J’aime comme il me regarde.
Quand il sourit, là, comme ça, des rides apparaissent. Elles partent du bord de ses yeux et courent vers ses tempes.
Elles n’étaient pas là, ces rides, il y a 18 ans.
18 ans. De hauts, de bas, de séparations, d’accrocs, d’aveux, de lui, de moi.
« Tu penses à quoi quand tu me regardes comme cela ? »
« Que tu es belle »
« Tu te fous de moi ! »
Il ferme les yeux, il est vexé, il me prive de son regard.
« Ok, boude pas, j’accepte le compliment »
Il sourit, les rides réapparaissent. J’ai envie de les caresser du doigt. De les suivre et de me perdre.
« Tu sais, tu deviens encore plus beau au fur et à mesure que tu vieillis… »
Il ricane. Il n’ose pas me dire que je me fous de lui.
Je ne me moque pas pourtant. Je pense ce que je dis, vraiment.
Ca change, un homme, en 18 ans…
« Tu me prends dans tes bras ? »
L’éclat de son regard, la longueur de ses cils… et ces rides qui donnent envie d’y accoler les lèvres.
Où serons-nous dans 15 jours, dans 15 ans ?
Ceci n’est pas une déclaration d’amour. C’est l’état des lieux d’un couple C à un moment M d’une vie V :
j’aime comme il me regarde…