Le petit de l’Homme et l’écartement

Le petit de l’Homme est rarement malade. Mais là, 39°C et nuit toute pourrie obligent, je l’ai embarqué chez le toubib.
Bien m’en prit, il est arrivé là-bas en pleine forme.

Tout va bien, juste un virus, le monstre sera sur pieds pour Noël.

En sortant du cabinet du médecin, celui-ci papote deux-trois minutes avec lui
« Alors, tu as fêté tes 5 ans, là ! C’était bien ? »
« J’ai reçu un train électrique !!!! »
(on remarquera que la fête, les potes, les gâteaux et tout et tout sont complètement passés inaperçus à côté de cette merveille sur rails)
« Haaaa, et c’est chouette, tu aimes ? »
« oh oui, j’aime bien !!! »
Et il continue
« Mais bon, j’y joue chez papa, parce que le train est chez papa… »
Et là, prenant un air inspiré, se sentant obligé d’expliciter cette situation que le bon docteur ne doit pas connaître…

« parce que bon, mes parents, ils sont un petit peu écartés, vous voyez… »

Conclusion: ne dites plus « séparés », cela n’est plus du tout à la mode dans les cours de récré… dites « écartés », c’est plus tendance !

Les hommes, ces produits de consommation…

Ce midi, alors que je faisais la queue pour mon sandwich au snack du coin, je me suis retrouvée coincée derrière deux ado (l’école a repris, youpiiiiie, ça grouille d’ado partout dans le quartier au bureau, moi je dis que le brossage n’est pas une activité en régression de nos jours, faudrait plus parier sur ça que sur la bourse, hein !)…
Deux filles de 16 ans grand max, maquillées comme des camions volés (je critique pas, hein, j’ai allègrement participé à faire grimper les bénéfices de L’Oréal au même âge…), nombril à l’air (je remarque que les nombrils des ado belges de sexe féminin, à l’instar des caleçons des ado masculins, sont clairement waterproof de nos jours, preuve que l’être humain est en pleine mutation…) et chewing gum mâché telle une vache qui n’aurait plus vu de champ depuis 4 ans au moins, sont en pleine discussion métaphysique.

« Je crois que je vais me taper Louis » déclare la première.

« Ha bon… ? » lui rétorque sa copine en haussant un sourcil pour exprimer son profond étonnement.

Ne voulant absolument pas passer pour une vieille has-been qui écoute les conversations des jeunes-dans-le-coup, je m’abîme dans l’analyse approfondie de la carte des sandwichs du snack.

« Ben ouais, j’ai plutôt envie… » continue la première.

(Là, je retiens un soupir)

« Mais tu le connais ? »

(Je suis suspendue à la réponse)

« Non, pas tellement, non »

(Ha.)

« Ben comment tu vas le joindre, alors ? »

(Question pratico-pratique)

« J’vais demander son numéro de GSM à Mathieu, tiens ! Mais bon, je vais pas lui annoncer ça par téléphone, là, je crois que ce serait mieux qu’on discute avant quand même… »

(C’est là que l’importance de la communication entre deux êtres prend tout son sens)

« Ouais, c’est clair. C’est quand même mieux. »

(Ne serait-ce que pour lui donner voix au chapitre… Ha, on s’en fout ?)

« Bon, et puis, je pense que je vais me taper Mathieu, aussi. Mais ça, ça sera pour après »

(Effectivement, on s’en fout)

« Ben oui, lui, t’as déjà son numéro, c’est plus simple. »

(Faut que je vérifie les numéros de mecs que j’ai en mémoire dans mon iPhone, moi)

Là, elles s’arrêtent et me jettent un regard irrité, persuadées que je les épie, pourtant je le jure, je faisais un max d’efforts pour étudier le contenu du « Condo » (Brie, miel, bacon)…

Et la deuxième de continuer: « Moi, j’ai pas encore décidé, on verra… Mais c’est clair, faut que je me tape un mec, là ! »

Elles ont commandé, ont payé et sont sorties.

« Madame, vous désirez ? »

« Je pense que je vais me taper un sandwich ! »

Purée, il faut absolument que je pense à changer mes habitudes de consommation, moi !!!

La fille de 1973

Tu peux pas toujours avoir le beau rôle, Marie, tu sais…

Ben non. Enfin, note, tu y es très bien arrivée ces dernières années. Mais faut pas pousser, y’a des moments où les choses vous rattrapent, c’est obligé. Ce serait trop facile sans cela.

Tu n’es pas un bourreau.
Mais t’es pas une victime.

On s’inscrit toujours dans un système, quel qu’il soit. Il tourne jusqu’à…
Inutile de se demander comment on en est arrivé là, on y est, c’est tout. On regarde derrière et on constate. Dresde après les bombes.

Je m’appelle Marie, j’ai 35 ans…

Les autres : Bonjour, Marie !

Et j’ai arrêté d’être une adolescente il y a trois jour.

Ca va, je tiens debout. Un peu confuse, souvent perdue et euphorique. Mais réelle.

Je dois arrêter de penser à ce qu’on peut penser de moi.
De toute façon, le reflet n’est pas l’objet.

Je me bats maladroitement, avec mes armes. Elles sont en mousse, ça m’exaspère. Je les sens mal adaptées, peu efficaces mais ce sont les seules armes que je possède pour le moment. Alors, je les utilise.

Je m’appelle Marie, j’ai 35 ans…

Et je forge mes nouvelles armes.

Regarde-moi bien dans les yeux et jure-moi que ce sera mieux…

.. qu’il n’y avait rien d’autre à faire.

Je n’aime pas Michel Delpech, ni les chansons des années 70, mais voilà, cette chanson est d’une actualité brûlante et, purée, on n’a encore rien écrit de mieux pour exprimer ce que le divorce représente…

Merci à Laure, à Gana, à Valou, à Val, à Cath, à Audrey, à Marina, à Véro, à mon frère, à Luc, à Mick, à Renaud, à Baudouin, à Mateusz, ainsi qu’à Vi, à Mélo, à Sandrina, à Sandrine, à Isa, à mes folles… La liste est longue de toutes les personnes qui m’ont épaulée, serrée dans leurs bras, écoutée, conseillée, embrassée, appelée, smsée, mailée, proposé des solutions, de l’aide…

Merci.

« Tu vas remonter, Marie, et ça sera plus rapide que tu ne le penses, mais c’est clair, ça te paraîtra toujours trop long » (Luc)

Ce blog va devoir migrer mais il devrait garder le même nom de domaine…

« On pourra dans les premiers temps
Donner la gosse à tes parents,
Le temps de faire le nécessaire.

Il faut quand même se retourner.
Ça me fait drôle de divorcer,
Mais ça fait rien : je vais m’y faire.

Si tu voyais mon avocat,
Ce qu’il veut me faire dire de toi :
Il ne te trouve pas d’excuses.

Les jolies choses de ma vie,
Il fallait que je les oublie :
Il a fallu que je t’accuse.

Tu garderas l’appartement.
Je passerai de temps en temps,
Quand il n’y aura pas d’école.

Ces jours-là, pour l’après-midi,
Je t’enlèverai Stéphanie.
J’ai toujours été son idole.

Si tu manquais de quoi qu’ce soit,
Tu peux toujours compter sur moi
En attendant que tu travailles.

Je sais que tu peux t’en sortir :
Tu vas me faire le plaisir
De te jeter dans la bataille.

{Refrain:}
Si c’est fichu
Entre nous,
La vie continue
Malgré tout.

Tu sais maintenant c’est passé
Mais au début j’en ai bavé :
Je rêvais presque de vengeance

Evidemment j’étais jaloux
Mon orgueil en a pris un coup
Je refusais de te comprendre.

À présent, ça va beaucoup mieux
Et finalement je suis heureux
Que tu te fasses une vie nouvelle.

Tu pourrais même faire aussi
Un demi-frère à Stéphanie :
Ce serait merveilleux pour elle.

{au refrain}

Les amis vont nous questionner
Certains vont se croire obligés
De nous monter l’un contre l’autre

Ce serait moche d’en arriver
Toi et moi à se détester
Et à se rejeter les fautes.

Alors il faut qu’on ait raison
Car cette fois-ci c’est pour de bon :
C’est parti pour la vie entière.

Regarde-moi bien dans les yeux
Et jure moi que ce s’ra mieux
Qu’il n’y avait rien d’autre à faire

{au refrain}
…Malgré tout »

(Les divorcés, Michel Delpech)

4 divorces et un mariage

Ca fait longtemps que je voulais aborder le sujet… Enfin, longtemps, certainement depuis le concept 35 où le sujet « divorce » fut ZE sujet incontournable de la soirée.
Heu ben oui, de fait, j’ai quand même 4 copines qui ont divorcé (de leur plein gré ou pas) depuis début janvier 2008, hein. Un rythme assez soutenu quand on y pense. Une nouvelle tendance. Oubliez la mode des crocs cet été, divorcez, vous serez nettement plus fashion !

A côté de cela, ma petite cousine, mon bébé Elo se mariait. M’en suis toujours pas remise, d’ailleurs. Depuis quand les petites filles se marient-elles ? Oui, pour jouer, ok, mais ici, ça avait quand même l’air vachement pour du vrai. Comment ça, elle a 26 ans ? Naaaaaaaaaaaaan ! C’est pas possible ! On a dû se tromper en comptant…

Enfin, bref, tout cela pour dire que ce sujet m’interpelle.
Et encore plus quand Cousin Baudouin vous en fiche un billet pour expliquer que, pfiou, de son côté aussi, c’est Hiroshima-Nagasaki au pays du couple béat.

Alors, voilà, je m’interroge.

Pourquoi, quand j’avais le doux âge d’Elo, tout le monde se mariait (ou presque, il reste des irréductibles tout de même), quelques années plus tard, tout le monde pondait des lardons (enfin, tout le monde de sexe féminin, s’entend) et, là, la trentaine bien entamée, tout le monde se sépare allègrement (enfin, c’est une vue de l’esprit, dans mon entourage, tout le monde n’est pas si allègre que ça…).

Mes copines et moi nous sommes en plein dans cette réflexion. L’amour, le mariage, le quotidien, l’attirance, la séduction, le jeux, la passion, la sécurité,… On veut toutes tout cela, tout de suite. Forcément, y’a conflit d’intérêts. Rajoutez à cela que le gars doit avoir de l’humour, un corps pas trop mal fichu, de belles dents, pas fumer, de la conversation, être tendre, prendre soin de lui mais pas trop, être passionné mais pas collant, sentir bon,… (purée, on est rudes quand on y pense…) et vous pouvez appeler Tom car c’est Mission Impossible.
Evidemment, on pare forcément Brad, Georges, Albator ou Geoffrey de Peyrac (spéciale dédicace Valou) de toutes ces qualités. Oui, oui, on sait, on a tout faux. Ces 4 là n’existent que dans nos fantasmes. Mais y sont vachement bien, nos fantasmes. Chauds. Tendres. Doux. Romantiques. Et torrides.
Alors, paf, le cher et tendre qui partage nos jours/nuits nous paraît tout d’un coup bien fade. Il a servi à la reproduction (même plutôt avec brio, reconnaissons-le), il se sert d’un machin-chose Black§Decker sans perdre deux doigts à chaque fois, il jongle avec les horaires de crèche/école/cours de danse/cours de foot (aucune mention n’est inutile), avec le boulot qui lui prend un peu de temps, avec les courses où il ramène 15 paquets de mouchoirs et pas une seule boîte de coton-tiges,… mais cela ne nous semble en aucun cas exaltant. Brad se casse au Tibet pour vivre une aventure intérieure, Georges boit du café à vous donner un orgasme rien qu’en regardant la tasse, Albator se la pète avec sa cicatrice (même pas mal) et Geoffrey, ben Geoffrey, Angélique en est folle, doit bien y avoir une raison. Eux, ce sont des mecs, des vrais. Avouez, y’a pas photo.

Non, sérieusement, maintenant, nous en sommes toutes à 10, 12, voire plus, années de mariage/concubinage/cohabitation. Nous sommes toutes très lucide et savons très bien qu’au bout d’autant d’années nous trouverions l’haleine de café de Georges irrespirable, l’air inspiré de Brad digne d’un Golden Retriever, la cicatrice d’Albator absolument hideuse et Geoffrey trop ridé et passionnant à bailler.

Ce n’est pas l’homme, le problème, c’est le temps.

C’est aussi le temps qui nous apporte son lot de tentations, de cafards, d’interrogations, de remises en question, d’évolution… Des milliers d’épreuves pour un couple.
Comment y résister ? Comment aller au-delà ? En a-t-on l’envie, l’énergie, l’amour ?

Comment finalement ressembler à ces couples (de plus en plus rares) qui ont tout surpassé ?

Petite fille, quand je croisais l’un de ces couples, je me disais que leur force, leur amour venait d’une vie sans faille, sans doute, sans faux-pas…
Maintenant, grande fille que je suis, je sais tout ce qui se cache derrière, tous les combats, les rages, les larmes, les éclats, les blessures… Un couple « sans histoire », cela n’existe pas… Et j’en suis d’autant plus admirative. Il en faut du courage et de l’abnégation pour arriver à cela. Il en faut de l’amour et de la confiance en soi pour se dire qu’on y arrivera.

Toutes ces réflexions entre copines ont inspiré un joli texte à mon amie Cath, un texte tendre et vrai, je vous le livre in extenso:

« … je pense aux couples de petits vieux qu’on voit dans le journal local …

« Mariette et Gustave Dupont fêtent leurs 60 ans de mariage en compagnie du Bourgmestre MR »

Mariette et Gustave, vous aussi vous vous êtes engueulés ? Vous aussi vous avez eu des phases où vous vous demandiez qui était ce colocataire à vos côtés qui vous agaaaaaaaaaace à laisser traîner ses chaussettes tous les soirs à côté du lit ? Vous aussi vous vous êtes demandé si vous l’aimiez encore ? Vous aussi vous vous êtes dit que ça valait la peine de vous battre pour le redécouvrir ? Vous aussi vous avez pleuré ? Vous aussi vous avez ri, fait des projets ? Vous aussi vous vous êtes regardés en souriant quand vous voyiez vos enfants rire ensemble ? Vous aussi vous vous êtes retrouvés, saoûlés, agacés, aimés, cotoyés, éloignés, retrouvés encore, et encore, et encore ?

Mariette et Gustave, c’est pas facile, la vie de couple, hein ?
Mariette et Gustave, vous venez d’une époque où on divorçait peu, mais quand même, BRAVO.
Bravo d’être encore aussi souriants de la bouche et du regard, sur la photo du journal…
Bravo de vous tenir par la main…
Bravo d’être à mes yeux l’illustration vivante de la chanson de Brel « les vieux amants », que j’aimerais tant pouvoir représenter moi même un jour…
Bravo de me faire venir les larmes aux yeux de vous croiser dans la rue, vous soutenant l’un l’autre avec mille prévenances, mille rituels du genre on s’arrête à 11h23 aux 6 colonnes pour l’apéro et commander 12 huîtres….
 »

Ben oui, comment ils ont fait, Mariette et Gustave ? Hein ? Le pire, c’est qu’ils sont bien incapables de le dire. Ou alors ce qu’ils disent n’est pas transcendantal, ni transcendant.

Alors moi, je me dit que, si ça tombe, Mariette et Gustave… ils ont juste cru en eux d’abord, avant de croire en l’autre. Su ce qu’ils voulaient. Et gardé le cap. Et ils l’ont fait tous les deux.
Le reste n’est qu’histoire…

Message à Elo: fonce, ma chérie. Et crois en toi.