« Et, tu as droit à un cadeau pour la Saint-Valentin, tu te souviens ? »
L’Homme ne lâche pas l’affaire. Il adore faire des cadeaux (c’est un euphémisme) et dès qu’il y a moyen de trouver une excuse pour en faire un, il saute à pieds joints sur l’occasion. BAM. Et notez que ça lui arrive même de s’inventer une date si une occasion se trouvait un peu trop éloignée de la précédente (« Quoi, la Sainte Marie, c’est ta fête, non ? Hop, t’as droit à un cadeau ! »). Il a ce côté chapelier fou qui adorerait passer chaque jour à fêter un non-anniversaire… à partir du moment où il peut offrir un cadeau, of course…
La Saint-Valentin, nous ne l’avons pas fêtée. Un copain était avec nous, le petit de l’Homme aussi, et tout cela s’est terminé dans un excellent resto pas romantique pour un sous. Mais bon. Très bon. Et bien arrosé. Une excellente soirée en somme.
Poutant l’Homme tient à son cadeau. J’y ai droit, j’ai un « bon à valoir », et de préférence, ça doit être un truc un peu romantique ou glamour pour moi (bon, donc, je peux déjà barrer « bon pour un iPad dès qu’il sort » ou « magic mouse » de ma liste de cadeaux potentiels, c’est pas franchement siglé romantique. Mais je vais demander quoi, moi ???!!!).
Il y a quelques jours, en me baladant avec le petit de l’Homme, je suis tombée devant un joli bracelet dans la vitrine d’Agatha. En argent plein, original et simple. Chuis pas branchée bijoux, mais j’aime porter des bracelets. Et celui-là m’a l’air bien sympa. Et il ferait un cadeau de Saint Valentin très acceptable.
Donc ce soir, à l’heure de la sortie du bureau pour l’Homme, ce dernier vient nous chercher au Palais de la Découverte où j’avais embraqué un petit de l’Homme complètement surexcité. Point de direction: l’Apple Store du Carrousel du Louvre. Pour le plaisir, hein. Bien sûr.
Arrivés sur place, on tombe devant un magasin Agatha. Haahaaaaaaaaaa ! Nan, je vous vois venir, j’avais rien prémédité du tout. Enfin si, pour l’Apple Store, je plaide coupable. Mais pas pour le Agatha. L’Homme non plus. Mais quand on additionne « homme qui cherche un cadeau romantico-saint-valentinesque » et « vitrine d’Agatha », on peut comprendre le rouage qui l’a mené à me dire:
« Tu veux qu’on regarde un peu, là ? »
« Oh oui, tiens »
(non, je le répète, j’avais rien prémédité)
« Y’a un truc qui t’intéresse ? » (lueur d’espoir dans ses yeux)
« J’ai vu un bracelet lundi, oui, on peut rentrer si tu veux »
« … » (il est DEJA rentré)
Je cherche donc dans toutes les vitrines ZE bracelet de mes rêves. Par contre, l’Homme a lui renoncé à me suivre. Il se perd dans une grande discussion avec le petit de l’Homme:
Le petit: « Moi aussi, je veux un cadeau de Saint-Valentin pour M. ! (ndlr son amoureuse depuis ses trois ans) »
Son père: « Ha ? Et tu veux lui prendre quoi ? »
« Une Tour Eiffel ! »
Regard effaré de l’Homme qui se trouve avec une femme qui veut un iPad comme cadeau romantique et un gamin qui compte offrir une Tour Eiffel à sa chère et tendre. Fait pas bon être romantique de nos jours, hein !
Il faut que je vous avoue que ça fait 4 jours que le petit de l’Homme me répète à l’envi qu’il veut offrir une Tour Eiffel à M. Qu’il l’aime, qu’elle lui manque et qu’elle doit recevoir un cadeau de Saint-Valentin (pour cela, il tient de son père, hé). Et que la Tour Eiffel, c’est trop coooooool, comme cadeau ! J’ai du mal à trouver cela cool, pourtant chuis pas une intégriste du cadeau, moi. Mais bon, soit, je lui avais promis qu’on regarderait… (vaguement)
Et là, c’est l’Homme qui a du mal. Car, dans une des vitrines du Agatha, le petit de l’Homme a repéré les pendentifs « Tour Eiffel ». Et il ne lâche pas l’affaire.
J’ai du mal à les faire revenir au centre du sujet qui nous amène: mon bracelet. Qui, d’ailleurs, une fois essayé, ne me va pas. La vache.
Mais en fait et en toute honnêteté, mon bracelet, on s’en fiche. Le petit de l’Homme est en plein dilemme cornélien et l’heure est extrêmement grave. Il hésite à présent entre le pendentif Tour Eiffel et le pendentif Coeur.
« Il est trop beau, le coeur, elle va bien l’aimer… »
Et, là, c’est mon coeur à moi qui va éclater. « Il est trop beau, le coeur »… « Elle va bien l’aimer »… Peut-on penser comme ça d’une autre petite fille de 6 ans ? Peut-on aimer de tout son coeur, de toute son âme ? Et se dire qu’il FAUT ce petit coeur en pendentif ? Que cela représente tout ce que son propre petit coeur pourrait dire ?
L’Homme intervient… « On le prend, le coeur, si tu veux… »
« Oh OUI ! »
La vendeuse s’étouffe presque. On était rentrés pour un bracelet pour la mère, on ressort avec un coeur pour l’amoureuse du gamin. Jusque là, tout va bien !
Elle sort le petit coeur de son tiroir…
« Il est à ton goût ? »
« Oh oui, oui, elle va vraiment bien l’aimer ! Il est joli ! Oh oui, c’est un chouette cadeau ! Regardez, il brille ! »
« Si tu veux, je l’emballe dans une petit boîte avec un petit noeud »
« Oh oui, oui, s’il vous plaît, faites cela ! »
Il observe mi-émerveillé, mi-méfiant. Ce coeur, il y tient maintenant !
Il arrache presque la petite boîte des mains de la vendeuse.
« Attends ! Je vais la mettre dans un petit sac avec un autre noeud, comme ça tu pourras le porter ! Et je mets aussi la garantie dans le sac et un bon d’échange si cela ne lui convient pas ».
Le petit de l’Homme se concentre, il répète « garantie, bon d’échange » pour se souvenir et pouvoir le répéter à son amoureuse en temps voulu. Il veut lui donner toutes les infos de manière impeccable.
Après avoir payé (et convenu que le petit de l’Homme rembourserait son père du montant du cadeau avec l’argent de sa tirelire), nous sommes sortis avec, dans notre sillage, le plus fier, le plus heureux, le plus amoureux de tous les petits de l’Homme de la planète.
Il n’a pas lâché une seule seconde son petit sac Agatha. Même pour tester tous les iPods, iPhones et iMacs de l’Apple Store. Et c’est tout dire !
« Avec cela, t’as pas de cadeau de St Valentin, toi », me reproche l’Homme.
Non, mais, en même temps, je suis l’heureuse mère du plus lumineux des petits Valentins.
Et, soyons franche, ça, oui ça, même un iPad incrusté d’or ne le vaudra JAMAIS.
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