Romain,
J’aurais dû t’écrire cet article il y a quelques mois déjà.
En mai, plus précisément le 28 mai.
C’est ce jour-là que tu as choisi pour te barrer. Définitivement.
Enfin « choisir », entendons-nous, on ne choisit pas ces choses-là.
On ne choisit pas la maladie, la souffrance et la mort.
On les subit, avec plus ou moins de grâce, plus ou moins de classe.
Ta grâce et ta classe à toi étaient sans aucun mesure.
Personne dans mon entourage ne t’arrivait à la cheville.
Et je ne dis pas ça parce que tu t’es barré et qu’on enjolive toujours un peu ceux qui ne sont plus là.
Je le dis car c’était une évidence.
Ce fichu 28 mai, j’ai été incapable d’écrire un texte.
J’ai hurlé, pleuré, fait des trucs un peu cons.
J’ai embrassé aussi.
Mais j’ai pas écrit de texte.
Note, je me suis fendue d’un statut Facebook, parmi plein d’autres statuts qui te rendaient hommage mille fois mieux.
Le mien disait
« On se rappelle, on se fait une bouffe ! »
N’oubliez pas que les gens que vous appréciez ne sont pas éternels.
Jamais.
Et faites-là, cette bouffe !!!!!! »
Ok, piètre épitaphe.
Ricane, tu peux.
Surtout que FB, c’était pas ta came.
Et qu’on ne pourra jamais se rappeler et se faire une bouffe.
Mais depuis, je n’ai pas pu effacer ce putain de sms de mon téléphone.
Celui où, comme la majorité des gens, on se promet une bouffe.
Alors si ça peut servir à d’autres, ce sera toujours ça de pris…
Si je trouve enfin le courage de t’écrire aujourd’hui, c’est que c’est ton annif.
Toi, le mec de 1973.
Toi qui as mon âge.
Et on ne meurt pas à nos âges.
Je me suis replongée dans l’aventure d' »Etats d’âme d’une jeune mère » où tu as foncé les yeux fermés et où, grâce à toi, j’ai vu pour la première fois un de mes personnages prendre vie à l’écran…
« Merci pour les monologues, hein, tu m’as gâté »
(regard moqueur)
D’accord, j’admets, ils étaient longs.
Mais en même temps, rien que pour le plaisir de te les entendre et de te voir les dire, je n’ai aucun regret, j’aurais même dû les faire plus longs encore !
Pour prolonger l’enchantement.
Je me suis replongée dans mes souvenirs, dans nos conversations, dans mes photos, dans tes conseils…
Se souvenir de ton cynisme tendre.
Wé, ça peut être tendre, le cynisme.
Ca aussi, tu me l’as fait découvrir.
Je me suis replongée dans cette partie de notre vie où tout était possible.
Où tu étais immortel.
Et je me suis dit… qu’il fallait que je te souhaite un heureux anniversaire, Romain.
Parce qu’en fait, oui, tu n’es pas mortel.
Les acteurs ne meurent jamais vraiment, les gens qu’on aime encore moins.
T’es encore là.
On peut même presque te serrer dans nos bras…
Bon annif à toi !
L’Homme t’embrasse goulûment, le petit de l’Homme te fait un câlin.
Et moi, je t’envoie un clin d’œil.
Merci.
Et à tes 43 ans, Romain !
Marie