La vie c’est comme le ski, c’est une question de confiance…

Mon iPhone indique  » jeudi 31 décembre 2009, 10h29″. Il aime être précis.

Je suis assise à une table de bois clair, dans un chalet neuf, enveloppée d’un cocon blanc poudreux. Je serais seule au monde si je n’étais entourée de gens habillés un peu bizarrement. Je suis d’ailleurs habillée comme eux. Certaines de ces personnes font juste une pause dans un long périple sur des pistes blanches, d’autres profitent de la vue enneigée.

Moi, j’attends Félix.

J’ai skié 15 minutes dans la poudreuse et puis j’ai libéré l’Homme qui supportait pourtant avec une patience d’ange mes « ralentis !!!!! » (comprendre « arrête-toi ! »), « je vais tomber » (comprendre « j’ai peur »), « ça va pas aller » (comprendre « j’arrête là, je ne bouge plus d’un centimètre ! », ce qui n’est objectivement pas pratique en plein milieu d’une piste bleue, on en conviendra). L’Homme a conclu : « Je crois que tu serais plus en confiance avec ton moniteur, non ? ».

« Ouais, je vais aller boire un café en attendant Félix, on va faire ça… »

L’Homme libéré et rempli de bonne conscience, a pu rejoindre ses copains, non sans m’avoir jeté un

« Va boire un vin chaud, plutôt, ça te détendra ! »

Son humour me laisse parfois pantoise…

Mon cours est à 11h00. J’ai une demi heure à tuer en regardant les flocons tomber en rangs serrés. On n’y voit pas à deux mètres, ce qui renforce l’impression de cocon feutré.

Trente minutes, c’est trop court pour faire le bilan d’une année. Et puis, de toute façon, mon horoscope l’a très bien fait pour moi : « Taureaux, votre année 2009 était en demi-teinte ».

Voilà un horoscope efficace, qui met les mots exacts à postériori sur cette dernière année de la décennie !

Un peu partout fleurissent les sujets bilans des 10 dernières années. Ben moi, à part le fait de me dire « ben merde, j’ai vieilli », j’ai du mal à le faire, ce fameux bilan.

Et puis, sommes-nous obligés de le faire ? Réellement ?

Il s’en est passé des choses en 10 ans. Des heureuses et des franchement moins heureuses. La vie, en somme.

Mon côté fataliste m’empêche d’avoir des regrets (même si, parfois, j’ai peur d’avoir pris le mauvais chemin, fait les mauvais choix, raté des moments, des êtres d’exception… Si tout cela ne s’est pas fait, c’est que cela ne devait pas se faire) et des remords (là, je ne m’en vois pas l’ombre d’un…). Alors, un bilan, pour quoi faire ?

Notez, j’ai facile à dire. En 10 ans, j’ai construit, morflé, évolué, changé. En un mot comme en cent, j’ai avancé. Et c’est bien cela le but du jeu. Le bilan ne peut donc qu’être positif.

« Le ski, c’est une question de confiance » me répète Félix avec constance, « il faut inspirer un bon coup, se jeter dans la pente, se grandir et y aller »

Je vais y aller, rejoindre Félix, inspirer un bon coup et me jeter dans la pente en me grandissant.

Au loin, tout est blanc, les flocons ont fini de tomber, on voit la cime des arbres, le soleil perce enfin.

Félix me sourit « on ne pouvait pas rêver meilleur temps, hein ! Alors, on regarde au loin et on se lance ! »

Le ski, c’est comme la vie, c’est une question de confiance.

Et quand je regarde au loin, tout est blanc. A moi de remplir ce blanc, de le colorier, ou de le laisser blanc. Je me jette donc dans la pente, en me faisant grande, très grande

Je vous souhaite de pouvoir faire la même chose. En toute confiance.

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