Calendrier de l’avent : Jour 9, où il est question de publicité Facebook pour critiquer une décision de justice

(Cet article fait partie de la série « Calendrier de l’Avent », pour retrouver les explications et l’article du Jour 1, c’est par ici)

On parle souvent de la révolution industrielle, on l’a tous étudiée, dans tous les sens : de son émergence à la manière dont elle a irrémédiablement changé la société dans laquelle nous vivons. Cela fait l’objet de nombreux cours au lycée, et le petit de l’Homme voit d’ailleurs déjà cette matière du haut de ses mêmes pas 13 ans.

On parle beaucoup moins de la révolution que nous sommes en train de vivre : celle d’internet.

Pourtant, nos petits-enfants et les générations suivantes l’étudieront comme un nouveau chapitre de leurs livres d’Histoire. Ils en verront eux aussi l’émergence (et découvriront qu’il y avait un temps SANS internet) et les chamboulements profonds que cette révolution qui ne dit pas encore son nom aura provoqués. Ils y verront clair, ils auront des schémas, une ligne du temps, une classification desdits changements, leurs répercutions, tout le toutim.
Je les envie déjà.
Sans ironie aucune, pour le coup.
Ils y verront clair.
Alors que nous, on nage en pleine purée de pois.

Prendre du recul quand vous êtes le nez dans le guidon et en train de vivre l’événement en plein est difficilement possible. On se contente donc de naviguer à vue et de ne pas se prendre les bas fonds. Et si on y arrive, on s’estimera déjà très heureux.

Comme toute révolution, celle-ci a (et aura) ses partisans et ses détracteurs, ses bénéficiaires et ses laissés-pour-compte. D’ailleurs, ça commence à se voir comme le nez au milieu du visage. Dans les urnes et dans la rue.

Si les gens n’imaginent plus leur vie sans le web (il faut vraiment être très motivé pour vivre une vie sans, d’ailleurs, ce n’est plus la norme) et que les effets positifs sont nombreux (la possibilité d’être en contact avec l’autre bout du monde en une fraction de seconde, la possibilité d’avoir accès à des contenus plus variés et nombreux – coucou les blogs -, le plaisir de pouvoir s’acquitter de la corvée « courses » en restant au chaud chez soi…), les effets négatifs, eux, sont en train de gentiment débouler sur la planète, pour absolument rien de meilleur, mais un paquet de pire.

Je passerai sur les effets écologiques, sur l’émergence d’une propagande et d’une désinformation que n’auraient pas reniés les plus totalitaristes des régimes du XXème siècle, pour me pencher simplement sur la communication en politique.
C’est très simple, les réseaux sociaux sont devenus un défouloir.

Pas une journée sans voir Donald Trump (Président élu des Etats-Unis, faut-il le rappeler) étaler ses états d’âme et jouer au Caliméro sur Twitter (la presse ne l’aime pas, les émissions satiriques se moquent de lui, les acteurs de Broadway doivent présenter leurs excuses pour avoir exprimé leurs craintes, et j’en passe et des meilleures…), il y exprime des récriminations dignes d’un enfant de 5 ans, sans autre forme d’intelligence ou d’empathie.

Cela se passe aux USA, me direz-vous.
Oui, mais ils ne sont pas les seuls à subir ce genre de chose.

Ces derniers jours, un parti politique au pouvoir (au niveau fédéral) en Belgique a décidé de se la jouer caliméro aussi. Un des ministres de la N-VA (le parti en question) a refusé d’appliquer la loi, et, de ce fait, le pays s’est vu condamné par la Cour d’Appel de Bruxelles de payer des astreintes s’il ne s’exécutait pas. Mais le ministre campe sur ses positions soutenant que « les juges ne font pas la loi » (il oublie juste le détail qui est « les juges appliquent la loi », mais passons). Et le parti, pour rallier les gens à sa cause a… payé une publicité Facebook pour demander aux Belges de soutenir le ministre ! Si.
Que ce ministre ne soit pas d’accord avec le jugement est une chose (il a toujours la solution de se pourvoir en cassation), mais qu’il fasse dépenser de l’argent pour rameuter du monde derrière lui, contre une décision de justice en est une autre.

La Belgique est certes le pays du surréalisme, mais là, on  atteint un nouveau sommet, une sorte d’œuvre ultime.
On paye une PUBLICITE FACEBOOK contre une décision de justice, pour monter le citoyen belge contre les juges.

C’est non seulement dangereux, mais c’est, en plus, d’une connerie sans nom.

Et voir s’étaler la bêtise des politiciens (surtout ceux de son propre pays) donne de très sérieuses envie de filer des baffes.
Diriger un pays ne signifie pas tweeter ses calimérismes ou payer de la pub pour que le peuple se soulève contre les lois qui le régissent.
Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’ « avant, tout était mieux », mais n’empêche, l’indigence intellectuelle que certains politiciens actuels étalent sur les réseaux sociaux donne solidement envie de se barrer sur Mars.

J’attends avec impatience le jour où ils nous taperont une campagne Instagram pour justifier l’instauration d’une dictature. Ca risque d’être bien, bien créatif.

Et pendant ce temps, je déplore ces saillies sur les réseaux sociaux et éduque mon fils pour qu’il sache, lui, un jour, prendre de la distance, de la hauteur et ne pas balancer n’importe quoi sur Facebook ou Twitter sur un coup de tête ou sous le coup de l’émotion.

Et le pire, c’est que ça marche.
Il a déjà compris plus de choses sur les réseaux sociaux que Trump et la N-VA réunis.
Il tourne 7 fois ses doigts sur son clavier avant de balancer un truc.

C’est rageant, me direz-vous. Rageant de voir qu’un gamin de 13 ans en sait plus que des politiciens de 50.
Voyons le verre à moitié rempli : un jour, c’est sa génération qui sera au pouvoir.
Tout n’est peut-être pas perdu.

 

A demain !