(avant de commencer cet article, je voudrais remercier l’Homme pour l’accompagnement sonore de sa playlist spotify, j’ai vraiment l’impression d’avoir 20 ans, là, justement, c’est de la madeleine en musique, ce son !)
Quand j’avais 20 ans, donc, oui, 20 ans, ma famille m’a envoyée dans un couvent. Z’avez bien lu, un couvent. Non, ceci n’est pas une fiction, vous lisez correctement, j’ai bien écrit couvent. Un vrai, avec des soeurs, des croix, des voiles et des prières. Un grand jardin, une énorme bibliothèque et, quand même, la télé aussi. Ouf, sauvée.
Je n’étais pas punie, le but n’était pas de provoquer chez moi une vocation quelconque mais bien… d’aller parfaire mon espagnol, vu que le couvent en question était à Madrid.
J’ai donc débarqué là-bas, un peu déboussolée, avec mon journal intime sous le bras (je sentais que j’allais en avoir besoin) et ai été accueillie par une bande de nonettes tout droit sorties d’un film de De Funès. Sauf qu’elles ne conduisaient pas une 2CV mais une Renault4, et qu’on n’était pas sur la Côte d’Azur mais à l’aéroport international de Madrid. Elles parlaient toutes en même temps, me donnaient du « preciosa » (qui est resté mon surnom tout le reste de mon séjour chez elles, « Marie », ça devait faire trop Sainte Vierge) et me demandaient 10.000 choses sans attendre mes réponses. J’avoue, je suis loin d’être une fille farouche (et je ne l’étais clairement pas à 20 ans non plus), mais là, l’arrivée m’a un peu effrayée.
Pourtant, au cours de mon séjour chez elles, j’ai pu découvrir une vie très loin de celle que je m’étais imaginée. Ca contrastait solidement avec ma vie d’étudiante et ses beuveries, certes, mais pour le reste, elles étaient d’une ouverture d’esprit et d’une fraîcheur qui faisait un bien fou, pas engoncées du tout. Bon, j’ai un peu fait la révolution par moments (en demandant si je pouvais aller acheter ma pilule à la pharmacie, par exemple, j’en avais plus; en mettant une robe toute fluide, moulante et courte qu’elles ont trouvée « très jolie, très féminine, mais un peu légère, non ? », de fait, elle était transparente; et autres petits détails du genre…) mais comme je l’ai maintes fois répété, je suis une fille gentille et sage à la base et mon séjour au couvent s’est déroulé impeccablement. En me rendant à ma mère (entière, là, y’avait pas de soucis, j’ai pas vu l’ombre d’un bout de moustache madrilène), elle n’ont pas tari d’éloges à mon égard. Et moi, au leur.
Car ce séjour m’a permis de poser toutes les questions que je n’aurais jamais espéré poser à une communauté religieuse. Elles avaient été briefées avant ma venue « Marie, quoique venant d’une famille catholique, n’est pas croyante ». Elles étaient donc au parfum concernant mon orientation philosophique. Et ne se leurraient pas sur le fait que, même si je débarquais parmi les voiles, je n’allais pas en faire ma tenue vestimentaire préférée. Par contre, elles avaient pris l’option « on répondra à toutes ses questions si elle en pose » (se disant peut-être que je n’allais rien demander, pas de bol, en plus d’être peu farouche, je suis curieuse). Et j’en ai usé et abusé. La sexualité, la famille, l’amour… Je ne leur ai épargné aucune des questions bateaux qu’on se dit qu’on va poser à une jeune soeur de même pas 30 ans en la regardant avec un air apitoyé (la pauvre, elle passe à côté de nuits de folie, d’un homme qui lui dit je t’aime, d’un enfant qui l’appelle maman,… d’un mec qui ronfle, d’un divorce qui dure 2 ans, d’un accouchement de 27 heures…).
Pourtant, la conversation la plus intéressante que j’ai eue avec l’une d’elles ne portait sur aucun de ces sujets.
Elle découlait de ma question (ok, bateau, plouf, mais ça me démangeait): « Qu’est-ce qui te prouve que Dieu existe ? »
Les femmes et les enfants d’abord, détachez les canots, on coule !
La nana (non, on dit « la soeur », d’abord, même si t’as qu’un frère) ne s’est pas démontée, elle a répondu quelque chose que j’ai trouvé déroutant, mais… poétique:
« Hé bien, pour moi, Dieu, tu le vois, tu le sens, surtout dans les moments les plus difficiles de ta vie. Tu sais, dans ces moments où tout va mal, où tu as l’impression d’être dans l’obscurité la plus totale, où tu touches le fond du gouffre,… Hé bien, as-tu remarqué qu’à ce moment-là, pile à ce moment-là, quelqu’un apparaît et te tend une main pour t’aider ? Une personne que tu connais ou, même, que tu ne connais pas. Qui, tout d’un coup, t’aide, te porte, te soutient. Et bien, pour moi, c’est la manifestation de Dieu. C’est Lui qui t’envoie la lumière qui va guider tes pas pour sortir de la nuit. Il est là, Il pense à toi, Il t’envoie de l’aide. Au moment-même où tu en as besoin… »
J’ai un peu laissé tomber le grignotage de mon biscuit pour réfléchir plus à mon aise. Vu que je n’avais jamais, de un, remarqué que quand on est dans la merde la plus totale, y’a toujours un beau brun pour venir vous aider et, de deux, encore moins imaginé que ledit beau brun était une manifestation de Dieu. Ca m’a laissée perplexe.
Et pourtant, depuis, je fais gaffe. A chaque fois que j’ai été dans une situation difficile (et y’en a eu, et y’en aura encore), sa théorie s’est vérifiée. Une main tendue, une épaule accueillante, un regard encourageant, des paroles qui rassurent… parfois même plus, beaucoup plus. Sur ce point-là, elle avait complètement raison.
Et cela se vérifie encore aujourd’hui. Enfin plutôt vendredi dernier, en fait. J’irai pas jusqu’à appeler la personne en question Dieu (faut pas pousser, restons modeste !), mais voilà, j’ai vu de la lumière, je suis entrée, ça a fait un bien fou… Du genre qui remet les pendules à l’heure. L’axe dans le bon sens. Les pieds sur terre. La tête à l’endroit. Ok, ok, j’arrête, revenez !
Une impression de bon sens, juste ça. Pourtant du bon sens, je n’en manque pas en temps normal, mais ces derniers temps, j’ai eu peur de plein de choses et j’ai voulu les fuir. Pas bon plan. On va plutôt affronter, là. Bonne idée. Avec dignité si possible, soyons fou.
Pour terminer cet article sur Dieu, un message spéciale dédicace, on m’a reproché que mon blog devenait trop guimauve et à l’eau de rose. Ai réfléchi sérieusement à la question. Et le compliment, je prends. Car oui, c’est un compliment. Les guimauves, on n’a encore trouvé rien de tel pour s’empiffrer en cas de coup de mou et se sentir mieux après. Et l’eau de rose, sérieux, les gars, sentez un jour la douceur de la peau d’une nana qui a mis de l’eau de rose… Vous m’en direz des nouvelles… si d’aventure vous avez encore envie de parler après ça…
(cet article est aussi dédié à une autre personne qui pour l’instant est dans le noir absolu et qui attend sa petite lumière… Juste pour lui dire que je suis sûre qu’elle arrive mais, bon, les lumières, ça se balade, contrairement aux idées reçues, c’est pas toujours méga rapide. Accroche-toi.)