Nous sommes les suivants sur la liste

C’est la réflexion qui m’est venue à l’esprit en apprenant la mort de Jean-Pierre Marielle, il y a quelques jours.
Non que j’étais une grande fan (j’ai grandi sans télé, je n’ai vu que très peu de ses films), mais il faisait partie de cette génération « adulte », ceux qui servaient de repères quand j’étais enfant et ado. Et cela le rendait, à l’instar de bien d’autres décédés ces dernières années également, immortel.

Et en fait, ni lui, ni les autres ne l’étaient, immortels.

Je suis très bien placée pour savoir que tout peut s’arrêter demain (vivre vieux et en bonne santé n’est pas toujours une activité populaire dans ma famille) et que nous ne sommes en rien immortels (quel que soit notre âge d’ailleurs), voir la génération au dessus de la mienne partir petit à petit a quelque chose de différent. Pas d’accident tragique, pas de sale surprise, mais une longue marche vers une fin inéluctable. Lire la suite

Tes 15 ans à l’aube d’un monde nouveau

« Dis, on a causé politique avec des copains à l’école, je peux te poser 2-3 questions ? »

C’est marrant, quand tu es né, j’ai flippé (ma race, hein, pour être franche) en me demandant comment j’allais affronter ton adolescence. J’avais déjà du mal à gérer tes premières semaines et je me disais que ce n’était qu’une petite mise en bouche : ça allait être clairement l’enfer quand tu aurais 15 ans.
Et j’avais une vision de l’enfer bien précise : me retrouver face à une sorte d’être humain complètement révolté, ingérable, hors limite et sous hormones. Un truc cool, quoi. Je pense que j’étais d’ailleurs intimement persuadée que JK Rowling, quand elle a écrit Harry Potter, avait un ado de 15 piges en tête en inventant Voldemort. Idem pour Saroumane dans le Seigneur des Anneaux, le gars, je suis encore certaine aujourd’hui qu’il est un ado qui n’a pas vieilli. OB-LI-GE.

Bref, je m’étais préparée à tout. A tout, sauf à toi. Lire la suite

45 ans, des mots et des sensations

Bon, installez-vous bien.
Prenez un verre de vin (quelle que soit l’heure, si, si, j’insiste).

Celles et ceux qui connaissent les livres « Le sel de la vie » et « Au gré des jours » de Françoise Héritier, vous allez vite comprendre le format de ce texte-bilan de cette année.
Pour ceux qui ne connaissent pas, vous avez raté quelque chose. Foncez les acheter (mais après avoir lu ce texte, évidemment !), vous ne le regretterez pas.

45 ans…
Et juste cette dernière année…

S’étirer dans des draps blancs immaculés qui sentent bon, savoir qu’on ne doit pas les quitter et s’y enfoncer au plus profond avec des frissons de joie. Regarder les bourgeons de l’arbre d’en face éclore en se réchauffant les mains à sa tasse de café. Allumer la radio et se mettre à danser, nue, dans la salle de bain. Prendre une gorgée de vin rouge et sentir sa bouche s’emplir d’odeurs et goûts. Ouvrir les volets et voir au loin la mer qui scintille et l’eau bleue de la piscine à ses pieds. Se coller à son amie qui dit « Viens, on prend un selfie ». Lire la suite

Lettre à mon fils de 14 ans

Mon amour, mon Lou,

Oui, ce coup-ci, c’est bien à toi que j’écris. Cela me fait d’ailleurs vraiment bizarre car, quand j’ai ouvert ce blog il y a pile 10 ans (oui, happy birthday le blog, aussi !), le jour de tes 4 ans, je n’imaginais pas un seul instant que tu pourrais venir lire ici un jour. J’avais déjà du mal à t’imaginer rentrer à l’école primaire, alors tu penses, que tu sois assez grand pour lire et, même, soyons fous, lire mes bafouilles (si tu ne connais pas ce mot, Google est ton pote, hein), tu imagines bien que cela tenait de la science-fiction pure et dure.

Mais voilà, on y est.

Tu m’excuseras de te refaire le coup du « oh mais purée, x ans, j’en reviens pas, tu as x ans » (changer le « x » selon l’année voulue), je crois que tout être humain devenant parent a besoin (oui, besoin) de se répéter cette phrase chaque année un paquet de fois avant de bien, bien intégrer la nouvelle donnée. Ma mère, ta grand-mère, me fait encore le coup à chacun de mes anniversaires, tu vois, t’es pas rendu… c’est à vie !
Qui plus est, si toi, tu as 14 ans de vie, cela veut aussi dire que, moi, j’ai 14 ans de maternité. Seconde info à avaler. Ca fait beaucoup pour une seule femme, j’te jure. Lire la suite

44 ans moins un jour

Yep, de retour.

Mais pas pour longtemps.

Je voulais tout d’abord m’excuser de ne pas avoir été jusqu’au bout de mon défi fin décembre. Plusieurs choses m’en ont empêchée, que je ne ai pas vraiment envie de détailler ici, mais qui étaient assez importantes pour que je perde toute envie d’écrire encore un mot sur ce blog.
Ecrire est un exercice compliqué (surtout écrire en public, je ne parle pas d’écrire juste pour soi, ça, c’est un autre problème) qui demande pas mal d’énergie, de temps et de travail. Ca demande aussi un peu de souffrance, parfois. J’accepte complètement cette règle du jeu, mais si le niveau de souffrance devient bien plus élevé que le plaisir ou les bienfaits que vous pouvez retirer d’une écriture publique, je pense que le jeu n’en vaut plus la chandelle, ni l’énergie. Il y a clairement une certaine forme de masochisme à l’écriture (du moins, pour moi, n’hésitez pas à me donner votre avis sur le sujet…), mais si cela devient une souffrance intenable, là, c’est clairement maladif et il faut se poser des questions.
Donc, j’ai arrêté. Mon masochisme a des limites et ça, c’est une bonne nouvelle ! Lire la suite

Il y a 13 ans…

Il y a 13 ans, pile 13 ans aujourd’hui, je recevais ce SMS tant attendu…

Mon amie Ganaëlle avait accouché.
La meilleure amie du petit de l’Homme, né, lui, 6 jours plus tôt, avait débarqué en ce monde.
Ces ventres que nous avons vu s’arrondir de concert pendant neuf mois s’étaient matérialisés en deux bébés, également blonds aux yeux bleus. Lire la suite

A toi qui as 13 ans

Mon amour,

Oui, c’est à toi que j’écris.
Suite à mon texte de l’année passée où je faisais savoir que dorénavant je n’allais plus écrire sur toi dans ce blog, tu m’as demandé pourquoi je n’allais plus le faire…

« Parce que tu es grand, et que cela te dérange peut-être que j’écrive des choses sur toi… »

Je me suis entendu répondre :

« Non, ça ne me dérange pas. C’est rigolo de lire les histoires du petit de l’Homme. Et non seulement cela ne me dérange pas, mais en plus, j’aime ça. J’ai l’impression de mieux comprendre ce que tu veux me dire quand tu l’écris sur ton blog, ça m’explique mieux les choses… »

« Alors, je peux continuer ? »

« Oui. »

Alors, je continue, tu vois.
Mais au lieu d’écrire un article de blog, c’est à toi que j’écris.
A toi qui as 13 ans aujourd’hui.
A toi qui es à l’origine de ce blog, ouvert il y a 9 ans. Lire la suite

43 ans, le néant

Ok, aujourd’hui, j’ai 43 ans.
Oui, 43.

J’ai beau le répéter en boucle, l’écrire, le déglutir, le remâcher, rien ne change : ça ne passe pas.

Pourquoi ? Un âge est un chiffre. Et rien n’est plus semblable à un chiffre qu’un autre chiffre.

En fait, si on creuse un peu, ce n’est pas le chiffre qui ne passe pas. C’est tout ce qu’il y a autour.

Ma vingtaine a eu des hauts et des bas, mais au final, j’y ai avancé.
Ma trentaine a eu des à-côtés et des pauses, mais au final, j’y ai évolué.
J’étais prête pour la quarantaine…
Le plus bel âge de la femme m’ont répété certaines.
Ca fait 3 ans que je cherche ce qui est « beau » dans cet âge.

Oh non, pas que ma vie soit moche, pas du tout.
D’un point de vue strictement privé, elle est même magnifique. Je ne pouvais rêver plus translucide (comme l’eau des nombreuses plages sur lesquelles je me balade souvent ces derniers temps, un peu partout dans le monde).
Mais à la base, mes rêves n’étaient pas faits de plages.
Ils étaient faits de combats, d’intelligence et de créativité.
Mais je les ai perdus en chemin.
Ces dernières années, mes rêves de réalisation accusent soit de solides retards, soit s’annulent sans autre forme de procès.
Et si, quand même, l’envie leur vient de commencer à prendre forme, je m’empresse de les saborder. Faudrait pas qu’ils réussissent à exister non plus, les salauds.

Bref, je vais arrêter ici ce post Calimero.
Mais il fallait que je vous l’écrive.
Je vous dois la vérité, n’est-ce pas ?

La vérité, c’est que le bilan de mes 43 ans est le néant.

Et qu’on ne parle pas du néant.

Portez-vous bien, prenez soin de ceux que vous aimez, et si vous pensez à moi, parfois, sachez que je regarde l’eau s’écouler…

Marie, le 29 avril 2016

chute

A toi de jouer, mon fils

« Demain matin, je serai la première personne à te souhaiter ton anniversaire ! »

A l’heure où vous lisez ces lignes, le petit de l’Homme a 12 ans et quelques minutes. Et la première personne qui lui a souhaité cet âge ô combien symbolique (en allant sauter sur son lit) est aussi la première petite personne de son âge avec laquelle il a eu des interactions. Ils venaient tout juste de naître.
(NDLR : si vous avez envie de pleurer un bon coup et, accessoirement, de découvrir la belle histoire du petit de l’Homme et de cette jolie petite personne, foncez sur le blog de Ganaëlle. Ca vaut le détour…)

Voilà. Le petit de l’Homme a 12 ans.
12 ans de lumière et de joie.
Il a grandi entouré de stabilité et d’ondes positives. Gavé d’amour et de force (et de légumes aussi, mais ça, ça fait tout de suite moins poétique).
Je le sais déjà, il se souviendra de son enfance comme d’un paradis. D’un monde où tout est parfait, à sa place. Où la lumière inonde chaque jour. Où la Terre est ronde et tourne dans le bon sens.
Il regrettera même peut-être ce temps dont il aura un souvenir si net et tellement idéal.

Et pourtant… Lire la suite