Il y a des choses, des situations que vous imaginez depuis l’enfance et dont vous vous demandez comment vous réagiriez si cela vous arrivait…
On s’est toutes imaginées, petite fille, comment on ferait pour monter les marches à Cannes si un jour on y allait, quel sentiment nous habiterait si cela nous arrivait.
Qu’est-ce qu’on dirait si on recevait un Oscar ou un César ? Qui remercierait-on ? On se voyait habillée d’une longue et belle robe de couturier, une démarche princière (bon, on visualise plutôt Lady Di que Fabiola, là, ok ? ), un sourire émanant du plus profond de nos tripes (ha parce que si vous souriez pas ce jour-là, les filles, vous sourirez plus jamais, soyons franches…).
Bref, le rêve. L’imagination en plein. Avec, forcément, la certitude que ça n’arriverait jamais (notez, ça vient bien d’arriver à Marion Cotillard, tadammmm !).
Dans un de mes rêves d’ado, je me demandais ce que ça ferait de me voir en couv d’un magazine. Comment je le découvrirais, ce que je ressentirais, etc.
Bon, j’ai déjà eu un joli avant-goût avec le Fréquence Vénerie puisque là aussi, je fais la couv. Mais on me l’avait dit, j’étais prévenue, j’ai eu mon exemplaire, ça m’a fait tout drôle mais y’a pas eu de choc frontal.
Par contre…
Remontons un peu dans le temps. Mi février. Un vendredi matin lumineux. Le styliste Bu, le photographe Arnaud, le journaliste Gilles, la maquilleuse Esther… le bar à cigares du Belga Queen.
Maquillage, habillage (avec des fringues de grandes marques que j’ai toujours rêvé de porter et qui, objectivement, sont impayables), flashes, questions, lumières,…
Fin de matinée.
Date de publication pas sûre. Début mars. On verra.
Début mars arrive. Pas d’article. Déception mais bon, hein, chuis pas Deneuve, donc…
Coup de fil à Valérie, l’attachée de presse d’Etats d’âme, qui me dit que, finalement, l’article est prévu pour le 15 mars. Un peu tard pour la promo de la pièce. On oublie donc le Victoire pour booster nos réservations à la Vénerie. Ce sera pour Jette en mai.
Ce samedi matin, encore engluée de sommeil (la pièce hier a été du tonnerre et on est restés tard au bar avec les amis venus me voir et très heureux de ce qu’ils avaient découvert), je dépose mon monstre à son cours de musique, dis bonjour à Alex au passage, mari d’une amie et papa d’une copine du petit de l’Homme. En plus, j’essaye franchement de m’enlever la buée que j’ai dans la tête…
Mon Homme me propose d’aller se boire un café.
Cool.
Même deux, tiens.
A ce stade, d’ailleurs, je ne vais pas émerger si j’en bois pas trois. Ils vont faire fortune au Sucré-salé de la place Fernand Coq !
Petit déjeûner de pain perdu et de capuccino avalé, discussion avec l’Homme sur le dépouillement linguistique (oui, je sais, j’ai des sujets de conversations très funs, moi, le samedi matin… mais comme ça n’a pas l’air de le déranger, hein…), on passe à la caisse pour payer.
A la table derrière nous, un homme lit son Soir. Il a déposé le complément Victoire sur sa table en attendant. Ses lunettes sont dessus.
Un coup d’oeil discret.
Mais je connais cette photo ??!!
« Heu… Monsieur, excusez-moi… je peux bouger vos lunettes ?… Mais… C’est MOI, ça ! »
Bouche bée, j’en reviens pas.
L’Homme se retourne et se précipite sur le Victoire.
« C’est… TOI ? »
Pauv gars qui nous regarde hébété et qui comprend rien…
De fait, sur la photo, je suis habillée et maquillée en homme, hein…
Un autre gars nous regarde l’air bizarre et se tortille pour voir la couv du Victoire…
Je sais pas quoi faire. Ma tête est toute vide. Je comprends rien et, en même temps, je plane.
Premier réflexe: appeler maman.
Ok, j’ai bientôt 35 piges.
Ben quoi, on peut encore avoir envie de dire qu’on est en couv d’un magazine à sa mère, nan ? D’autant que, perso, ça m’arrive pas franchement tous les jours, arf.
Elle est déjà au courant. Elle a mangé son petit-déjeuner avec le Soir et la photo de sa fille en grand sous le nez. Elle a un énorme sourire dans la voix et moi, tout plein d’étoiles dans les yeux.
Qu’est ce que ça doit faire comme sensation à une maman, ça… Je m’imagine un jour mangeant mes croissants avec la photo de mon monstre dans un beau journal, purée, c’est le bonheur, en plein…
L’Homme a fini de payer et me file sous le nez. Gasp, il va où, lui ? Il sait pas que j’ai des tonnes de trucs à dire, lui raconter encore et encore comment c’était la photo, avec force détails et tout et tout (allez, avouez, c’est plus marrant comme sujet que la linguistique, y’a quand même moins de raisons de prendre le large, là, non ?!)? Pourquoi qu’y s’casse ???
Il entre dans la librairie pile à côté. Ok, j’ai compris.
Je ne lâche pas mon téléphone. J’appelle Gana, Laurence. Elles vont foncer acheter le Soir, of course !!! J’appelle pas Val car, en récupérant le schtroumpf à son cours de musique, je narre le tout de long en large à Alex… De toute façon, on fait la fête avec eux ce soir à l’issue de ma représentation…
Entre temps, l’Homme a appelé sa mère. Et lui a intimé l’ordre d’acheter plusieurs Soirs. Ben oui, comme ça, elle va pouvoir retapisser son salon avec ma photo, c’est sympa…
J’envoie des sms aux amis.
Je reçois des réponses enthousiastes. Des messages. Des appels (sorry Baudouin, je te rappelle, j’étais déjà en ligne).
Je retiendrai le message de mon petit frère (15cm de plus que moi, ok, mais ça reste mon petit frère, toc !) qui me fiche des frissons (d’autant qu’il m’a déjà sorti des trucs très justes et très beaux à l’issue de ma représentation catastrophique de jeudi soir…).
Et je retranscris les deux de Renaud, un pote:
« Voilà, tu symbolises la journée de la femme »
et
« Moi, j’étais sous ma couverture hier soir. Ok, je sors… »
Je ne sais pas si je symbolise quoique ce soit mais…
Bonne journée de la Femme, les filles.
N’oubliez pas vos rêves…
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