Et l’Amour fut.

Il s’est glissé tout près de moi, discrètement.

D’habitude, j’aime pas ça, j’ai besoin de mon espace vital pour dormir, je veux pas qu’on me colle.

Mais cette nuit, c’est pas pareil… Je le laisse faire…

Le silence qui nous entoure, la chaleur de la couette, l’obscurité complice, tout nous protège.
Je l’entends respirer calmement. Je le regarde et, pour une fois, c’est moi qui me blottis contre lui… Je sens son odeur, j’ai ma bouche contre sa joue, je retiens une envie folle de le dévorer… Ses cheveux en bataille, son air calme et paisible…

Un jour, une autre femme sera à ma place…

Je mets ma tête dans le creux de son épaule, il se pelotonne contre moi, sa main me cherche, je la saisis…
Un sourire se dessine sur ses lèvres, ses yeux s’entrouvrent, mutins, « il n’est pas l’heure de se lever, si ? », et il s’enfonce dans la couette…

Un jour, une autre femme sera à ma place…

Et le matin vient. Avec lui, son cortège de corvées et d’habitudes, mais aujourd’hui, je savoure, je le regarde, lui. Chacune de ses phrases, chacun de ses gestes sont des cadeaux. Même quand il traîne, quand il râle, quand je le houspille, « dis, t’as fini avec la salle de bain, je dois y passer aussi ! ».

Un jour, une autre femme sera à ma place…

On va sortir de la maison, marcher côté à côte dans l’aube hésitante de cette journée d’hiver. Se raconter mille choses, enfin, surtout lui. Et justement, je l’écoute. Alors que je n’aurais jamais prêté la moindre attention à une autre personne me tenant les mêmes propos que lui avant, lui, je l’écoute. Attentivement. Religieusement.

Un jour, une autre femme sera à ma place…

Nous arrivons enfin, il sourit, se penche, m’embrasse, s’écarte, revient, m’embrasse encore, éclate de rire, s’éloigne, se retourne, agite la main, me fait lire sur ses lèvres… « je t’aime ». Se retourne une dernière fois et disparaît.
Alors, dans le froid mordant de l’hiver, j’enfonce mes mains dans mes poches, prête à affronter ma journée.
Et soudain, je sens quelque chose de métallique au fond d’une de ces poches…

J’en tire une petite voiture rouge.
Il l’a glissée là, en se penchant, pour ne pas la prendre à l’école, pour ne pas se la faire confisquer, car il sait que j’en prendrai soin, car il sait qu’elle me fera penser à lui à chaque minute, chaque seconde de la journée…
Je serre la petite voiture dans ma main, bien au chaud au fond de ma poche.

Et là, je sais.
D’un coup, je sais.
Aucune femme ne sera jamais, jamais, mais vraiment jamais, à ma place.

 

(Aujourd’hui, c’est l’anniversaire du petit de l’Homme, il a 9 ans… )

17 Commentaires

  • Victoria

    Merci Marie,
    Pour ces mots qui résonnent au fond de toi, au fond de moi, au fond de nous.
    A la place de toutes les autres.

    Bises

    Sigrid

  • Madame Avril

    Larmes aux yeux….
    Mille câlins à toi qui est sa merveilleuse maman depuis 9 ans.
    Excellent anniversaire, petidelom !

  • @Madame Avril, je lui transmets avec plaisirs !
    (c’est pas qu’il va en avoir maaaaaarre des câlins, mais c’est tout comme 😉 « Oh maman, lâche-moiiii ! » )

  • Comme je suis émue…
    Ce matin, avant de le déposer à l’école, mon petit bonhomme m’a donné sa voiture préférée pour la mettre dans la poche de ma veste. Pour ne pas la perdre…
    Joyeux anniversaire à ton grand!!

  • @Pauline K ils sont vaches, hein, avec leurs petites voitures ! On finira un jour par se transformer en garage ! 😉

    Merci pour lui, je transmettrai…

  • Prisca

    Tes mots sont exactement ce qu’une maman ressent chaque jour de son existence avant que son « grand » petit quitte le cocon familial… Mon échéance est proche…
    Quoique… Même si une autre femme (ou un autre homme) aura pris notre place a ses cotes, notre amour maternel restera à tout jamais éternel …
    Merci pour ce beau texte une fois de plus 😉

  • @Prisca et il faut avouer que ton « grand » petit est une réussite dans le genre gamin intelligent, drôle et sérieux. Et l’amour maternel, oui, chais pas s’ils le savent, mais c’est éternel 😉

    @Sam merciiiiiiii !!!!! <3

  • Cécile

    Mariiiie ,

    j’ai les larmes aux yeux j’te jures !!!
    (enceinte 31eme semaine, ça n’aide pas ! ;-)))
    Je râle juste de te lire avec un jour de retard mais en fait, c’est pô grave, ton petit d’homme ça ne changera rien pr lui qu’une inconnue lui souhaite ou pas son annif avec retard ou pas !

    Mais ce texte, encore une fois… les mots qu’il faut …

    MERCI…

  • Pas de souci, Cécile, je lui transmettrai ! (on fête encore son annif ce week-end en famille ;-))

    Et… toutes mes félicitations pour la merveilleuse nouvelle !!!!

  • Chic, rimel qui coule à chaque « Un jour, une autre femme sera à ma place… ». Merci Marie!
    Pas grave, ça se marie bien avec les cheveux en bataille et le jeans à option serpillère, panoplie indispensable de la mère indigne qui fait genre! Encore heureuse que je n’ai pas le temps de me maquiller…

  • Homme de 1972

    Ce texte me fait penser à ma mère italienne qui a eu beaucoup de mal à me voir partir (et donc me laisser coupé le cordon). Ce fut une sacré déchirure, une sorte de second accouchement.

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