Oui, oui c’est la crise.
On en parle partout. Tout le temps.
C’est un peu comme la grippe, faut pas serrer la main des gens sinon vous allez vous retrouver au chômage vite fait.
Loin de moi l’idée de réfuter la chose, j’ai des exemples sous les yeux (enfin, sur les effets de la crise, du moins, de la grippe, va falloir patienter) qui me le prouvent tous les jours…
Mais rien de tel qu’un petit tour dans les caves de Champagne (les grandes, les marques) pour se dire que, eux, on n’a pas dû les prévenir… Ou alors, ils doivent pas regarder la télé (un bon point, un) ou pas lire les mêmes journaux que nous, ça c’est sûr.
De fait, la couv du Figaro Magazine nous parle des top et flop de l’été 2009 (on y apprend quand même que les socquettes dans les baskets sont à proscrire cet été pour vous messieurs. Je me suis d’ailleurs empressée d’aller vérifier ce que l’Homme portait dans ses Converses. Rien. Ouf, l’honneur et le style sont saufs. Et comme en plus, il a des lunettes aux verres fumés et un iPhone, il est méga hype selon le Fig Mag, ça lui a fait chaud au coeur de l’apprendre dites donc) et on parle des Seychelles aussi, cet endroit idéal pour passer l’été (tu m’étonnes…). Seul signe d’austérité dans le Figaro: dans la série « Ces Rois qui ont fait la France », on aborde Louis XIII, qui n’était effectivement pas le plus rock’n’roll des rois de France, si ça c’est pas un signe d’austérité ambiante, ça, madame…
Mais dans le Marianne, là, on aborde les sujets chauds du moment en plein. Je passe sur le sexe des animaux (à imiter impérativement selon eux, je cherche donc un arbre assez haut, histoire de me la jouer Ouistiti, ça peut être drôle) et en viens au coeur du gros titre: La Grande Bourgeoisie sous la Crise. On y apprend qu’elle rejette le Bling-Bling et qu’elle déteste les nouveaux riches. Elle croit aussi à la pierre et à l’or et rejette les spéculations (de fait, ça n’a pas des masses réussi à certains ces derniers mois, faut être réaliste). En gros, que des trucs nouveaux, quoi. Mais on y parle de la crise, c’est ça le principal.
Hé bé voilà, paf ! C’est là où le bât blesse ! Ils doivent pas lire le Marianne dans les grandes caves de Champagne, je vous dis !
Pour preuve, ce superbe petit Minox M3 (j’ai craqué, je le veux) en vitrine dans la boutique Moët et Chandon. Juste accompagné d’une cravatte en toile de chez eux (lisez en toile de Jouy), d’un ou deux bijoux fantaisie et, ben oui quand même, d’une bouteille de champagne. Le tout pour la modique somme de plus de 875 euros (prix approximatif, je ne me souviens plus de la somme exacte au centime près, le choc certainement…). J’ai hésité. Quand on sait que le Minox M3 fait un peu moins de 200 euros, on en vient vite à se demander le prix de la petite bouteille de champ pile à côté dans la boîte dudit Minox (me dites quand même pas que c’est 600 euros pour une cravatte en toile de Jouy, car, à ce prix-là, faut s’étrangler avec, au moins, pour rentabiliser la solidité du fil de Jouy). Ca doit être de l’excellent champagne. Et on devrait peut-être trouver quelqu’un qui se dévoue pour aller leur dire, chez Moët, que c’est la crise. Ils sont moyennement au courant, visiblement…
Autre preuve, le petit produit POP chez Pommery.
Plus bling-bling que ça, tu meurs. A faire verdir d’horreur une grande bourgeoise. Un champagne en petite bouteille qui peut se boire à la paille. Total festif (passque le champagne, à la base, c’est pas « assez » festif, sachez-le). Super entre potes (t’as pas ton POP ? Allez, prend un POP, dis !). Frais au bord de la piscine (dedans aussi, soit dit en passant).
Ben moi, j’ai craqué…
(autres photos de POP sur mon Flickr, avouez, c’est joli, nan ?)
J’en ai acheté. Et en doré, en plus. Et avec la petite pochette « dorée-à-paillettes ». Paf.
Et plusieurs, histoire de boire pleiiiiiiin de champ, à la paille (même si j’ai pas de piscine).
Bling !!!!
Et c’est la que je me dis que c’est grave.
Non seulement, j’ai un mec qui s’habille comme dans le Figaro Mag mais en plus, je renie mon côté grande bourgeoise. Manquerait plus que j’investisse en Bourse, tiens.
Mais heureusement, devant mes états d’âme visibles, la madame de chez Pommery, très concernée, m’a rassurée totalement:
« C’est un produit très bobo, vous savez ! »
Haaaaaaa, ben voilà, ouf, je respire, hein !