Avoir 50 moins un an, résistance et réalisme (et photo putaclick)

(Ce texte est écrit devant un reportage sur la propagande en Russie, autant vous dire qu’il ne va pas transpirer l’hilarité)
(Mais en même temps, avons-nous vraiment envie d’hilarité ?)

Ceux qui me connaissent savent que plus jeune (adolescente et jeune adulte), je faisais une réelle fixation : tout savoir, tout connaître sur la seconde guerre mondiale.
On va l’avouer, c’est assez commun, voir banal, comme intérêt.
Mais dans mon cas, ça virait quand même légèrement à l’obsession.
Et je ne sais pas trop d’où cette idée me venait. De mon roman scout préféré de l’époque ? D’un récit raconté par mon grand oncle, qui s’était retrouvé bombardé sur la route de l’exil ? Du journal d’Anne Franck, que j’avais lu deux fois à 11 ans (j’étais responsable de la bibliothèque de la classe, j’avais donc un accès sans limite aux livres que je voulais lire et relire) ?
Un peu tout cela à la fois, j’imagine.
J’ai donc grandi avec l’histoire de cette période dans la tête.
Un brin nostalgique quand j’étais ado (oui, d’une époque que je n’ai pas connue, c’est plutôt con et naïf, mais cette période et la petite histoire me semblait romantiques et héroïques à souhait), puis de plus en plus interpellée par la grande histoire et par la complexité cachée derrière une très apparente simplicité qu’on s’ingéniait à nous faire étudier dans tous les cours d’histoire, quitte à nous faire tous croire qu’on aurait été, dans un bel ensemble, de vrais résistants de la première heure.
Et je pense que bon nombre de gens de ma génération étaient et sont toujours persuadés qu’à la place de leurs grands-parents, ils auraient été résistants.
(et pour preuve, certains, ces derniers temps, ont été jusqu’à se prendre pour tels, d’ailleurs) Lire la suite

47 ans, résistance et confinement

« Moi, si j’avais vécu pendant la guerre, j’aurais été résistant, clairement »

Cette phrase, j’ai dû l’entendre au bas mot 25.000 fois en 47 ans d’existence.
Surtout ado.
Période où un paquet de personnes autour de moi pensaient mordicus qu’elles auraient été un grandiose mélange de de Gaulle et de Jean Moulin en 42. En mieux.

Et ça me faisait ricaner à l’époque.
Ca me fait toujours autant ricaner aujourd’hui, notez.

En rhéto (classe de terminale pour les potes français égarés par ici), j’ai été choisie, comme plusieurs autres élèves de mon école, pour participer à une émission TV qui célébrait les 50 ans de la résistance.
Nous avions passé une sélection, dû montrer notre connaissance et notre intérêt du sujet et, ensuite, proposer la question que nous voulions poser aux résistant(e)s qui allaient être sur le plateau. Je ne me souviens plus du tout de la question que j’avais soumise, mais j’ai été choisie. Et je me suis donc retrouvée sur un plateau TV, en gros, à poser ma question à des personnes qui avaient fait montre d’un courage et d’une abnégation dont je me savais totalement et absolument incapable. Et plus j’écoutais leurs témoignages, plus ma conviction se renforçait. Lire la suite

Calendrier de l’avent : Jour 5, Et si j’étais née en 17, à Leidenstadt ? Hein ?

(Cet article fait partie de la série « Calendrier de l’Avent », pour retrouver les explications et l’article du Jour 1, c’est par ici)

Oui, je vous vois ouvrir de grands yeux. Avec le retour de mes articles, il y a d’office le retour de mes goûts musicaux discutables. Ca vous manquait, avouez ! Un bon petit Goldman de derrière les fagots. Notez, j’aurais pu vous mettre « Les bêtises » de Sabine Paturel ou « C’est la ouate » de Caroline Loeb, mais ça aurait moyennement servi mon sujet… Goûts discutables, ok, mais la chanson doit servir un chouïa le texte, quand même.

(Aparté : si vous trouvez un sujet à traiter que la chanson « C’est la ouate » illustre, balancez, j’en ai pris pour un mois, là, donc je peux écrire des trucs sur n’importe quoi, hein !)

Et la chanson « Né en 17 à Leidenstadt » de Goldman a cet avantage de servir impeccablement mon propos.

Je me souviens exactement de l’époque où je la chantais. En boucle. Ado, dans ma chambre chez mon père, à Bordeaux; ado, sous mon casque, dans le métro à Bruxelles; ado,… partout.
J’avais 18 ans quand elle est sortie, j’étais (et suis toujours) une passionnée de la Seconde Guerre Mondiale et je voulais vraiment comprendre tous les tenants et aboutissants du conflit. Et surtout comprendre pourquoi on en était arrivé à ce carnage…

Parmi tous les jeunes de mon âge, et même parmi les gens de la génération avant moi (baby-boom, nés à la fin ou juste après la guerre), il était de bon ton d’affirmer haut et fort que, pendant la guerre, c’est clair, on aurait été résistant.
Une évidence.
Une certitude.

Et cela m’effarait. Lire la suite