si ça tombe, c’est votre soeur/votre mère/votre meilleure amie… et votre mec vient peut-être de vous dire qu’il allait la reconduire car il trouve qu’elle a trop bu (c’est un homme serviable), il est donc intéressant d’avoir pu intercepter cette information capitale. C’est même carrément vital pour l’équilibre futur de votre couple.
C’est aussi un endroit-clé pour faire circuler des infos. Ma copine Valou m’a récemment raconté qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour lancer des rumeurs. Surtout des fausses. Le bisounours que je suis n’y avais jamais pensé. La prochaine fois que je sors au Mirano, je ferai savoir à toutes les toilettes des environs que je me tape George Clooney, avec un peu de chance, ça risque de marcher (à moi la couverture glamour du Ciné-télé-revue et du Gala). Et au pire, on se dira que j’aime le café.

Bref, je crois que tout le monde aura compris, les discussions aux toilettes sont fondamentales pour les femmes. Ce comportement est profondément inscrit en elles dès la naissance. Il est fondateur, éducateur, réparateur.
Pas moyen d’y échapper.

Donc, messieurs, la prochaine fois que vous voyez deux femmes discuter dans des chiottes, laissez-les tranquilles, elles refont le monde, le font avancer, le font évoluer. C’est du bien de l’Humanité dont il est question.

Et, au passage, je remercie les deux hommes qui ont déguerpi plus vite que leur ombre des toilettes quand ma copine et moi nous discutions samedi. Ils ont compris.
Merci les gars d’avoir capté que, là, à ce moment précis, dans cet endroit précis, vous n’aviez absolument aucune légitimité…
On ne vous en appréciera que plus dans tous les autres endroits de la Terre !