RALENTIR

Se réveiller crevée. Vaseuse. Comme au lendemain d’une gueule de bois. Sauf qu’on n’a rien bu.

Avoir envie de pleurer rien qu’à l’idée de devoir mettre un pied par terre, enfiler un t-shirt, un jeans.

Le faire quand même, en avalant deux cafés. Serrés.

Se maquiller, surtout les yeux pour masquer qu’ils manquent d’éclat.

Et se faire mentalement la liste des obligations de la journée, se repasser le planning, encore plus serré que le café, la liste des choses à ne pas oublier, la liste des choses à faire, la liste des choses à acheter.

Descendre, monter, courir, bousculer et se faire bousculer.

Rater son tram, son train, son bus. Sauter dans son tram, son train, son bus.

Avoir chaud, avoir soif, avoir mal aux pieds.

Appeler les 10.000 personnes qu’on doit appeler, s’excuser car on ne les entend pas bien, on est dans le bus, dans un couloir, dans la rue.

Porter des paquets, faire ce qu’on doit faire, tout en ayant cette fichue intime conviction d’avoir oublié quelque chose.

Prendre un anti-douleur. Et reprendre un café.

Et, là…

Le regard se pose sur la vitrine d’une librairie…

Un magazine y titre en grand : « RALENTIR »

Ralentir…

Un sourire, puis un rire qui monte, irrésistiblement…

Un éclat de rire, explosif, libérateur.

« Même les magazines me font la morale, maintenant !!!! »

 

 

0 Commentaire

Laissez votre avis