Marie, face au miroir

Etonnante. Drôle. Charmante. Sensible. Réfléchie. Rêveuse. Idéaliste. Intelligente. Talentueuse. Piquante. Emouvante. Touchante. Impressionnante. Forte. Généreuse. Sincère. Nuancée. Tordante. Impulsive. Compliquée. Et pourtant Raisonnée. A la belle Simplicité. Attachante. Douée. Motivante. Spontanée. Geek. Radieuse. Belle. Sensuelle. Epanouie. Grandie. Sage. Folle. Amie en or. Maman tendresse. Auteure marquante. 37 qualificatifs que j’ai pris le temps de choisir avec soin, chacun te définissant telle que mes yeux te voient…

37 qualificatifs. Et ce n’est pas moi qui les ai écrits. J’en serais bien incapable. Ils m’ont été envoyés cette nuit par une amie. Les exposer sur mon blog est quelque peu indécent. Car elle ne les a écrit que pour moi. Mais c’est MON annif. Je fais donc ce que je veux aujourd’hui. Et, là, j’en suis restée le souffle coupé. J’ai du mal avec les compliments, 37 ans ou pas, j’ai du mal. Mais j’ai décidé de prendre. Car mon amie, elle a du talent pour toucher au coeur, pour toucher au ventre. Et là-dedans, je pioche. Je pioche le « compliquée », je pioche le « rêveuse », je pioche le « spontanée » et je pioche le « sensuelle », oui ! Mille fois oui !!! Je pioche l’amitié, celle passée, présente et à venir. Celle qui aide à tenir, qui aide à grandir, qui aide à sourire. 

Je me souviens, adolescente, quand une prof nous avait demandé d’établir notre « échelle des valeurs », j’avais mis « amitié » sur le plus haut échelon. L’amour et la famille ne venant qu’après. Ca avait fait grogner. Pourtant je ne l’ai jamais regrettée, cette échelle. Jamais.

Parce que dans les moments rudes, vaches, noirs, mes amis m’ont tenu la tête hors de l’eau. Dans les moments drôles, gais, lumineux, ils m’ont tenu la main. Ca vaut le coup de leur rendre hommage le jour de mes 37 piges, nan ?!

37 ans dans les dents… Oui.

Et ce matin, plantée nue devant le miroir de ma salle de bain, j’ai bien tout détaillé. Tout. C’est un truc de fille, ça. Un truc méga maso. Se regarder en face, pas amoureusement du tout. Et faire le bilan. Les seins trop lourds (c’est le mot poétique pour dire qu’ils sont irrésistiblement attirés par le sol), les hanches généreuses (c’est un autre mot poétique pour dire qu’outre les frites, la cellulite aime vos hanches aussi. Ex aequo avec votre culotte de cheval), la silhouette épanouie (encore un mot poétique pour dire, cette fois, que vous avez pris 6 kilos dans les dents, enfin non, pas dans les dents, en fait, partout, sauf dans les dents justement), tout, tout a été scruté. Détaillé. Ausculté. Pesé. Palpé. Pincé. Malaxé.

Et vous savez quoi ? Le bilan n’était pas négatif. Non. Regardez-moi les yeux écarquillés, ouvrez la bouche en vous étouffant d’étonnement, non, il ne l’était pas.

Ils sont bien, mes 37 ans. Ils portent beau.

Ils sont mieux que mes 17 ans (1990) et mes 27 ans (2000 et son bug). (oui, je sais compter, tout le monde a remarqué ?)

En rentrant dans ma douche, j’ai continué mon point sur moi et moi et moi encore (c’est un billet « c’est mon annif, j’fais c’que j’veux », rappel).

A 17 ans, je ne m’aimais pas. Et je ne m’aimais pas non plus dans le regard d’autrui. C’est moche, l’adolescence. 

Jusqu’à 27 ans, j’ai appris. Beaucoup. Et surtout, surtout, à m’aimer dans le regard des autres. Il était flatteur, ce regard. Enivrant. Epatant. Exaltant.

A 27 ans, si l’an 2000 n’a pas eu son bug, c’est parce qu’en fait, le bug, c’est chez moi qu’il a eu lieu. Dans ma vie. J’ai tout pris, j’ai rien laissé à la planète, ne me remerciez pas, chuis généreuse comme fille, et, je vous jure, je vous ai évité le pire.

Et pendant 10 ans, j’ai perdu ce regard d’autrui. Enfin, peut-être pas perdu, mais j’y ai cru de moins en moins, jusqu’à ne plus y croire du tout. Il peut être faux, ce regard. Destructeur. Intéressé. Blessant. Je le croise encore et je ricane, je lui tire la langue. Je le nargue. Il ne m’emprisonnera plus.

Forcément, on arrive à un vide. C’est triste, une certitude perdue.

Mais le corollaire de la chose est extrêmement positif. Y’a pas à se lamenter du tout, c’est une belle histoire en fait.

Comme on ne peut plus croire en l’autre, on doit bien se décider à croire en soi. Ainsi une amie m’a dit récemment « comme tout est mouvant autour de moi, j’ai décidé de trouver la solidité en moi ». Bingo ! C’est exactement cela.

Et c’est moi, à 37 ans. En lieu et place du regard d’amour d’autrui auquel je ne crois plus, j’ai osé, jour après jour, me regarder moi avec amour. En lieu et place d’une stabilité fixée par une tierce personne, j’ai forgé mon propre socle, ma propre structure, mon propre équilibre. Bon, hé, soyez indulgents, hein, c’est encore loin d’être parfait, ça ne respecte pas encore toutes les normes anti-sismiques en vigueur, mais Rome ne s’est pas faite en un jour ! Et puis les tremblements de terre, on ne peut tous les éviter, non plus… Mais punaise, la chantier est déjà bien avancé, je le constate tous les jours !

Donc, je vais plutôt remercier mon bug. Et je n’accuse personne. Juste la faute à pas de chance, juste les aléas de la vie. Qui, pour finir, sont autant de chances à saisir.

Que désirer pour les 10 années à venir ? 

Arriver à concilier cette force intérieure avec une sérénité extérieure. Arriver à croire à nouveau au regard d’autrui (et si autrui est un homme, je dis banco), aux sentiments (j’ai rien d’intelligent à dire sur le sujet, je passe), aux engagements (ne plus ricaner à chaque mariage d’amis en se demandant s’ils croient vraiment à cette mascarade de promesse serait un premier pas) sans perdre ce regard sur moi qui me dit que j’avance, que je suis en vie et que je suis digne d’amour.

Ce que je garde ? Les fou-rire, les caresses, les lèvres, les mains, la lumière. Et mon corps. Pour finir, 37 ans de bons et loyaux services, je lui en suis extrêmement reconnaissante. Et à la fin du bulletin, je vais lui mettre « continue comme ça ! » au lieu de « peut mieux faire », car, franchement, c’est mérité.

En attendant, je vais encore un peu ricaner sur les hommes, l’amour, toussa… Mais si un jour, je ne ricane plus…

Je vous le ferai savoir !

Et cette négligence, Dandy,
Et cette nonchalence, Dandy,
Cet air que rien n’a d’importance,
C’est de l’élégance…

Je suis sortie de ma douche, j’ai enfilé ma jupe légère qui vole en marchant, mon t-shirt rose champagne et je suis sortie au soleil…

PS: heureux anniversaire à des êtres tout-à-fait spéciaux et délicieux qui sont, eux aussi, nés en ce 29 avril. Car c’est définitivement une date de choix, qui donne des humains complètement exceptionnels, je dédie donc ce billet à Hélène D, Valérie S et Jérémie L, mes jumeaux ! Que la fête commence !!!

S’aimer soi avant toute chose

Ce mercredi a eu lieu un shooting pour le magazine GAEL. Le but était de faire un reportage sur 6 blogueuses belges, 6 portraits, 6 blogs dans des catégories différentes.

Je me suis donc retrouvée avec Amélie, MademoiselleleK, Fanfan, Pamina et Boucles d’or dans un studio photo en plein centre de Bruxelles. 6 filles, 6 personnalités, 6 caractères bien trempés, 6 boules de condensé d’énergie, 6 trajectoires de vie différentes. Nous ne nous connaissions pas pour la plupart (si ce n’est certaines à travers leurs blogs, justement) et le courant est vraiment tout de suite passé. Du bonheur en barre et une tonne de gros délires.

Et des délires, il en fallait pour passer l’épreuve du shooting. Aucune de nous n’est aguerrie à l’exercice. Et il a fallu tout le professionnalisme et la patience de la maquilleuse et de la photographe pour nous tirer un portrait de groupe convenable. Entre fou-rire, sourires crispés et mains qui ne savent pas où se mettre pour paraître naturelles, la séance fut sportive (encore un grand bravo à Pamina qui parvient quand même à se casser la figure alors qu’elle, elle est déjà à terre, si c’est pas de l’art, ça, madame !). Mais, au final, un vrai moment de plaisir.

Le soucis est venu après. Alors que nous étions sur le départ, interview de chacune faite, photo individuelle qui illustrera chaque intervention aussi, une remarque a fusé: « de toute façon, vous allez voir, sur la photo de groupe, vous serez toutes canons et moi, je serai la seule moche ». « Ha non, ce sera pas toi, ce sera moi. Vous 5, vous serez réussies et moi, la seule ratée » « Mais naaaaan, paniquez pas, la seule ratée, ce sera moi, avec mon bol… ! »… Bref, chacune de nous était persuadée que les 5 autres allaient être des copies parfaites de Linda Evangelista et qu’elle-même allait plutôt évoquer Mimie Mathy. Ce qui, question taille et glamour, on en conviendra est un vrai, grand moment de solitude…

Les femmes et leur image… Les femmes et leur confiance en elle… Les femmes et leur amour d’elle-même…

Pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi est-ce si rare de trouver une femme qui soit totalement heureuse de son apparence, d’elle-même ? Notez, j’en connais, hein. Mais elles ne sont pas légion, y’a même pas de quoi composer une équipe de mini-foot pour vous dire (ceci dit, ça tombe bien, j’aime pas le foot, ouf). A tout casser, se faire un double au tennis, et encore…

Cette question, cela fait longtemps que je me la pose. Et il y a peu est tombée une action pour le boulot (ha ben oui, j’en ai eu marre de me balader dans le froid, iPhone à la main, pour trouver la permanence chômage, là) qui a fait écho à cette interrogation. Action lancée par OralB (voui, voui, le dentifrice, les brosses à dent, toussa) visant à booster la confiance en soi et, plus spécialement, la confiance en soi chez les femmes.

Bon, comme me le disait Pamina sur le shooting de Gaël : « tu peux m’expliquer le lien entre un dentifrice et la confiance en soi au féminin ? »

Bon, ok, j’avoue, au premier abord, ça paraît lointain. Ben en fait, pas tant que ça. Ils ont réfléchi chez OralB (si, si !), ils se sont dit que la confiance en soi découlait aussi d’une apparence agréable. Pas que. Mais aussi. Et que la nana qui a un sourire dont elle n’est pas fière n’aura pas une superbe image d’elle-même et verra d’office sa confiance en elle écornée.

Et sur ce point, chuis quand même un peu d’accord. Le sourire pas terrible, c’est du vécu. J’ai fait partie de ces adolescentes dont le sourire à longtemps été agrémenté de petites plaquettes et de fils argentés en tous genres. Total glamour. Une horreur sans nom face aux mecs. Pour vous dire, l’Homme, cet être délicieux, et ses potes (ces êtres nettement moins délicieux, eux) m’avaient amoureusement surnommée « Jaws, les dents de la mer » au lycée. Petit surnom que j’ai quand même ressorti à l’être admirable qui m’a choisie comme femme de sa vie le jour de notre mariage « alors, ça fait quoi d’épouser Jaws ??? ». Il avait entre-temps oublié que les requins ont la dent dure…

Bref, cet appareil de malheur m’a solidement pourri mon adolescence (même si, néanmoins, tout le monde en conviendra, ça va, j’ai survécu et les garçons que j’ai pu embrasser à l’époque aussi, merci pour eux). Et si j’ai maudit ma mère comme j’ai rarement pu la maudire à l’époque, aujourd’hui, j’embrasse ses deux pieds avec emphase. Car mon sourire est nickel. Mes dents aussi. Et ça, quand on est comédienne, ça n’a pas de prix. Merci maman.

Alors voilà, quand OralB m’a demandé si je voulais être la community manager francophone pour leur action, ainsi que la rédactrice (francophone idem, cela va de soi) pour relater ladite action, j’ai dit oui sans hésiter.

Donc deux mots sur l’action en question car ça peut en intéresser certaines d’entre vous: elle s’appelle « Il y a plus en vous ». Les femmes (via le magazine Flair et via la plateforme mise en place par OralB) sont appelées à soumettre un projet, un rêve qui leur tient à coeur. La deadline est la mi-avril.

Ensuite, 3 projets seront retenus, 3 rêves, 3 femmes.

Et pendant 12 semaines, ces femmes seront coachées (par Inge Rock, une coach flamande bourrée d’énergie et incroyable ! Rien qu’à elle toute seule, elle vaut le détour, tiens !), suivie par les community managers (moi et la community manager néérlandophone) qui animeront les comptes Twitter de l’action et la page fan sur Facebook et qui relateront les aventures des gagnantes sur le blog. On pourra donc suivre pas à pas la réalisation de trois rêves, trois désirs, trois chemins. Ces mêmes femmes seront aussi suivies dans le magazine Flair. Pas moyen de les rater, donc !

Si vraiment l’initiative vous intéresse, je ne peux que vous pousser à tenter votre chance en inscrivant votre projet, là: Il y a plus en vous – participer

En commençant cette aventure, je me suis demandée quel projet j’aurais pu soumettre, quel rêve j’aurais pu réaliser. Et je me suis rendue compte que je l’avais déjà réalisé. Mon rêve était d’écrire ma pièce, de la jouer, de la voir produite et de la voir plaire. Buts atteints. Et je me rends compte que moi aussi, j’ai eu mes coachs. L’Homme et Fred, mon metteur en scène, m’ont boostée, portée, cajolée, secouée, soutenue, encouragée tout le long du processus de la création de cette pièce. Je raille souvent les hommes mais, en fait, un des rêves de ma vie n’aurait jamais pu voir le jour sans eux ! Sans leur regard, leur énergie, leur amour !!!

Je sais ce que ça fait de donner vie à un projet. Je sais ce que ça fait de gagner en confiance en soi au fur et à mesure du processus, de s’affirmer, d’oser, de se découvrir des compétences que l’on ignorait jusqu’alors. Et mon boulot va me permettre de voir d’autres femmes suivre le même chemin, la même transformation, d’être le témoin de la réalisation de leur rêve. Punaise, y’a pire comme boulot, nan ?

Et mercredi, au milieu des 6 blogueuses qui avaient été choisies par le magazine Gaël pour illustrer l’article sur le blogging au féminin qui sortira dans le magazine fin mai, au milieu des rires, des pétillements de voix, des moues à se tordre de rire, je me suis rendue compte que nous allions être toutes des bombes. Parce que, comme femmes, on s’assume, s’affirme et, quelques soient nos défauts,… on a compris qu’il faut s’aimer soi avant toute chose !

Ite missa est – Fidélité

Dialogue:

– Dis, comment ils font, les gens, pour tromper leurs conjoints ?

– « les gens » ???

– Enfin, la douce moitié qui trompe son autre douce moitié avec une troisième douce moitié, quoi. Et je ne te parle pas de cette tromperie de boîte de nuit, qui fait qu’un soir, on a trop bu, on rigole et on embrasse à pleine bouche un tiers quelconque (enfin, on l’espère pas trop quelconque, le tiers, à choisir) et qu’on se dit que le lendemain, on a trop mal à la tête, on va arrêter de sortir, oupslààà, non, je te parle de la tromperie organisée (un peu comme le crime quoi), celle sur le long terme, celle qui sait, celle qui s’avance, celle qui s’enfonce, celle qui, au final, berne tout le monde. On fait comment pour entrer dans celle-là ?

– Wouaw. On va dire que c’était pas mon jour, hein…

– Je suis TRES sérieuse.

– Tu veux t’installer dans la tromperie ?

– Non. Pas forcément. Je veux comprendre.

– Mais comprendre quoi ? Comprendre que deux personnes sont attirées, aimantées, que pour une raison ou une autre, elles se reconnaissent et cèdent à ces impondérables ?

– « Impondérables », comme t’y vas !

– Enfin, une attirance qui, sur le moment, te semble incontournable et vitale.

– Sur le moment. Ok, sur le moment. Mais ils s’y installent, s’y confortent, s’y sentent bien.

– S’y sentent bien, faut le dire vite…

– Ben justement, c’est toi qui l’avoue, ils ne s’y sentent pas si bien que ça. Et de fait, s’ils réfléchissent un chouïa, ils s’y sentent même très mal. Rien qu’à imaginer la chose deux minutes 30 centièmes, j’ai déjà du mal.

– Tu imagines quoi, toi ?

– Tous les cas de figures. Mais prenons le plus plausible, le cas de la personne prise qui sait qu’elle ne quittera pas sa tendre moitié. Même pour une troisième tendre moitié. Qui a pris cet engagement et qui le tiendra coûte que coûte. Alors, cette personne, si elle ne tient compte que d’elle-même et de son propre plaisir et qu’elle fonce, on est en droit de se demander pourquoi elle ne réfléchit pas plus loin car, de toute façon, elle commence un truc en sachant d’avance qu’en fait, elle va droit dans le mur. Imaginons que la troisième tendre moitié s’entiche de cette personne (ça arrive, non ?), paf, souffrance. Et la personne devient tortionnaire (enfin, partiellement, la troisième moitié n’avait qu’à pas).

– Ben il se peut que la troisième moitié ne s’entiche de rien du tout, hein… Juste pour le plaisir du geste…

– Ha ben dans ce cas, c’est pire, la personne n’aura été qu’un joli passe-temps pour la troisième moitié et reviendra case départ après l’aventure. Question ego, on a connu mieux que le plan cul pour se remonter le moral, tu trouves pas ?

– Je trouve surtout que je vais me reprendre un café, là…

– Ben alors comment ils font ?

– Mais comment ils font QUOI ? Ils baisent, qu’est-ce que tu veux que je te dise !

– Mais comment ils font pour foncer quand même, tête baissée ?

– Ben je sais pas, ils espèrent une autre issue à l’histoire, ils ne veulent pas en imaginer la fin, ils ne veulent garder que le début, ils… Ils… Tu sais quoi ?

– Nan, quoi ?

– Ils NE REFLECHISSENT PAS. Enfin, pas comme toi, du moins ! Et tu veux mon avis ?

– Heu… Ouais ?

– C’est parfois mieux ! Tu me saoules avec tes théories ! Je vais me reprendre un petit serré, mais bien, bien, bien serré, tu vois. Un truc corsé. Si tu veux être fidèle, sois-le. C’est très bien, ça me va. Si tu veux pas l’être, c’est parfait, ça me va aussi. Mais pitié, arrête de TOUT réfléchir et disséquer. On dirait un professeur de biologie devant la dépouille d’une souris morte. Et c’est tout sauf mort le désir, le sexe, l’amour ! Et justement, à force de tout disséquer, tu tues tout, tu achèves tout ! Y’a plus que des bouts de choses informes devant toi, là, des trucs inertes et de couleur identique, ça fout les boules !

– …

– Souris-moi un peu ?

-… ?

– Oui, juste un sourire. Même un rire si tu peux. Tout respire le printemps, même toi avec tes idées biscornues. Etends tes jambes, enlève tes sandales, et arrête de tout écorcher.

– T’as aucune conscience.

– J’en ai autant que toi, mais je ne l’étale ni ne la dissèque.

– Je n’étale rien, je réfléchis !

– Tssss, tu lâches pas l’affaire, hein ! Tu sais quoi ? Tu vas te lever, tu vas marcher jusqu’au bord du lac et tu vas respirer un bon coup. Et, là, tu écouteras ton coeur, tes lèvres, ton ventre et je t’assure… Tu sauras à qui être fidèle !!!

Fichue nostalgie !

Je pense que cette année 2009, j’aurais pas pu faire plus fort.

Non, sérieux, y’aurait pas eu moyen.

De fait, je pense avoir fait, en gros, tous les concerts de  mes années lycées. 

Mouais, tous.

Depeche Mode au Stade de France, sous un soleil radieux (Daaaaaaaaaave, pour citer une phrase d’auteur d’une copine qui se reconnaîtra: « Lui, il me demande l’heure, j’me couche ! ») et pile au pied de la scène (ce qui, avec mon mètre 60 les bras tendus n’était pas la meilleure des idées, mais soit).

Madonna à Werchter (un beau show, oui, mais ça reste un show. Et un très beau play-back aussi, la vache).

Mylène Farmer au Stade Roi Baudouin (et les copines qui ont fait du charme au vigile, hop, on s’est toutes retrouvées dans les tribunes VIP, très bon souvenir, ça, madame ! Comme quoi, 3 jolies blondes, on peut hurler que c’est injuste mais ça marchera toujours mieux que 3 gars ventripotents sentant la bière) qui pleure toujours aussi bien (j’ai l’impression qu’elle ne fait que ça depuis son premier concert en 89, date où j’étais déjà dans la salle).

Indochine à Forest National (Wouaw. Seul concert où le gars il peut rester sur scène sans piper un mot, la salle, elle chante pour lui !) et des images fortes en tête.

Je pensais franchement avoir fait le tour. Sérieux. (enfin, moins Michael Jackson, lui, c’est plus possible)

C’était sans compter Véro: « dis, tu sais quoi, y’a A-ha qui passe à Forest National ! J’te prends une place ??!! »

….

Doit être écrit: « compilation années 80  » sur ma fesse droite. Et tout le monde l’a bien vu, visiblement.

Mais ne résistant pas à l’appel de Morten (je fais remarquer au passage que, tout beau qu’il soit en 85, je n’en étais absolument pas amoureuse, c’était le chouchou de ma cousine et je le lui ai gentiment laissé), j’ai dit oui à Véro (si le lien entre Morten et Véro ne vous apparaît pas encore clairement, relisez le paragraphe 4 lignes plus haut, merci).

Et me voilà réécoutant l’intégrale de A-ha en boucle.

Surtout celle-ci:

Je l’écoutais déjà en boucle en 1987 (pour les chagrins d’amour, c’est nickel, essayez, si vous ne vous jetez pas par la fenêtre avant la fin des 3 premières minutes, c’est vraiment que vous allez vous en remettre !) et voilà, je parviens encore à l’écouter en boucle en 2010. On peut en déduire que cette chanson continue à me parler à travers les âges (ou que mon mauvais goût est incurable, c’est une autre option). Pourtant j’aime pas la moto.

Donc, sur ma lancée  de « tentons de déprimer vraiment », je me propose aussi d’écouter « Crying in the rain » et « Hunting High and Low ». Y’a pas à dire, c’était quand même une bande de joyeux lurons, A-Ha.

Notez que dans mon trip nostalgie, je pourrais aussi me booker le prochain concert de Dorothée. Des fois que RécréA2 me manque. Et ça tombe bien, elle revient en 2010 à l’Olympia, Dorothée ! 

Ca a de la gueule, nan ? Je vois déjà un paquet de trentenaires/quarantenaires entamer en coeur « ouh, la menteu-se, elle est amoureu-se ». Enfoncés, A-Ha. Aux oubliettes, Madonna. Has-been, Mylène !

On peut déjà savourer son nouveau tube, à Dorothée:

Si vous avez tenu jusqu’au bout de ce grand moment de rimes riches et d’une orchestration que Rémy Bricka lui-même ne renierait pas (sauf qu’il fait mieux à lui tout seul), vous êtes mûrs pour le trip Olympia.

Mais je ne vous accompagnerai pas. Il est des limites dans la nostalgie à ne pas franchir.

Limites qui, pour finir, vous prouvent que… la vie devant vous, elle va certainement être aussi bien, si pas mieux en fait que celle qui se trouve derrière !!!

I’m gonna close my eyes…

Sometimes the fastest way to get there is to go slow

And sometimes if you wanna hold on you got to let go

 I’m gonna close my eyes

And count to ten

I’m gonna close my eyes

And when I open them again

Everything will make sense to me then.

Ca fait un bail que l’Homme m’a fait découvrir Tina Dickow, il me l’avait même chargé sur mon iPod à l’époque. Et puis, je ne sais pas, j’aimais bien, certes, mais ses chansons ne me touchaient pas plus que cela.

Et puis, récemment, je suis à nouveau tombée sur cette chanson, mon iPod fonctionnait sur « random », il a choisi « count to ten ». Et là, cette chanson m’a parlé. Je me suis arrêtée pour en écouter les paroles plus attentivement (oui, je fais partie de ces personnes qui aiment bien comprendre ce qu’on leur raconte dans les chansons et en tirer la substantifique moëlle, donc en gros « Bô le lavabo » de Lagaff, de bonne mémoire, merci Fred, n’est pas ce qui passe en boucle dans mon iPod) et l’ai écoutée. Re-écoutée. Et re-re-re-écoutée. 

Les choses ont-elles toutes un sens ? J’aime supposer que oui. Pas directement détectable, mais, à la longue, avec l’éclairage de la vie, elles en ont un. D’où le « je vais fermer les yeux et compter jusqu’à dix… Tout prendra sens pour moi à ce moment ».

Bon, 10, on va dire que c’est un peu court. D’ailleurs, j’ai déjà compté jusque 10 quand je comprenais pas un truc et ça a marché moyen comme système. Mettons 100. Mettons 1000. Mettons le chiffre et le temps qu’on veut.

Mais tout prend sens. Tout se met en ordre naturellement.

Et depuis, j’écoute Tina Dickow en boucle…

Je suis contre les hommes… tout contre.

J’ai cette petite phrase, plagiée d’une grande phrase d’un des plus énormes misogynes-amoureux des femmes que je connaisse (oui, oui, on peut être misogyne et amoureux des femmes, Sacha Guitry le prouve), qui me trotte dans la tête depuis hier soir.

Je ne savais pas très bien pourquoi d’ailleurs. C’est un peu un état d’âme latent chez moi. Etre contre les hommes… tout contre. J’ai été contre pas mal d’hommes, là, cette dernière année, j’avoue. Vraiment bien contre. Blottie au creux de leurs reins mais avec une folle envie de mordre ou de griffer.

Mais depuis ce matin, c’est pire encore. Obligée que j’étais de traîner sur les réseaux sociaux pour le boulot (voui, j’aime mon boulot, je l’ai déjà dit, ça ?), j’ai pu voir défiler des centaines de tweets, de remarques, d’articles, de dessins, de statuts Facebook plus… hallucinants les uns que les autres.

Lourds, injustes, gras, débiles, désinformés, blessants, les mots me manquent pour qualifier ces remarques. Postées par des hommes, en grande partie. Mais pas que. Les femmes aussi se permettent d’être pathétiques, parfois. Pour finir, à ce niveau, on est vraiment bien égaux, pas de doute !

Faut avoir l’estomac bien accroché (ou aller se la jouer Blanche-Neige et se perdre au fin fond de la forêt, histoire de n’avoir accès à aucun média) quand on est une femme le 8 mars ! Ou alors, avoir un humour à toute épreuve. D’humour, je n’en manque pas, mais, heu, certaines choses me font bien moins marrer que d’autres.

Résultat, au bout d’une demi-journée à ce régime, j’avais surtout envie d’écrire un texte s’appelant « Comment le féminisme vient aux femmes (aka passez le 8 mars sur Twitter, vous deviendrez chienne de garde ET membre d’honneur de Ni Putes, Ni Soumises dans la seconde et pour le restant de vos jours) ». Mais j’ai gardé mon titre initial en pensant…

JE SUIS CONTRE LES HOMMES.

(pour finir, c’est bon qu’à baiser, un homme. Oh et à passer l’aspi si son neurone est remonté dans son cerveau pour comprendre comment ça fonctionne. Et allez, après, il peut sortir les poubelles, faut avouer, il fait ça bien)

Et puis je me suis demandée pourquoi ces messieurs se sentaient agressés comme cela. Car, de fait, leurs blagues nunuches et premier degré, elles sortent parce que ça les chatouille. Qui plus est, j’ai pu remarquer que certains hommes, eux, ne trouvaient pas cette journée « nulle », « inutile » ou « débile »… Au mieux, elle les intéressait (c’est le moment ou jamais de s’intéresser aux actions en faveur des femmes qui ont, elles, lieu 365 jours par an, hein), au pire, les laissait indifférents. Ils ne se sentaient pas agressés par l’affaire, eux.

Me suis donc mise à la place de certains. Me suis dit que, ben, selon la sensibilité de chacun, ce n’était pas plus facile à porter pour eux que pour nous, cette fameuse journée. Mettons-nous à leur place deux secondes. Difficile de s’entendre dire que la compagne de votre vie est une vraie oppressée quand, hein, on a déjà cette impression qu’elle a tout, qu’on fait de son mieux pour qu’elle ait plus encore (et je le crois sur parole) et qu’on se demande quelle est la place du mec dans toute cette affaire.

Je l’écrivais déjà l’année passée : c’est quoi la place de l’homme dans notre société ? Face à ces wonderwomen qui assument boulot, maison et gamins, qui crient haut et fort qu’un bon gode vaut mieux qu’un mauvais amant, qui gagnent leur vie tout aussi bien que leurs collègues, qui virent un mec de leur vie sans préavis si ce dernier ose afficher un petit défaut de construction…

Elle est où, leur place, aux hommes ?

Contre les femmes, tout contre ? comme le disait Guitry ?

Ou plutôt à leurs côtés car l’union fait la force (yééééé, on remarquera que mon côté patriotique a réussi à placer la devise moribonde de mon beau pays, ce qui est un exploit par les temps qui courent !) ?

Car, pour finir, célébrer la femme ne veut en rien dire qu’on conchie les hommes ! Personne n’a jamais dit qu’ils étaient responsables de tous les maux de cette dernière !

Messieurs, si nous sommes contre vous, c’est tout, tout, tout, tout contre. Blotties dans vos bras, perdues dans votre souffle, accrochées à vos yeux.

Oui, vraiment contre vous, tout contre.

Et cette journée de la femme, c’est avec vous qu’on la célèbre. Avec votre voix, votre amour et votre éclairage.

Pour finir, qui aime le plus parler des femmes si ce n’est les hommes ? (et vice-versa d’ailleurs)

Donc, non, on ne vous demande pas un bouquet de roses ce soir, ni une bouteille de champ, ni même que vous fassiez la vaisselle… Mais on demande, oui, que les actions en faveur des femmes, que les ignominies commises contre elles, que les inégalités qui existent encore aient pour une fois, pour un jour, une tribune. Ces infos ont peu accès aux médias les autres jours de l’année, réjouissons-nous tous ensembles qu’elle y aient accès aujourd’hui.

Et pour le reste, restez comme vous êtes. Si on vous aime, c’est comme ça, changez pas !!!

PS: et si certains/certaines se demandent encore pourquoi une telle action est utile un jour par an (c’est trop peu, on est d’accord), je les invite à aller faire un tour sur les blogs de mes consoeurs, lire des textes qui m’ont particulièrement touchée en cette fameuse journée

Une journée de la Femme qui a le goût du sang chez Ioudgine

La journée de la femme qui aime les hommes (aka Boobs day) chez Madame Kevin

La trajectoire d’une Femme d’aujourd’hui chez Doudette

Et ce ne sont que trois petits exemples parmi des tonnes de beaux textes écrits en ce 8 mars…

Continue de rêver, mon grand…

Tour vue du deuxième étage

Ca fait deux ans que le petit de l’Homme rêve de Tour Eiffel. Sous toutes ses formes, toutes les coutures, dans tous les sens. Un seul soucis, mais de taille, l’Homme et moi n’en rêvons pas du tout, du tout, du tout, nous.

L’Homme parce qu’il n’y est jamais monté (et il l’avoue sans honte, si ça lui a pas manqué en 35 ans, y’a peu de chance que ça lui manque les 35 années qui vont suivre), moi, parce que j’y suis montée une fois, une seule fois, en 1983, avec mon père, qui avait ainsi trouvé l’occasion et de nous faire plaisir à mon frère et à moi et d’occuper ses gamins un après-midi (faut avouer, mon père n’était pas très branché « activités avec des gamins », en gros on lui aurait refilé deux aliens venus de Pluton, ça l’aurait mis dans le même embarras…). Et j’avoue que, du coup, depuis la mort de ce dernier, j’avais juré que la Tour Eiffel était et resterait un lieu sacré, attaché à la mémoire du premier homme de ma vie. Plus question de remettre un orteil sur le sol de cette construction en fer.

C’était sans compter les yeux bleus (très convaincants) du deuxième homme de ma vie. Ils ont l’art de prendre tout le monde en traître ces yeux-là (même ses instit, malheureusement) et vous retournent sans que vous n’ayez compris le pourquoi ni le comment.

Bref, ok, la Tour Eiffel, on allait y monter. Mais faire une queue de 4h36 (au bas mot, j’exagère d’à peine quelques minutes) par un froid à pousser à la grève tout un syndicat de canards (l’expression n’est pas de moi mais elle reflète exactement le temps qu’il fait pour l’instant au pied de cette fichue tour) pour, ensuite, au mieux, prendre un ascenseur (saine occupation, j’en conviens, mais je peux le faire un peu partout sans payer une fortune), au pire, monter des milliers de marches à pieds (occupation que vous trouverez peut-être encore plus saine, moi, je la trouve juste masochiste, chacun sa vision, hein !) n’est pas exactement la définition que j’ai d’un moment agréable et glamour en famille.

Donc, j’ai cherché un autre moyen d’y monter. Et, là, l’idée. Mais y’a des restos, sur la Tour ! Ouais, vu le regard de l’Homme qui n’était pas tenté à l’idée de payer 500 euros par personne pour deux crevettes et trois bulles de Champagne au Jules Verne, j’ai dû affiner mon idée fissa.

Et c’est là que j’ai découvert le resto 58 Tour Eiffel. Si en journée, ce resto fait buffet, en soirée, il se transforme en vrai resto, avec une carte et y’a même la possibilité de réserver tout cela à l’avance sur le net. Rénové et réouvert en 2009, cet endroit s’est présenté à moi en véritable sauveur. Et en plus l’Homme, dès qu’on lui parle d’un resto à tenter, n’est pas des plus difficiles à convaincre.

Nous voilà donc avec une réservation en bonne et dûe forme dans la longue queue pour les ascenseurs. Sauf qu’à un moment, un des gardes nous signale qu’il n’y a pas besoin de faire la file si on a une réservation pour le resto. Il faut juste se rendre au guichet « restaurants de la tour », y donner le nom auquel la réservation a été faite, payer son ticket et… passer devant tout le monde. Apprenant cela, j’ai cru que l’Homme allait me demander ma main une deuxième fois tellement il rayonnait de bonheur. Ca vous situe le niveau de son allergie aux longues files. Ce qui fut dit, fut fait (pour les tickets, hein, pas pour le mariage).

Et nous sommes montés dans la Tour. Avec un petit de l’Homme scotché à la vitre de l’ascenseur.

Arrivés au premier étage, le restaurant s’est dressé, tout joli, devant nous. L’accueil est chaleureux, sympa et l’endroit… splendide. Simple, classe, chaud. Un cocon dans le ciel de Paris.

Une coupe de champagne plus loin, on clignote. Au propre comme au figuré. La Tour s’illumine, les flash crépitent dehors (ça, j’ai jamais compris pourquoi les gens mettaient leur flash la nuit pour photographier la Tour Eiffel, hein, mais soit, vu de l’intérieur du resto, ça donne des crépitements de partout, c’est marrant), les reflets bleus de la dame de fer se devinent dans la Seine et le Trocadéro scintille lui aussi. Et un petit de l’Homme collé à la vitre est perdu dans ses pensées… 

L’Homme s’amuse, il photographie tout ce qu’il peut. Mais même la plus belle des photos ne vous donnera jamais la moitié de l’idée de l’ambiance qu’il y avait dans notre cocon… Les plats sont bons (« vraiment acceptables » dixit l’Homme, et en général, il est pas généreux en compliments quand il s’agit de son estomac), le personnel est adorable (contre toute attente dans un tel lieu) et, même si le service est rondement mené (ils ont deux services sur la soirée, donc ils doivent se débrouiller pour qu’en 2h30 le premier service soit terminé), tout est fait avec politesse, tact et doigté. On a dû les briefer sur « Paris, ville lumière » et « Tour Eiffel, lieu romantique à souhait » déclinés à toutes les sauces du parfait cliché, mais, j’avoue, ils ont superbement retenu les concepts ! Et appliquent cela avec beaucoup de talent…

Voir Paris briller, assise au chaud, un verre de bon vin à la main, ça vous réconcilie avec toutes les tours en fer du monde. Et avec une petite fille qui a longtemps gardé une Tour Eiffel miniature à côté de son lit, cadeau de son papa.

Voir un petit de l’Homme, les yeux éclatants et la bouche pleine d’un gâteau au chocolat en forme de Tour Eiffel (« je vais d’abord manger le 3ème étage, comme ça je nous tue pas tout de suite » « Ha merci, mon chéri, ça, c’est sympa ! »), ça vous fait vous  dire que les lieux touristiques que vous vous échinez à éviter depuis que vous êtes adulte ont assurément leur charme aussi. Il suffit de les voir avec un regard d’enfant…

Le repas fini, nous nous sommes promenés jusqu’au deuxième étage. A cette heure, les gens sont peu nombreux et on a l’impression d’être seul au milieu du ciel, avec des tas de guirlandes qui brillent à ses pieds. Et on peut sans honte s’extasier sur un bateau-mouche tout éclairé qui passe (on a l’air couillon ? On s’en fiiiiiiiiche, y’a personne !), on peut faire la course père-fils pour savoir qui arrivera au bout de la croisée, on peut jouer à cache-cache derrière les pans de fer.

On peut même acheter une Tour Eiffel miniature en souvenir. Qui, ce soir, trônera à côté du lit d’un petit garçon…

Sur le chemin du retour, l’Homme met son iPhone en marche et nous fait écouter de la musique. Le petit de l’Homme réclame Depeche Mode…

Et dans la nuit parisienne, on entend trois touristes assumés (nous !) chanter de tout leur coeur…

« Can you feel a little love ?

Dream on, dream oooon ! »

Ca veut dire quoi « dream on », papa ?

Ca veut dire « continue de rêver », mon grand…

 

Je mange le troisième étage d'abord !

Et si on procréait, toi et moi ?

Cette chanson est un grand moment de mon adolescence : je devais avoir 12 ans, mon frère, 8, et nous la chantions à tue-tête continuellement. Le but du jeu était de la chanter le plus vite possible en ne se plantant pas une seule fois dans les paroles. Je vous mets au défi de faire pareil, c’est un vrai tour de force et faut bien avouer qu’en toute modestie, on maîtrisait l’affaire (au grand dam de mon père qui n’était pas un fan forcéné de Jean-Jacques Goldman. C’est rude, la paternité, des fois).

Je ne l’avais plus écoutée depuis des années, puis je me la suis remise dans les oreilles en écrivant certaines parties d’Etats d’âme. C’était pile en phase avec mon sujet, forcément. Et j’ai été étonnée (l’Homme aussi, à ses oreilles défendantes : les hommes de ma vie ne sont décidément par très réceptifs à la prose de JJG) de voir combien je connaissais encore toutes les paroles par coeur. Et que je savais les chanter très vite.

Sauf que, là, elles sonnaient différemment.

Chanter cette chanson à 12 ans tenait juste du concours. La chanter à passé 30 ans devenait réaliste.

Mais justement, réaliste en quoi ?

« Fais des bébés ». Wé. Ben c’est normal, on vient sur Terre pour ça, en gros.

Ben ça, c’est pas toujours évident…

Il y a pile un an, le magazine Philosophie titrait « Pourquoi faisons-nous des enfants ?« . Attirée par ce titre inattendu et peu glamour (on préfère tous parler plus de sexe que de procréation, non ?), j’ai acheté le magazine (au passage, on applaudit et on remarque que dans cet article-ci, je ne vous parlerai pas du Psychologie, intention louable s’il en est). Ils y mettaient les résultats d’un sondage: Pourquoi faisons-nous des enfants.

Les résultats les étonnent. De fait, comme ils le disent eux-même, il y a 50 ans, on ne faisait pas des enfants, on en avait. La question ne se posait donc pas. Aujourd’hui, avec l’avènement de la pilule, et de nombreux autres moyens de contraceptions, c’est clairement devenu un choix. Et qui dit choix, dit réflexion. Et qui dit réflexion, dit arguments « pour » et arguments « contre ». Et ça se complique.

 

Dans ma petite tête, l’argument le plus « pour » possible est notre animalité. De fait, contre cela, on ne peut lutter, même si transcender cette animalité est le propre de l’être humain. J’ai d’ailleurs eu un échange très intéressant à ce sujet avec un monsieur dont les arguments et analyses sont, certes, peu romantiques mais très éclairants. De fait, l’animalité guide encore énormément nos pas en ce qui concerne le choix de nos partenaires sexuels et, donc, potentiels « reproducteurs ».

Et c’est ce qu’a corroboré un jour, un de mes collaborateur-copain (on va l’appeler comme ça, je sais jamais dans quelle catégorie le classer, c’est pénible, les petites boîtes !) en m’accueillant pour un lunch boulot avec un joyeux:

« Ha ben oui, les hommes sont et restent des animaux, ils flashent sur les filles avec lesquels ils pourraient se reproduire, en fait ! »

Etant une fille avec une éducation un brin traditionnelle (entendez par là que quand je rencontre un collaborateur boulot, je l’accueille plus volontiers avec un « Bonjour, comment ça va, toi ? » qu’un « Hé salut, tu sais que si tu flashes sur moi, c’est parce que je suis fort probablement celle qui te permettra de procréer ? »), j’ai été un chouïa mal à l’aise mais… avec le temps et la réflexion, il faut bien avouer qu’il n’a pas tort du tout.

Mais j’imagine que ce gentil garçon (déjà papa, par ailleurs) a réfléchi plus loin et autrement son envie de descendance qu’en se disant justement « je flashe, je procrée ». 

Et de là, ma question: Pour quelle(s) raison(s) un homme désire-t-il et fait-il un enfant ?

Qui plus est, lors de nos échanges avec Cousin Baudouin concernant le projet BS (plus d’info et ), on s’est aussi clairement posé la question (et je précise tout de suite, non, Cousin Baudouin et moi n’avons pas l’intention de procréer ensemble, on se pose cette question pour l’amour de l’art, tout simplement).

Résultat, j’ai mis la question sur mon profil Facebook et sur Twitter.

Et j’ai pu recueillir nombre de réponses d’hommes bien intéressés par le sujet (je les en remercie encore, d’ailleurs). Ce qui m’a étonnée, mon postulat de départ étant que le désir d’enfant est fondamentalement féminin et que l’homme fait un enfant à la femme pour lui faire plaisir à elle, d’abord. Ben nan, circulez, j’ai tout faux. Et ouf, en fait.

La femme aujourd’hui a le choix de faire des enfants… ou pas. Et, du coup, l’homme aussi a ce choix. Enfin, je veux dire qu’il doit lui aussi se positionner par rapport à ce désir ou ce non-désir (car du non-désir, ça existe, certains le revendiquent d’ailleurs et je trouve cela intéressant: « Le refus d’enfanter est l’avenir de l’homme« ) . Et cela lui donnera les arguments pour convaincre sa compagne, puisqu’elle peut ne pas en avoir envie du tout, elle aussi. 

J’ai été touchée par les réponses que les hommes m’ont données. Et dans ces réponses, certains évoquaient leur besoin de descendance, de perpétuer les gènes (et donc parlaient de leur animalité et je trouve cela sain et honnête) mais pas seulement. Ils abordaient les échanges, les caresses, les regards, les fou-rire,…

J’ai juste envie de poser là certaines de leurs phrases (sans nom, mais ils se reconnaîtront):

« Pour connaître le bonheur de voir une petite chose, sourire, se sentir en sécurité sur le ventre de son père! »

« Pour une raison très égoïste: refuser l’idée de vieillir sans enfants et petits-enfants qui tournent autour de moi… »

« Pour avoir un prétexte de rester un enfant , ou pour voir grandir les traits d’une personne qu’on aime déjà … »

« Parce qu’au fond de nous on adore pouponner et que c’est vachement plus interactif que tous les gadgets du monde! »

« Pour assurer une forme d’immortalité »

« Pour laisser une trace de son ADN sur cette planète »

« Pour perpétuer les gênes, comme les animaux… de la meme manière que les femmes choisissent les hommes les plus forts (selon plusieurs critères) pour, ensemble, former un environnement où les petits pourront se développer et perpetuer les gênes à leur tour… »

« Il suffit d’entendre un rire d’enfant (et mieux, en être la cause ) pour être converti »

« L’envie d’un projet de couple, de construire qqchose sur le long terme, de rechercher la continuité »

« Pour le plaisir de créer un truc à deux, pour pouvoir jouer avec plein de trucs débiles avec une bonne excuse »

Et je remercie aussi ceux qui ont donné leurs arguments pour ne PAS en avoir. Parmi les réponses que j’ai reçues (d’un échantillon tout-à-fait NON représentatif, hein, on était sur Twitter et Facebook, pas dans un institut de sondage !), ils étaient les moins nombreux mais certainement pas les moins réfléchis, ni les moins concernés (et j’en déduis un peu que ne pas faire un enfant est vraiment un choix auquel qu’on réfléchit sérieusement, non ?). Il y a donc des hommes qui flashent sur des femmes mais qui ne leur demanderont pas forcément de procréer. C’est une nouvelle que j’estime agréable ! Hé, hé.

Et je remarque aussi que l’Homme n’est pas un extra-terrestre parmi ses semblables. Le petit de l’Homme, il l’a désiré et rêvé. Même en animal. Il est passé du lion au papa-poule. Et c’est extra…

Comment NE PAS se remonter le moral, manuel explicatif

Tadaaaaaaaaaaaaaaam !

Se dire que ça y est, vous avez tout classé, tout trié, vous allez aller vous inscrire au chômage !!!

Bon, prenons une individue lambda pas au top de sa forme ni physique, ni morale. Moi, par exemple. Oui, c’est ça, c’est un bon exemple.

Blindée de bonne volonté et de papiers en tous genres. Debout à 6h30. Oui, oui, si vous avez envie de grasse matinée, vaut mieux rester employé. Le chômage, c’est pas pour les lève-tard !

En route à 7h45. Déposage du petit de l’Homme à son école (« Mais tu travailles plus ! Pourquoi je dois aller à la garderie, alors ??? » « Tu comprendras quand tu seras grand »). Tout roule.

Vérification faite la veille: l’adresse où je dois m’inscrire au chômedu est encore la même que celle que je connaissais il y a 6 ans. Parfait. Bus arrive, nickel. Tram suit, super.

Arrivée sur place, stupeur. Y’a pu. Quoi y’a pu ? Ben y’a pu. Fermé. Transformé. A pu. Partie la permanence de chômage de la FGTB ! Sans donner sa nouvelle adresse, d’ailleurs. C’est écrit nulle part, j’ai bien tout détaillé.

Résistant vaillamment à un pointe de découragement totalement injustifiée (allez, quoi, c’est pas ça qui va arrêter une femme crevée, morte de froid et pas en forme quand même !), je me planque dans un arrêt de bus et sors mon iPhone. Par moins 2 degrés, on se dit que l’iPhone et le chômage doivent être des choses bien plus agréables à vivre sous des latitudes plus clémentes que la Belgique au mois de janvier. Et puis, je me rappelle que l’iPhone n’est PAS une option logique quand on est chômeur. Et me demande comment font les autres chômeurs pour trouver la permanence chômage quand elle déménage en ne laissant pas d’adresse… Passons. Je cherche donc l’adresse de ma permanence. Ma recherche sous Safari me délivre trois sites. Avec trois adresses différentes, youplààààà. Outre la première que je connais déjà (et c’est pas lààààà, lalalèreuh !), j’hésite entre les deux suivantes. Je lance Google Maps. Qui veut pas se lancer. Je relance, chuis têtue. Lui aussi, malheureusement. Je trépigne (ça tombe bien, ça réchauffe, il fait froid). J’essaye de lancer le site de la STIB (société des transports bruxellois pour les étrangers à Bruxelles qui passeraient par ici), histoire de voir comment me rendre à l’une de ces deux adresses (vu que je ne vois pas où c’est), mais ce site-là aussi refuse catégoriquement de me donner une réponse. Tout le monde me lâche.

Je résiste vaillamment à une inutile envie de pleurer, c’est moche, ça sert à rien et puis, quand il fait froid, c’est mauvais pour la peau. Il est déjà 9h20. Je me demande si je vais opter pour l’option « appeler un ami ». Je m’entends déjà supplier au téléphone « diiiiis, tu peux me dire où se trouve la rue machin-truc-chose ??? Et comment qu’on y va ??? » « Et la rue brol-bazard, tu peux aussi ??? » « On y va comment idem ??? ». Je me ravise. L’Homme a oublié son iPhone à la maison (et il est à Paris, en plus) et mes autres potes ont autre chose à faire de leur vie que de m’aider à m’inscrire au chômage. Ils bossent, eux.

Je me résigne à redescendre dans la station de tram pour rentrer chez moi et aller voir, courageusement, quel est le chemin pour ma nouvelle permanence chômage sur mon Mac, au chaud, avec un café. Oh oui, un café.

Mais avec le risque, couru d’avance, de ne plus ressortir après. Qui plus est, là, l’horaire est formel, quelle que soit l’adresse, la seule chose avec laquelle les trois sites soient d’accord, c’est l’heure de fermeture de la permanence: midi. Il est 9h40, le temps de rentrer, de trouver où aller et comment y aller, d’y retourner, pas sûre d’y être à l’heure. C’est un défi. Et la STIB fait passer Le Dakar 2010 comme une promenade de santé à côté de ce défi-là.

Quoiqu’il en soit, je me sens l’âme d’une femme prête à relever tous les défis, je descends dans la station de tram. Et, là, pile au dessus de ma tête, apparaît en grand, en très grand, en énooooooooorme… le nom de la rue de la deuxième adresse. Mon instinct de citadine me dit deux choses:

1) le hasard n’existe pas, si cette adresse est au firmament de ma station de tram, c’est un appel. Pour finir, les Rois Mages ont un peu fait pareil mercredi, ils ont suivi l’Etoile et ont trouvé Jésus. Je n’en demande pas tant mais si suivre cette flèche pouvait déjà me mener à ma permanence chômage, j’en serais très heureuse. Qui plus est, dans l’état actuel des choses, cette permanence me sera plus utile que Jésus himself. Je doute qu’il puisse me délivrer une carte de chômage.

2) si cette adresse est fort proche de l’ancienne adresse (à deux pas), il y a de réelles chances que ce soit la bonne. La permanence aurait déménagé dans le quartier, c’est logique, ça se tient. Et j’aime les choses logiques, moi.

Je suivrai donc la flèche. Qui s’arrête une fois en dehors de la station. On peut pas tout avoir. Je me résous, en fille méga têtue, à rouvrir Google Maps. Qui marche, allélouïa ! On reste dans le mystique.

La rue est à deux pas. Deux pas pas franchement glamour, l’endroit est certainement un des quartiers les plus glauques de Bruxelles. Mais même pas peur, je suis remontée à bloc. Et j’ai froid. Mon air de bourgeoise décidé doit en étonner plus d’un. Ceci dit, j’ai rangé mon iPhone. Au loin pointent les drapeaux rouges flamboyants de la permanence chômage du syndicat socialiste. Un cri de victoire que n’aurait pas renié Léon Blum (s’il avait été Belge) m’échappe.

Je m’engouffre dans un bâtiment neuf, chaud et beau. De toute évidence, le déménagement s’est fait pour un mieux. C’est tout joli ! Je me place dans la file. Et découvre avec ravissement qu’elle n’est pas longue et que, en plus, trois guichets sont ouverts. L’ancienne permanence n’avait qu’un guichet et une file longue comme un jour sans pain. Je souris d’aise. Mais pas longtemps.

10h30, j’arrive au guichet. Je demande donc à me réinscrire au chômage (vu que je l’ai déjà été dans une vie antérieure, toute inscription future est un réinscription, à l’avenir) et m’attends à recevoir un ticket pour refaire la file pour le bureau des inscriptions au chômage. Jusque là, je suis drillée mentalement, je m’y attends. Le côté kafkaïen de faire la file pour avoir le droit de refaire la file, je m’y suis préparée. J’ai intégré l’absurde de la donnée à l’époque, je suis blindée maintenant. Une vieille routière du truc.

La dame du guichet, adorable, me demande mon C4.

« Je n’ai pas de C4, mon employeur ne m’en a pas donné »

« Ha, il me faut votre C4 »

« Mais j’ai mon contrat, il est fini, c’est une fin de contrat, la date est sur le contrat »

« Ca ne suffit pas, madame, le C4 est le document officiel. Il y sera effectivement stipulé que la raison de votre fin de contrat est « une fin de contrat » (sic), mais ça doit être écrit sur un C4. »

« Ha. Bon… mais je ne peux pas m’inscrire déjà et venir vous donner ce C4 par la suite ou vous l’envoyer par la poste ? »

« Non, sans C4, on ne peut pas vous inscrire. Demandez votre C4 et revenez. »

« … »

« Etes-vous inscrite à Actiris ? »

« Ben non, je dois m’inscrire à Actiris après m’être inscrite au chômage, non ? »

« Ha non, non, vous avez 8 jours pour vous inscrire à Actiris après votre fin de contrat, sans cela, vous aurez des problèmes pour votre inscription, or nous sommes déjà le 8, il faut aller vous y inscrire maintenant, avant que cela ne ferme ! »

« Mais je ne savais pas pour les 8 jours ! »

« Ha ben si, 8 jours, allez-y, il y a une permanence Actiris à 5 minutes à pieds d’ici, vous voyez la rue Brol-truc-muche ? C’est au 144, sur votre gauche »

Un peu sonnée, je fais oui-oui de la tête, dis au revoir poliment et me retrouve dans la rue en essayant de rassembler mes esprits. Pas si aguerrie, finalement, la vieille routarde du truc. Une constatation: l’administration belge est un peu comme un mari, vous pensez tout connaître de lui, tout savoir et, non, il vous épate encore, même des années après votre rencontre…

Je me concentre et essaye de me souvenir des noms de rues donnés par la gentille dame. Car je me sens l’âme d’une amazone qui va aller prendre d’assaut Actiris. Ou un truc comme ça… En plus habillée néanmoins.

Je tourne à gauche, à droite, je ne sais plus, je suis perdue, et, ô miracle, je me retrouve dans la rue Brol-truc-muche. Je constate fièrement que mon incroyable sens de l’orientation m’a évité d’avoir à ouvrir une troisième fois Google Maps. Je m’applaudis. Et cherche le 144.

(j’ouvre ici une parenthèse offrant mes services comme guide touristique à qui veut pour visiter ce charmant quartier qu’est le quartier de la Gare du Midi, je le connais comme ma poche maintenant et Actiris serait heureux de voir que je me donne corps et âme pour me créer mon propre emploi)

Je rentre à la permanence d’Actiris. L’endroit est tout aussi beau et neuf qu’à ma permanence chômage. A croire que pendant les années où je n’ai pas été chômeuse, ils ont décidé de donner envie à tout le monde de le devenir. Et ça tombe bien, ils doivent être contents, tout le monde le devient justement, les chiffres explosent, ça fait chaud au coeur !

Comme Actiris multiplie les permanences (un jeu se cache dans ce billet: comptez le nombre de fois où le mot permanence est écrit, ça occupe et si vous n’avez pas la chance, comme moi, d’être chômeuse et que vous vous emmerdez donc dans un bureau, ça va vous aider à finir votre journée), il n’y a personne dans celle-ci. Je passe donc sans encombre l’étape de l’accueil et celle du deuxième accueil (on est vraiment les bienvenus, chez Actiris !) pour, enfin, après juste deux minutes d’attente dans une salle adorable remplie d’ordinateurs connectés (c’est pour chercher du boulot, bande de mauvaises langues), je passe devant une autre gentille dame.

« C’est pour une réinscription »

« Bien, puis-je avoir votre carte d’identité ? Oh, vous avez été journaliste ? »

« Heu, nan. Pas franchement, nan. »

« Ha. Vous êtes réinscrite. »

« Bon, au moins je suis dans les temps, je devais l’être avant aujourd’hui m’a-t-on dit au syndicat »

« Vous devez l’être dans les 8 jours après votre inscription au chômage, oui »

« Ben, je ne suis pas inscrite au chômage, là »

« Ha ??? Ceci dit, ce n’est pas grave, vous êtes déjà inscrite chez nous, c’est fait, mais il n’y avait pas d’urgence ».

Elle sourit.

Moi aussi. Mais jaune.

Je sors d’Actiris, je me dirige vers la Gare du Midi. Cet endroit m’est au moins familier, il me rappelle le boulot. Et c’est bien de se rappeler de choses logiques et qu’on connaît quand on a l’impression d’être plongé dans un monde surréaliste. 

Je lève le nez, avance courageusement et me retrouve étalée de tout mon long sur la voie de tram que je devais traverser. Les rails et le gel ont eu raison de mes nouvelles bottes. Je me relève en souriant. Les gens me prennent pour une douce folle. Et pourtant, j’ai envie d’éclater de rire en me disant… « Décidément, les rails et moi, on n’est pas copains… »

La gare me tend les bras, je m’y engouffre. Le Psychologie (oui, encore lui) titre « Savoir faire les bons choix » (bon, il titre aussi « Fellation, cunnilingus, quand l’un veut et l’autre pas » mais cela n’a aucun rapport avec ce billet). Je constaterai en l’achetant (ça occupe) que l’article ne m’aidera en aucun cas à faire les miens, de choix (mais peut-être à en savoir plus sur le cunnilingus et la fellation, si ça tombe).

Il y a même un test: « Qu’est-ce qui vous bloque ? »

Mais la réponse VOUS-MEME n’y figure pas. Dommage…

PS: et sur psycholgies.com, il y a aussi un test qui s’intitule « Comment vivez-vous le chômage« , ça ne s’invente pas !