« Marie, tu peux monter, là ??? Le petit est malade ! »
La voix un peu stressée de l’Homme dans la cage d’escalier…
Cette voix désemparée…
Je monte les escaliers, arrive à la hauteur de l’Homme, il me regarde, un peu perdu : « il vomit, là, on fait quoi ? »
Ils me font sourire ces moments où l’Homme, d’habitude si assuré, si rassurant, si protecteur, perd ses moyens… Sa question « on fait quoi ? » me montre que je dois prendre le relais, c’est moi la maman, c’est à moi de gérer.
Je sais c’est couillon. Un papa est tout aussi capable de gérer son gamin malade. C’est cliché de dire que c’est à la mère d’assurer dans ce cadre-là.
N’empêche, moi, je n’ai connu que cela. Avec un père absent, j’ai eu une mère qui a géré, à 300%. Pas le temps de paniquer (ou alors, elle se gardait bien de nous le montrer), pas le temps d’hésiter, elle était là.
Elle était là.
« Je suis là, mon amour, je suis là »
Je soutiens le petit de l’Homme malade, lui essuie le visage avec un gant de toilette humide, envoie l’Homme chercher un pyjama propre.
Je suis là…
La phrase la plus stupide que j’aie jamais entendu.
Qu’est-ce que cela va changer à sa température, à ses nausées, à ses douleurs partout, le fait que je sois là ? Ca lui fait une belle jambe !
Elle est débile, cette phrase, non ? Inutile !
C’est d’ailleurs le sentiment qu’a un jour eu ma mère..
Une nuit (dans les années 90, de bonne mémoire), la terre a tremblé à Bruxelles. Mon frère et moi nous sommes réveillés en sursaut. Un peu en panique. Ma mère est arrivée dans nos chambres et a prononcé cette fameuse phrase « ce n’est rien, ce n’est rien, je suis là ! ». La terre s’est finalement calmée. Et ma mère, le lendemain matin, en se remémorant les émotions de la nuit, a éclaté de rire « C’était stupide de vous dire que j’étais là, si la maison s’était écroulée, ça n’aurait rien changé, hein ! ».
Ben non. Effectivement, ça n’aurait rien changé. Mais sur le moment, cette voix tendre et connue prononçant son « je suis là » comme on prononce un « je t’aime », cela m’avait calmée. Et cela avait atténué ma panique. Et chaque fois que j’ai entendu cette phrase dans ma vie, je me suis sentie rassurée, calmée, apaisée, …
Je suis là.
Le petit de l’Homme a arrêté de trembler dans mes bras. Il rigole, même.
Je n’ai pas le pouvoir de guérir sa grippe, mais j’ai le pouvoir de lui dire qu’il n’est pas seul et que je l’aime.
Et ça, en fait, ce n’est pas du tout, du tout, du tout inutile.
Un jour le parent dira « et maintenant, je suis las » et c’est son enfant qui répondra « je suis là » mais c’est une autre histoire …
T’as rien compris…il t’a appelée parce qu’il voulait pas ramasser le vomi…en fait l’Homme a géré çà de main de maître…comme d’habitude !
Je ne suis pas d’accord avec waldorf_be …
Lorsque ma fille a été suffisamment malade pour qu’elle doive être hopistalisée près d’une semaine, c’est moi qui me suis rendu compte qu’elle était malade (simplement parce qu’au moment où elle a fait un pic de température plus important, c’était moi qui m’en occupait).
Je savais ce que nous allions faire, mais j’ai eu besoin de demander à ma tite femme ce qu’elle en pensait … Bien que conscient de la réaction à adopter, j’ai eu besoin d’avoir son assentiment sur ce qu’il fallait faire.
Cette phrase, « Je suis là », est un réconfort incommensurable pour les enfants (oui, y compris nous quand nous étions petits)… Elle ne guérit pas, ne protège pas mais donne un sentiment de sécurité à l’enfant, ce dont il a besoin… Et rien que pour cela, elle fait partie des phrases les plus importantes que nos enfants doivent entendre lorsque la situation dérape …
Après un coma profond qui s’est prolongé plusieurs mois, un homme reprend subitement conscience !
Il s’aperçoit que sa femme est à ses côtés. En fait, elle n’a cessé de le veiller, jour après jour, nuit après nuit. L’homme demande à son épouse de se rapprocher et lui murmure à l’oreille :
» Tu sais, tu as toujours été là, même dans les mauvais moments. Lorsque j’ai perdu mon boulot, tu étais là. Quand on a perdu la maison à cause des traites impayées, tu étais là. Quand mon entreprise a déposé son bilan, tu étais toujours là. Et quand j’ai eu cet accident de voiture dramatique, tu étais encore là. Quand j’y repense à présent, j’ai l’impression que tu me portes la poisse. »
Y’a Waldorf qui a décidé de venir jouer se la jouer troll aujourd’hui sur mon blog.
Ca va, chou ? C’est la forme ?
Tu ne te rends même pas compte à quel point ce « je suis là » est important quand on est seul et mal. J’aimerais tellement entendre cette phrase de temps en temps !
Cet article m’a mit la larme à l’oeil. Ton écrit est vraiment très poignant..
Le pouvoir de l’amour peut mener à bien des choses. Surtout, comme tu le dis, à apaiser n’importe qui..
« ce n ’est rien, ce n ’est rien, je suis là ! »