Je suis planquée sous le plaid, enfoncée dans les coussins. Un oeil morne ouvert sur la télé.
(oui, j’ai l’énergie d’une huître moi, en décembre, ce qui, tout le monde le remarquera, est totalement en phase avec la période festive qui s’annonce… Enfin si pas pour l’énergie, du moins pour l’huître…)

« Machin-chose-truc-bazard, le site de rencontre pour CELIBATAIRES EXIGEANTS »

J’ai bondi. Je savais que je n’aurais pas dû allumer ma télé, que les pubs, ça allait m’achever, mais voilà, je l’ai fait quand même, mauvaise idée.
Donc, j’ai bondi.
Ca fait 4 jours que je tourne et retourne dans ma tête un début de texte sur les sites de rencontre. Sans savoir que dire. Et voilà qu’une bête pub vient me servir un sujet sur un plateau en argent…

Maintenant, on ne fait plus de « bêtes » sites de rencontre, non. Non, non, non. On fait des sites de rencontre pour CELIBATAIRES EXIGEANTS.

Parce que ceux qui sont sur les autres sites, hein, on le sait, ils veulent n’importe qui. Sont pas exigeants. Un truc qui ressemble de près ou de loin à être humain, ça fait l’affaire, hein. Sont tellement désespérés, ces gens, que, bon, voilà, quoi, ils prennent ce qui passe.

Mais pas sur ce site-là. Nan, nan, nan ! Sur ce site-là, ce sont des célibataires EXIGEANTS.

Vous m’en direz tant…

Ca fait deux semaines que je me demande ce qui me dérange dans les sites de rencontre.

Car si j’étais contre les rencontres sur le web, moi, la nana ultra présente sur Facebook et sur Twitter, ça se saurait ! J’adore ça, rencontrer et papoter avec les gens, j’en ai même fait mon métier, pour rappel. Et des mecs qui vous abordent, sur lesdits réseaux, y’en a un paquet. J’ai jamais trouvé cela dérangeant.

Mais alors pourquoi les sites de rencontre, eux, me dérangent tellement ?

J’en connais pourtant plusieurs autour de moi qui y ont rencontré l’âme soeur. Donc ça marche, ça donne la possibilité de ne pas rester seul(e), ça ouvre sur des horizons nouveaux, voire sur l’amour…

Mouais.

Au cours d’une soirée entre collègues (j’ai des collègues marrants, je vous l’ai déjà dit ? Mmmh ?), l’idée à été lancée de s’inscrire sur un site de rencontre. Adjugé-tope-là-chiche, on l’a fait. Dans un bel ensemble.

J’ai été fascinée par le nombre de choses qu’il fallait mettre dans son profil. Nom, âge, ville, état civil, certes mais aussi goûts personnels, description physique, mensurations. N’étant pas là pour trouver l’âme soeur, j’ai rempli le minimum (le site m’a d’ailleurs joliment rappelé que je n’avais rempli QUE 22% dudit profil, ben oui, ET ALORS ?) : photo (de loin, en pied, visage sérieux et vu de profil, lunettes de soleil sur le nez… Verdict de mon collègue à la question « ça va, cette photo ? » : « Heu… Ouais, on te voit, quoi », comprenez « c’est pas avec ça que tu vas attirer le chaland », parfait), âge, état civil (oui, oui, chuis pas célib, je le mentionne) et non-nullipare (en gros « gaffe, j’ai une descendance »). Rien de bien folichon, je vous l’accorde.

Puis j’ai laissé courir. Ai ouvert à nouveau ce profil 4 jours plus tard… pour y découvrir des messages, des déclarations, et une liste de toutes les personnes passées sur mon profil.

Ca m’a laissée pantoise.

Passons sur le gars qui me déclare dans un message délicieux qu’il a flashé sur mon sourire (ha ?) et mon regard (il a dû le deviner sous les lunettes de soleil, doué le gars), le reste est somme toute assez sympa et va du « coucou » (un paquet de fois, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?) au « chouette photo ! » (seul mec qui m’ait donné envie de répondre, tiens). Pas de quoi casser trois pattes à un canard, ni se plaindre de l’attitude déplacée de ces messieurs.

Mais la sale impression d’être un « objet de consommation » me prend quand même à la gorge.

Surtout quand, par la suite, je parcours la liste des gens qui sont venus sur mon profil et que je me dis que, moi aussi, je serai listée si d’aventure je me mets à parcourir les profils que je juge « intéressants ». Le site attire aussi mon attention sur le fait que certains m’ont ajoutée en « favorite ». Le nom m’évoque surtout le XVIIIème siècle pour être franche (le Roi Soleil en moins…) mais allons voir… pas de bol, il va me falloir des « crédits » pour avoir accès à cette option. Payer ? Etre plus active ? Je ne creuse pas. J’ai pas envie de savoir. Ca devrait logiquement flatter mon égo, mais même pas, je me sens classifiée, rangée, utilisée. Et j’aime pas ça.

En fait, chuis peu modeste comme fille, j’ai l’extrême impudence de me croire unique. Et me retrouver listée parmi des tonnes d’autres nanas et devoir attirer le regard du mâle me donne la nausée. En fait ça fait pas du tout du bien à mon égo, ça. Au contraire, ça le mine.

M’enfin Marie, c’est pareil en boîte, non ????? Toutes ces meufs qui se dandinent pour se vendre au plus offrant !!!! Wé, c’est vrai !  Mais au moins, elles se dandinent, elles s’éclatent sur la piste, boivent des mojitos et gloussent avec les copines. A défaut d’appâter le mâle du siècle (ou de leur vie), elles auront passé une bonne soirée, voire même, si elles se sont un peu donné du mal, dépensé des calories. Moi, je dis, c’est tout bonus.

Par contre sur les sites de rencontre, les avantages m’apparaissent tout de suite moins évidents…

J’ai surtout l’impression qu’on fait le commerce de l’amour. Qu’on profite de la solitude affective des gens pour en faire un business.

Il manque une magie… une incertitude…

Si vous êtes sur un site de rencontre, c’est forcément pour rencontrer. C’est le but du jeu. C’est évident, et c’est pratique. C’est bien le but de la chose.

Traitez-moi de tordue mais ce côté « efficace » me chiffonne.
J’ai cette chance d’avoir rencontré un (des) homme(s) à une époque où cette efficacité n’était pas encore de mise… J’avais toute la vie devant moi, des tas de possibilités de rencontres, des incertitudes, des tours et des détours…
Des questionnements, des « peut-être », des « pas maintenant », des « et si c’était lui »…

L’impression que c’était une autre époque, un autre âge. Un temps de paix où l’amour n’était pas vu comme une guerre à gagner à tout prix.

J’ai encore envie de croire à ce temps-là…

J’ai envie de parler à des hommes, de les séduire ou pas, de ne pas aller droit au but, ou bien d’y aller franchement. Mais de faire les choses selon mon envie, à mon rythme et pas qu’on attende tel ou tel comportement de ma part.
De laisser sa place au cheminement.

Je ne veux pas être efficace en amour. Je ne l’ai jamais été, je ne le serai jamais.

Je veux être exigeante, ça oui, mais pas plus que d’autres : tout être humain est exigeant quand il s’agit de choisir le (la) compagnon/e qui va l’accompagner un bon moment.

Multiplier les lieux de rencontres, oui, sur le net ou en dehors, d’accord, mais par sur des sites ciblés et formatés pour cela.

Ca demande plus d’efforts ? Certes.

Mais si un jour je dois rencontrer une nouvelle âme soeur, autant ne pas me priver du chemin pour y arriver, il a une saveur qu’on oublie quand on entre en guerre…

PS : merci au passage à l’Homme pour sa compréhension (un peu forcée mais bon, ahum) à propos dudit site de rencontre et non, la nouvelle âme soeur n’est pas à l’ordre du jour… Encore heureux 9 ans de mariage, mon amour.