Guérir

On se demande souvent comment on va s’en sortir… si on va guérir, trouver la force.
Quand est-ce que cela va s’arrêter de saigner, de faire mal aux poumons, au coeur, aux tripes.
Quand ?

Sérieux, on aimerait que cela finisse, voir le bout du tunnel, la fin du calvaire.

Et on se demande sérieusement si ce moment arrivera.

On s’ausculte, on s’inspecte, on se fouille. Mais la réponse est toujours la même : ça lancine et ça brûle.

Alors on décide que ça va mieux. Oui, ça va mieux, hein ? Hein, que ça va mieux ??!
On le hurle et on l’affirme. On veut convaincre le monde entier. Tout en sachant que la seule personne qui ne soit absolument pas convaincue de la chose, c’est nous. Et que le reste du monde peut bien être persuadé, cela ne changera rien. On n’en sera pas guéri pour autant.
C’est atrocement décourageant.

Alors on se replie sur soi, on se met en boule, on respire par saccades.
Chhhhht, on cicatrise.

On se dit que ça y est. On est guéri. Oui, oui, cette fois-ci, c’est la bonne, on a d’ailleurs gagné en force, en sagesse. On le souligne et le fait savoir.
Et en fait… non, bam, la douleur, cette vache, est de retour.
Mais purée, on est guéri, non ???? On a tout bien vérifié, les moindres recoins passés en revue, il n’y restait pas une once de quart de dixième de douleur !
Où est l’arnaque ?

Il n’y a aucune arnaque.
On ne peut pas aller plus vite que la vie elle-même.
La volonté n’y changera rien.

On ne décide pas d’être guéri. On l’est. Un jour.
Ce jour où, un matin, un soir, l’évidence nous frappe.
La douleur a disparu.
Incrédule, on sonde.
Là, ça fait mal ?
Non.
Et là, ça pince pas un peu ?
Non.
Et là, ça ne grince pas encore ?
Ben non.
On a même plutôt envie de rire.

C’est embêtant.
On en perd ses repères.
On avait tellement pris l’habitude d’avoir mal.
Va falloir se faire à l’idée que c’est plus le cas.

Merde, le soleil brille, la vie est belle et la douleur s’est cassée.

Et j’ai même terriblement envie de sourire…
C’est troublant, non, guérir ?

8 Commentaires

  • Cécile

    Oui Marie,

    c’est troublant, surtout si ça a pris du temps…
    Des fois, je me dis: « c’est pas possible, c’est trop beau, un matin je vais me réveiller et réaliser qu’en fait tout ce bonheur était un rêve »… Mais non, après 10 ans de galère, on a bien le droit de savourer l’autre côté de la médaille non ?
    Savoure, déguste, profiiiiiiiiiiiite: c’est encore meilleur quand on est pleinement conscient de l’immense chance qu’on a, après en avoir bavé !

    Bisous d’Afrique, où je ne me remets pas du bouleversement de l’arrivée de notre petit bout de femme, mais moi ça ne fait que 2 mois ^^

  • @Christian de rien, vraiment. Bisous…

    @Cécile alors oui, pour le bonheur, c’est un peu différent. Mais clairement, plein de bonheur, ça fait peur aussi. Il faut pouvoir l’accueillir, le savourer, en profiter, lâcher prise… et ce n’est pas toujours évident !

    @ Nancy DE RIEN 😉 😉 (et surtout, merci à toi :-* )

  • NAVEZ Joël

    Merci pour ce très beau texte qui exprime vraiment, avec les bons mots, ce que l’on ressent quand on est blessé intérieurement. Quand on n’a même plus la force de lutter ni de se confier. Pas même à son meilleur ami, à sa compagne/épouse, à ses parents.
    Certains mots crachés par quelqu’un vous font plus mal qu’un coup de poing dans la figure. Et pire encore quand ça vous vient de quelqu’un que vous ne soupçonniez pas.
    En plus, quand vous vous retrouvez avec un genou au sol et que vous espérez qu’une âme charitable va venir vous tendre une main pour vous aider à vous relever, c’est à ce moment que cette main salvatrice se ferme en un poing et vous assène le coup fatal qui vous met K.O.

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