Mode d’emploi du petit raciste accompli

(oui, on donne bien des modes d’emploi pour monter des étagères. Pourquoi pas pour devenir raciste ? Notez, pour être honnête, monter une étagère, c’est quand même plus compliqué que d’être raciste, c’est vrai)

Hé toi, là, qui me lis ?

T’es francophone ?

Ha ben oui, si tu me lis, t’es francophone. Obligé.

Donc un sale francophone ? Imbu de ta personne, qui ne connaît pas bien d’autres langues (voire pas du tout) ? Qui croit que la Belgique t’appartient et que tout le monde te doit tout ? T’es ça, donc ?

Oui, tu es cet être qui vit aux crochets des autres car t’es pas capable de travailler correctement. Qui profite de tout, tout le temps, dès qu’il peut. Ha oui, tu es de cette race-là. On le voit bien, tous les problèmes du pays viennent de toi. T’es pas capable de gérer ta vie, ton argent, ni d’élever tes gosses. Et d’ailleurs, c’est rarement ton propre fric, hein…

Alors, tu sais quoi ? Dégage, reste dans ta Wallonie profonde !!! Les gens bien ne veulent plus de toi chez eux. Ceux qui se lèvent à l’aube, parlent plusieurs langues (au moins deux, surtout), et qui ne doivent rien à personne. Les courageux. Les vrais. Les légitimes.

Ha mais non, ils ne te détestent pas, non. Non, non, ils te trouvent même parfois sympa. Mais quand tu restes chez toi. Bien tranquille. Et quand ils ne doivent pas payer pour toi.

Casse-toi, on t’a dit, on veut plus de toi ici, tu es dangereux et nocif, retourne chez toi !!!!!!!!!!!!!!

C’est choquant, hein ? (et encore, je suis restée très politiquement correcte et pas violente)

Oui, c’est choquant. Surtout que c’est vraiment un discours que les francophones de Belgique entendent de la part des extrémistes et, ce, dans leur propre pays.

Et les francophones répètent et répètent encore que, non, tous les francophones ne sont pas des paresseux, dépendants, profiteurs et incultes. Que non, on ne peut, ni ne doit mettre TOUTES LES PERSONNES PARLANT LE FRANCAIS DANS LE MEME SAC.

Ils le disent et le redisent. S’insurgent. Hurlent. Crient à l’injustice. Demandent réparation même.

A juste titre.

Ils ont raison, tous les francophones ne sont pas pareils et tous n’agissent pas de la même façon. C’est d’ailleurs, si on utilise trois neurones pendant une demi-seconde, l’évidence même.

Alors, maintenant, un petit exercice… Histoire de monter notre étagère…

Remplacez donc le mot « francophone » dans mon texte plus haut par « arabe », « noirs » ou tout autre mot de votre choix…

Vissez bien tous les écrous, et appréciez le montage.

Tiens, paraît qu’on dit aux enfants « ne fais pas à ton prochain ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse à toi-même »…

Je sais pas vous mais moi…

Je sens qu’on tient une piste pour devenir moins con !!!

 

15 Commentaires

  • Moi si j’étais chef du monde, les gauchers : tous contre un mur et tactactactactac… C’est pas des gens comme nous les gauchers. C’est des bizarres…

  • Depuis hier, je n’en peux plus de ce que je lis… Cette montée d’extrémisme me fout les boules! On pense que le monde avance mais il stagne, et recommence toujours et encore les mêmes erreurs. On n’a jamais autant fustigé, jugé la différence. Pourtant, il ne faut jamais jamais oublié qu’on est toujours l’étranger de quelqu’un d’autre!

  • airdefilm

    La phrase « Surtout que c’est vraiment un discours que les francophones de Belgique entendent de la part des extrémistes et, ce, dans leur propre pays » a interrompu la lecture. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que ceux qui ne sont pas dans leur propre pays peuvent être sacrifiés, eux oui, qu’il y a une hiérarchie ? Nous, ne nous touchez pas, on vous en donne d’autres, qui ont moins de valeur ?
    Et puis presque simultanément, dans un registre moins inquisiteur des comportements déviants de l’autochtone, j’ai pensé que ça me gonfle qu’on me casse les oreilles dans mon propre pays d’accueil et de naissance. La peau de yaourt et l’accent Euronews ne changent rien au fait que je suis d’ailleurs, et que, dans ce pays qui est le mien propre aussi, se faire emmerder par des cons qui vivent leurs délires derrière des arguments de précédence géographique ça me gonfle.

  • @Airdefilm le « et, ce, dans leur propre pays », c’était pour souligner l’extrême connerie du racisme, en fait (s’il fallait encore enfoncer le clou). Pour montrer qu’on se dit que le raciste est « contre les étrangers » mais non, il est contre tout ce qui lui fait peur, en fait. Contre tout. Même des gens qui « à la base » pourraient être vus « comme lui ».
    Je voulais juste souligner qu’on est toujours l’étranger de qqun. Même quand on est né au même endroit que lui….

  • airdefilm

    C’est la force des petits cons de semer la zizanie. C’est ce qu’il y a de plus simple à faire, ça ne demande aucun effort et, en dépit de ce qu’ils pensent, aucune intelligence non plus. En imposant leurs règles, il revient aux autres de se justifier, de démonter les arguments et de nier les mensonges. Et dans ce jeu pervers, je suis excessivement méfiante. Je joue le jeu aussi.

  • Cécile

    Mariiiiiiiiiiiiiiiiiiieeee !!

    Je ne peux que me répéter… mais c’est encore et toujours un bonheur de te lire !
    Moi, la « misérable prof » qui vais me marier le 7 janvier à un grand mec en chocolat (si on m’avait dit ça d’ailleurs ;-)) ici au Burundi, je ne peux qu’admirer ta pédagogie: la mise en situation, c’est ce qu’il y a de mieux pour faire passer des messages… et là BRAVO, en plein dans le mille (si j’ose).
    Oui on est toujours l’étranger de quelqu’un d’autre…le con d’un autre… et ajouter la haine au malheur n’aidera pas à faire le deuil (parce qu’évidemment c’est en lien avec l’horreur dhier à Liège)
    Encore merci à toi pour tes moments de bonheur, de réflexion, si bien placés, si bons à partager !

    Cécile

  • airdefilm

    @Gana Poser, ou recevoir, les raisonnements sans amalgame, depuis le début, ça prend du temps. La paresse et la répétition offrent des raccourcis.

  • Je ne peux que soutenir ce genre de réflexion… Au vue de ma tête, je suis étrangère partt ds le monde alors que j’ai un « chez moi », paie des taxes pour ce « chez moi », fais vivre ma région, mon pays… Et pourtt ici je suis un peu étrangère, et ds le pays d’origine de mes parents je suis « la belge » soit l’étrangère. Autant lorsque je vivais en Flandre j’étais la « francophone » qu’aujourd’hui habitant en Wallonie je suis l’étrangère aussi. C’est ainsi que je rejoins ta constation! Merci à toi Marie pour ce bel écrit!

  • Brigitte

    Tiens, paraît qu’on dit aux enfants « ne fais pas à ton prochain ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse à toi-même »…

    Tiens…Adultes et « bien-pensant » de toutes nationalités, races, religions, générations etc, il serait temps de l’intégrer cette phrase…

  • Moi, elle l’est, intégrée.

    Mais de ce que j’ai lu partout, dans les commentaires de site de journaux en ligne, dans les commentaires et les statuts Facebook, elle ne l’est pas pour tous. Vraiment pas.
    D’où le coup de gueule.

    Et ça fait un bien fou !

  • J’aime toujours votre façon d’écrire.
    Cependant je ne partage pas toujours vos élans.
    Je suis francophone, parce que je parle français. Mais je n’ai jamais dit à personne que j’étais francophone : belge, sportif, trop gros, édoniste, diplômé, chataîn clair, oui. Francophone, non.
    C’est une de mes caractéristique, mais cela ne me caractérise pas.
    Francophone n’est pas non plus une race.

    C’est une première raison pour laquelle je ne me sens pas concerné.

    D’autre part, je reste chez moi, dans ma « Wallonie profonde » (dont on se demande pourquoi elle est devenue une insulte, d’ailleurs).
    Je n’envahis personne, je ne m’installe chez personne.
    Pas besoin de me dire « retourne chez toi ! » : j’y suis.

    Voilà pourquoi je trouve que votre comparaison n’a ni queue ni tête … même si elle est bien écrite.

  • Dominique, il suffit pourtant d’écouter les discours du Vlaams Belang ou bien de certains de la NV-A pour entendre ces phrases…
    Et certaines personnes de mon entourage les ont entendues à la côte aussi (cf mon article : http://www.lafillede1973.com/1724-de-la-legitimation-du-racisme-ordinaire/), donc, oui, certains prononcent « restez chez vous »…

    Et, forcément, en tant que Bruxelloise, j’avoue que je suis très sensible à ces phrases pas si anodines…

    Mais je parle d’extrémistes, hein, je ne mets absolument pas tout le monde dans le même sac…

  • Alex

    C’est bien de lutter contre le racisme, Marie… Mais il y a quand même des faits ! On ne peut pas tout mettre sur le même pied et tout relativiser.

    Par exemple, il y a beaucoup plus de grèves chez les Wallons que chez les Flamands… C’est un fait.
    Les Wallons prennent beaucoup plus de congés maladie, c’est un fait… Et je ne vous parle même pas du chômage longue durée.

    Bref, je comprends parfaitement que certains Flamands prennent les Wallons pour des paresseux car cette vision repose sur des faits mesurables.

    De la même manière, à Bruxelles, une partie importante de la « petite » délinquance est commise par des personnes d’origine étrangère. Encore une fois, c’est un fait.

    Il ne faut pas aller chercher plus loin l’origine du racisme.

    Si vous voulez lutter contre le racisme, luttez contre LES FAITS qui l’induisent.

  • @Alex

    Et justement, quand on regarde ces faits, c’est d’une clareté limpide.
    Ce n’est pas la langue ou l’origine qui crée la délinquance ou un comportement, mais la pauvreté et une perte de repères.

    On me dit souvent « ce sont les Arabes qui sont délinquants » et quand je demande s’il y en a qui ne le sont pas, on me répond « ben oui, mais eux, ce sont des gens bien ! ». La différence ? les « gens bien » ont de l’argent et accès à une meilleure éducation.
    On m’a tenu le même discours aux USA à propos des Mexicains. Pour les Texans, les Mexicains sont de sales profiteurs délinquants. Non, ce sont des pauvres parmi les pauvres qui ont fui leur pays pour espérer avoir une vie meilleure ailleurs. Sauf qu’ils restent pauvres, sans repères et sans accès à une éducation correcte.
    Mais les riches Mexicains ont tout cela 😉 Donc tous les Mexicains ne sont pas des délinquants 😉

    Idem pour le comportement en Wallonie, la pauvreté y est endémique. Ils ne sont pas paresseux parce qu’ils sont francophones (quelle connerie !), ils sont pauvres et ont perdu espoir, ils se laissent porter.
    la langue qu’ils parlent n’a rien à voir là-dedans.
    Il y a des millions d’autres francophones qui ne se laissent pas porter et qui réussissent dans la vie 😉

    Ce sont ces amalgames que je dénonce.
    On n’est pas ceci ou cela car on parle telle langue ou vient de telle culture, on l’est parce qu’on a sombré, qu’on est passé de l’autre côté de la barrière. On a perdu repères et valeurs.
    Et cela, c’est possible pour TOUS les êtres humains, même les Belges ! 😉

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