Procrastination, mode d’emploi

(Forcément, cet article ne pouvait pas, vraiment pas, sortir à 8h45 ce matin, il en aurait, d’un coup, perdu en crédibilité et, surtout, en saveur)

Une belle journée s’annonce. En gros, en ce jour, vous n’allez avoir qu’une seule chose à faire : écrire un article. Article qui a comme délai d’être livré avant 8h00 le lendemain matin.

Vous avez 24h.

Easy-cheesy.

La vie est belle, les oiseaux chantent, en deux heures, c’est emballé et vous pourrez aller profiter du sol… heu, vous balader dans l’air vivifiant de ce magnifique mois d’août.

7h30 le réveil sonne. Vous constatez dans la seconde-même que 7h30, faut pas déconner, c’est vachement trop tôt. 24h30 pour écrire un texte, c’est exagéré.

8h00 Quel est le con qui a réglé votre réveil à nouveau ? Vous l’éteignez définitivement. Ca va, quoi, y’a pas le feu !

11H13 Ha ouais. Quand même… Oui mais bon, vous deviez avoir besoin de dormir, vous avez rattrapé vos heures de sommeil en retard, c’est important pour votre future productivité.

11h30 toujours sous la couette, vous écoutez cette passionnante émission radio qui parle de l’incontinence masculine. Vous ne pensiez pas qu’on pouvait dire autant de trucs sur le sujet, ni même en faire un débat. Vous notez intérieurement que ça pourrait être un très bon sujet d’article. D’art… ha merde, oui, l’article !

12h00 vous trouvez que la vie est belle, le café est bon et… qu’il n’y a rien à bouffer.

12h07 vous constatez aussi que vous n’avez rien à vous mettre.

12h10 dans le même élan, vous réalisez que votre tiroir à petites culottes est un total désastre. Et que vous ne pouvez décemment pas le laisser dans cet état. Il est impératif de trier et ranger ce tiroir. Vous vous convainquez qu’après, vous aurez les idées plus claires pour aborder le boulot. L’idée que vous ne bossez pas face à votre tiroir de petites culottes ne vous effleure même pas, il FAUT le ranger. Ici et maintenant.

13h05 les petites culottes sont non seulement triées, mais elles sont aussi rangées par couleurs et catégories. Vous constatez maintenant avec plaisir que vous avez un plus grand nombre de strings que de culottes petit-bateau. Et vous vous dites que cet élément en dit long, si pas sur votre capacité de travail, au moins sur votre taux de sexitude.

13h10 vous réalisez que vous êtes toujours en pyjama pilou hérité de votre grand-mère. Votre taux de sexitude chute d’un coup.

13h15 vous vous ruez à la salle de bain avec une culotte prise au hasard, un jeans et un t-shirt. Inutile de faire dans l’élégance pour bosser de chez soi, pour finir, vous n’avez qu’un article à écrire.

13h45 vous émergez de la salle de bain. Non sans vous être totalement et impeccablement épilée. C’est pas parce qu’on est en jeans qu’il faut se laisser aller, quoi !

13h50 il est écrit « 20 minutes de cuisson » sur le surgelé macaroni-jambon, seule chose qui reste au congélo. Au diable l’avarice, 20 minutes, c’est vite passé.

14h10 vous savourez vos macaronis devant une rediffusion de « Plus Belle la vie », vous ne saviez pas que Guillaume était devenu médecin, mais cela vous passionne.

14h40 le sms arrivé sur votre téléphone portable « appelle-moi, j’ai un truc méga important à te dire ^^ » est de toute évidence une urgence de première catégorie. Vous rappelez donc.

16h30 avoir discuté aussi longtemps avec votre copine prouve bien l’importance de l’appel. Il en allait quand même de sa sortie de demain et du mec qu’elle allait peut-être rencontrer.

16h32 vous vous asseyez devant votre ordi, c’est clair, à 18h32, vous aurez fini de bosser.

16h33 vous ouvrez Twitter.

16h33 vous ouvrez Facebook.

16h34 vous répondez à une salve de statuts Facebook tous plus drôles et intéressants les uns que les autres (vos amis sont des gens géniaux). Vous apprenez, dans l’ordre, que Beyoncé est enceinte, que la chapka ne sera plus à la mode cet hiver et que surfer sur le web, c’est bon pour la productivité, vous voilà complètement rassurée sur votre productivité (très) future et votre taux de peopleitude (et de toute façon, vous n’avez pas de chapka). Vous en profitez pour lire 5 autres magnifiques articles sur des sujets de société fondamentaux (« comment faire pour tromper mon mec », « j’aime pas le sexe mais je m’assume », « les Uggs, pièces incontournables de l’été », etc.) en vous disant que, décidément, on écrit vraiment n’importe quoi… A propos, tiens, vous deviez pas écrire un truc, là ?

17h37 vous vous rendez compte qu’il y a encore plein de monde sur Twitter. Et que les conversations sont incroyablement intéressantes. Vous y ajoutez votre grain de sel, pour finir, vous avez aussi un avis sur l’importance du plan cul dans le bien-être des trentenaires d’aujourd’hui. Ca débat ferme. Vous ne lâchez pas l’affaire, ça prendra le temps que ça prendra mais vous tenez à développer votre idée à coups de 140 caractères. Oui, c’est possible.

18h30 l’Homme rentre du boulot. Vous vous effarez « si tôt ??? » « heu, ben, il est 18h30, quoi… Ca avance ton article ? » « Heuuuu… Oui, oui, à mort ! »

19h00 vous avez finalement réussi à démontrer que le plan cul, c’est pas génial, que l’amour c’est mieux. Position tout-à-fait révolutionnaire et inédite.

19h05 vous vous rendez compte que vous êtes mariée et, qu’accessoirement, votre mari est là et qu’il a faim.

19h06 Il n’y a plus de macaronis.

19h08 Il propose un resto en amoureux.

19h09 « ça va pas, non, j’ai du boulot, moi !!!!! ». Il bat en retraite. Et va commander une pizza.

19h45 tout en mangeant sa pizza 4 fromages, l’Homme vous raconte sa journée de boulot. « Et toi, comment ça c’est passé ? T’as fait quoi ? » Vous lui répondez que vous êtes crevée, que là, vous allez devoir bosser ce soir et que vivement ce week-end, hein…

20h50 la pizza est avalée, l’Homme monté dans son bureau et vous vous dites qu’à 22h50, vous aurez fini d’écrire votre p… d’article.

20h55 Tiens, y’a « Joséphine, Ange Gardien » à la télé.

22h00 cette série est toujours aussi nulle, c’est dingue d’imaginer que des gens la regardent.

23h30 l’Homme vous réveille en sursaut « heu, je vais prendre ma douche et dormir, moi, tu me rejoins ? » « Ouais, ouais, vas-y, je te suis… »

00h00 vous êtes dans votre douche, il fait chaud, doux, bon, vous prenez votre temps…

00h02 « M…, mon texte !!! »

00h08 trempée, vous descendez dare-dare rallumer votre ordi. Et vous relativisez : c’est un texte méga facile, ça va clairement pas vous prendre 2 heures pour l’écrire. C’est n’importe quoi.

02h00 non, ça ne va de toute évidence pas prendre deux heures. Ca va en prendre plus.

02h40 vous avez fini, vous avez envie de pleurer de fatigue mais, par soucis d’efficacité, vous allez d’abord appuyer sur « envoyer ».

02h45 vous essayez de ne pas relire votre texte. C’est trop tard de toute façon.

02h47 vous allez vous glisser dans votre lit à côté de l’Homme. Ce dernier grogne : « Non, mais t’as vu l’heure ? Tu bosses trop, non ? »

Heuuuuuuu.

Vous n’osez pas lui répondre que vous n’aviez qu’un texte.

Et que les jours où vous avez un boulot de dingue ET le petit de l’Homme à gérer, tout est fait dans les temps et même avant.

Mais que faire un truc, un seul truc sur la journée… c’est VRAIMENT insurmontable.

 

(en attendant, vos strings sont triés, mais ça, l’Homme, il s’en fout, l’ingrat)

 

(Ce texte fait partie de la série lancée par le Pari de Marie)

 

3 Commentaires

  • 2moiZelle

    Non, non, là je suis déçue… Je pensais à une grande réflexion sur la procrastination dans la suite de « surfer au bureau est bon pour la productivité » de #MediaTIC (ce matin? hier?). Tu nous aurais pondu l’attestation qu’on filerait à tous ceux qui nous reprochent de glander et à qui on pourrait démontrer que c’est pour notre bien…
    Je te préparerais bien des notes… enfin, pas ce soir… je surfe et demain j’ai lunch…

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