On peut aussi être fou amoureux quand on a 6 ans !

« Et, tu as droit à un cadeau pour la Saint-Valentin, tu te souviens ? »

L’Homme ne lâche pas l’affaire. Il adore faire des cadeaux (c’est un euphémisme) et dès qu’il y a moyen de trouver une excuse pour en faire un, il saute à pieds joints sur l’occasion. BAM. Et notez que ça lui arrive même de s’inventer une date si une occasion se trouvait un peu trop éloignée de la précédente (« Quoi, la Sainte Marie, c’est ta fête, non ? Hop, t’as droit à un cadeau ! »). Il a ce côté chapelier fou qui adorerait passer chaque jour à fêter un non-anniversaire… à partir du moment où il peut offrir un cadeau, of course…

La Saint-Valentin, nous ne l’avons pas fêtée. Un copain était avec nous, le petit de l’Homme aussi, et tout cela s’est terminé dans un excellent resto pas romantique pour un sous. Mais bon. Très bon. Et bien arrosé. Une excellente soirée en somme.

Poutant l’Homme tient à son cadeau. J’y ai droit, j’ai un « bon à valoir », et de préférence, ça doit être un truc un peu romantique ou glamour pour moi (bon, donc, je peux déjà barrer « bon pour un iPad dès qu’il sort » ou « magic mouse » de ma liste de cadeaux potentiels, c’est pas franchement siglé romantique. Mais je vais demander quoi, moi ???!!!).

Il y a quelques jours, en me baladant avec le petit de l’Homme, je suis tombée devant un joli bracelet dans la vitrine d’Agatha. En argent plein, original et simple. Chuis pas branchée bijoux, mais j’aime porter des bracelets. Et celui-là m’a l’air bien sympa. Et il ferait un cadeau de Saint Valentin très acceptable.

Donc ce soir, à l’heure de la sortie du bureau pour l’Homme, ce dernier vient nous chercher au Palais de la Découverte où j’avais embraqué un petit de l’Homme complètement surexcité. Point de direction: l’Apple Store du Carrousel du Louvre. Pour le plaisir, hein. Bien sûr.

Arrivés sur place, on tombe devant un magasin Agatha. Haahaaaaaaaaaa ! Nan, je vous vois venir, j’avais rien prémédité du tout. Enfin si, pour l’Apple Store, je plaide coupable. Mais pas pour le Agatha. L’Homme non plus. Mais quand on additionne « homme qui cherche un cadeau romantico-saint-valentinesque » et « vitrine d’Agatha », on peut comprendre le rouage qui l’a mené à me dire:

« Tu veux qu’on regarde un peu, là ? »

« Oh oui, tiens »

(non, je le répète, j’avais rien prémédité)

« Y’a un truc qui t’intéresse ? » (lueur d’espoir dans ses yeux)

« J’ai vu un bracelet lundi, oui, on peut rentrer si tu veux »

« … » (il est DEJA rentré)

Je cherche donc dans toutes les vitrines ZE bracelet de mes rêves. Par contre, l’Homme a lui renoncé à me suivre. Il se perd dans une grande discussion avec le petit de l’Homme:

Le petit: « Moi aussi, je veux un cadeau de Saint-Valentin pour M. ! (ndlr son amoureuse depuis ses trois ans) »

Son père: « Ha ? Et tu veux lui prendre quoi ? »

« Une Tour Eiffel ! »

Regard effaré de l’Homme qui se trouve avec une femme qui veut un iPad comme cadeau romantique et un gamin qui compte offrir une Tour Eiffel à sa chère et tendre. Fait pas bon être romantique de nos jours, hein !

Il faut que je vous avoue que ça fait 4 jours que le petit de l’Homme me répète à l’envi qu’il veut offrir une Tour Eiffel à M. Qu’il l’aime, qu’elle lui manque et qu’elle doit recevoir un cadeau de Saint-Valentin (pour cela, il tient de son père, hé). Et que la Tour Eiffel, c’est trop coooooool, comme cadeau ! J’ai du mal à trouver cela cool, pourtant chuis pas une intégriste du cadeau, moi. Mais bon, soit, je lui avais promis qu’on regarderait… (vaguement)

Et là, c’est l’Homme qui a du mal. Car, dans une des vitrines du Agatha, le petit de l’Homme a repéré les pendentifs « Tour Eiffel ». Et il ne lâche pas l’affaire.

J’ai du mal à les faire revenir au centre du sujet qui nous amène: mon bracelet. Qui, d’ailleurs, une fois essayé, ne me va pas. La vache. 

Mais en fait et en toute honnêteté, mon bracelet, on s’en fiche. Le petit de l’Homme est en plein dilemme cornélien et l’heure est extrêmement grave. Il hésite à présent entre le pendentif Tour Eiffel et le pendentif Coeur. 

« Il est trop beau, le coeur, elle va bien l’aimer… »

Et, là, c’est mon coeur à moi qui va éclater. « Il est trop beau, le coeur »… « Elle va bien l’aimer »… Peut-on penser comme ça d’une autre petite fille de 6 ans ? Peut-on aimer de tout son coeur, de toute son âme ? Et se dire qu’il FAUT ce petit coeur en pendentif ? Que cela représente tout ce que son propre petit coeur pourrait dire ?

L’Homme intervient… « On le prend, le coeur, si tu veux… »

« Oh OUI ! »

La vendeuse s’étouffe presque. On était rentrés pour un bracelet pour la mère, on ressort avec un coeur pour l’amoureuse du gamin. Jusque là, tout va bien !

Elle sort le petit coeur de son tiroir…

« Il est à ton goût ? »

« Oh oui, oui, elle va vraiment bien l’aimer ! Il est joli ! Oh oui, c’est un chouette cadeau ! Regardez, il brille ! »

« Si tu veux, je l’emballe dans une petit boîte avec un petit noeud »

« Oh oui, oui, s’il vous plaît, faites cela ! »

Il observe mi-émerveillé, mi-méfiant. Ce coeur, il y tient maintenant !

Il arrache presque la petite boîte des mains de la vendeuse. 

« Attends ! Je vais la mettre dans un petit sac avec un autre noeud, comme ça tu pourras le porter ! Et je mets aussi la garantie dans le sac et un bon d’échange si cela ne lui convient pas ».

Le petit de l’Homme se concentre, il répète « garantie, bon d’échange » pour se souvenir et pouvoir le répéter à son amoureuse en temps voulu. Il veut lui donner toutes les infos de manière impeccable.

Après avoir payé (et convenu que le petit de l’Homme rembourserait son père du montant du cadeau avec l’argent de sa tirelire), nous sommes sortis avec, dans notre sillage, le plus fier, le plus heureux, le plus amoureux de tous les petits de l’Homme de la planète. 

Il n’a pas lâché une seule seconde son petit sac Agatha. Même pour tester tous les iPods, iPhones et iMacs de l’Apple Store. Et c’est tout dire !

« Avec cela, t’as pas de cadeau de St Valentin, toi », me reproche l’Homme.

Non, mais, en même temps, je suis l’heureuse mère du plus lumineux des petits Valentins.

Et, soyons franche, ça, oui ça, même un iPad incrusté d’or ne le vaudra JAMAIS.

Et si on procréait, toi et moi ?

Cette chanson est un grand moment de mon adolescence : je devais avoir 12 ans, mon frère, 8, et nous la chantions à tue-tête continuellement. Le but du jeu était de la chanter le plus vite possible en ne se plantant pas une seule fois dans les paroles. Je vous mets au défi de faire pareil, c’est un vrai tour de force et faut bien avouer qu’en toute modestie, on maîtrisait l’affaire (au grand dam de mon père qui n’était pas un fan forcéné de Jean-Jacques Goldman. C’est rude, la paternité, des fois).

Je ne l’avais plus écoutée depuis des années, puis je me la suis remise dans les oreilles en écrivant certaines parties d’Etats d’âme. C’était pile en phase avec mon sujet, forcément. Et j’ai été étonnée (l’Homme aussi, à ses oreilles défendantes : les hommes de ma vie ne sont décidément par très réceptifs à la prose de JJG) de voir combien je connaissais encore toutes les paroles par coeur. Et que je savais les chanter très vite.

Sauf que, là, elles sonnaient différemment.

Chanter cette chanson à 12 ans tenait juste du concours. La chanter à passé 30 ans devenait réaliste.

Mais justement, réaliste en quoi ?

« Fais des bébés ». Wé. Ben c’est normal, on vient sur Terre pour ça, en gros.

Ben ça, c’est pas toujours évident…

Il y a pile un an, le magazine Philosophie titrait « Pourquoi faisons-nous des enfants ?« . Attirée par ce titre inattendu et peu glamour (on préfère tous parler plus de sexe que de procréation, non ?), j’ai acheté le magazine (au passage, on applaudit et on remarque que dans cet article-ci, je ne vous parlerai pas du Psychologie, intention louable s’il en est). Ils y mettaient les résultats d’un sondage: Pourquoi faisons-nous des enfants.

Les résultats les étonnent. De fait, comme ils le disent eux-même, il y a 50 ans, on ne faisait pas des enfants, on en avait. La question ne se posait donc pas. Aujourd’hui, avec l’avènement de la pilule, et de nombreux autres moyens de contraceptions, c’est clairement devenu un choix. Et qui dit choix, dit réflexion. Et qui dit réflexion, dit arguments « pour » et arguments « contre ». Et ça se complique.

 

Dans ma petite tête, l’argument le plus « pour » possible est notre animalité. De fait, contre cela, on ne peut lutter, même si transcender cette animalité est le propre de l’être humain. J’ai d’ailleurs eu un échange très intéressant à ce sujet avec un monsieur dont les arguments et analyses sont, certes, peu romantiques mais très éclairants. De fait, l’animalité guide encore énormément nos pas en ce qui concerne le choix de nos partenaires sexuels et, donc, potentiels « reproducteurs ».

Et c’est ce qu’a corroboré un jour, un de mes collaborateur-copain (on va l’appeler comme ça, je sais jamais dans quelle catégorie le classer, c’est pénible, les petites boîtes !) en m’accueillant pour un lunch boulot avec un joyeux:

« Ha ben oui, les hommes sont et restent des animaux, ils flashent sur les filles avec lesquels ils pourraient se reproduire, en fait ! »

Etant une fille avec une éducation un brin traditionnelle (entendez par là que quand je rencontre un collaborateur boulot, je l’accueille plus volontiers avec un « Bonjour, comment ça va, toi ? » qu’un « Hé salut, tu sais que si tu flashes sur moi, c’est parce que je suis fort probablement celle qui te permettra de procréer ? »), j’ai été un chouïa mal à l’aise mais… avec le temps et la réflexion, il faut bien avouer qu’il n’a pas tort du tout.

Mais j’imagine que ce gentil garçon (déjà papa, par ailleurs) a réfléchi plus loin et autrement son envie de descendance qu’en se disant justement « je flashe, je procrée ». 

Et de là, ma question: Pour quelle(s) raison(s) un homme désire-t-il et fait-il un enfant ?

Qui plus est, lors de nos échanges avec Cousin Baudouin concernant le projet BS (plus d’info et ), on s’est aussi clairement posé la question (et je précise tout de suite, non, Cousin Baudouin et moi n’avons pas l’intention de procréer ensemble, on se pose cette question pour l’amour de l’art, tout simplement).

Résultat, j’ai mis la question sur mon profil Facebook et sur Twitter.

Et j’ai pu recueillir nombre de réponses d’hommes bien intéressés par le sujet (je les en remercie encore, d’ailleurs). Ce qui m’a étonnée, mon postulat de départ étant que le désir d’enfant est fondamentalement féminin et que l’homme fait un enfant à la femme pour lui faire plaisir à elle, d’abord. Ben nan, circulez, j’ai tout faux. Et ouf, en fait.

La femme aujourd’hui a le choix de faire des enfants… ou pas. Et, du coup, l’homme aussi a ce choix. Enfin, je veux dire qu’il doit lui aussi se positionner par rapport à ce désir ou ce non-désir (car du non-désir, ça existe, certains le revendiquent d’ailleurs et je trouve cela intéressant: « Le refus d’enfanter est l’avenir de l’homme« ) . Et cela lui donnera les arguments pour convaincre sa compagne, puisqu’elle peut ne pas en avoir envie du tout, elle aussi. 

J’ai été touchée par les réponses que les hommes m’ont données. Et dans ces réponses, certains évoquaient leur besoin de descendance, de perpétuer les gènes (et donc parlaient de leur animalité et je trouve cela sain et honnête) mais pas seulement. Ils abordaient les échanges, les caresses, les regards, les fou-rire,…

J’ai juste envie de poser là certaines de leurs phrases (sans nom, mais ils se reconnaîtront):

« Pour connaître le bonheur de voir une petite chose, sourire, se sentir en sécurité sur le ventre de son père! »

« Pour une raison très égoïste: refuser l’idée de vieillir sans enfants et petits-enfants qui tournent autour de moi… »

« Pour avoir un prétexte de rester un enfant , ou pour voir grandir les traits d’une personne qu’on aime déjà … »

« Parce qu’au fond de nous on adore pouponner et que c’est vachement plus interactif que tous les gadgets du monde! »

« Pour assurer une forme d’immortalité »

« Pour laisser une trace de son ADN sur cette planète »

« Pour perpétuer les gênes, comme les animaux… de la meme manière que les femmes choisissent les hommes les plus forts (selon plusieurs critères) pour, ensemble, former un environnement où les petits pourront se développer et perpetuer les gênes à leur tour… »

« Il suffit d’entendre un rire d’enfant (et mieux, en être la cause ) pour être converti »

« L’envie d’un projet de couple, de construire qqchose sur le long terme, de rechercher la continuité »

« Pour le plaisir de créer un truc à deux, pour pouvoir jouer avec plein de trucs débiles avec une bonne excuse »

Et je remercie aussi ceux qui ont donné leurs arguments pour ne PAS en avoir. Parmi les réponses que j’ai reçues (d’un échantillon tout-à-fait NON représentatif, hein, on était sur Twitter et Facebook, pas dans un institut de sondage !), ils étaient les moins nombreux mais certainement pas les moins réfléchis, ni les moins concernés (et j’en déduis un peu que ne pas faire un enfant est vraiment un choix auquel qu’on réfléchit sérieusement, non ?). Il y a donc des hommes qui flashent sur des femmes mais qui ne leur demanderont pas forcément de procréer. C’est une nouvelle que j’estime agréable ! Hé, hé.

Et je remarque aussi que l’Homme n’est pas un extra-terrestre parmi ses semblables. Le petit de l’Homme, il l’a désiré et rêvé. Même en animal. Il est passé du lion au papa-poule. Et c’est extra…

6 ans, pile 6 ans

6 !

Ce matin, le monstre s’est réveillé au son d’une chorale de nounours bien installés autour de lui et lui souhaitant un très joyeux anniversaire, ils se sont ensuite jetés sur lui pour lui faire des câlins à tour de rôle. Les yeux du petit de l’Homme brillaient de plaisir. Je me suis dit qu’il fallait fixer ce regard de tout petit au plus profond de ma mémoire parce que le voir s’émerveiller devant ses nounours qui parlent et chantent par mon entremise ne durera plus très longtemps…

6 ans, pile 6 ans.

Le petit de l’Homme n’est plus un bébé. Au contraire, il affirme ses goûts, ses choix, ses opinions. Il exprime ses mécontentements, ses ras-le-bol, ses trop-plein. Il ne nous ménage pas, parfois et nous ménage trop, souvent. Un enfant de 6 ans, un vrai, qui revendique sa place d’enfant, avec tous les paradoxes que cela sous-entend car un enfant… ça grandit.

  • Porte un vrai culte à Depeche Mode (merci à son père): « Je ne comprends pas pourquoi vous dites que je ne peux pas aller au concert de Depeche Mode, que c’est pas pour les enfants, ils savent qu’il y a des enfants qui aiment leurs chansons ? » (faudra penser à le dire à Dave, là), « J’irai à l’école des fans quand ce sera Depeche Mode ! » (ce n’est donc pas demain qu’on nous verra, l’Homme et moi, dans le public de cette émission phare, ouf), « Caaaaaan you feel, a little luuuuuuv, dream on, dream oooooon ! C’est beau cette chanson, non ? » (en hurlant de préférence)…
  • N’est pas un très grand fan de l’institution qu’est l’Ecole: « Dis, ça va pas, là. Mais ça va pas du tout. Ca fait UNE semaine que je suis rentré. Et ça fait UNE semaine qu’on n’a pas joué à l’école ! Mais c’est nul, la première ! » (avec la moue du gars à qui on a fait une très mauvaise blague), « Tu sais ce qu’il y a de bien dans les classes vertes ? Non ? C’est qu’il n’y a PAS DE DEVOIR » (il irait donc bien en classes vertes toute l’année et l’assume), « Pourquoi il y a deux pages d’écriture ? Mais une ça suffit ! » (on est d’accord mais la maîtresse en a mis deux, voilà), « Les math, c’est trooooop facile, je sais les faire, pas besoin de faire le devoir, là » (bien essayé, jeune homme, mais ça marche pas)
  • Est fan des nouvelles technologies: « j’ai pris ton iPhone pour téléphoner à papa car je ne trouvais pas le papier pour l’imprimante et je veux imprimer mon dessin de Oui-Oui » (véridique, son père ne s’en remet toujours pas), « tu me donnes ton code iTunes ? Alleeeeez, je veux télécharger un jeu ! » (et le code de ma carte de banque, tu le veux aussi ?), « Je prends ma DSi, hein, on va jouer en réseau avec Emma ! Un câble ? Pourquoi un câble ? M’enfin, on a le bluetooth ! Et puis c’est quoi, un câble ? » (laisse tomber, ta mère est un dinosaure), « C’est trop nul, on n’a pas de Blu Ray » (hein ??!!), « Tu sais jouer à ce jeux sur la DS ? Tu veux que je te montre ? Je vais mettre le niveau facile, hein, c’est mieux pour toi » (plusieurs adultes se sont entendus dire ça, en public, ça fait toujours plaisir), « Trop cool, je veux le Super Mario Bros pour la Wii, c’est vraiment un jeu TROP génial ! » (pourtant il n’a pas croisé de Wii addict ces derniers temps et ne lit pas le blog de Flo, ou alors il me cache des trucs)
  • N’entend pas déménager à Paris (où son père travaille) mais il aime l’endroit: « c’est trop bien Paris, c’est plus joli que Bruxelles, y’a plein de manèges et un funiculaire » (forcément, quand on est à Paris, faut que je l’occupe et le funiculaire de Montmartre est un must), « Oui, je sais, oui, tu venais ici quand tu étais petite, tu me l’as dit 10 millions de 10 millions de fois » (ndlr mon père vivait à Paris quand j’étais petite, j’y ai plein de souvenirs mais, visiblement, je deviens gâteuse, je les lui raconte en boucle), « Ben c’est simple, pour aller là, on prend ce métro-là, hein, tu me suis ? » (j’en suis restée bouche-bée, il avait raison), « Non, je ne veux pas aller à l’école à Paris. Tu sais pourquoi ? Parce que je devrais quitter mon amoureuse. Et ça fait 3 ans que c’est mon amoureuse, ça fait vachement du temps. Alors je peux pas partir comme ça, on serait trop tristes ! » (il pense d’abord à son amoureuse avant ses copains, je fonds…)
  • A des goûts esthétiques très affirmés: « C’est moche chez nous. Vraiment, il faudrait tout changer. Mais ça va, hein, sois pas triste, c’est encore plus moche chez Tante C » (me voilà complètement rassurée), « Dis, à quoi il sert le bouton sur ta casquette ? A rien ??!! Ha. Parce que c’est rigolo, oui, mais c’est pas beau » (asséné ce matin même, merci mon chéri) « On peut pas dire que c’est moche  et nul ? Ha, je dois dire que je n’aime pas, c’est plus poli ? Ben j’aime pas, alors » (au moins j’en ferai un mec diplomate)

Et le reste à l’avenant, ça cause, un petit garçon de 6 ans…

Ce matin, comme tous les matins, j’ai été le conduire à l’école. En revenant, je me dirige vers la cuisine pour me faire un café avant de m’installer pour écrire. Et, là, sur le mur peint à la peinture spéciale tableau, je lis…

11/12/2009

Ecriture maladroite d’un petit garçon de 6 ans, venu mettre sur son espace à lui la date du jour J pendant que je me maquillais. « Tu as accouché il y a combien de temps ? » « Ben il y a 6 ans, mon chéri » « Nan, déjà ! »… Oui, déjà, tu le dis toi-même, mon amour…

Il y a deux jours, arrivés à l’école, je l’ai vu me faire un bisou vite fait et courir derrière un copain pour rentrer avec lui en classe. Les mains dans les poches, le cartable sur le dos, il discutait avec passion. Me laissant moi derrière la grille.

Il grandit trop vite…

Il rentre dans le couloir, je m’apprête à partir et, là, je vois une petit silhouette qui ressort, porte la main à sa bouche et… m’envoie un énorme bisou avant de s’engouffrer à nouveau dans l’école.

« Tu sais, maman, à 6 ans, on est encore un tout petit peu petit quand même »

Je sais et… Heureusement, mon amour, heureusement…

 

iPhone addictBatman sur la plageCourse aux galetsPapa et Paris

Ne t’inquiète pas, je serai là…

– « Tu sais, pour bien marcher, il faut regarder par terre et éviter les grosses pierres »

– « Et si je regarde mal et que je ne parviens pas à éviter une pierre ? »

Il me regarde en serrant fort ma main dans sa petite main à lui et ses yeux gris virent au bleu-sérieux…

– « Ne t’inquiète pas, je serai là pour te rattraper… »

 

Il est des jours où le coeur déborde, où l’on se dit que des pierres, le sol de la vie, putain, en est jonché de très, trop, nombreuses, mais qu’on est adultes, qu’on va assurer, hein…

Et en fait, c’est lui qui assure.

Merci mon amour…

You got the love

Le 23 septembre 1994, j’écrivais cette seule phrase dans mon journal intime:

« Aujourd’hui, je suis plus triste qu’orpheline »

Mon papa venait de décéder.

Un papa qui brûlait la vie par les deux bouts, qui vivait la nuit, qui avait un parcourt tellement différent des autres papas normaux que je m’étais habituée à être extrêmement évasive sur sa vie, sa manière d’être, ses choix…

Comme l’explique si bien Melissa dans son dernier et très bel article, notre père est le premier homme de notre vie. Celui qui façonne notre vision des hommes, celui qui façonne aussi la femme que l’on sera, l’amoureuse que l’on deviendra.

Hé bé, le mien m’a pas ratée.

Ma vision des hommes est un peu chaotique, ma vision de l’amour l’est plus encore.

Et ne parlons pas de ma manière de faire confiance au sexe opposé. C’est pas grandiose.

Non que je sois jalouse, même pas (et l’Homme me l’a déjà reproché, ce manque de jalousie, c’est pas mal de voir parfois votre tendre moitié vous prouver qu’il/elle tient à vous en piquant une petite crise, histoire de marquer le coup), j’y arrive pas, mais juste que j’ai pas confiance fondamentalement en l’honnêteté du sexe dit fort (quelle jolie expression à la con, tiens !).

Monsieur vous dit qu’il vous aime ? Allons bon, ricanez un coup, il le dira à une autre demain. Il vous dit qu’il veut s’engager ? Marrez-vous, il a certainement peur d’être seul. Il vous trouve extraordinaire et murmure que vous êtes la seule, l’unique ? Pouffez et dites-vous qu’il y a des milliards d’autres uniques potentielles pour lui sur cette terre.

Argh. Je sais, chuis pas drôle.

Justement, c’est fort triste d’être pas drôle comme ça.

Et je me dis que je détesterais que le petit de l’Homme pense la même chose une fois devenu grand. Ca, ça me tuerait. Et puis, il aurait pas le droit. Car lui, la première femme de sa vie, elle l’aime énormément. Et il ne pourra que croire en toutes les femmes qu’il croisera, ça, j’vous jure !

Qui plus est, il me réconcilie avec l’amour chaque jour. Et là, ça devient plus drôle, plus léger…

Je me souviens d’une discussion sur twitter autour des arguments pour ne pas avoir d’enfant. Chacun son choix, et je conçois à merveille qu’on choisisse de ne pas en faire (ben oui, oui, franchement, oui, c’est pas parce que j’en ai un et que ça me comble de bonheur que ça doit combler le reste de la planète, hein).

Mais voilà, mon seul et unique argument pro-maternité est un regard. Un seul regard qui me fait comprendre l’amour à l’état pur, à l’état brut. Et ce regard, il appartient à mon fils. Personne d’autre ne m’a jamais regardée de cette manière, jamais. Ca donne le vertige et ça fait même suffoquer, parfois. A en perdre pied tellement c’est absolu, intègre, puissant.

Et je ne veux pas que ce regard perde cette intensité trop tôt. Il la perdra, oh oui, je ne me fais pas d’illusion, mais j’aimerais tant que ce soit le plus tard possible…

Dans une chanson des années 90 (une chanson à texte comme on n’en fait plus, c’est ma minute « culture de boîte de nuit », digne des 3 minutes kitsch de Fred, savourez), la chanteuse disait « you got the love I need to see me through » (du texte, du vrai, je vous avais prévenus, hein).

On a tous (et toutes) besoin de se voir au travers de l’amour de l’autre, c’est vital. C’est cela qui fait avancer l’humain, qui fait s’épanouir l’enfant. Le regard encore et toujours.

J’ai dû regarder mon père comme cela un jour. C’est juste dommage que je ne m’en souvienne plus. Il m’a peut-être même regardée en ayant lui aussi cette sensation que personne d’autre ne le regarderait jamais de cette façon. Je ne le saurai jamais.

Je garde de lui des yeux bleus, des doigts de pianiste, un nom imprononçable et un caractère fantasque au possible (bon sang ne saurait mentir). Et cette envie rageuse de regarder un homme avec un regard absolu.

Merci papa…

Et 15 ans après, malheureusement, je suis encore et toujours plus triste qu’orpheline…

De l’Air et de l’Espace

Ariane 5Il n’a vraiment pas de bol, le petit de l’Homme…

Non seulement, il a des parents qui aiment les musées (surtout quand il fait plus de 30° sur Paris et que tout autre endroit est absolument invivable) mais, en plus, ses parents choisissent les musées en fonction de ses intérêts. Non, je vous dis, cet enfant n’a vraiment pas de chance.

Bref, il fut embarqué, à son corps défendant, au Musée de l’air et de l’espace, au Bourget.

 

Alors que je m’attendais à ce qu’il soit emballé par les étoiles, les fusées (y’a quand même une fusée Ariane 5 en exposition, là, on n’en voit pas tous les jours !) et les planètes (le Planétarium est sympathique et les planètes et le ciel sont quand même une des grandes interrogations du petit de l’Homme), j’en ai été pour mes frais. Rien à fiche des astronautes. Oui, oui, ils ont marché sur la Lune (ben quoi, il marche bien sur la Terre, lui, il n’en fait pas tout un plat), oui, oui, c’est génial, les satellites qu’on envoie dans le ciel…

Seul éclair d’intérêt dans les yeux du petit de l’Homme: Laïka. Un chien dans l’espace, c’est pas commun. Mais comme il est mort, le chien, parions qu’il n’enverra pas son lapin adoré (qui porte le doux nom de Saturnin) faire un tour du côté de la Lune, hein. Trop dangereux. 

Non, ce qui a remporté tous les suffrages, c’est d’abord le Boeing 747-400. Vous imaginez un avion qui peut porter des voitures ???!!! Scotché qu’il était, le monstre, devant la Twingo dans la cale du Boeing !

Ensuite, le top du top, ce sont quand même les hélicoptères. Il a fait la salle sans courir, en regardant bien tout, partout, sous toutes les coutures. Des hélicoptères comme s’il en pleuvait. De toutes sortes. Rage, néanmoins, de ne pas pouvoir monter dedans, prendre les commandes. A 5 ans et demi, il est des choses pour lesquelles on est encore trop petit.

Ceci dit, c’est sans compter sur la promesse de l’Homme (qui, lui, a été plus que passionné par la visite de ce musée, allez-y pour le fils, emballez le père, hop, hop !) à son rejeton:

« Je te promets que tu vas monter dans un hélicoptère bientôt »

Reste plus qu’à trouver quand et comment mais, je le sens, ce jour-là, les oiseaux vont devoir dégager le ciel, car il n’y en aura que pour un petit prince aux cheveux blonds à qui il faut de l’air et de l’espace…

 

ConcordePS: autre moment émouvant: le petit de l’Homme se baladant dans le Concorde en exposition au musée. Il ne le connaîtra jamais puisque cet avion effectua son dernier vol quelques mois avant la naissance de ce dernier… qui en est pourtant tombé amoureux au premier regard… !

Le petit de l’Homme est bouddhiste

A 5 ans et demi, le petit de l’Homme commence à avoir des questions métaphysiques. Et ça l’embête vachement.

La question de la mort revient souvent (paraît que c’est de son âge, alléluia, dans quelques années, ce sera le sexe, profitons-en donc maintenant !). Petit extrait choisi:

-Dis, papa, qu’est-ce qu’il se passe après qu’on est mort ?

L’Homme, soucieux d’inculquer une vue complète et pluraliste de la chose à son fils, se lance dans une explication lui retraçant un panel qui se veut exhaustif de la manière de voir la mort selon diverses religions et philosophies:

– Donc, tu vois, il y a même des gens qui pensent, que, une fois qu’on est mort, on se réincarne en autre chose. On devient une autre personne, par exemple.

– Ha ? Qui c’est qui pense ça ?

– Les Bouddhistes.

Le petit de l’Homme regarde le bout de ses chaussures:

– Ben, moi, chuis bouddhiste, en fait.

– …

L’Homme essaye de ne pas s’étouffer…

– Oui, je trouve ça bien de se réca… récarin… enfin de devenir une autre personne après la mort, quoi.

– Ha ben oui, ça peut être bien, oui…

Et là, le petit de l’Homme s’écrie dans un élan rageur:

– Oh oui, c’est vrai, si je pouvais recommencer ma vie depuis le début, y’a plein de trucs que je ferais plus du tout pareil, moi !!!

5 ans et demi, hein. J’ai hâte que cet enfant ait 15 ans, vous pouvez pas savoir !

Bulles de bonheur, bulles de champagne

En vrac, en vrai, en plein…

– le petit de l’Homme blotti dans les bras de son père et écarquillant les yeux devant la projection racontant l’histoire de la Cathédrale de Reims (dans laquelle, il avait déjà entendu le petit Jésus, pour mémoire… Le pauvre a des parents qui aiment la -et le- Champagne)…

– le petit de l’Homme se retournant dans les Grottes de Han vers ses amies Thémis et Alice pendant le spectacle « Princesse Talia » et leur hurlant « Alice, Thémis, venez voir, c’est trop beau ! » et les filles le suivant, un sourire magique aux lèvres (merci à Fred Gibilaro, pour l’invitation…)

– le petit de l’Homme exhalté, déclarant à son père, après la visite de plusieurs caves de Champagne à Epernay : « je veux travailler dans le vin, c’est trop génial ! ». 5 ans et demi, déjà hors des sentiers battus (mais son grand-père vivait et est enterré dans le Bordelais, donc bon sang ne saurait mentir…)…

– le petit de l’Homme et l’Homme jouant au billard dans un joli hôtel perdu quelque part dans le champenois… (avec le petit de l’Homme s’entêtant à appeler la queue de billard un « bâton » au grand dam de son père qui essaye de faire son éducation…)

– le petit de l’Homme qui hurle en courant dans les jardins du même hôtel en hurlant « je suis LIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIBRE ! » (hé oui…)

– l’Homme et moi entrant dans le restaurant et nous entendant dire par le serveur « votre table a déjà été choisie par le jeune homme, là » (nous montrant le petit de l’Homme qui était arrivé quelques secondes avant nous et qui avait déjà discuté le coup…)

– le petit de l’Homme déclarant au serveur d’un beau restaurant « je regarde Tintin à la télé quand papa et maman sont dans le lit » (que les parents qui n’ont encore jamais connu de grand moment de solitude de ce genre lèvent le doigt…)

– un apéro au champagne bu au bord d’une piscine dans la douceur d’une soirée chaude…

– un petit déjeuner magique au même endroit… (suivi d’un plongeon et d’une bataille d’eau éclatante de rires ! )

– un bain moussant en amoureux dans une belle salle de bain en faisant des tests sur la mythologie grecque et en pouffant à chaque mot (la faute au champagne, sûrement…)

-…

Bulles, bulles, bulles…

Et dire que l’été n’est pas encore terminé !!!!!

(to be continued)

Les larmes du petit de l’Homme

Le petit de l’Homme (5 ans « presque et demi ») se réveille entre l’Homme et moi un matin en se frottant les yeux avec insistance.

« J’ai fait un cauchemar, cette nuit »

« Oh ? »

« Oui, je me souviens plus de quoi mais je pleurais. Très fort. »

« C’etait juste un vilain rêve, mon amour, c’est fini… »

« Oui, mais attends je termine d’ôter mes larmes de la nuit… »