Nous sommes tous rassemblés autour d’elle, nous attendons son feedback sur nos prestations théâtrales. Souvent le « retour » comme on l’appelle (c’est à dire ce que le metteur en scène vous dit après que vous avez joué) est l’occasion de parler aussi de notre futur métier de comédien. L’occasion d’exposer nos questionnements, nos doutes, nos coups de gueule… Nous nous posons tellement de questions sur ce métier, simples étudiants en art dramatique que nous sommes…
« Il y a un truc que je me demande… Tu nous dis qu’on doit jouer avec toute notre énergie, tout donner sur scène, que si on ne fait pas cela, c’est inutile de monter sur des planches… mais… comment fait-on pour pouvoir continuer à tout donner soir après soir, heure après heure, minute après minute sans s’épuiser, se vider, se tuer, même ? »
La prof nous regarde. Intensément. On voit qu’elle se dit qu’on n’a rien compris mais qu’elle va essayer de nous expliquer quand même. Elle sourit…
« Si monter sur scène soir après soir vous épuise au lieu de vous nourrir, ne faites pas ce métier. Ne faites jamais ce métier. Aucun métier, aucune activité ne mérite qu’on se vide complètement, qu’on s’épuise et qu’on se tue. Au contraire, si vous êtes fait pour cela, monter sur scène vous remplira d’énergie, vous nourrira et vous portera. Il n’y aura aucun besoin, à aucun moment, d’aller puiser votre énergie ailleurs. Votre moteur sera là. Vous pourrez tout donner, sans jamais rien perdre en échange… Vous comprenez ? »
Le silence s’est fait dans le groupe. Je me souviens m’être dit que, là, j’allais devoir réfléchir un peu pour comprendre l’affaire. Ou alors que j’allais devoir le vivre…
Ce week-end, je me suis souvenue de cette phrase. J’étais mal, épuisée, vidée, à bout de nerfs. Et ce moment m’est revenu en mémoire. D’un coup d’un seul.
Je me suis rendue compte que mon nouveau boulot m’éreintait. Me vidait. Et que je puisais dans mes réserves pour tenir le coup.
Je me suis rendue compte que ces phrases, entendues dans le cadre de mes cours de théâtre, étaient en fait vraies… dans tous les domaines de la vie. Aussi et surtout dans le domaine professionnel, quelle que soit votre activité.
Je me suis rendue compte que mon nouveau boulot n’était pas créateur d’énergie, au contraire, il m’en coûtait.
Un vrai réveil.
Rude, difficile, nécessaire.
En me rendant à la cérémonie des Weekend Blog Awards (rappelez-vous, j’ai gagné l’année passée), j’y repensais encore.
L’énergie, où puise-je l’énergie ? Celle qui me permet d’avancer, de créer, de m’enthousiasmer ?
« Le Weekend Blog Award du meilleur blog francophone personnel va à La Fille de 1973 »
La voix a retenti dans le micro.
J’ai gagné ! J’ai un deuxième award !!!
LA.
EXACTEMENT LA.
Nan, pas dans un award. Même si c’est sympa et que cela peut fournir une décharge énergétique sur laquelle personne ne crache.
Non.
Là. Dans l’écriture.
Après la remise des prix, en entendant Valérie me parler de la chance que nous avions d’avoir l’écriture, de pouvoir nous recharger les batteries via l’écriture… Je me suis dit que c’était ça, la réponse.
Valérie a raison.
L’écriture est une des activités qui, loin de me vider, de m’épuiser, de me tuer, me remplit mot après mot, page après page, d’énergie et de bien -être.
Je n’écris pas pour avoir des awards. J’écris parce que cela me fait du bien, cela m’aide à respirer et à avancer.
Ma prof de théâtre avait raison. Si vous ne faites pas de votre vie quelque chose qui nourrit votre énergie, vous crèverez à petit feu.
Je l’avais oublié.
Cloche que je suis.
Alors ce soir, un p’tit award me l’a rappelé…
Merci à vous d’avoir voté pour La Fille de 1973.
Merci au Weekend/Knack d’avoir élu ce blog pour la deuxième année consécutive meilleur blog de sa catégorie.
… Et merci à l’écriture de me permettre de (re)trouver ma voie quand, parfois, je m’égare un peu.
J’ai une chance dingue.
La gagnante, c’est l’énergie.
Et non, je ne la laisserai pas, plus jamais, se barrer !!!
PS : aux curieux qui se posent la question : ouiiiiiii, cette fois-ci, je suis bien revenue avec mon award à la maison ! Merci à l’Homme qui me l’a enlevé des mains dès que je l’ai reçu pour aller le mettre illico en sécurité dans la voiture des fois que je le laisse à nouveau sans surveillance dans un coin (la confiance règne, merci mon chéri).
PS du PS : cette année, les gagnants ont même reçu de quoi se saouler royalement ainsi que de quoi prendre de magnifiques photos. Ce qui me fait dire qu’il faudrait plus de photos sur ce blog, assurément. Pas forcément de moi bourrée, hein, les deux cadeaux ne devant pas obligatoirement être utilisés en même temps, fort heureusement pour vous.
Félicitation !
Je plussoie à tours de clics !
C’est si vrai Marie, l’écriture est tout ce qui te remplit. Une nécessité, quand on te lit.
Surtout ne baisse pas les bras face aux entreprises qui vident les gens de leur substance.
Amicalement.
Je vois parfaitement ce dont tu parles. Le problème c’est que chaque passion devrait être un full time-job qui donne les moyens d’en vivre. Perso, entre la musique, la vie et le boulot (oui, dans cet ordre là), il faudrait de l’énergie pour 3 vies. Et dernièrement la météo n’aide pas à recharger les batteries.
Parfois je n’ai plus le courage de prendre ma guitare … et pourtant, si je m’en saisis, elle me rebooste. Les bonnes nouvelles, les coups de pieds au cul, les critiques positives ou négatives, surtout du côté de la passion sont des décharges de 10.000 volts.
Et le choix rationnel d’abandonner ne sera jamais une option parce que cette énergie s’accumule, jusqu’à l’explosion, et que c’est elle qui rend la vie supportable, à défaut de permettre d’en vivre.
Oh! Bravo et merci d’écrire…pour nous tous! Le trophée: cheminée ou coffre-fort??
Certain(e)s professeu(e)rs font un excellent travail ! Heureuse de te lire en ces termes si décidés ! Bravo ! 🙂
well done
congrats!!