Les 10 plus mauvaises raisons de ne pas descendre dans la rue dimanche

Juste trois points avant d’entamer ce texte :

1. pour comprendre un chouïa la situation belge, si vous ne la connaissez pas déjà, je vous renvoie à la lecture de « De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves » sur Megaconnard.com. Certes ce texte ne se prétend pas ultra complet ni pointu sur la situation mais il en donne une vue d’ensemble. Et puis c’est moi qui l’ai écrit et j’adore faire ma propre promo.

2. quand je dis qu’il y a de mauvaises raisons de ne pas descendre dans la rue, cela implique qu’il y en a de bonnes, oui, mille fois oui. Mais pas celles-ci.

3. je remarque que tous les arguments quels qu’ils soient (pour ou contre) ne sont basés que sur des projections, des peurs, des avis subjectifs, rien de concret, de chiffrable, d’objectif. A moins d’être Madame Irma personne ne sait ce qui va se passer dimanche, ni après. Alors présenter ces arguments comme des choses avérées est de la malhonnêteté intellectuelle. Au lieu d’affirmer les choses, certains gagneraient à dire « j’ai peur que… », « il me semble que… », « j’en déduis que… », ce serait nettement moins manipulateur. Car, pour finir, tout le monde y va de sa petite théorie, la présentant comme seule vraie et valable. Ce qui est un mensonge.

Allons-y pour les 10 mauvaises raisons…

I. Marcher pour « avoir un gouvernement » est ridicule

Effectivement l’intitulé peut laisser rêveur. Quel gouvernement ? Quand ? Comment ? A quel prix ? Oui, c’est à préciser.

Alors je précise que pour ma part, je vais marcher pour remettre le socio-économique au centre du débat. Je veux un gouvernement qui puisse s’occuper de ces points-là et dont la formation ne soit plus conditionnée par des accords communautaires préalables. Utopique ? Certes. Mais néanmoins vital à mes yeux. Il y a des associations, des projets bloqués, il y a des gens qui attendent des budgets, des décisions et dont la vie, parfois la survie, est suspendue. Alors qu’on en fasse un nouveau ou qu’on élargisse les compétences de celui qui est en affaires courantes, tout me va, mais je veux un gouvernement qui ne fasse plus passer le communautaire avant tout autre débat.

A noter que la solution d’élargir les compétences du gouvernement en affaires courantes serait très drôle en fait, car cela démontrerait brillamment que, pour finir, Alexander aurait mieux fait de la fermer il y a quelques mois au lieu de répéter une phrase tirée de ses cours de première latine. Mais ça, c’est une autre histoire.

II. Ca va obliger les politiciens francophones à baisser leur froc devant la NV-A

Ha. J’ai pas le même avis sur la question, moi. Traitez-moi de Joëlle, allez-y, mais mercredi matin, j’ai trouvé un point sur lequel on était plus ou moins d’accord elle et moi. Si.

Dans mon entourage élargi, il y a des gens qui ont voté NV-A. Oui, ils me parlent encore. Et justement certains expliquent le pourquoi de ce choix. Et, à mon grand étonnement, ils n’ont pas tous des velléités séparatistes. Ils ont voté pour un programme qui avait surtout une base socio-économique. Ok, ils ne sont pas contre des réformes communautaires car il leur semble que cela pourrait les aider à atteindre le but socio-éco du programme, mais il n’ont en aucun cas donné un blanc-seing à De Wever pour bloquer la formation d’un gouvernement pendant des mois. Ni pour la séparation totale du pays. Et ces gens-là ne sont pas très heureux de la situation actuelle. Ajoutez à cela que toute la Flandre n’a pas voté NV-A, il se pourrait bien qu’il y ait des Flamands dans les rues dimanches, oui, ça se pourrait. Et pas juste pour faire pression sur les politiciens francophones…

III. Y’aura personne

M’étonnerait. Mais bon, certes, pour ceux qui ont décidé d’avance que ce serait un flop, ce le sera, ce ne sont pas les chiffres qui vont les faire changer d’avis. En plus, on leur fait dire ce qu’on veut, aux chiffres. Surtout quand ça sert son propre camp.

Alors au « Ma chérie, je vais aller boire une bière pendant que tu marches », je réponds « Pas de soucis, mon trésor, mais prévois un budget bière et un bon endroit pour pisser tranquille, ça risque de durer un peu ».

IV. Y’aura trop de monde

Faut savoir, chou ! On sera trop ou trop peu ? Hein ?

V. Y’aura que des francophones

Elle est où, ma boule de cristal ?

Je ne joue pas la mauvaise foi, je ne sais vraiment pas qui il y aura. Mais j’y pense, dites, ma copine qui vit à Gand mais qui est parfaite bilingue, je la classe où ? On se fait recenser où en fait ? Faut se coller un badge sur la poitrine pour qu’on reconnaisse la langue à laquelle vous « appartenez » ? Et les personnes qui ne parlent ni français, ni flamand, on les met dans quelle case ?

Soyons un peu réalistes, on ne saura jamais le nombre exact de gens parlant telle ou telle langue. Il n’y a aucun chiffre précis, que des impressions, du subjectif. Mais le clivage des langues revient et revient sans cesse. A croire que le Belge ne sait plus se définir autrement que par cela. Pourtant, il y aura des Belges dans la rue dimanche. Il n’y aura même que cela. Ca recentre le débat.

VI. C’est une manif « apolitique »

Pour moi, elle n’est pas « apolitique ». Demander de remettre la gestion de la cité au coeur du débat est clairement la définition-même de la politique. Au contraire, cette marche est un des actes les plus politiques qu’il m’ait été donné de voir ces derniers temps dans mon pays. Elle n’est pas estampillée, colorée par un parti, c’est différent.

Le problème aujourd’hui, c’est qu’on confond « politique » avec « partis », et qu’on confond « partis » avec « communautaire ». Du coup, tout ce qui ne se rattache pas directement à un parti ou au communautaire fait paniquer. Ce n’est plus cadré, bien dans les rails de ce que l’on connaît, et cela fait angoisser tout le monde. Il faut certes des garde-fous, mais en Belgique, ces garde-fous mènent à un immobilisme incommensurable… Et ça, ça me fait plus paniquer que tout le reste. Chacun ses angoisses, hein…

VII. Rien n’aura changé le 24 janvier

Non, rien n’aura changé le 24, on est bien d’accord sur ce point. Parce qu’en fait les choses auront déjà changé avant le 23. Les gens s’engueulent, se prennent la tête, se traitent de tous les noms, certes, mais ils PARLENT. L’utilité de la manif (et d’autres actions également) divise, mais justement cela ouvre un débat, nous fait déjà, sans même descendre dans la rue, agir, réfléchir, nous positionner. Et dans les médias aussi. Certaines voix osent aujourd’hui s’élever, dire ce qu’elles pensent et, ce, des deux côtés de la frontière linguistique. Je trouve que cela fait avancer le schmilblick, personnellement.

Sortir de l’immobilisme, ce n’est pas juste faire fonctionner ses pieds, c’est faire fonctionner son cerveau aussi. J’dis ça, j’dis rien. On peut se balader tout ce qu’on veut (on peut même le faire tous les dimanches, c’est très bon pour la santé), ça ne va rien changer si on ne met pas une réflexion derrière. Et je vois que la réflexion est là, elle fuse de toutes parts. Et cela m’enchante. Quelle que soit l’issue de la manif du 23, on y a tous déjà gagné quelque chose. Et si on veut changer le visage de son pays, c’est pas mal de commencer par soi-même.

VIII. On ne sait pas qui est derrière l’organisation de cette manif

Pourtant les médias l’ont dit et redit. Mais les adeptes de la théorie du complot ont du mal à comprendre.

Comment 5 petits jeunes ont pu fédérer autant de gens, avoir autant accès aux médias ?

Parce que le ras-le-bol a atteint son paroxysme avec le rejet de la note Vande Lanotte, qu’il fallait des « héros » catalyseurs de ce mécontentement, et que c’est tombé sur Kris Jansenss et sur les jeunes organisateurs de la manif.

Ajoutez à cela que les médias sociaux (surtout twitter où les journalistes sont très présents) ont amplifié un peu le mouvement, lui ont donné une certaine visibilité (surtout, donc, auprès des médias tout court) et vous avez un cocktail explosif.

Rien de bien compliqué donc, des choses comme ça sont déjà arrivées de nombreuses fois, mais la mémoire de certains est courte…

IX. Je ne veux pas marcher en blanc

Alors viens en turquoise à pois violets. C’est bon aussi.

X. Le nationalisme est un problème flamand, laissons-les régler cela eux-mêmes

Bon, déjà, il faut partir du postulat que notre problème de gouvernement vient du seul côté flamand. Et que les partis francophones n’ont rien à voir là-dedans. Quand je vois la désorganisation, les coups bas, les effets de manche  de certains politiciens francophones, j’ai un peu de mal à adhérer à cette idée. Pas de voix forte, pas de ligne directrice claire, pas de réflexion en profondeur sur l’avenir de leurs concitoyens. Du moins, c’est ce que je ressens. Alors je veux bien, mais, là, face à des gens qui savent ce qu’ils veulent et qui font tout pour l’obtenir, resserrer les rangs et tenir un discours cohérent ne serait pas du luxe.

Mais bon, partons du postulat que nos problèmes viennent des extrémistes flamands. D’abord, à voir certains discours extrémistes au sud du pays, j’ai bien peur qu’on n’aie pas trop de légitimité à leur faire la leçon. Ensuite, le nationalisme, ça nous regarde tous. Et justement, si des voix flamandes s’élèvent aujourd’hui contre une certaine pensée unique qui prévaut dans leurs contrées, c’est peut-être bien parce qu’ils se sont sentis soutenus par des voix francophones. Alors si on veut la solidarité, on reste cohérent et on est solidaires jusqu’au bout. Et on ne lâche pas ceux qui combattent des idées extrémistes maintenant. Surtout pas maintenant.

XI…

Hein ???!!! Mais Marie, tu avais dit 10 mauvaises raisons, là !

Oui, mais il en est deux qui me semblent, elles, bonnes et très légitimes par contre et, par honnêteté, je veux les aborder aussi. Donc…

XI. cette manif ne m’évoque rien, j’ai envie de participer à autre chose

OUI ! Foncez !

La manif n’est pas la panacée. Personne ne prétend cela d’ailleurs. D’autres actions ont lieu, donnez-y de la voix, de la réflexion, de l’énergie. A mon sens, plus ça bouge de partout, mieux c’est.

Pour ma part, en tant qu’artiste, j’aurais voulu participer à « Pas en notre nom », l’événement du Vlaamse Schouwburg de ce vendredi 21 janvier, je ne le pourrai pas mais j’espère qu’ils ne s’arrêteront pas là et que d’autres choses seront organisées par la suite.

Autre action qui me plait : celle de Culture et Démocratie qui lance un appel pour privilégier le dialogue et refuser le nationalisme, on peut signer ce texte ici.

Et, certes, si ces deux manifestations ne demandent pas un gouvernement, elles demandent aussi que le dialogue reprenne.

XII. Nous avons voté pour ces partis le 13 juin, nous sommes à la base de l’échec

Oui et non.

Nous avons voté pour des partis mais nous ne pouvions pas savoir ce qui allait sortir des urnes de chaque côté. Et je précise que tout le monde n’a pas voté NV-A ou PS et que, même, ceux qui ont voté pour ces partis n’ont pas voté pour le blocage du pays. On a tous compté sur lesdits partis pour trouver un consensus, un moyen de concilier l’inconciliable. C’était un peu utopique, il faut bien l’avouer, mais tout le monde s’est persuadé que c’était possible.

Il faut néanmoins bien admettre aujourd’hui que nos politiciens doivent faire avec la donne du 13 juin et que cette donne, c’est nous qui l’avons établie. Et qu’elle est assurément surréaliste.

Donc, manifester contre notre propre choix tient un peu du foutage de gueule, certes.

Mais justement, si le politique se demande depuis plus de 200 jours ce qu’il va faire avec cette donne, ça a peut-être donné le temps au citoyen de se rendre compte que lui aussi il a merdé. Et que s’il descend dans la rue, qu’il en profite pour réfléchir aux conséquences de ses actes, à ce qu’il veut vraiment pour son pays. Et que nos politiciens au lieu de clamer haut et fort « c’est bien, cette manifestation, on est d’accord avec vous, on vous comprend », devraient plutôt nous remballer un « mais c’est vous qui avez choisi, les gars ! ». Histoire de faire réfléchir des deux côtés de la rue. Donnant-donnant. Ca serait plus intéressant. Et moins populiste, tiens.

Parce que, pour finir, qu’on descende ou pas dimanche dans la rue, il y a une seule chose que le citoyen attend de ses (futurs) dirigeants : un discours clair, une vraie transparence et un vrai répondant.

Le Belge veut savoir à quelle sauce il va être mangé.

Il ne bouge pas pour qu’on le comprenne, il bouge pour qu’on lui réponde…

Et c’est aussi pour cela que je vais marcher.

16 Commentaires

  • Ln

    j’ajoute qu’on peut ne PAS être belge, ni wallon, ni flamand ET aller manifester dimanche, parce nous aussi les étrangers nous payons nos (énormes) impots ET par conséquent nous finançons le gouvernement (enfin l’absence de gouvernement) et qu’on a donc gagné le droit d’aller leur réclamer d’arriver à en pondre un (qui fonctionne de préférence) même … si on n’a pas voté

  • @LeFranco je ne dis nulle part le contraire. Je dis juste que nous voulons des réponses. Et sortir de l’immobilisme qui bloque tout, même, d’ailleurs, ce divorce à l’amiable.
    Je ne suis pas, moi, pour un divorce, entendons-nous bien, mais, si nous devons en arriver là et ne pas nous déchirer (vous parlez bien de « divorce à l’amiable »), il nous faut un gouvernement…

  • Avec le « No government », la neutralité de la manifestation est déjà entachée d’un vice. Comment est-il possible, en étant rattachiste ou séparatiste, de s’inscrire dans cette manifestation. Les étudiants à l’initiative de cette manifestation ne proposent malheureusement pas de solution, d’alternative. Par manque d’alternative proposée, il s’agirait alors de plébisciter l’une des factions et de fustiger l’autre alors que dans une négociation ou dans un conflit, il y a toujours deux antagonistes qui portent chacun leurs responsabilités. La demande, légitime et nécessaire, d’un gouvernement implique, à l’heure actuelle, toujours par manque d’alternative, de recomposer avec ceux là même qui échouent depuis 7 mois. Enfin, depuis des dizaines d’années, ne nous leurrons pas. L’histoire lointaine ou proche ne nous laisse-t-elle pas cette furieuse impression d’une évolution centrifuge? Concernant les initiateurs étudiants, est-il si difficile d’imaginer l’ULB et la VUB comme universités Européennes? Toutes les infrastructures Bruxelloises sont suffisantes pour tendre vers un statut de Capital Européenne pour autant qu’une volonté politique et citoyenne s’affranchissent de vues trop étroites et à court terme. Dernièrement, le message des syndicats va dans le même sens. Que deviendraient la hiérarchie des centrales syndicales dans un contexte de rattachement de la Wallonie à la France ? N’est-ce pas de ce côté qu’il faut chercher les motivations? Les représentations syndicales européennes dans la Capitale Européenne pourraient donner de biens plus grandes dimensions aux revendications locales? Quand au monde culturel, qui commence à s’exprimer, il pourrait craindre, du moins à Bruxelles, une dissolution dans d’autres cultures Européennes. N’est-ce pas justement le terreau d’une culture encore plus riche? La visibilité culturelle locales ne seraient-elles pas plus grande? Osons aller plus loin ! D’autant que nous avons tous les atouts : diversités linguistiques, ethniques, religieuses, politiques, …. Une négociation, par définition, n’est pas possible en étant demandeur de rien. Demandons cette scission avec intelligence. Osons évaluer ! Et nous pourrons alors réellement négocier avec des éléments, des arguments, des demandes. Cela fait tellement peur à ceux qui sont en place (et c’est logique, leur logique). « Séparés, nous redeviendrons amis ». (Alters Natives).
    Restons cohérent. Le vote est obligatoire et même s’il est motivé par un raz le bol des affaires, des copinages, de la stagnation, de l’attente de solutions, il mobilise une part significative de citoyens au Nord pour « forcer » la main. Le vote obligatoire également au Sud mobilise aussi les citoyens en faveur de ceux qui sont fortement responsable du dégoût du Nord et plus certainement par manque d’alternative réelle. Certains pensent que nous ne sommes demandeurs de rien. Dans toute négociation, il y a des demandes, des attentes. Nier celles-ci, c’est fatalement nier le besoin de négocier, le besoin d’avoir un projet de société. C’est aussi nier les électeurs. Etre demandeurs de rien, c’est vivre dans la continuité. Vouloir un gouvernement à tout prix, maintenant, c’est justifier cette continuité, justifier ce pour quoi nous sommes allés voter le 13 juin. Tout en faisant remarquer malheureusement qu’au Sud, il n’y a pas d’alternative. En constatant cette constante répétition des affaires (tous partis confondus), ces discussions sans fin sur l’histoire (modifiée au grès des besoins), sur les droits interprétés différemment en fonction des appartenances, des chiffres et études tronquées, orientées depuis tant d’années, je doute sérieusement sur la possibilité d’une stabilisation sur le long terme sans devoir continuellement revenir sur le métier démocratique. Etant attaché à mon pays, je constate malheureusement qu’il faut commencer froidement, sans haine à proposer d’autres solutions. Il m’a coûté d’imaginer ces autres possibles et celui qui m’a convaincu consiste au Sud d’aller vers la France, au Centre de concrétiser l’esprit Européen et au Nord d’être responsable de la Belgïe. Dans l’histoire de cette crise, il n’y a pas eu de volonté même d’oser imaginer, évaluer, proposer ce type de solution. Ne devons nous pas toutefois préparer ces alternatives pour déjà simplement préparer la négociation en étant demandeur… pour tous et non pas pour les responsables de cet irrémédiable gâchis.

  • Krasnyii

    Mes Réponses

    1. Ta réponse évite relativement la question…

    Car pour ma part, je ne trouve pas ça ridicule d’aller manifester.
    Par contre, c’est une « Shame » pour le mouvement social, pour tout ceux, qui se battent par manif et autres grèves pour demander des réponses socio-économique à leurs problèmes. Ce mouvement, il est rouge, vert à l’occasion, pas blanc, pas bleu, pas noir jaune rouge.

    Réclamer un gouvernement sans rien demander, c’est la porte ouverte à avoir un gouvernement qui va appliquer un plan d’austérité aux « citoyens », aux travailleurs, pour rembourser la crise créer par les banques.

    Maintenant c’est peut-être ça que les dizaines de milliers de personnes demandent en rejoignant un groupe facebook : VIIIIIIIIIIIIITE, REDUISEZ MA SECU, MON SALAIRE ET DONNEZ MOI UN EMPLOI PRECAIRE !

    Dans ce cas, ils ne sont peut-être que les votants du Nord et du Sud, de droite et qui n’ont pas trop à s’en faire pour leur avenir dans l’austérité.

    Ensuite, ma réponse à ta réponse qui évitait la question :

    Ce qui divise certainement sur plus de la moitié des questions (IPP, sécu,…) des négociations actuelles, c’est du socio-économique.

    Dire qu’il n’y a pas de questions socio-économiques, c’est de la foutaise.

    Exemple, parmi de nombreux autres, de socio-économiques :

    Les CPAS, qui a cette heure, dépendent de budgets fédéraux alloués aux communes, sont dans un impasse à terme (ne parlons même pas de créer des politiques, nous parlons simplement d’avoir de l’argent quotidiennement).
    S’il y a blocage, c’est qu’un négociateur veut mettre à mal cette institution, ou veut prendre en otage cette institution pour obtenir quelque chose en échange.

    2. Oui et non. A mon avis, ils n’en auront pas grand chose à cirer.

    Par contre, ton argumentation sur « le socio-économique de la NVA » en dit long…

    « VIIIIIITE un gouvernement pour appliquer un programme socio-économique. » Mais lequel, encore une fois ?

    Si le Sud à une majorité de votant PS, qui défend tant bien que mal la solidarité des régions au plan social (pour ne cité que ça…)
    Si le Nord a une majorité de votant NVA, qui veut dire aux francophones « Arrêtez de nous piquer not’ fric avec vos chômeurs, ramassis de barakis – carolos en plus !- et vos sales étrangers qui profitent de nous »

    Et bien c’est clair : je préfère que le PS et les francophones fassent flancher la NVA, et pas de gouvernement, tant qu’on a pas de garantie social !

    Si ce n’est pas ce message que tu veux faire passé, c’est raté.
    Par contre, si tu veux dire « Parlons du socio-économique voulu par la NVA », tu es une francophone de droite, soit ! (donc, pas d’apolitisme…)

    3. – et 4. Questions sans trop d’importances à mes yeux…

    5. Avec un tel mot d’ordre, en effet, on va surement avoir des flamands, des wallons, des bruxellois. On s’en fout, y a pas de mot d’ordre. Un pourra demander un gouvernement NVA-VLD-MR-CDnV pour scissioner la sécu, un autre demandera la solidarité avec un gouvernement PS-SPA-GROEN-CDH + un aut’ pey pour avoir une majorité…

    6. Si, elle est apolitique, ils l’ont dit.

    Si elle voulait dire qu’elle n’est « proche d’aucun parti », il existe un mot (si, si…), c’est « apartisan ».

    L’apolitisme, c’est une façon de croire qu’on peut faire des choses sans être politique.
    La majorité du temps, ça ne fait qu’une chose : appliquer la pensée dominante.

    Je suis étudiant, prenons un exemple que je connais bien :
    Chez nous, il y a des étudiants « pour » et des étudiants « contre » l’examen d’entrée en Ingénieur Civil.

    Les « pour », se définissent « apolitique ». Ils expliquent que c’est une façon efficace de fonctionné.

    Les « contre », se définissent de gauche. Ils expliquent que l’examen est un puissant moyen de contrôle social pour garder les classes dominées hors de cette branche.

    Pour résumé, les « pour », sont de droites, de façon déguisée. Ils ne l’ont peut-être pas compris eux-même. Cependant, l’apolitisme signifie une chose: la pensée dominante. Dans notre société occidentale actuelle, c’est la pensée « libérale »

    7. Bien d’accord.

    Sauf que si le 23, il y a 30 000 personnes dans la rue, c’est vraiment une honte de ne pas se faire entendre.

    8. Alors oui, il y a un groupes de personnes relativement peu connu, et qui sont surement pas bien méchant, mais je reste d’avis qu’ils ont pas des masses réfléchis à ce qu’il faisait.

    Maintenant, quand on voit nos amis les organisateurs, une pléthore de groupes viennent faire de la récup, pour on ne sait quel raison obscure. Dans ce mouvement, on l’a vu : Le PP, frisant avec l’extrême droite, va marché aux côtés de l’extrême gauche du PTB (et son relais étudiants, la FEF.).

    Un comble pour la pensée politique ( Si je vois un PTB chanter l’Internationale, je le frappe à l’avenir… Si je vois un PP, je le frappe d’office =D )

    Que viennent-ils faire ? Comment expliquer que sur plusieurs photos (cfr « Metro » de aujourd’hui 21/01) ils sont dans les locaux de Fédérations des Etudiants Francophones, Organisation étudiante majoritaire et proche du PTB ?

    9. Non, je voudrais marcher en rouge. Et demandé un gouvernement de gauche. Si possible, dont la première décision sera d’abolir le capitalisme.

    10. Hem. « On voulait qu’il soit d’accord, mais j’ai voté PS, parce qu’ils ont un bien meilleur programme que celui du MR ». Tu m’accorderas, c’est bel et bien du au système belge…

    En Belgique, on peut voter pour le parti noir, et un autre peut voter pour le parti blanc, ils auront chacun un élu et… ils devront faire un gouvernement… gris ,

    Pas si simple; Il y a des fois, c’est blanc, ou c’est noir.

    J’ai voté à gauche le 13/06. J’ai pas voté PS, non, j’ai voté – j’ai pas honte de le dire – pour une formation peu connue, le « Front des Gauches ».
    Je n’aime pas le PS, je n’aime pas son président, je n’aime pas ses députés.
    Pourtant, je lui accorde ceci : Je suis content qu’ils refusent de cèder sur la sécu ou d’autres acquis sociaux que veut détruire la droite flamande, NVA, CDnV ou même VLD.

    11. Ma question… Que faire alors ?

    Arrêtez de se plaindre à tout bout de champ et ne rien proposer. Arrêtez de faire de la politique de comptoir.
    Intéressez-vous aux idées, CHOISISSEZ.

    Vous voulez un pays favorable au capital et qui aime le commerce avec les francophones ? Votez en conséquence. Vous voulez un pays favorable au capital et qui pense que les francophones volent l’argent du capital ? Votez en conséquence.

    Vous voulez un pays favorable au peuple, du nord comme du sud ? Allons brûlez le 16 rue de la Loi, pendons les potentats du capital qui l’habite, et faisons diriger notre pays par une confédération de Comité Révolutionnaire !

    Bordel. A mon tour de faire le coup de gueule.

  • @AMonAvis

    Merci pour ta réaction. Et pour ton commentaire étayé (ça me fait vachement plaisir, ça !).
    De l’imagination pour trouver une solution, oui il va en falloir. Quelle que soit cette solution (toi, tu parles de séparation, moi, je ne me suis pas encore « résignée » à cette idée mais, note, j’ai un côté fataliste qui me fait me dire « à quoi bon… » parfois donc, ben, je ne refuse pas d’aborder, ni d’envisager le sujet, en fait), je suis d’accord avec toi que ce n’est pas avec ceux qui tentent de la trouver depuis 7 mois qu’on va trouver. Et c’est bien pour cela, à la base que je veux un gouvernement. Car qu’on leur laisse 200 jours ou 2000, cela ne changera pas la donne. Mais il faut un gouvernement fédéral pour pouvoir, de un, faire fonctionner cet état correctement (je le répète, il y a des emplois et des actions qui en dépendent et qui attendent des budgets), de deux, justement pouvoir prendre des mesures pour aller plus loin. Même envisager une scission.
    Car, même en étant très créatifs, il y a encore une constitution dans ce pays et, pour être révisée, il faut qu’il y ait un gouvernement (je me répète, là). On ne peut le faire en sortant de tout cadre légal, ce serait jeter le pays dans l’anarchie…

    Ceci dit, si nous donner un gouvernement, c’est élargir les pouvoirs de celui qui est en affaires courantes pour l’instant, je le dis et le re-dis, c’est pas plus mal.

    Maintenant, je suis d’accord avec toi, je ne nous vois pas sortir de ce marasme avec les politiques actuels. On tourne en rond.
    Qui osera donner un grand coup de pied dans la fourmilière et hurler que ça suffit ?
    Et je ne parle pas des citoyens, hein, je parles des politiciens… Car en fait, il faudrait surtout que l’un d’eux ait le courage de le faire… Pour que tout bouge vraiment.
    Mais là, c’est pas demain la veille…

  • @Krasnyi

    Merci pour tes réponses, pour l’analyse, pour le temps que tu as pris aussi pour exposer tout cela. Wouaw.

    A mon tour de te répondre.

    1. bien sûr que non, 17.000 personnes ne vont pas hurler pour qu’on réduise leurs alloc et qu’on leur donne un emploi précaire. Là-dedans, il y a en aura plein qui en ont déjà, un emploi précaire, dont moi, en fait. Donc je ne vais pas aller réclamer un truc que j’ai déjà :p Ok, je cabotine, mais j’avoue, c’était tentant, t’as l’air quand même de penser que tout le monde est de droite dans cette manif, désolée de te déçevoir, c’est pas le cas.
    Je suis d’accord avec toi pour les CPAS, je ne veux pas non plus qu’un accord merdique menace les acquis sociaux. Je sais combien de gens tiennent le coup grâce à cela. Mais je sais aussi que pas mal d’assoces sont en train de crever la bouche ouverte car il n’y a pas de gouvernement et qui dit pas de gouvernement, dit pas de budget. Et que des travailleurs dans ces assoces ne sont plus payés, et qu’elles ne peuvent plus faire leur boulot, et que, comme elles aident des gens, là, ça retombe aussi sur les plus faibles. On fait quoi, on les laisse tous crever aussi ? Donc, là, je veux un gouvernement. Je l’ai dit, celui en affaires courantes avec un pouvoir élargi (et c’est possible à faire, en plus) ferait l’affaire.
    Mais laisser ce pays sans rien, c’est courir à une cata à moyen terme et, en plus, prouver aux extrémistes qu’ils ont raison : ils nous auront à l’usure et on fonctionne bien sans pouvoir central. Nickel, continuons à faire leur jeux.
    Voilà, c’est ça qui me fait peur. Au final, même si on attend plus longtemps, je ne suis pas sûre que les accords seront plus équilibrés.
    Mais là, on joue tous les deux à Mme Irma…

    2. je le répète, je ne suis pas une francophone de droite, non, mais ceci dit, contrairement à toi, je ne vois pas cela comme une tare, chacun son choix de vote. Et oui, il y a des gens qui ont voté NV-A pour leur plan socio-éco. Ils sont persuadés que la Flandre a besoin de ce plan pour ne pas sombrer. C’est clair, ça heurte, on se prend une gifle, mais, néanmoins, ils ne sont pas des séparatistes purs et durs.
    Juste des gens qui se demandent ce qui serait mieux pour eux et, qui, votent « au moins pire »…
    Mais je le répète, pas de gouvernement tant qu’on a pas de garanties sociales, c’est casse-gueule. Car on va être étranglés. Et en plus, la NV-A en est plutôt heureuse. Ils ne demandent que ça, de prouver que ce fichu gouvernement fédéral n’est pas utile. Ils jubilent à mon avis.

    3-4 les questions n’ont aucune importance, mais l’humour en à, lui, si on l’oublie, on crève.

    5. Ou on demande d’élargir les compétences du gouvernement déjà en place. Possible aussi.

    6. Oui, ils ont dit « apolitique » et pourtant, pour avoir discuté avec eux, c’est « apartisan » qu’ils veulent dire. Là, je le conçois, c’est un problème de choix linguistique mais, malheureusement, il a son importance, on est d’accord.

    7. On verra combien on sera le 23 dans la rue, et combien seront au stade pour regarder Standard-Anderlecht, aussi… Je t’avoue, je suis curieuse, très curieuse sur le coup.
    Mais je m’en fous, j’y serai, des manifs où on était 2 pelés-3 tondus, j’en ai fait plus qu’à mon tour…

    8. La FEF proche du PTB ? Ha ben grande première. Ca a bien changé en 15 ans, alors. Car à l’époque, à la FEF, on virait les gens du PTB, ils étaient nos bêtes noires. Donc, je ne suis plus étudiante, je ne sais pas comment a évolué le mouvement, mais, là, tu m’apprends un truc.
    Et bon, ça me fait rire car, un coup, les orga sont des extrémistes flamingants, l’autre coup, ils sont acoquinés avec l’extrême gauche francophone. Faut vraiment que vous mettiez toujours les gens dans des petites boîtes, hein, c’est maladif.
    Ceci dit, je suis ok avec un truc : ils n’étaient pas préparés à l’ampleur du mouvement, ça a dû un peu les dépasser, ils apprennent en le faisant et ce n’est pas parfait. Mais bordel, ils vont apprendre plus que les milliers d’autres jeunes de leur âge qui les critiquent et les descendent. Qui, eux, théorisent et en ne bougent pas (et je ne dis pas cela pour toi spécialement, je ne te connais pas).
    Et moi aussi, si je vois un PTB, je frappe, j’ai pas changé à ce niveau en 15 ans ^^ Et un PP aussi, tiens, on va faire pareil.

    9. Ca, c’est joli. Utopique mais joli. Et je préfère le rouge au blanc, c’est nettement plus vivant.

    10. Je suis contente aussi que le PS ne cède pas. Et d’ailleurs, je ne pense pas qu’Elio cèdera après cette manif. J’ai pas toujours une grande confiance en lui, mais sur ce plan-là, je me dis qu’il faut lui faire confiance. C’est son fond de commerce.
    J’ai fait comme toi, j’ai voté pour un petit parti. Les grands partis n’ont plus ma voix.

    11.Et j’aime bien ton coup de gueule (ça fait du bien, non ?). Oui, il faudrait pouvoir faire ces choix-là, les assumer et, en plus les appliquer (quoique non, moi j’aime pas pendre les gens, chuis une gentille, je le répète à longueur de temps sur ce blog, on ne me changera pas. Et je l’assume à 400% :-)).
    Mais c’est pas comme ça que fonctionne la Belgique. Et c’est bien dommage, bordel.

    Et je le redis ici : merci pour ton avis. Merci.

  • Krasnyii

    De rien, et ça me fait plaisir d’avoir une réponse ! Je n’ai malheureusement pas le temps de répondre à tout pour le moment (un examen m’appelle dans… Mon dieu, 4H25 :'(

    Mais c’est amusant qu’aucun ancien de la FEF ne connaissent le tournant de la FEF… En 2003/2004, l’aile gauche de la FEF fait son ouverture vers le MML (qui devient Comac alors…). L’alliance semble logique sur un tas de programme de la FEF, qui renforce la majorité de gauche qui la mène (Epoque des mobilisations des Hautes Ecoles pour le refinancement, luttes plutôt réussies…).
    L’alliance a donc été célébrée en intégrant de plus en plus de PTBistes ( premier permanent, majorité dans les délégations « fortes » (BEA, mais tout doucement AGL, et à une période, Fédé arrivée toute dernièrement )

    Cependant, la frustration pour le PTB de ne pas pouvoir contrôler un organe plus lourd et à la bureaucratie bien mieux ancré qu’est la FGTB les as fait se jeter sur la FEF…

    Et ils se sont donc retourner contre leurs alliés. Méthode assez efficace : Ils se sont appuyer sur une partie de l’aile droite survivante et… ils ont purger. Aux grandes eaux : Au sein du comex (devenu Bureau…), des délégations, et surtout, des permanents.
    Ils ont perdus pas mal leurs forces dans les délégations locales (passage à droite à l’ULB…), font preuves de pas mal d’amateurisme, mais ils ont maintenant les rennes.
    Bon, faut pas croire, les cadres de la FEF ne sont pas des personnes de renoms du petit parti, mais bon, les programmes du parti et de la Fédération se copie-colle et Comac gère de manière efficace l’ensemble des mandats qu’ils possèdent… De manière discrète, souvent.

    Enfin, voilà pour ton info, j’aime raconté cette histoire, parce qu’elle est méconnue de bien des gens. La presse parle d’une FEF « écolo » ou encore « catho »… la bonne blague, dans la pratique … peut-être ! Dans les personnes à l’origine des actes, loin de là !
    D’autant plus qu’étant moi-même ancien membre actif de Comac (…), à qui ont a demandé gentiment de partir quand j’ai refusé les purges…

  • Non, moi, la FEF c’était justement à l’époque de la mobilisation des Hautes Ecoles (95-96 dans mon souvenir), on a bloqué les choses pendant plusieurs mois. J’ai plus appris ces semaines-là que pendant toutes mes études supérieures. Et on s’en est pris des baffes. Mais pour finir, je ne regrette rien…

    Et… va étudier, purée !!!!!!!! (et bonne m… !)

  • Je ne comprends pas trop les réactions contre cette manifestation. J’en conclus que les détracteurs sont très heureux de cet immobilisme !
    :-))

    [Ça a aussi commencé par le refus d De Wever d’être négociateur ce qui était déjà le point final à toutes les négociations ultérieures ! La NVA ne veut pas d’accord, point barre ! 🙂 ].

  • Bel article, même si je ne suis personnellement pas d’accords sur tous les points. L’essentiel est de voir une vraie mobilisation citoyenne qui nous faisait défaut depuis un petit temps. Il est dommage que certains journalistes « professionnels » ne soient pas capables de voir plus loin que le bout de leur nez, et aillent même jusqu’au mépris. J’en parle longuement ici (je me permets de mettre l’adresse): http://sonata32.over-blog.com/article-l-apolitisme-selon-liberation-ou-la-meconnaissance-de-la-belgique-65536315.html
    En vous souhaitant bonne manif, je regrette pour ma part le choix de la date: en pleine session d’examens, impossible pour moi d’y participer… D’autant plus regrettable que les organisateurs, étudiants eux-mêmes, auraient pu penser à ce détail.

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