Dialogue :
– Punaise, tu peux pas couper cette chanson débile ?! Depuis quand tu écoutes Lady GaGa en boucle, toi ???
– Depuis que ça me fiche plus la pêche que Francis Cabrel. Et puis c’est marrant, je découvre qu’en fait, y’a des paroles dans les chansons de Lady GaGa et les paroles de « Bad Romance » me font rigoler.
– Ha. Ouais. Perso, si un jour je te dis que j’écoute Lady GaGa pour les paroles, n’hésite pas à m’achever.
– « I’m a free bitch, baby », c’est pourtant ce que pas mal de femmes pensent.
– C’est reparti pour un tour…
– Non, non, pas reparti pour un tour, je retire, c’est facile comme assertion, je m’en excuse. Mais bon, les trucs faciles, ça défoule. Et j’ai besoin de me défouler. D’où Lady GaGa à tue-tête.
– Mais je t’en prie, défoule-toi, j’ai rien contre, t’es même très marrante et très attirante quand tu te défoules.
– Attirante ? Ha, tu t’y mets aussi…
– Ben y’a pas de mal à dire à une femme qu’elle est attirante, si ? Ca veut pas dire que 10 minutes plus tard, on l’aura dans son lit. Enfin, j’espère. Car je peux dire à une nana qu’elle est attirante sans avoir envie de l’avoir dans mon lit. Juste pour le plaisir des yeux. Le plaisir du compliment aussi.
– Et tu dis quoi, à une nana que tu voudrais dans ton lit ?
– Heu… La même chose…
– HA !
– Te la joue pas offusquée, steplait. Il y a tout un contexte, tout un langage non-verbal, tout un échange différent autour de cette même phrase… Et la décision revient à la dame, au final.
– Mwé. Ai pas eu cette impression ces derniers temps, moi.
– Si. Tu avais le choix. Vraiment.
– Et j’ai choisi de foncer la tête baissée, au mépris de ce que mon corps et mon coeur me disaient. De toutes les alertes ! D’ignorer les signaux, en toute conscience !
– En toute conscience, je n’en sais rien. Mais certes, ce n’était pas faute de ne pas avoir été mise en garde.
– C’est moche de se sentir sale. D’avoir envie de prendre 3 douches sur la journée et de toujours garder cette impression de saleté sur la peau. Je vais finir au couvent, moi ! Là !
– Toi, au couvent ? Allez Caliméro, tu tiendrais pas 2 minutes !
– Non, effectivement. Mais pas pour la raison à laquelle tu penses. Ce n’est pas une question de sexe. Le sexe, je peux m’en passer. Et très bien, même. Très, très, très bien. Pas une blague.
– Mais je sais, fillette ! Je le sais bien, va ! Je te connais. Non, tu ne tiendrais pas au couvent car tu as besoin de tendresse, de dialogue. Le couvent n’est pas toujours un lieu où ces deux qualités s’épanouissent. Et toi, tu en as un besoin vital. Dans le sexe, on retrouve souvent un ersatz de ces deux choses. On nage en pleine illusion. Enfin, pas tout le monde, mais toi, peut-être, du moins… D’où ton envie, quand tu sors de l’illusion, de faire comme Lady GaGa dans son clip: de foutre le feu au lit du mec à la fin, et avec le mec dedans de préférence ! Par frustration !
– Tu as vu le clip de Bad Romance ??!! Tu te fiches de moi, là ???!
– Ben j’ai la télé comme tout le monde. Pour savoir dire pourquoi on n’aime pas les choses, il faut les connaître. J’exècre Lady GaGa parce que je sais de quoi je parle.
– Et bien sache pour ta gouverne que je ne veux mettre le feu au lit de personne, et encore moins avec quelqu’un dedans. Tu as raison, si je dois m’en prendre à quelqu’un, c’est à moi. Je devrais m’immoler, tiens…
– Je vais te sortir une grande phrase très bateau mais, parfois, il est bon de se remettre des choses simplissimes en tête: « Tu es un cadeau et un cadeau, cela ne se brade pas, cela se mérite ». Ne te brade pas. On te veut ? Qu’on te mérite, bon sang !
– « Qu’on te mérite, bon sang ! ». Ha, ha, ha ! M’enfin, c’est quoi cette déclaration à la mord-moi-le-noeud ?!
– Une déclaration simple et vraie. Peut-être trop simple pour qu’elle t’évoque quelque chose, mais comme je te l’ai dit, les choses les plus simples et évidentes sont parfois les plus vraies. Donc non, tu ne t’immoleras pas. Et tu n’iras pas au couvent non plus. Mais tu vas mettre des limites, tes limites.
– Parfois je devrais plus écouter mon coeur que mon désir…
– Je trouve aussi… Tu sais quoi ? On va faire un pacte. Et ce pacte est que dans les mois, les années à venir, tu ne baises plus, mais que tu fasses l’amour à la place.
– Va plus se passer grand’chose dans ma vie, alors. Enfin, dans ma vie sexuelle, s’entend.
– Tant mieux si c’est le prix à payer pour ne plus te sentir salie. Mais qu’il ne se passe plus rien, je t’avoue, je n’en serais pas aussi sûr que toi… Laisse une chance à la vie… Et puis, pitié, punaise, coupe cette putain de bordel de chanson de merde, elle me donne envie de gerber, j’en peux plus !!!!
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Ce texte, ainsi que d’autres, sera lu par ma petite personne au
CAFE-POESIE « Amour et différence »
Ce Vendredi 7 mai, à la Maison des Jeunes LE PRISME à Braine-L’Alleud (103, avenue Alphonse Allard, 1420 Braine-L’Alleud, Belgique), à 20h30.
P.A.F : 5 euros, membres : 3 euros.
Si vous voulez m’y rencontrer ainsi que de nombreux autres jeunes auteurs qui liront leurs textes ce soir-là, be welcome !